Blason de Misburg-Anderten (Hanovre, Basse-Saxe, Allemagne)
Pratiquement chaque objet façonné utilisé aujourd'hui peut être facilement fabriqué en matière plastique, dans une grande usine, par des conducteurs de machines dont la qualité principale est de pouvoir survivre à un extrême ennui. Ces ouvriers eux-mêmes sont en voie d'être rapidement remplacés par des robots qui, paraît-il, ne s'ennuient jamais.
Ces objets ainsi produits remplissent souvent très bien leur fonction. Ils sont laids car la beauté d'un objet ouvré dépend de la texture d'un matériau naturel associée à l'habileté et aux soins fervents d'un artisan ; ils durent peu et, par conséquent, notre monde devient encombré par des objets en plastique partiellement détériorés, détraqués, dont la production pollue notre planète à une échelle encore jamais atteinte. Mais, somme toute, ils fonctionnent.
Si tout ce qu'on utilise doit être laid, et ennuyeux à fabriquer, quel peut être alors le but de notre vie ? Ce qu'on appelait la qualité de la vie, cela a-t-il vraiment existé ? C'est-à-dire une qualité bonne et suffisante. Pourrait-elle revenir ? Ou bien notre espèce doit-elle poursuivre sa destinée, soumise aux travaux ennuyeux et entourée de médiocrité et de laideur ?
John Seymour, Métiers oubliés, Éditions du Chêne, 1985
John Seymour (1914-2004) fut l'un des premiers auteurs prolifiques du mouvement pour l'autosuffisance. Écrivain, éditeur, environnementaliste agraire, petit exploitant agricole et activiste, c'était un rebelle contre le consumérisme, l'industrialisation, les organismes génétiquement modifiés, les villes, les automobiles et se fit l'avocat pour l'autonomie (notamment alimentaire), la responsabilité personnelle, l'autosuffisance, la convivialité, le jardinage, la protection de la Terre et du sol...
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