Le petit Semainier - Cycle 43

Blason de Grinkiškis (Lituanie)

Dimanche

L’Abandon est invitation,
Quand le noyau s’est fendu,
Ne plus s’accrocher,
Demeurer nu.


Lundi

En marchant hébétée,
Le corps a vibré,
D’automnales clameurs,
Et l’été a pleuré.


Mardi

Même si le vent souffle,
Souvent le cœur en silence,
Écoute Ta Présence,
Ton goût, Ta Résonance ?

Mercredi

J’entends l’oiseau perché
Dans la nuit secrète
Et il chante et il chante
Éperdu sans pouvoir s’arrêter.

Jeudi

Une fleur éclos en novembre,
De fines dentelles,
Comme en plein désert,
Émue de soleil.

Vendredi

Faites un pas dans le ciel de la cyanite
Au frais manteau matinal,
Respirez les turquoises, l’aigue-marine,
L’âme reconnaîtra peut-être l’azurite.

Samedi

Le meilleur arrive,
Tout petit d’abord,
Sans même prévenir.
Rien de lui n’est sournois.

Océan sans rivage


Almanach du Jardin

De la caution d'un silence

Blason de Hérouville-en-Vexin (Val-d'Oise, Ile-de-France)

De gueules à la brebis d'argent paissante sur une terrasse de sinople, surmonté à dextre d'une gerbe de blé d'or et à senestre d'une tête de loup arrachée et cousue de sable, lampassée d'azur ; au chef cousu d'azur semé de fleurs de lys d'or brisé d'un lambel d'hermine.

Quand un homme politique parle de transparence,
L'on peut s'assurer d'une parfaite opacité ;
Du reste, le monde se paye de mots et d'apparences,
Se moquant du vrai et de la véracité,

Pour autant que sa commodité demeure sauve.
Mais bientôt il n'aura plus ni l'un ni l'autre ;
Viendra un temps où l'on rasera même les chauves
En coupe réglée orchestrée par les apôtres

Du tout-marchand à vocation autophagique.
Car il s'agit de se tailler les meilleures parts
Puis, pour les conserver, d'ériger des remparts,

À grand renfort de battage idéologique.
Quand le camp du Mal revêt les habits du Bien,
Le silence de la masse est son plus sûr soutien.

L'Abbé Théophile

Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien et n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour leur boucher qui les tuera, ni pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit. Octave Mirbeau (1848-1917)

Mon maître

Blason de Breinung (Basse-Saxe, Allemagne)

Chaque matin, à l’heure où disparaît la belle lune,
Quand du chemin, nos pas s’unissent sous les peupliers,
Du ciel que le jour défait sans guère d’infortune,
Parce que la sève juvénile a tout son attrait,

Nous entrons dans la cour de l’école et tremblante
D’émotion devant le maître qui nous offre sans fard,
Tous ces mots, gorgés de vison entêtante,
Que nous apprenons et récitons tous les soirs.

C’est par l’entrain que son humanité attise,
Que le voici près de nous encor à nous guider,
Comme le font tous les cœurs purs avec noble maîtrise,

Parce que l’homme reste l’homme et qu’en toute humilité,
Il voit l’enfant tel un trésor à qui l’on offre la présence.
A mon maître, j’ai souhaité faire ma révérence.

Océan sans rivage

Ego ergo sum

Blason de Lidköping (Suède)

Qualifier de phobie un positionnement

Contre une idéologie ou des pratiques

Ne peut procéder que d'un conditionnement

Par des valeurs dont la nature dogmatique

S'impose aux esprits par l'entremise des médias ;

Et s'il en est encore à qui la chose échappe,

C'est parce qu'ils vivent confinés dans l'immédiat,

Le cerveau scellé sous la plus épaisse des chapes

Que seul un levier intérieur peut soulever.

Si tu tombes, qui t'aidera à te relever,

Dans un monde où chacun est dans ses certitudes ?

Voici venu ces temps où le soi-mêmisme

N'a plus que du Réel qu'une lecture en -isme.

La raison est perdue, sous toutes les latitudes.

Le Spectre à trois faces

Chroniques d'une poussière d'Univers.

Le petit Semainier - Cycle 42

Drapeau de Krasnaya Chagarovka (Russie)

Dimanche

- Il a laissé les pluies battantes.
- Où cela mon cœur ?
- Sur les rives adjacentes.
- Partons-nous ? -Oui, tout à l’heure.

Lundi

L’Amitié nous a liés,
Culminante de proximité,
Et je sais tout sacrifier,
Excepté Ta Présence. 

Mardi

J’ai bu dans les pages incréées.
J’ai soif encore de leur volupté.
J’ai bu sans compter,
Les paroles d’éternité.

Mercredi

D’où vient donc la constance ?
D’où vient le sourire ?
Se brise-t-il de flétrissure ,
Ou bien du fruit de tes blessures ?

Jeudi

Quand l’Aube s’écorche de tous les âges,
La main n’est pas de glaise.
Mais, de poursuivre le voyage,
L’Intérieur est florilège.


Vendredi

Quand soupirent les roseaux,
Chaque soleil est une ascèse.
Pourtant, quand bruisse L’Eau,
Le vent joue tout à son aise.

Samedi

Fluidité est Passerelle,
Quand chaque monde est nouveau.
Si la pluie chante le ruisseau,
Le Vivant est Unité perpétuelle.


Océan sans rivage

Almanach du Jardin

Le Méridien d'origine

Blason de Fixem (Moselle, Lorraine)

En somme, que disons-nous ? Nous ne sommes pas cela,
Rien de tout ce à quoi l'on voudrait nous réduire,
Car tout être a pour destin son par-delà
Vers quoi seule son âme souveraine peut le conduire.

Souveraine pour peu d'en entendre le rappel
Et d'accueillir tous les signes qu'elle nous adresse,
Au-delà des temples de pierre et des autels
Qu'à ses dieux claniques l'homme partout érige et dresse.

L'Univers se moque bien que l'on y croit ou non
Car il absorbe et résorbe toutes les croyances ;
Dans son Livre Mère est écrit notre vrai nom

Et c'est Dieu qui en est l'Auteur et le Gardien.
La voie du Par-delà est contre toute déviance
Le sûr chemin et l'universel Méridien.

L'Abbé Théophile

L'Île verte (10)

Blason de Tønder (Danemark)

Depuis les vieilles terres, quand le sel rudoie la côte
Que pourfendent les horizons, il veille vaillamment,
Puis, des enchantements que l’écume vole au vent,
Le capitaine recense les voiles de la mer haute.

Le soleil siège sur toutes les vagues de l’océan.
Des reflets, il en est comme de tous nos repaires,
La noble vigne mûrit patiemment au Firmament.
Hé ! La Joie vient de L’Amour que versent nos pairs.

Hé ! Voici l’homme de cœur, il aperçoit L’Île verte.
Comment ? Il n’est de trouble qu’en l’esprit ignorant.
Bois donc ! La Lyre abreuve le désert de nos lèvres.

Là-bas, l’univers se joint aux Lunes de L’Orient ;
Attisons le feu de joie ! Embrassons nos frères.
La folie des jours de Gloire sourit au Mystère.

Océan sans rivage

Le Chant du Barde

Le vrai pouvoir

Blason de Mönchhof (Burgenland, Autriche)

Le pouvoir extérieur est celui de l'ego
Mais la souveraineté appartient à l'âme
Et c'est en cela seul que nous sommes tous égaux.
Or, l'égalité que ses chantres partout clament

Est une imposture qui nourrit tous les conflits ;
Ce n'est pas à l'âme mais à l'ego qu'elle s'adresse,
Lequel jouit aujourd'hui de toutes les embellies
Mais qui cachent de plus en plus mal l'intime détresse.

Le vrai pouvoir ne réside pas dans l'apparent,
Encore moins dans ce qui se compte ou se mesure.
Là où les faux pouvoirs d'oripeaux se rassurent,

Le vrai pouvoir ne se veut de rien conquérant.
Il n'est pas, comme on le croit, dans l'intelligence,
Capable de perversion, mais dans la conscience.

L'Abbé Théophile

Vraisemblance

Blason de Vavrišovo (Slovaquie)

Finit-on par morceler le temps viscéral
Des ruptures que tranche le monde adulte ?
Je compris que le poison est de fait sidéral :
Chaque conscience est un monde occulte.

D’ainsi le comprendre est parfois lourd.
Mais, les chemins se croisent et se décroisent
Dans l’infini et l’Adieu s’annonce tel le présage.
L’Adieu sans retour comme défait du vrai Amour.

Le Jour s’emmêle à la nuit des mots qui viennent du cœur.
Ainsi va la vie et nous voyons la distance,
Quand même L’Âme a dit en sa toute vraisemblance

Le silence au sein des sourdes et sombres torpeurs.
L’élection est un brassage et les âmes se rassemblent
En ce Corps-Arche, en ce Corps devenu Sapience.

Océan sans rivage

Le Chant du Barde

Nostalgie du Barde

Blason de Dornburg (Thuringe, Allemagne) 


Je suis venu comme on trépasse, disait l’homme,
Comme on se souvient au profond du souvenir,
Palpables et mémoriels touchers de Dieu en somme,
Quand avant le corps, Il était à nous vêtir.

L’Âme ne ment jamais et c’est souvent en Silence
Que l’on voit combien d’avoir vécu toute la ruine,
La Vérité nous parle beaucoup et nous ranime.
Je suis venu tout étonné par cette Présence.

Quand les mots ont insufflé les réminiscences,
Je suis devenu l’homme qui balbutiait ivre-mort,
Souffrant de la nostalgie, aussi de l’inconstance.

Je suis venu étranger, me cherchant encor.
Qu’as-tu dit ? Un homme tombe mais très vite se relève,
Sans doute et c’est pour cela qu’aujourd’hui je rêve.

Océan sans rivage

Le Chant du Barde

Le petit Semainier - Cycle 41

Blason de Oberburg (Canton de Berne, Suisse)

Dimanche

La nuit étreint les toits
D’encre profonde et palpable.
Ce temps qui passe, malgré toi,
Est aussi celui qui ne passe pas.

Lundi

Quand le temps arrive,
Comme un présent de Toi,
Je pars, l’au-delà
Du Silence qui frémit là-bas.

Mardi

Le cœur telle une corolle,
Au matin qui le vole,
Sans savoir pourquoi.
Le cherches-Tu notre émoi ?

Mercredi

La sagesse est un nid ultime,
Dans lequel se servent quelques oiseaux rares,
Tandis que L’Amour magnanime,
Sublime jusqu’au moindre regard.

Jeudi

La Vie a bien parlé.
Je L’entends et lui réponds :
Le cœur a ses beautés
De transparences hébétées.

Vendredi

J’ai vu la montagne transpirer,
L’haleine d’une terre magnifiée,
Gorgée de tout un été.
Soleil d’Amour et fidélité.

Samedi

Volute en cette matinée.
La Terre est juste Amour.
Elle enfante l’Ambre, la Cornaline
Le Musc et même la Serpentine… 


Océan sans rivage

L'Almanach du Jardin

L’Île verte (9)

Blason de Frostviken (Jämtland, Suède)

La neige est parfumée de Tes pas sur la route,
Comme s’effondrant du grand sortilège et affleurée
D’immensité que parsèment les blanches gouttes ;
La Dame vient en ce lieu et les cimes de pleurer.

L’Œuvre est luxuriance tout autant que créatrice
D’un monde nouveau et il n’est plus aucun désert.
Que valent donc les pensées meurtrières, sombres artifices ?
Bienvenue à la joie que procure l’hiver !

Portes-Tu ce manteau pour nous faire la cour ?
Au loin, les montagnes fusionnent avec le rêve,
Est-ce la soif, est-ce la faim qui donne à L’Amour ?

De nos entrailles, L’Île Verte apparaît et c’est sans trêve
Ô Homme, que nous buvons à L’Ambroisie. Splendeur !
Noble Nectar qui nous donne à l’étonnante Ferveur.

Océan sans rivage

Le Chant du Barde

Omnia velut me

Blason de Savournon (Hautes-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur)

L'électoralisme est une prostitution
Et il n'est aucune cause qu'il n'instrumentalise,
Défendant ou s'asseyant sur l'institution,
À telle enseigne que le fait se banalise.

L'on a changé plus d'une fois la Constitution
Chaque fois que l'exigeaient les besoins du système.
S'est opéré peu à peu une substitution
Qui semble ne plus poser le moindre dilemme.

Quand la loi du marché gouverne, et donc l'argent,
Il est clair que la corruption se généralise
Et les élus ne sont guère plus que ses agents.

Nul gouvernement* ne travaille pour notre bien ;
C'est toujours les libertés qu'il dévitalise,
N'étant que de sa conservation le gardien.

L'Abbé Théophile



Omnia velut me : « Tout va comme je vais (comme je suis mené) . »

* Mon rôle de bon pasteur, c'est de tondre les moutons et, quand il ne reste plus de laine,

de les conduire à l'abattoir et de leur faire croire que c'est pour leur bien.