Blason
de Smallwood of Chelford (Cheshire, Angleterre, 16e-18e s.)
Ma
chère Mado, le peuple a longtemps cru à la fable de la démocratie.
Il y croit toujours, d'ailleurs. N'est-il pas à récidiver à chaque
élection ? Et la campagne qui la précède ne consiste-t-elle
pas à donner de l'alcool à des alcooliques, si tu saisis ma
métaphore ? En effet, voici des décennies que ce brave peuple
se trouve Gros-Jean comme devant ; mais rien n'y fait :
l'amnésie l'emporte finalement sur le mécontentement et ça vous
balance de gauche à droite et de droite à gauche avec une constance
quasi mathématique. Le système est donc bien huilé et ceux qui
tirent les ficelles peuvent placer, à moindres risques, leurs
bonhommes de part et d'autre de l'échiquier. Blanc ou noir, un pion
reste un pion, n'est-ce pas ? À
tous les coups, ce sont les mêmes qui gagnent et les mêmes
qui perdent. Lors, ça valait bien la
peine de couper la tête du roi !
Tout d'abord,
la guillotine s'est chargée d'égaliser tout ce monde ; ensuite,
Napoléon les a envoyés sur les charniers de l'Europe, par centaines
de milliers ; le 19e siècle bourgeois les enchaînera dans les mines
et les usines pour y trimer comme des forçats ; le 20e siècle leur
proposera d'aller se faire enterrer par millions dans les terres
bourbeuses labourées par les obus ; vinrent les Trente Glorieuses qui
les étourdiront dans la consommation, à coups de rock'n'roll et de chansonnettes yéyé, suivies par la crise pétrolière des années 70 qui
permettra de combiner le marasme naissant et les politiques à la
petite semaine, les mass-média vous cimentant tout cela, en vue de
l'opération terminale : l'aspiration des cerveaux. Le résultat,
tu le connais, même si dans ton ADN tu résistes encore à regarder
les choses en face. Bon, je reconnais que ma synthèse est un peu à
l'emporte-pièce ; pourtant, si j'écrivais une thèse sur la
question, elle ne changerait pas les faits : la France est dans
un piteux état.
La
France est capable d'envoyer des soldats
Aux
quatre coins du monde, notamment en Afrique,
Pour
défendre des régimes plus que des états
Et,
sous toutes cautions morales, la cause du fric.
La
même n'est pas fichue de protéger les siens,
N'ayant
pas à distribuer le moindre masque
Au
commun des mortels traité en Béotien.
L'incurie
est notoire, à la mesure des frasques.
Ils
se sont pris à jouer au Monopoly,
Avec
l'art consommé du mensonge pour seule science.
Ils
ne sont pas gentils, pas justes, pas même polis
Et je ne suis pas certaine qu'ils aient une conscience.
Doulce
France, te reconnais-tu dans ce miroir ?
Tandis
que tu dormais d'un sommeil d'insouciance,
Une
bande de gamins s'est emparée du pouvoir,
En
qualifiant de fraîcheur son inexpérience.
La
France s'est réveillée avec la gueule de bois,
Partagée
entre l'hébétude et l'incroyance.
C'est
jusqu'à la lie que ce vin tiré se boit.
Déjà s'annoncent les symptômes de la flatulence...
Le
Spectre à trois faces
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