Ma chère Mado, je viens de lire ta carte postale
De Trucmuche-les-Bains où tu es sans doute en train
De bronzer ta couenne d'une manière sacerdotale.
Je te réponds sur le pouce, par quelques quatrains.
* * *
Adieu donc, la France de Racine et de Molière,
Et bonjour à celle des sots et des singes savants !
On a perché mille perroquets dans une volière
Qui croient dire des choses sous prétexte d'avoir des vents.
Adieu la France de Florian et de La Fontaine
Dont les fables passent pour des écrits sibyllins,
Et bonjour à celle des tweets et calembredaines
Où se piquent d'intelligence des petits malins !
Adieu la France de Hugo de Lamartine,
Celle, aussi, de Dumas, de Balzac et de George Sand !
Bonjour celle où même les aventures de Martine
Seront aussi occultes que les pensées de Kant !
L'école est devenue la fabrique du crétin
Qui place les pédagols au centre du système.
Les élèves sont devenus du menu fretin
Qu'on lessive à coup de valeurs tarte à la crème.
L'imbécile du futur sera en plus idiot.
On l'obligera à porter une muselière
S'il fait mine de maugréer ou s'il l'ouvre trop.
Je force ? Regarde juste deux années en arrière !
Le pinard et le saucisson, c'est bel et bon.
Alors, que signifient ces drive et ces market
Qui nous viennent tout droit du pays de Joe Bidon ?
La France est devenu un pays de lopettes.
Adieu donc, la France des provinces et des terroirs !
Bonjour à celle du bitume et des autoroutes
Qui sont du bougisme général les couloirs !
La modernisation forcée, quoi qu'il en coûte !
Adieu à ce monde et à sa diversité
Que l'empire du numérique corrompt et nivelle !
C'est l'Antéchrist qui liquide toute adversité,
Proposant à tous son paradis d'opérette.
Te voici encore à courir les Trente Glorieuses
Et à rêver de retrouver le monde d'avant.
Des fantasmes rassis naissent les raisons furieuses.
On moissonne la tempête d'avoir semé le vent.
Te voilà sertie de plus belle dans ta routine,
Cherchant toujours ailleurs les causes de tes malheurs.
Ta prochaine fessée te viendra sans doute de Poutine.
Marche voir sur la patte de l'ours... Bonjour ta douleur !
Les médias mainstream t'ont retourné le cerveau,
Te faisant prendre les vessies pour des lanternes.
Fait curieux : plus ils mentent, plus ils ont de dévots !
Ce ne sont jamais que les imbéciles que l'on berne.
Tu vis à crédit, rien ne t'appartient vraiment.
Demain, on te fera payer l'air que tu respires,
Risquant, vers la fin du mois, d'en manquer souvent !
Le pass-climatique te guette, prépare-toi au pire !
Tu voulais la liberté ? Tu la paieras cher !
Le crédit social t'en donnera le barème.
Et tu seras confinée, été comme hiver,
Faisant bien plus que tes quarante jours de Carême !
Le Spectre à trois faces
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