vendredi 13 septembre 2019

Digression (20)

 
Enluminure du Codex Manesse (14e siècle)


La vie demeure en permanence l’immense étonnement, celui-là même qui nous relie à Celui qui le place en nous. Les ricochets sur l’eau n’ont pas ces duretés du cœur chargé d’humus et bien d’autres éléments opaques, ainsi que ces humeurs qui aspergent toutes les affirmations pleine d’alluvions ; mais, il demeure Un. Il n’est pas de froideur, ni de rejet, ni aucune espèce de jugement, car l’eau est lisse et semblable à elle-même. Il ne reste que La pure Présence ; Joie et douceur. J’ai vu l’égo pavoiser, faire du bruit, mais l’eau est belle, sans remous, de sa beauté de grande voyageuse. L’Eau du Mystère, et nulle évidence qui ne te réduise, et nulle affirmation qui ne Te contredise. La négation est comme un égarement qui s’épuise sur les plages de l’infini et de tous les concepts. Le Temps rudoie les vêtements de cet ego, craintif, chétif, adversaire de lui-même, inégalement bruyant, tels les pas titubants dans cette cité qui s’estompe peu à peu, comme poussiéreuse des brumes accablantes, hypnotisée par les vagues de l’ancien monde. Le rêve n’est plus une buée aveuglante, mais transparence, et j’abandonne, sans rien retenir, ivre sans mesure, ivre sur les trottoirs qui se disputent des illusions incessantes, quand chaque fois que la pensée dérive, elle, cette pureté du moment, trempe dans L’Encrier des océans de Vénus, oui, cette Vénus du Ciel de L’Âme et l’oiseau passe avec la beauté du mouvement éternel. La Clé était d’argent, dentelée de Lumière, ciselée de patience, ouvrant la porte d’une Maisonnée matricielle. Les Deux rejoignent ma folie, qui est La Vacuité même, puis au-delà de La Délivrance, il est une exultation,  un tremblement de voix, des cymbales, et mélodie de cette Remembrance. Paix à tous les univers qui virent Le Jour éclore en Ton Soleil éternel. Paix à L’Aube, et Paix à cette Assise qui burine toutes les révoltes, les transforme, les résorbe. Paix en L’Alchimie d’un incendie de Lumière, au feu de L’Eau lustrante. La Constance est une eau qui goutte à goutte devient le ruisseau luminescent, vibrant au cœur du Silence. L’ignorance ne saurait éliminer l’évidence, ni l’affaiblir, ni la détourner de Sa Réalité. Je m’assois auprès de tous les visages, et je leur parle, sans que personne ne puisse me voir. Être là. Je suis sans peur, sans retenue, sans doute, sans révolte. C’est ainsi que Tu parles, c’est ainsi que je Te vois. C’est ainsi qu’apparaît le fil d’Ariane, visible, enseignant, transmetteur, réceptionnant, aventurier des splendeurs de l’inconnu, Toi, L’Inconnu, le rendu manifeste en Ton Œuvre. Alors, Tu vins et me montras cette infime goutte semblable au Temps qui s’en rejoint L’Océan, celui de toutes les gouttes, luxuriant, minutieux, L’infiniment Patient, L’Infiniment Bienveillant.

 
 
Digression

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