Blason
de Shuya (Russie)
Comment
te pourrais-tu marcher dans la nature
Sans
poser jamais ton regard sur l'herbe des champs ?
Et
supporter encore le vacarme des voitures
Quand
dessus les blés d'une alouette monte le chant ?
Comment
n'es-tu pas à voir que ce monde de brutes
Est
l'antinomie déclarée de toute beauté ?
Et
que t'aura valu d'avoir quitté ta hutte
Pour
confier ton âme à ceux qui veulent te l'ôter ?
Tu
croyais trouver d'Ali Baba la caverne
S'ouvrant
sur une fausse abondance dont l'oeil se berne ;
Et
te voici te livrant à mille compulsions,
Sans
jamais que ta faim ni ta soif ne s'apaisent
Car
le paradis promis n'était qu'une fournaise.
Mais
rien n'y fait, tu t'accroches à tes illusions.
*
* *
Tu
sais que le monde est en train de faire naufrage ;
Pourtant,
tu poursuis ta vie d'Homo festivus
Où
tout témoigne d'un impossible sevrage.
«
Garçon, une pinte de bière avec beaucoup de mousse ! »
C'est
ainsi, tu n'imagines plus d'autre modèle
Que
celui, ancré en toi, du rêve américain ;
Tu
te concèdes une âme mais sans te soucier d'elle :
Bientôt,
ton avoir, exposé aux publicains,
Ne
vaudra plus même la peine que pour lui tu te battes,
Car
jusqu'au dernier sou te sera disputé
Et
tous les maux du monde te seront imputés.
Le
jour où tu retourneras en tes pénates,
Tu
te sentiras chez toi comme un étranger.
La
terre vomira ceux qui voulurent la manger.
L'Abbé
Théophile
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire