dimanche 31 mai 2020

À la Sainte-Pétronille


Blason de Dziewkowice (Pologne)


Dicton du jour : s'il pleut à la Sainte-Pétronille,
Pendant quarante jours, elle trempera ses guenilles.
Qu'à cela ne tienne car la terre a besoin d'eau
Et chaque goutte par le Ciel versée est un cadeau.

Un autre dicton ajoute, si le temps vacille,
Que le blé diminuera jusqu'à la faucille ;
Ce qui, pour le moins, n'annonce pas de bonnes moissons,
Le plus grand rendez-vous de la prochaine saison.

Arrive juin dont on dit que le soleil qu'il donne
N'a, de mémoire d'homme, jamais ruiné personne.
C'est pour les gens de terre le mois des fenaisons.

Me revient cet air : le grand pré de la combe,
N'est fauché qu'à demi ; et le bras m'en retombe... *
Jadis, le chant des faucheurs valait oraison.

Marc


Gardez le carrosse !


Blason de Roullet-Saint-Estèphe (Charente, Nouvelle-Aquitaine)

Coupé, au premier fascé d'azur et d'or de huit pièces à deux clochers d'argent brochant 
sur le tout, au second d'azur à la diligence d'argent à la porte et aux fenêtres d'or.


     Ma chère Mado, si le bateau est ivre, c'est sans doute parce que le capitaine lorgne davantage dans les culs-de-bouteille que dans son sextant (tu me passeras cette métaphore tintinesque) ; mais peut-être aussi parce que l'équipage est totalement incompétent, en plus de n'avoir pas le pied marin. S'agissant de la navigation maritime, c'est généralement l'armateur qui recrute. Mais quand le bateau en question est un état à prétention démocratique, ce sont bien les électeurs qui décident. Me trompé-je ?


Si vous nous dépouillez de nos biens matériels,
Sous couvert de politique, vous êtes des fripouilles.
Gardez le carrosse, nous mangerons la citrouille !
Par contre, si vous vous en prenez à l'essentiel

Et ourdissez de pervertir notre nature,
Alors vous n'êtes rien moins que des criminels
Et n'êtes plus légitimes en aucune primature
Car vous ramenez à votre niveau personnel

Ce dont vous n'êtes jamais que les dépositaires,
Et vous en rendrez compte avant qu'il soit longtemps.
Quand des branquignols se prennent pour des dignitaires,

Parce ce qu'une masse de crédules les ont mis en place
Et dont on s'étonne qu'ils soient ensuite mécontents,
C'est tout un pays qui patauge dans la mélasse.

Le Spectre à trois faces

J. Hubert Bonnefoy : croquis des provinces de France



Cette série d'une quarantaine de cartes postales anciennes met en scène la vie campagnarde et villageoise de la France rurale d'autrefois, à travers ses différentes provinces. Signés Jacques Hubert Bonnefoy (1887-1976) ces dessins furent édités par Barré-Dayez, une maison fondée en 1925 par Maurice Barré et Jules Dayez et dont la spécialité était les travaux d'impression couleurs de toutes natures.

Le costume médiéval


 

De 1858 à 1873, Eugène Viollet-le-Duc publia les six tomes de son Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carolingienne à la Renaissance, constituant une fantastique source de documentation jamais surpassée. Dès sa publication, ce dictionnaire, très abondamment illustré et facilement consultable, a connu un immense succès. Les éditions originales sont maintenant fort rares et cette réédition reprend, de manière quasi intégrale, dans une mise en page encore plus pratique et dynamique, l'ensemble des six volumes en trois gros tomes. Le premier tome est consacré au Mobilier, le second aux Armes et le troisième au Costume.

samedi 30 mai 2020

Fin de règne


Blason de Drachhausen (Brandebourg, Allemagne)


     Ma chère Mado, le monde a toujours été le théâtre de la comédie humaine, encore que par le passé savait-on y mettre certaines formes. Aujourd'hui, par contre, nous serions davantage dans une boutique de farces et attrapes remplie d'accessoires plus faux que nature. Mais comme le niveau général a considérablement chuté et que la bêtise progresse chaque jour, il faudrait, pour la plupart, carrément recommencer par Adam et Ève pour à peine, dis-je, tenter de leur expliquer le fil à couper le beurre. Tu admettras que le chantier est proprement inhumain et qu'à ce titre, nous sommes irrémédiablement fichus. Que veux-tu, c'est le lot des basses époques et des fins de règne.


Garde-toi de celui qui demande le pouvoir,
Ne lui accorde aucune espèce de confiance,
Quand même se faisant passer pour homme de devoir,
Mais confondant la porcelaine et la faïence.

Celui qui n'est pas chef par défaut, ne l'est pas ;
Sou peu, sa posture dévoilera l'imposture.
Pour attraper les poissons, il faut un appât,
Quoique la plupart se donnent eux-mêmes en pâture..

L'une des grandes vertus du dernier confinement
Fut de révéler de beaucoup l'alignement.
L'on peut toujours rêver de changer de système...

Dès que le prochain appel aux urnes sonnera,
Le conformisme de la masse l'emportera,
Croyant qu'il est toujours une Pâque après Carême.

Le Spectre à trois faces

vendredi 29 mai 2020

Confidence du Barde


Blason de la Finlande


Toute vindication vient d’un excès d’âpreté,
Quand l’âme devenue le jouet de la violence,
S’évertue sans cesse à réduire, tout maquiller
De mots qu’elle veut incisifs ; mais est-ce somnolence

Que de vouloir tout briser ? Quand s’éveille la conscience
Quelque part, rien ni personne ne peut la retenir.
Lors, elle entre dans un profond et vibrant silence,
Puis l’effet devient unité et pur désir.

Quoi de plus indigne que la sombre somnolence !
Il est des crimes qui viennent de cette propension,
A ramener le Tout en cette forte violence.

Mais que dire ? S’accrocher à cette mécanicité,
Las ! révèle Ô combien l’homme dans sa déraison,
Détruit, et son âme et celle de l’humanité.

Océan sans rivage


Le Chant du Barde

Le temps qui passe : l'almanach de la Poste


 

Le mot "almanach" apparaît au XIVe siècle. Issu du syriaque manhaï signifiant "en l'année prochaine", il prendra le sens de "tables publiées au début d'une année lunaire". La forme actuelle du mot vient de l'arabe d'Espagne al mânakh et du latin médiéval almanachus.


Le mot "calendrier" provient du latin calendae "premier jour du mois", d'où calendarium "livre d'échéance". Ainsi, établir un calendrier, c'est fixer des dates ou des périodes précises. dans l'usage courant, le calendrier est tout simplement la liste des mois et des jours d'une année solaire. Le calendrier reste la composante principale de l'almanach qui contient par ailleurs des renseignements utiles dans différents domaines. Jadis, il évoquait plutôt les travaux des champs et de la ferme qui rythmaient alors la vie de la plupart des gens. Il indiquait également les fêtes religieuses et le nom des saints qui marquaient chaque jour et auxquels était rendu un culte particulier.

C’est l'imprimeur François-Charles Oberthur qui a donné au calendrier de la Poste sa forme moderne. Les premiers modèles présentaient des informations sur les services postaux, les dates des marchés et des foires, ou même des notions d’astronomie.

En 1857, Oberthur achète le monopole de diffusion de cet almanach pour une durée de douze ans. A partir de cette période, le contenu des calendriers est réglementé par l'administration des Postes. Ils doivent notamment contenir les noms des saints et des renseignements généraux et locaux sur le service postal.

Les facteurs sont autorisés à diffuser le calendrier de la Poste, baptisé "carton" en jargon postal, pour leur propre compte depuis 1849.

Les illustrations de ce calendrier ont aussi beaucoup évolué et apportent un témoignage précieux sur l’esprit du temps. Elles représentent des événements marquants de l'année passée, des scènes de la vie quotidienne ou même une véritable propagande politique.
Les photographies d’animaux et de paysages ont remplacé les dessins à partir de 1945.

mercredi 27 mai 2020

Dico ergo sum


Blason d'Antoine Fagon (1665-1742)

D'azur au lion rampant et contourné d'or affronté à un mouton passant 
d'argent, sur une terrasse de sinople, accompagné en chef d'un soleil d'or.


     Ma chère Mado, à l'Ouest, rien de nouveau, comme on dit. Je crois bien que nous sommes entrés dans la phase d'une guerre de position : d'un côté, un exécutif qui s'enlise irréversiblement, ne tenant plus que grâce à sa milice ; de l'autre, des forces plurielles qui rongent leur frein, en attendant de pouvoir gagner du terrain. Quelques dépôts de plaintes n'ont encore l'air que d'escarmouches et nul ne saurait jurer de leur issue une fois qu'elles auront pénétré dans les étouffoirs de la justice-deux-poids-deux-mesures qu'est désormais celle de notre pays des droits de l'homme. Enfin, c'est toujours sur le papier et puis les mots se laissent dire, n'est-ce pas. Dico ergo sum. Sauf que penser, au sens fort et noble du terme, demande tout de même certaines capacités. À cet effet, me reviennent ces mots de l'écrivain George Bernard Shaw, qu'il prononça au début d'une allocution : «Je suppose que vous pensez rarement. Il y a très peu de gens qui pensent plus de trois ou quatre fois par an. Moi qui vous parle, je dois ma célébrité à ce que je pense une ou deux fois par semaine.» Et celle-là donc : «La démocratie est une technique qui nous garantit de ne pas être mieux gouvernés que nous le méritons.» Allez, une dernière : «À la nomination d'une petite minorité corrompue, la démocratie substitue l'élection par une masse incompétente.»


S'agissant de ce monde et de ses comédies,
L'on peut tout dire et redire, toute sagesse est vaine.
L'on pourrait rédiger mille encyclopédies,
Qu'on ne serait jamais qu'au tout début de se peine.

Tu peux toucher l'homme de foi, pas le mécréant ;
Tu peux toucher l'homme de cœur, mais pas l'imbécile.
Rien à espérer d'un candidat au néant ;
  Rien à attendre d'un mouton sage et docile.

Surtout ne va pas croire que je suis amère
Et je crains même que tout cela ne m'indiffère.
Je pense que l'heure est venue de serrer les rangs.

Les gens se rassemblent par niveaux de conscience.
Lors, peu importe les classes et les obédiences,
C'est par l'esprit que l'on se découvre parents.

Le Spectre à trois faces


Dico ergo sum : « Je dis donc je suis. »


La laitière et le pot au lait



Neuvième fable du livre VII de Jean de La Fontaine et éditée pour la première fois en 1678, La laitière et le pot au lait est un conte réaliste qui met en scène Perrette, une jeune paysanne entreprenante, dont le portrait nous est tracé avec beaucoup d'enjouement et de naturel.

Tout un fromage ou le discours d'une pie


Tyrosème ancien (Vienne, Poitou)


Elle me fait bien rire, cette fable sur le corbeau.
Voilà des siècles qu'on en fait tout un fromage.
Mon sot cousin s'était cru devoir faire le beau,
Sous prétexte que Renard lui prêtait du ramage.

Ce n'est pas à moi qu'une telle farce peut arriver,
D'autant que le rusé est connu à la ronde
Pour avoir en la chose maintes fois récidivé.
Je l'aurais vu venir, comme le tonnerre qui gronde.

Le compère s'épuiserait en vaines flatterie.
Quand je tiens une proie en mon bec, je me la garde !
Nul ne me fera accroire que ma jacasserie,

Qui me vaut une réputation d'oiseau bavard,
Est digne d'être comparée au chant d'un barde.
Cette fable tient du théâtre de boulevard.

Marc

Maître Coq et Compère Renard


Tyrosème ancien (Fromagerie Lachaume de St-Lizier en Ariège, 1923-1942)


Par un jour d'arrière-saison, aux portes de l'automne,
Au temps où la charrue creuse la terre de son soc
Et où les premières feuilles sous la brise tourbillonnent,
L'on vit s'en aller au Bois Joli Maître Coq.

Était-ce pour cueillir la pigne ? On le présume.
Au détour d'un chemin, il vit Compère Renard
Qui pratiquait en ces lieux ses us et coutumes,
Ourdissant, comme on sait, le prochain traquenard.

Maître Coq, prudent, s'alla percher sur une branche,
De sorte à être du compère à bonne hauteur.
« Il vaut mieux qu'il lève la tête et que je la penche

Car au sol je ne serais pas à mon avantage. »
Ce disant, il laissa s'approcher le flatteur,
Bien à l'abri de tout péril sur son étage.

* * *

« La place m'est agréable de vous y trouver ;
La providence nous fait, je crois bien, la part belle
En nous offrant l'occasion de taire une querelle
Dont vous me voyez fâché autant qu'éprouvé.

L'Ami, descendez sans crainte de votre perchoir
Afin que, sans plus de façon, je vous embrasse. 
Compère, je trouve à propos de rester en place 
 Car à nos effusions nous devons surseoir
 
Si j'en crois aux aboiements que j'entends au loin.
Il y a là quatre ou cinq lévriers, pas moins,
Qui sont déjà, à n'en pas douter, sur vos traces.

Sauvez-vous vite, pendant qu'il en est encore temps ! 
Moi qui ai l'ouïe fine, je n'ai rien perçu, pourtant. 
Aurait-on avancé l'ouverture de la chasse ?

* * *

Sur mon conseil, vous seriez sage d'en faire autant.
Oh ! je suis trop piètre gibier pour la besace
Et mon grand âge a rendu ma chair fort coriace.
Votre fourrure est trophée bien plus méritant.

Et puis l'on me connaît ; ce sont gens du comté.
Mais assez digressé ; ne tardez point, Compère,
Et regagnez vélocement votre repaire ;
L'heure file et le temps vous est désormais compté.

Certes. Mais me voici contrarié dans mes élans.
Moi qui me réjouissais d'amitié fraternelle,
Ma frustration est grande ; je m'en vais, l'avalant. »

Quelles étaient du goupil les réelles intentions ?
La tromperie est chez lui, dit-on, naturelle ;
Et le doute doit toujours inspirer l'abstention.

Marc


dimanche 24 mai 2020

La conscience-patate


Blason de Dollbergen (Basse-Saxe, Allemagne)


     Ma chère Mado, aujourd'hui même, je m'entretenais avec mon Amie et nous parlions de l'actualité. Tu t'imagines en quels termes. Nous étions partagées entre l'hilarité et la désolation. Finalement, nous avons convenu et décidé que nous n'étions pas du tout concernées par cette comédie branquignolesque que des désœuvrés jouaient sur la scène publique et à laquelle ledit public, quoique dubitatif, accordait néanmoins une attention syndromatique à la parole officielle. Mon Amie a eu cette réflexion de génie (je fus presque fâchée de ne l'avoir pas eue moi-même), s'agissant de la conscience des gens qu'elle a comparue au bonhomme-patate des enfants de la maternelle. Tu vois le dessin. Une conscience-patate... Quelle trouvaille ! Et quelle justesse dans la métaphore ! Quand je te disais que nous étions dans le bac à sable... J'ai d'ailleurs dans l'idée de suggérer à Patrice Leconte de réfléchir à un quatrième épisode de la série des bronzés et qui aurait pour titre « Les bronzés en confinement ». Il n'aurait déjà pas l'embarras des idées mais plutôt celui de leur choix. Ne crois pas que je plaisante car tous les matins je me réveille en pensant avoir rêvé, me disant : « Non, ce n'est pas possible. Cela ne peut pas exister. Nous sommes en France, tout de même ! » Eh bien non, ce n'est jamais un rêve mais l'innommable et quotidienne réalité. Et comme cela peut impossiblement se passer en France, j'en ai conclu que cela devait très probablement se passer ailleurs. Mais où ?


« Travaille, consomme et tais-toi » sera ton triptyque
Car c'est tout ce à quoi tu peux prétendre.
Que t'avises-tu de te mêler de politique
À laquelle il n'y a plus rien à comprendre

Puisque ce sont les lois du marché qui dominent !
Comment ? Tu voulais te soigner à moindres frais,
À coup d'ordonnances prescrivant la chloroquine ?
Ignores-tu donc que dans la morgue l'air est très frais ?

Un médicament à quatre sous, est-ce sérieux ?
L'on comprend que les labos se montrent furieux.
Sais-tu qu'ils doivent rendre des comptes aux actionnaires ?

Il est permis de rire de tout, sauf des gros sous.
N'oublions pas qu'ils sont de toutes choses les dessous
Et que nos dirigeant en sont les mercenaires.

Le Spectre à trois faces

Trouble ronsardien


Blason de Búger (Majorque, Îles Baléares, Espagne)


Le miroir se regarde au feu de la chandelle.
Il s’inquiète du jour finissant et filant
Si précipitamment, en ayant l’air si lent.
Il reconnaît pourtant que la journée fut belle.

Ce qu’elle a de plus beau, c’est qu’elle est sans nouvelles,
Nul n’aura le besoin d’en faire le bilan.
D’où vient ce sentiment, tracas obnubilant,
Fantôme du reflet d’une angoisse éternelle ?

Le grand salon l’ignore, et, tranquille et dispos,
Dans le soir ténébreux se prépare au repos.
Le miroir garde en lui cette crainte accroupie,

Envers qui la chandelle a montré du dédain.
Allons, faut vivre avec, ça ira mieux demain,
Obscures sont parfois les choses de la vie.

Cochonfucius

Le miroir en héraldique



Le miroir est le hiéroglyphe de la vérité, parce qu'il représente fidèlement les objets qui lui sont offerts. C'est donc aussi un révélateur.  Dans l'art héraldique, il y a généralement trois sortes de miroirs : des carrés, des arrondis en haut, nommés miroirs de toilette ; des ovales à manches et des ronds dits antiques ou arrondis. On dit cerclé, emmanché, d'un miroir qui a un cercle et un manche d'émail différent ; arrondi du miroir antique ; pommeté, quand son cercle est garni de petites boules. 


Le miroir peut refléter une figure et être tenu (par une sirène ou un animal). Selon L. Foulques-Delanos en son Manuel héraldique ou Clef de l'art du blason (Limoges, oct. 1816), un miroir sur champ d'azur symboliserait un ami sincère ; sur champ d'hermine symboliserait un juge recommandable ; sur champ d'or symboliserait un prince ; sur champ de sinople symboliserait un précepte, l'instruction, une leçon ; de sable symboliserait le conseil.

Considérations sur le creusement


Blason de Krupka (Tchéquie)


     Ma Chère Mado, le jour où j'ai pris la plume sous le Spectre à trois faces, j'étais alors loin de me douter de la pertinence de mes propos... impertinents qui frisaient souvent l'insolence. Avec mon côté rentre-dedans, sans aucune espèce de filtre ou à peine, j'ai dû paraître outrancière et même sulfureuse à plus d'un. Tu me diras que je n'ai guère changé depuis. Sans doute. Mais le monde n'a pas changé non plus car chaque jour se découvre pire que le précédant et ce qu'ils appellent l'après ressemble furieusement à l'avant, la pesanteur en plus. Certes, homo festivus a du plomb dans l'aile et son consumérisme effréné a subi la pire récession de son histoire, frôlant même le rationnement d'une époque dont les mentalités ne demandent qu'à se réveiller. Nous nous étions dit que ce que les gens auraient dû faire librement et consciemment leur a été finalement imposé, somme toute assez violemment. Nous nous disions encore que le confinement leur offrait fort opportunément ce temps de recul et de réflexion qui les invitait à prendre leur distance d'avec un système insensé qui allait les broyer tous. La classe moyenne, sur tout son éventail, par ailleurs déjà fortement menacée, est en voie de liquidation. Du moins commence-t-elle à sentir les frôlement de la précarité car c'est un horizon qui se rapproche. Un confinement en suit un autre. L'espace de la projection en avant s'est ainsi considérablement atrophié et avec lui, le champ de la dispersion. Je le répète : ce que les gens n'engageront pas volontairement et volontiers leur tombera dessus comme un couvercle de fer. Et s'ils ne sentent pas que l'étau est à se resserrer et s'obstinent néanmoins à vouloir coller à ce système compresseur, eu égard à tout ce qu'il se passe, alors ils ne seront plus même à plaindre. À cet effet, je laisse la conclusion à Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. »


Attention au contenu de ce que tu dis
Car ils viennent de sortir une loi contre la haine
Qui fait de la France le pays des interdits. *
C'est à se demander quelle sera la prochaine...

Ils prétendent judiciariser les sentiments
En se fondant sur des concepts tarte à la crème,
N'ayant de la pensée pas même les rudiments
Et ignorant de tout bon sens le théorème.

C'est l'hôpital qui se moque de la charité ;
Ces donneurs de leçons sont à peine exemplaires :
Leur dire et leur faire sont loin de la parité.

Certains confondent le plancher avec le plafond.
L'on en perd son latin et son vocabulaire.
Les voilà qui creusent, en ayant touché le fond.

Le Spectre à trois faces

Plié de rire.

samedi 23 mai 2020

Héraldique universitaire : L'Université technologique d'État de Belgorod en Russie



Depuis la dislocation de l'Union Soviétique, l'héraldique et la vexillologie russes connaissent un essor insoupçonné et remarquable, un phénomène en partie lié au renouement avec les traditions et qui s'illustre d'une manière plutôt somptueuse, tant sur le plan symbolique que graphique. Le choix et la conception des emblèmes, drapeau et armoiries, y sont pris très au sérieux car ils revêtent dans l'esprit des concepteurs une valeur fédératrice et fortement identitaire. Nous rapportons ici un exemple – une sorte de cas d'école - qui témoigne de l'importance accordée à l'emblématique.

Le Renard et les Oies


Chromolithographie publicitaire ancienne


Maître Renard, dont nous contâmes maintes aventures
À la suite des célèbres fabulistes d'antan,
Sait, quand il faut, soigner sa vitrine et devanture.
Pareil à lui-même, quand même il vivrait cent ans,

Il n'est obstacle que le compère ne contourne.
Sur quelque ferme du voisinage veillaient des oies
Appartenant à cette race que rien ne détourne
Et n'ayant, du reste, nul besoin de porte-voix.

Non que le goupil en aimât faire sa pitance,
Car la chair de poule lui était meilleure bectance,
Du moins tenta-t-il d'endormir leur attention

En leur contant l'histoire des oies du Capitole.
Mais les commères n'y entendirent que faribole,
N'oubliant jamais du rusé les prétentions.

Marc


Le Cycle du Renard

D'une chimère prométhéenne


Blason de Fourchambolt (Nièvre, Bourgogne)

D'azur au marteau-pilon d'argent posé sur une champagne de gueules, l'enclume sommée d'un lingot du même, ledit marteau-pilon accosté de deux lions affrontés d'or tenant chacun un flambeau du même allumé aussi de gueules sur la champagne chargée d'une divise ondée aussi d'argent soutenue d'une abeille volante aussi d'or. 


La technique, qui se promettait libératrice,
Ouvrant la voie à tous les assouvissements,
N'a été qu'un instrument d'asservissement
Et, bien plus, le fer de lance des forces destructrices.

Peu à peu, elle prit une position dominante,
Imposant mille contraintes pour un peu de confort.
Et sous prétexte de nous épargner tout effort,
L'existence, sous sa férule, devint aliénante.

Elle a beau multiplié ses effets pervers,
La séduction et l'adhésion demeurent intactes.
L'humanité a signé là un étrange pacte

Et le renouvelle, même si tout va de travers.
Plus elle se perfectionne, plus elle est enfermante
Et impose à tous ses conditions opprimantes.

Marc


Note : nous préférons le mot « technique » à celui de « technologie », employé très souvent de manière impropre car il désigne, en fait, la science des techniques et non pas la technique elle-même.

vendredi 22 mai 2020

Les arbres par leur usage



Le monde du Vivant est d'une diversité incroyable, c'est peu de le dire. Dans un monde en voie d'uniformisation accélérée, la Nature en reste le plus sûr témoignage et le gardien. Nul n'aurait du plaisir à se promener dans une forêt qui ne comporterait qu'une seule espèce d'arbre ; et quand cela existe, il s'agit de plantations industrielles qui ne sont guère que des usines à bois. Célébrons aujourd'hui la diversité des arbres à travers une série de chromolithographies imprimées en 1905 par les chocolatiers de luxe français Guérin-Boutron (1775-1942) et Poulain (1848), selon la pratique générale de l'époque. Chaque image indique l'usage particulier qui est fait du bois de l'arbre illustré.

jeudi 21 mai 2020

Considérations sur les bouches inutiles


Blason de Tlučná (Tchéquie)


Ma chère Mado, je la ferai court, ce soir. Après avoir vu un petit documentaire sur l'état désastreux de la petite paysannerie (pour ce qu'il en reste), je n'ai pu m'interdire cette petite réflexion. Tout, venant de cette société, donne la nausée, jusqu'à l’écœurement ; chaque jour nous révèle son lot d'iniquités. Je pense que ce monde est perdue car les consciences sont scellées. Ses vibrations sont désormais si basses qu'il attire les entités les moins évoluées de la galaxie. Pour s'en convaincre, il n'est qu'à constater l'état de lieux.


As-tu relevé combien les métiers utiles
Sont souvent, d'entre tous, les moins rémunérés
Et que plus d'un emploi, parfaitement futile,
(On fâcherait plus d'un à les énumérer)

Semble payé en fonction de l'incompétence
Dont il faut faire montre pour le bien conserver ?
D'où crois-tu, par exemple, que vienne l'impotence
De l'administration qui donne à s'énerver ?

Des petits tâcherons que l'on paye au lance-pierre
Et qui n'ont pas même de quoi remplir leur soupière ?
La réponse est dans la question, assurément.

C'est à cela, n'est-ce pas, que servent les hautes études :
À ne plus avoir du lendemain l'inquiétude
Et toucher plus que son dû, avec supplément.

Le Spectre à trois faces

Le temps qui passe : le calendrier des champs



Jusqu'au milieu du 20e siècle, la vie de la plupart des Français était rythmée par les travaux des champs qui suivaient le fil des saisons. Aujourd'hui, il est fréquent d'entendre les gens se plaindre de ce qu'il n'y en ait plus, tandis qu'eux-mêmes mènent désormais des existences totalement décalées du rythme naturel des choses... Des saisons, qui ne sont déjà plus respectées dans l'assiette, on ne considère plus, au mieux, que les vacances d'hiver, celles d'été et la période des fêtes de fin d'année, le reste se confondant plus ou moins dans une suite de jours que l'on voudrait à son gré. Ainsi est notre époque, désirant une nature immuable que l'on malmène par ailleurs.

Cette série de douze chromolithographies, éditée par Eau de Carmes Boyer et imprimée par Hérold, est complétée par les dictons paysans qui appartiennent à la tradition orale.

Le temps qui passe : le calendrier de la nature



Cette série de chromolithographies anglaises de 1930 parcourt, au fil des mois et des saisons, l'année des plantes et des animaux, avec un choix des espèces les plus emblématiques de chaque période.