dimanche 10 janvier 2021

Conte des sept Occidents

 Il était une fois (suite)

Blason de Großsolt (Schleswig-Holstein, Allemagne)


     Chaque saison délivre son propre charme, et l’on ne saurait véritablement exprimer quand et où cela a commencé, la pupille s’élargissant devant une vision perpétuelle. Jamais nous ne nous lassons, puisque le moment n’a jamais de fin, ni ne présente même la moindre rupture, mais cet instant n’a pas non plus de commencement. Il est spontané, purement et simplement. Ce qui s’écoule, à travers les séquences est une brièveté de manifestation, l’incursion dans un interstice d’une vocabilité, d’ailleurs, de primauté assez rare. L’on ne voit pas uniquement ce qui est visible, mais des mondes et des mondes cachés, qui se montrent et se parlent. Laissez palpiter en vous cet univers, vivez-le avec les poumons cellulaires de la conscience. Vous lui parlez et il vous parle. Durant des temps immémoriaux, le dialogue est une Rencontre perpétuelle. Il s’agit d’un entretien intime qui élabore le désir de La Rencontre.

     Néanmoins, l’histoire indiscutable d’une série de concours, concordance élémentaire, durant une vision, font que tout semble s’évanouir sans autre forme de préambule. Dans la nuit, l’orage imperturbable défait chaque mur de sa matérialité. L’enfant n’est plus de son temps. Elle grandit dans une sorte d’expansion qui dilate l’espace et libère le corps de toute entrave. Ce pouvoir de l’esprit est une entièreté de l’instant. Le monde n’obéit plus à la physique que l’on connaît, ni à aucune espèce de lourdeur que l’on voudrait volontairement nous imposer. La Liberté est une Lumière, au Son de L’Origine, vibrante en parfaite concordance et soudain, il s’agit d’une échelle, celle que Le Souverain lance pour enseigner.

     Certains croient au chaos et s’efforcent de restructurer leur apparent désordre. D’autres voient La pure Perfection, car au Regard de L’Absoluité, il est une Unité qui résorbe chaque chose en sa choséité. Le tissage est puissant et en perpétuel mouvement. Rien ne saurait le maîtriser, car Lui-Seul est Le Maître. La jeune fille, après avoir vécu des strates et des strates de mondes, de superpositions de consciences, après avoir rencontré la jeune fille même de ses rêves, celle-là même qui allait la conduire à elle, après avoir vécu ce que nous ne révèlerons jamais dans ce conte, découvrit dans ce laborieux labyrinthe cet homme, lui-même porté par son propre fils. Elle fut touchée par la grâce de ce dernier, par son dévouement. Elle le suivit en silence dans les méandres de ce couloir opaque et quand l’orage grondait encore, la jeune fille redevint l’enfant qui n’avait jamais quitté aucun lieu. L’image flottait encore et son cœur ému continua de voir et de voir ce Périple qui était celui du compagnonnage. Elle porta avec le fils, le Père. Elle comprit la réalité des légendes et décrypta les mots jusque dans leurs plus enfouies essences. Le fait de se laisser heurter avec cette propension à l’Accueil laisse émerger Le Verbe. Celui-ci est le plus grand des mystères rendu accessible par l’interpénétration de La Vision et du Cœur. Source jaillissante et exponentielle, d’infinités contemplatives dans le frottement du silex contre les parois de la nudité. Il était une fois, est bel et bien un point duquel jaillissent L’Abondance et La Joie. Le point, Perle suintante qui réunit les éléments épars et donne à chaque chose son unité. Au milieu est L’Être, Imperturbable. Il est Le Seul qui possède le pouvoir de nommer et de donner à La Vision éloquente, ainsi qu’à la Réalité de L’Acte d’Être. Celui qui n’a pas vu n’est pas semblable à celui qui a vu.

© Océan sans rivage

Conte des sept Occidents, Il était une fois


dimanche 3 janvier 2021

Conte des sept Occidents

Il était une fois
 
 Blason de Bałtów (Région de Sainte-Croix, Pologne)


     La plupart des contes débutent par il était une fois. Une fois, un point de commencement, une attention soutenue. Tel est ce début qui vous invite à écouter, à bien entendre. Pour un enfant, cela représente l’instant crucial. Il n’en est pas un avant, ni un autre après. Il s’agit de cette fois-là. Pour un enfant, cette fois-là est la vie entière. Pour un enfant, il s’agit d’une naissance perpétuelle. Il était une fois, la fois de tous les moments réunis, la fois qui n’en fait qu’une. Pour un enfant, il s’agit de l’émerveillement total. Surtout ne venez pas rompre cet instant où le souffle est suspendu. Le long préambule qui se résume à il était une fois. Cette fois-ci qui rompt avec toutes les autres fois, puisque cette fois ouvre sur une histoire peu commune. Alors, respirez et entrez en cette fois où la vie vous a cueillis au seuil d’un monde qui allait devenir votre récit. Chaque fois que vous avez à l’esprit cette fois, vous ne pouvez plus vivre comme si cela n’avait aucune importance. Vous ne pouvez vous sentir indifférents à votre propre venue au monde. Il était une fois qui vous attend chaque seconde, dans la lenteur de votre perception et vous voyez en ce monde mille et une choses qui vous répètent : il était encore une fois, la seule et l’unique multitude de fois. Alors, vous êtes dans la Joie. Et vous écoutez l’histoire, et vous entrez en elle de tout votre cœur et de toute votre âme, car, il n’y a pas de demi-mesures à cette fois. Elle est votre présence.

     Une petite fille apprit qu’un homme avait sombré dans les strates les plus infernales qui soient. Elle avait poursuivi une ombre puis une autre et avait levé la tête alors que l’orage grondait. La nuit était tombée et un feu au loin semblait éclairer cet endroit sauvage. Ne me demandez pas comment cette petite fille s’était soudainement retrouvée dans la forêt, au beau milieu de l’orage. Je ne le sais pas plus que vous. C’est comme si la petite fille avait soudain brisé quatre murs et avait atterri en pleine nature. Elle dut franchir un énorme fossé et c’est alors qu’elle rencontra une espèce de dragon peu commune, car tous les dragons s’étaient enfuis dans un autre monde. Celui-ci était si vieux qu’il daigna à peine jeter un regard sur la pauvre enfant. Cette dernière était effrayée, mais il lui fallait continuer car elle savait qu’elle devait rejoindre l’homme. Elle plongea dans les plus obscurs couloirs, jusqu’à ce qu’une épaisse fumée lui indiquât qu’elle était parvenue au centre de la terre. Elle apprit à vivre durant des années dans cette fournaise. Quelques êtres de lumière lui apportaient régulièrement du pain et de l’eau. Elle grandit et devint une jeune fille assez malingre. Ses cheveux cuivre ruisselaient derrière le dos. Elle fit la connaissance de certaines créatures qui lui promirent de venir à son secours, en cas de besoin. Elle n’avait plus revu la surface de la terre depuis bien longtemps et malgré son périple qui lui fit découvrir des lieux extraordinaires, elle se sentait malheureuse et désespérait de trouver le malheureux qu’elle voulait sauver de tout son cœur et de toute son âme. Avait-elle fini par se perdre dans le monde souterrain ?

À suivre…

Océan sans rivage