mardi 30 juin 2020

Histoires fromagères : la fausse innocence




L'on aimerait se rouler dans le mois de juin,
Une toute dernière fois, avant qu'il ne tourne la page
Et que la faux ne transforme l'herbe fleurie en foin.
Peu importe, au demeurant, qu'on ait passé l'âge,

L'enfance fut trop courte pour s'en contenter ;
L'on voudrait la retrouver toujours et encore,
N'avoir jamais connu ce monde désenchanté
Où les personnes sont de jour en jour plus pécores.

Toutefois, enfance n'est pas infantilisme
Ni adhésion aux dernières niaiseries en vogue
Dont on établirait en vain le catalogue.

Elle est tout le contraire de cet angélisme
Qui n'est qu'une lâcheté et un voilage de face.
La fausse innocence révèle toujours ses grimaces.

Marc


lundi 29 juin 2020

Histoires fromagères : la vache et la chèvre



Tyrosème ancien du Poitou


Une vache et une chèvre paissaient dans le même pré,
Chacune y trouvant à volonté la bonne herbe
À laquelle les fleurs donnaient leur touche diaprée
Et qui en bouquets floraux font les plus belles gerbes.

« Votre lait serait de loin meilleur que le mien
Et vaudrait ainsi moins que votre jus de bique ?
S'étonna la vache. D'un fou-rire je me retiens,
Moi dont le pis peut donner jusqu'à vingt-huit briques !

Bigre ! Comme vous y allez de cet argument !
Cette quantité me paraît suspecte, justement,
Et je crains fort qu'on l'obtienne par des artifices.

Vous serez usée au bout de trois lactations
Et l'abattoir sera votre prochaine station,
Sans même la sacralité du sacrifice. »

Marc


Histoires fromagères : des goûts et des couleurs




Les goûts et les couleurs ne se discutent pas.
Que faut-il déduire de cette sentence péremptoire ?
Que n'importe quelle tambouille a valeur de repas
Et qu'un restaurant n'est jamais qu'un réfectoire ?

Chacun voit midi à sa porte, c'est entendu,
Quand même certains confondent l'aube et le crépuscule.
De fait, le sophisme cache un sous-entendu :
Il n'y a plus ni minuscule ni majuscule,

Pour la bonne et simple raison que tout se vaut.
Qu'un idiot, donc, serait l'égal d'un grand cerveau,
N'importe quelle bouillie sonore de la grande musique

Et, bientôt, que préférer c'est discriminer,
Dont on se verrait aussitôt incriminé
Et livré sans procès à la vindicte publique.

Marc


L’Océan


Blason de Nizhnedevitsky (Russie)

Connaissez-vous Amour qui vint de L’Océan,
Et connaissez-vous ses vagues insoutenables,
Se fracassant sauvages sur les fragiles flancs,
Faisant chavirer ses lourds flux insatiables ?

Quand une vague passe et que l’autre vous submerge,
Sans laisser de répit, ou si peu, lors que vous soufflez,
Connaissez-vous cette folie qui vous bouleverse,
Ces menus détails qui vous laissent comme dispersé

Aux quatre vents ; et quand Amour vous offre ses Bras,
Dans sa troublante Force baignée de pure Lumière,
Et vous écartèle, puis que le cruel trépas

Vous fait basculer sur des rives singulières,
Vous gisez ainsi haletant, sans plus penser,
Lors que du corps dissous, jaillit l’Éternité.



Le Chant du Barde
(Saison 2)

samedi 27 juin 2020

La collection Mythes et Légendes


 

Entre 1987 et 1999, les éditions Hachette avaient sorti une série d'albums sur les mythes et les légendes du monde entier. Avec des textes de qualité richement illustrés, c'est l'une des meilleures collection dans le genre. Tous les albums ci-dessous sont épuisés. On ne peut donc les trouver qu'en occasion, quoique Hachette ait réédité certaines histoires sous la forme de recueils thématiques, mais qui sont loin de valoir l'ancienne série.

vendredi 26 juin 2020

Histoires fromagères : des veaux, plus que jamais




De Gaulle disait que les Français étaient des veaux.
Sans doute ne croyait-il alors pas si bien dire.
Ces ingrats, qui furent la veille encore des dévots,
Tournent leur veste dans un sens qu'on ne saurait prédire.

Quand ils râlent, on les pense acquis à la raison
Et prêts, enfin, à procéder au grand ménage,
Pour sitôt tendre l'oreille aux péroraisons
D'hommes dits providentiels qui se piquent d'apanages,

Pourvu que les promesses soient longtemps martelées
Au cours des passages en boucle à la télé.
C'est ainsi qu'ils reconduisent les mêmes aux commandes,

Voulant le changement dans la continuité
Et s'accommodant de toutes les ambiguïtés,
Pour peu, bien sûr, qu'on leur assure la provende.

Marc


jeudi 25 juin 2020

Histoires fromagères : le blason et le tyrosème


Tyrosème ancien du Poitou

Un blason et un tyrosème eurent cet échange :
« De quoi vous piquez-vous de m'ainsi arborer ?
Pensiez-vous sur votre nature donner le change ?
La mienne est franche, nul besoin de me la dorer.

Voilà une peu sympathique entrée en matière !
Je vous trouve bien méprisant à mon encontre.
Malgré que je comprenne votre posture altière,
J'attendais autre chose de notre rencontre.

Sans nier que votre image me valorise,
Je vous la rends en vous servant à ma façon ;
Vous eussiez dû le reconnaître, mais passons.

Sur le gâteau, je ne suis jamais qu'une cerise ;
À peine m'a-t-on vu que l'on m'oublie aussitôt,
Lors que vous pavoisez au-dessus des linteaux. »

Marc

Histoires fromagères : le lancer du camembert




Si à l'époque de la bataille des Thermopyles
On avait connu, admettons, le camembert,
C'eût pu être un redoutable projectile
Qu'on aurait envoyé sur les navires en mer

De l'armée perse, avant que celle-ci ne débarque.
L'on aurait rassemblé les meilleurs discoboles
Et des fromages au dernier stade mais de bonne marque
Pour les lancer au loin, sans plus de protocole.

C'eût été un sacré coup de semonce, déjà,
Juste avant que le vrai combat ne s'engageât.
Voilà ce qu'en passant inspira l'étiquette.

Cela fera peut-être sourire le lecteur,
Se demandant ce qu'a pensé le concepteur
Qui nous pardonnera cette petite amusette.

Marc


mercredi 17 juin 2020

Considérations fromagères




L'Amie, jusqu'ici, nous avions le blasonneux
Qui nous immergea dans l'univers héraldique,
Et voilà que nous avons en plus le fromageux
Qui nous inonde d'étiquettes comme dans une boutique !

D'une certaine façon, je n'en suis guère étonnée ;
Il y a longtemps que je sens venir la chose.
J'entends un chant avant qu'il ne soit entonné,
Tout comme je flaire une odeur avant qu'elle n'éclose.

Justement, s'agissant de celle du camembert,
Pour peu de l'oublier au fond du frigidaire,
Elle est parfois limite, il faut bien l'avouer.

Même enfermé dans une boîte étanche, il cocotte !
C'est sans doute de ce caractère qu'il tient sa cote.
L'on dit qu'il pue bon, sans que la bouche soit flouée.

Le Spectre à trois faces
Fromage collatéral

Histoires fromagères : le pays des 300 fromages


Tyrosème ancien de la Mère Picon


La France est sans conteste le pays du fromage
- Trois cents variétés est le chiffre qu'elle atteint - *
Mais elle est surtout le pays du bavardage,
Ce qui, sans doute, est dû à son côté latin.

Certains s'écrieront : « L'Italie est plus bavarde,
En plus d'accompagner les mots avec des gestes. »
Certes, mais la napolitaine plus que la lombarde ;
Sauf qu'une main qui bouge n'est pas d'emblée d'un bras leste.

Le bavardage français tient de la compulsion
Qui consiste à vouloir forcer les émulsions
Et donner des leçons à la planète entière.

La France, jadis un pays fortement rural,
Est devenue le premier producteur d'oral,
Se rêvant d'être de ses idées la rentière.

Marc


* « Le pays des 300 fromages » est l'une des locutions pour désigner la France.


mardi 16 juin 2020

Histoires fromagères : Rouquinot l'écureuil



Tyrosème « L'écureuil » (Touraine)


L'écureuil est connu pour être économe,
C'est d'instinct et de nature, nul n'en disconvient.
Un jour, Rouquinot (c'est ainsi qu'il se prénomme), *
Qui portait fièrement son chapeau tyrolien,

Se mit en tête d'engranger, au lieu des noisettes,
Des fromages que son cousin du pays vosgien
Lui avait envoyés, par crainte de la disette
Qu'on annonçait au pays du bonnet phrygien.

Ils les empila au creux d'un vieil érable.
Bientôt, une odeur de chaussettes flotta dans l'air
Et devint à tous très vite insupportable.

Un hibou, locataire du dessus, protesta :
« Du chèvre n'eût gêné personne, mais du Munster ! »
Exigeant que, sur le champ, il le remportât.

Marc


* Rouquinot le lutin du bois est le titre d'une histoire écrite et illustrée par Benjamin Rabier, publiée aux éditions Garnier en 1929 et rééditée en 2012 par les éditions Langlaude sous le titre Rouquinot l'écureuil.


Histoires fromagères : les chapardeurs


Tyrosème ancien « Le laboureur » (Meurthe-et-Moselle en Lorraine)


D'un déjeuner, le laboureur se réjouit,
Lui qui, depuis l'aube, est à retourner la terre
Où dormira la graine, en son rêve de pain cuit.
Les longues heures de labeur sont parfois bien austères,

Mais quand viennent les moissons et les récoltes, quelle joie !
Est-il travail plus digne qui nourrisse les hommes ?
Celui qui retourne à la terre fait le bon choix.
Foin de la vie de château et du majordome !

Exit les voyages autour de planète-center
Pour s'émouvoir de choses qui chez soi indiffèrent !
Fini le bougisme du pseudo sédentaire

Et son piétinement dans les aéroports !
Laissons donc ce monde courir après ses affaires
Où l'intérêt seul fait et défait les rapports.


Tyrosème ancien « La souris » (Les Aulneaux dans la Sarthe)


Des rats des champs attirés hors de leurs trous
Par une odeur forte - mais pour eux un parfum suave -
Furent bientôt en émoi et furetèrent partout.
L'on est bien aise d'avoir son quotidien de raves,

L'on n'en boude pas pour autant l'annonce d'un festin.
Un sac de victuailles à l'ombre d'un grand chêne
Avait, ce jour, rendez-vous avec son destin,
Bien avant qu'au clocher ne sonnât l'heure prochaine

Qui fut aussi celle de l'angélus de midi.
Notre pauvre laboureur sera bien en peine
S'il trouve à croquer encore le moindre radis.

L'animal est certes chapardeur, jamais voleur.
Toute chose bonne à manger lui est heureuse aubaine,
La propriété n'entrant pas dans ses valeurs.




Quand même vivant sur un territoire, l'animal
Ne conçoit pas d'en être le propriétaire,
Contrairement à l'homme qui n'y voit aucun mal,
Quand même il est à spolier autrui de sa terre.

C'est la trame principale de l'histoire des nations
Que d'aller prendre ailleurs quand l'envie les mène,
Ceux qui marchent en tête s'offrant les meilleures rations.
Mais la roue tourne qu'une loi implacable entraîne

Et bientôt l'apogée cède le pas au déclin.
Un jour, le vilain prend la place du châtelain
Et les mêmes causes produisent les mêmes effets, sans cesse.

À ce titre, vouloir changer le monde est vain.
Y parviendrait-on, nul besoin d'être devin
Pour voir qu'en peu de générations, tout s'affaisse. *

Marc


* « Le but de la civilisation, c'est la culture et le luxe. Une fois ce but atteint, la civilisation se gâte et décline, suivant en cela l'exemple des êtres vivants. » 
Ibn Khaldoun (1332-1406)


lundi 15 juin 2020

Histoires fromagères : le Petit Jeannot




Le Petit Jeannot se promène dans la garenne,
Ayant réussi à sortir de son clapier.
D'ici à ce qu'on le recherche et le reprenne,
Sans se soucier du renard qui pourrait l'épier,

Il est tout à sa joie de découvrir le monde
Qui lui paraît plus vaste qu'il ne l'imaginait,
Et Dieu sait que celle d'un lapereau est féconde.
D'emblée, tout l'émerveilla, tout le fascinait.

Il découvre des herbes et des saveurs nouvelles :
La luzerne, le trèfle, la sauge, le romarin,
La raiponce, la benoîte, l'aigremoine, le plantain...

Et puis les fétuques, qui ont l'air de demoiselles.
Il sent d'instinct celles qui lui créeront des tourments
S'il se montrait trop curieux ou trop gourmand.

* * *

Voici qu'une curieuse odeur portée par la brise
Parvient jusqu'aux narines de notre lapereau.
Elle n'émane pas d'une plante, c'est sûr et sans méprise.
Elle lui semble familière, il ne sait plus trop.

Remontant le fil du fumet jusqu'à sa source,
Il voit, sous un arbre, un petit carré blanc.
Savoir comment cette chose a fini là sa course
Est de tout esprit alerte le premier élan.

Il la tâte, c'est mou ; il la goûte, c'est pire encore !
Cela n'entre guère dans le régime d'un rongeur
Habitué à ce qu'une pitance ait du corps

Et qui n'est pas, comme le sont les poules, omnivore.
Cette pensée lui rappelle qu'il devrait rejoindre
La ferme avant que l'étoile ne soit à poindre.

Marc


dimanche 14 juin 2020

Histoires fromagères : conversation déconfinée




« Quelle joie de pouvoir se restaurer à nouveau !
Trois mois durant, j'ai dû me cuisiner moi-même.
Non pas que je donnasse dans la blanquette de veau
Ou dans l'escalope viennoise baignant dans sa crème,

Car en dépit d'avoir une cuisine dernier cri,
Je ne me sers guère que du four à micro-ondes.
Il faut bien, pour paraître, y mettre le prix,
Encore que mon milieu m'est un trop petit monde

Pour me soucier plus que cela de son opinion.
Et s'il avait encore quelque hauteur naguère,
Il est devenu bien mesquin et même vulgaire.

Dès lors, n'étant plus sous son effet Pygmalion,
Je ne suis plus ni complaisante ni conviviale
Et me découvre parfaitement asociale. »

* * *

« Tenir son rang dans un milieu n'est plus de mise
Car toutes ces barrières ont fini par éclater
En cette époque où l'argent reste la seule emprise,
Toute autre valeur ayant été démâtée.

Tout n'est plus qu'une question d'offre et de demande,
Selon des pulsions qu'on appelle lois du marché.
Dès lors, tout est bon qui produit des dividendes,
Quelle que soit la manière dont ils sont arrachés.

Même si l'entre-soi demeure la règle commune,
Derrière l'hypocrisie du vivre-ensemble
Dont on feint de croire qu'il est notre bonne fortune,

Les clivages sociaux s'établissent sur d'autres bases ;
C'est par niveaux de conscience qu'on se rassemble ;
Telle est du cycle de Babel la dernière phase. »

*   *   *

« Le port généralisé du masque a brisé
Ce que nous appelons la comédie humaine.
Malgré les signes, jamais je n'aurais misé
Sur l'impensable. C'est avec la peur qu'on mène

Les gens, d'ailleurs peu difficiles à convaincre
Tant que ceux-ci craignent de sortir du système.
Un gros mensonge répété finit par vaincre
La raison de la masse ; seuls résistent les extrêmes,

- Mais le plus souvent par pure idéologie -
Et les divergents, qu'aucune sorte de stratégie
Ne peut duper, encore moins les cautions morales

Dont les pouvoirs aiment bien se dorer le blason.
Ainsi, comment faire sauter ces dernières cloisons
Qui contrecarrent et retardent la mainmise totale ? »

Marc


Histoires fromagères

Chemin de vie (3)


Blason de Kobrinskoye (Russie)


Il n’est pas un détail qui nous semble anodin :
Cela naquit dans le sein complice de l’enfance,
Quand la mère nous submergeait de son doux parfum ;
Aujourd’hui encore suave est sa présence.

Sa grâce traverse tous les âges et ses tendres mains
Ont marqué mon être à tout jamais par leur douceur.
Douce est cette femme aux gestes lents mais plein d’entrain,
Son visage lumineux, la finesse de son cœur.

Elle pliait le linge ; j’y plongeais sans retenue.
Chose peu commune, sa silhouette nimbée de lumière
M’enthousiasmait et me transportait dans les nues.

C’est une Reine qui régna en mon cœur amoureux.
Elle éveilla en moi cette grâce singulière,
De nourrir pour l’instant, un Amour mystérieux.

© Océan sans rivage, Chemin de vie, La Mère.


Le Chant du Barde
(Saison 2)

Histoires fromagères : le Père Basile


Tyrosème ancien du Père Basile (Onzain en Touraine)


Connaissez-vous la drôle d'histoire du Père Basile ?
C'était un gai fermier et joyeux Tourangeau
Dont la ferme était pour toutes les bêtes un asile.
Au vin des coteaux il devait son nez rougeaud

Et le chemin perdait souvent sa ligne droite
Lors qu'il se rendait en ville vendre ses produits.
Bon pied bon œil, il n'avait pas la jambe qui boîte,
Sauf qu'un sol qui se dérobe fait perdre l'appui

Et qu'à aller de la sorte, les paniers balancent.
Les fromages semés aux quatre points cardinaux
Sont manne céleste, si l'on en croit les chemineaux

Dont les musettes se réjouirent d'une telle opulence.
« De toutes les manières, je ne suis pas bon vendeur.
Ma distraction feinte n'est qu'une façon de pudeur. »

Marc


Tyrosème ancien Le Chemineau (Champagne)

Histoires fromagères : temps suspendu




Nous dansions dans les prés comme étant seuls au monde.
Peut-être étions-nous vraiment invisibles,
En dépit qu'il y eût plein de gens à la ronde ?
Le temps suspendu donnait à l'indicible

Et il nous semblait revivre des scènes anciennes,
Poursuivre une conversation interrompue.
Un soir, dans la demeure d'une cité phénicienne ?
Ou remontant à un passé moins distendu ?

« Qui sommes-nous ? » était notre question récurrente.
Nul instant n'est fortuit, nulle heure n'est occurrente.
Plus qu'une certitude : une évidence partagée.

Le jardin portera à jamais cette mémoire.
Derrière la grande Histoire sont les petites histoires ;
Certaines arrivent que rien ne laissa présager.

Marc

Histoires fromagères : le grain et l'ivraie


Tyrosème ancien « Le moissonneur »


Des tares humaines, l'animal n'est pas affligé.
L'on dira qu'elle n'a pas le choix, la pauvre bête.
Sans doute. Mais l'ayant, est-on alors obligé
De faire au Diable cornu mille et une courbettes ?

Pour beaucoup, mieux vaudrait n'avoir licence de rien.
Ironie : c'est justement ce qui leur arrive,
À force de confier leur destin à des vauriens
Qui les entraînent peu à peu dans toutes les dérives.

L'animal, disions-nous, est au moins préservé
Des voies de la déviance, sauf si l'homme l'y amène ;
Mais il ne fera qu'illustrer les tares humaines.

Chacun trouvera le monde qu'il s'est réservé
Car c'est dans la présente matrice qu'il se prépare.
Vient un temps où le blé et l'ivraie se séparent.

Marc