vendredi 9 août 2024

Abstruse

Blason de Veľké Revištia (Slovaquie)



Il nous tint par la main exprimant le geste lent.
Ne vous fiez-donc pas au doux parfum d’une Muse,
Tantôt elle vient à l’aube, nuée blanche s’exhalant,
Tantôt elle attend sagement le son qui fuse.

Il nous tint la main dans une sorte de bruissement.
Les ailes du firmament effleurent sans aucune ruse,
L’étoile dont le berger est le digne Amant.
Qu’en est-il de l’appel d’une lyre profuse ?

Il nous tint, sage, la main délibérément.
L’on pose léger l’instant sur la page abstruse,
Car, y sceller nos lèvres est l’encre qui se refuse,

A toute intrusion, puisque le ciel est si grand,
Que nos yeux s’invitent à nourrir la céruse,
Patine que souffle une étrange cornemuse. (au loin, au loin, au loin !…)

Océan sans rivage
 
 

mercredi 26 juin 2024

Querelle au jardin

Blason de Ravilloles (Jura, Franche-Comté)

Taillé : au premier d'or au sapin arraché de sinople, au second
de sinople au bourdon d'or rayé de sable, ailé d'argent.


Un jardin en fleurs attire bon nombre d'insectes
Car toute corolle ouverte aime se faire butiner.
Aussi s'y active-t-on dès l'aube, sans badiner.
Tout le monde trouve sa part et chacun se respecte.

Un bourdon, se voulant poser sur l'angélique,
La trouva investie de punaises arlequin.
« Ôtez-vous de céans que je m'y mette, faquins !
Prétendriez-vous que je reparte famélique ?

En voilà une engeance qui se croit à demeure !
Suis-je d'une espèce à réfréner son appétit ?
J'exige mon comptant, avant que le jour ne meure. »

Le bougon bourdon atterrit sur une ombelle,
Envoie valser les intrus comme des confettis
Qui s'en allèrent former ailleurs leurs ribambelles.

La ronde des insectes

vendredi 24 mai 2024

Tête à claque

Blason de Wagen in Allgäu (Bade-Wurtemberg, Allemagne)


Elle randonnait dans une tenue fluorescente

Tellement serrée au corps qu'elle la boudinait.
Si autrefois on l'eût qualifiée d'indécente,
Elle ne choque plus personne, pas même un tantinet.

L'époque est furieusement exhibitionniste :
L'on aime se faire voir, sans la première retenue.
Par là même, elle est également voyeuriste.
Il faut au narcissisme toute une avenue.

Plus que le précédent, le siècle est bavard,
Sachant tout sur tout, avec à la clef le vide.
L'ivresse des mots s'abîme dans le silence livide.

En ces dérisoires théâtres de boulevard,
Le rire du public est orchestré par une claque.
Cette époque est décidément une tête à claque. *

Le Spectre à trois faces
 


* « L’époque est une tête à claque qu’il devient jour après jour un peu plus agréable de gifler. La satisfaction avec laquelle elle se montre, son conformisme euphorique autant qu’ignominieux, son allure de tranquille impunité quand elle déploie l’éventail de ses plus malfaisantes sottises et l’ensemble de ses nuisances approuvées, enfin cet incroyable teint de rosière qu’elle arbore en toute occasion, lorsqu’il s’agit de célébrer de nouvelles mutations, d’applaudir au défi ludique des surfeurs des neiges, au succès d’internet, à l’adoption d’Halloween par les peuples colonisés, au triomphe de l’économie de marché, de la transparence, du patin à roulettes (…) et des pique-niques citoyens avant les séances de cinéma en plein air, font ardemment regretter qu’elle n’ait pas un seul visage sur lequel on puisse taper avec gaieté et sans relâche. » Philippe Muray, Essais, Les Belles Lettres , 2010.

vendredi 3 mai 2024

Âme vagabonde

Blason de Onhaye (Wallonie, Belgique)

 De gueules au Mercure d'argent.
 

        En ces temps d'extrême confusion où tant de raisons font naufrage, emportées comme fétus de paille par un déluge d'images et d'informations, où tout et son contraire s'aplatissent sur les écrans plats qui absorbent et dissolvent indistinctement le vrai et le faux, dans l'apathie générale, tout lanceur d'alerte semble crier dans le désert, quand il n'est pas qualifié de complotiste, ce nouveau mot-joker qui, comme dans un jeu de cartes, vaut tous les arguments et donc dispense d'en devoir user. Ayant jeté le bébé avec l'eau du bain, les esprits rationnels (rationnés) ne savent plus à quel saint se vouer. Aussi sont-ils perméables à tous les sophismes qui les confortent dans leur torpeur en laquelle ils continuent de rêver debout à des lendemains qui chanteront, certes, mais leur oraison funèbre. Encore heureux, alors, qu'un psychopompe veuille bien les mener dans cet au-delà auquel ils ont fait mine de ne pas croire.


Non seulement tu n'es plus libre de parole,
Mais encore prétend-on contrôler ta pensée.
Tu te croyais citoyen ? Ce n'était qu'un rôle
Dont tu te verras sans doute bientôt dispensé !

Ton abstention aux votes indiffère le système ;
Il y trouverait plutôt son arrangement.
Quand déjà le réel est frappé d'anathème,
Sans qu'aucune alternance n'apporte de changement,

Tes revendications ou simples doléances
Ne font que ricocher sur des oreilles de bois.
Pour ta liberté morte, point de condoléances.

Ton horizon, c'est l'abattoir, après la tonde.
Voilà que ton humanité est aux abois,
Tandis que ton âme est devenue vagabonde.

Le Spectre à trois faces

dimanche 31 mars 2024

L'Ombre n'est rien

Blason de Moscou


L'Ombre n'est rien, quand même elle semble s'étendre ;
Si vaste soit-elle, la moindre étincelle la brise
Et cela suffit comme limite à son emprise.
Car la seule chose à laquelle elle puisse prétendre,

C'est d'être le réceptacle de la Lumière
À laquelle elle sert en fait de révélateur.
N'offrant qu'une courte-vue, sans la première hauteur,
Les ténèbres sont de la conscience les œillères.

Elles n'ont en vérité aucune réalité,
En ce sens qu'elles n'ont pas de nature intrinsèque.
Ainsi, quoi qu'elles fassent, elles sont vouées à l'échec

Et leur déchaînement dans l'actualité
Est le clair signe de leur proche défaite.
Ce fut annoncé. Mais qui écoute les prophètes ?

vendredi 15 mars 2024

Considérations sur l'entrisme

Logo du Club Med


Jadis, les bronzés se contentaient de la plage.
Il leur arrivait même, l'hiver, de faire du ski.
Certes, ils avaient ce côté futile et volage,
D'autant qu'à peine deux trois neurones étaient requis,

Mais pour le moins arrivaient-ils à être drôles,
Ce qu'ils ne sont absolument plus aujourd'hui.
Comme homo festivus, ils restaient sous contrôle ;
Mais voilà – et c'est là que commencent les ennuis –

Un jour, ils se prirent à faire de la politique,
À infiltrer l'État et ses institutions
Et à tordre dans leur sens la constitution.

La pensée devint binaire et monolithique
Et gare à quiconque s'éloignait de la doxa !
Peu à peu, le pays tout entier s'enfonça.

Le Spectre à trois faces
Ou quand on laisse la porte ouverte.

samedi 9 mars 2024

Quelques citations

Blason d'Olley (Meurthe-et-Moselle, Lorraine)
 
D'argent à la lampe à huile de gueules allumée d'or, au chef d'azur chargé de deux quartefeuilles aussi d'or, feuillées du même et boutonnées aussi de gueules.

À force de jachère, les cerveaux retournent en friche.
Si encore ils traversaient une vraie vacuité
Au lieu d'être ce vide où ne flotte qu'un pois chiche,
L'on pourrait se dire qu'ils mûrissent leur acuité.

Si encore cela nous gratifiait de silence
Au lieu de ces vains bavardages monologués
Où la langue brille rarement par son excellence,
La paix, sans doute, trouverait à se déboguer.

Aux slogans qui ne s'adressent qu'aux esprits grégaires,
Opposons quelques aphorismes de naguère.
Et quoique l'on ne prêche jamais que des convertis,

Il est toujours bon de rafraîchir les mémoires
Dont beaucoup sont de véritables écumoires
Qui ne retiennent volontiers que le perverti.

Le Spectre à trois faces


La France est un pays qui adore changer de gouvernement
à condition que ce soit toujours le même.

Honoré de Balzac (1799-1850)

Démocratie : l’oppression du peuple par le peuple pour le peuple. 

Oscar Wilde (1854-1900)

L'avis de la majorité ne peut être que l'expression de l'incompétence.

René Guénon (1886-1951), La crise du monde moderne, 1927

 

On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base. 

Georges Bernanos (1888-1948), Les grands cimetières sous la lune, 1938

Une des grandes escroqueries de notre époque, c’est d’avoir fait croire à l’homme de la rue qu’il avait quelque chose à dire.

Georges Wolinski (1934-2015)


Tout français désire bénéficier d'un ou plusieurs privilèges.
C'est sa façon d'affirmer sa passion pour l'égalité.

Charles de Gaulle (1890-1970)

mercredi 7 février 2024

Le grain et le vin

Blason d'Euerdorf (Basse-Franconie, Bavière, Allemagne)

 

J’ai saisi le grain et le vin, ai bu à l’Amour,
Le cultivant comme l’on cultive la merveille,
Et mon Éden appartient à la sève vermeille,
Une gemme irriguant l’infini beauté du Jour.

S’il fallait trouver, c’est alors qu’Il m’a cherchée,
Gravant ainsi le Mystère, ouvrant mes veines :
Le suc et la sève d’un Miroir à l’âme certaine,
Symbole et Signifié, Un, dans le Recherché,

Je T’ai aimé comme Tu aimes, sans être vaincue,
Car qui T’aime a touché à l’Aurore pérenne,
Le regard s’éteint-il après T’avoir vécu ?

Je T’aime comme Tu m’aimes, et qu’on ne se méprenne,
L’Amour est telle une fleur éclose le matin,
Lors que la nuit augmente son sublime Parfum.

Océan sans rivage


La Traversée des mondes

Métaphysique

 
Blason de Viļāni (Lettonie)


C’est à la lune d’Or que va ma rêverie,
Au Rossignol caché, son chant provocateur,
Cet élan inné, à l’aube, quand tout Vous prie,
L’âme solitaire franchit le seuil des cœurs.

Par mes mots étranges, mes douces songeries,
Délestant mes oripeaux, hardis et vainqueurs,
L’écorchure d’une blessure nous sourit,
Me voici immobile, au centre du cœur.

Quant à la Rose de nos ardeurs, constant Amour,
Même s’il se cache dans les verts branchages,
Le Rossignol vainc et brise la nuit et le jour.

D’un Diamant brut, au suave Baiser sans âge,
Le chemin connaît le Retour et, c’est sans fin,
Qu’il montre, à mon âme éprise, les illustres confins.

Océan sans rivage

 

La Traversée des mondes

mardi 6 février 2024

Chrétienté

Blason de Kavarsko (Lituanie)

Larme

Blason de Prades (Tarn, Occitanie)

D'or à la larme de sinople.