jeudi 31 octobre 2019

Tri nox Samoni (3)


Blason de Burtnieki (Lettonie)


Consonance des voix personnelles, Toi, en conscience,
Tu nommes le vivre et le mourir, cycle des saisons.
Tu voulus, par la Loi naturelle, l’observance.
La vie nous lie à l’esprit par l’incantation.

Sur les tombes en souvenance, qui portent le vivant,
En cette mort, nef qui vogue par la pleine présence,
Il cueille au son impalpable du Grand Silence,
Puis, Il vous parle et vous offre la lumière de l’instant.

Sur l’autre rive, Il sait bien que l’âme reçoit le cœur,
Qui du soupir, pure flamme devient votre conscience ;
J’entends le doux vent ; Je vois la transhumance.

Je relie l’âme à L’Âme, l’empathie du Vivant.
Adouci par les pluies, et tout ce qui fait rage,
Mon Temps se suspend mais c’est l’âme qui voyage.

 
*  *  *
 
Le Barde sut recueillir les semences, et sur les tombes, Il voit l’esprit, éternelle âme, éternel corps, sublimité de la vie et celle de la conscience. En son Périple, Il découvrit une porte qui unifie tous les mondes et lors du recueillement, Il envoie la présence par la pensée de lumière. Toi, passé en l’autre monde, Je t’offre L’Amour impérissable, et soudain, l’âme de frémir, lors que le vent passe.
 

mercredi 30 octobre 2019

Secrets de cuisine


Blason des cuisiniers-traiteurs *


En cuisine, je transmets volontiers mes recettes
Dont je ne me fais point droit de propriété
Car il n'en est aucune que je tienne pour secrète,
Lors que j'en use moi-même avec sobriété.

Même en donnant les ingrédients et la manière,
On n'en livre pas pour autant le vrai secret,
Qui tient à la personne. A-t-elle l'âme cuisinière ?
Autrement, même en suivant chaque phase au plus près,

Il manquera, au bout du compte, un quelque chose
Dont nous avons maintenant connaissance de cause.
Bien qu'ayant plus d'une fois évoqué la question,**

Il n'est pas assez de le répéter encore :
Une bonne cuisine doit avoir de l'âme et du corps,
Faute, sinon, de n'être qu'une vulgaire ingestion.

Frère Eugène


 * A la fin du XVIème siècle, sous le règne de Henri IV, ils prennent le nom de « queux-cuisiniers » puis, plus tard, celui de « maîtres-queux ».

Tri nox Samoni (2)

 
Blason de Commercy (Meuse, Lorraine)


De L’Autre Monde, que connaissons-nous encor de valide ?
Des récits des séjours en l’infini Mouvant,
Que reste-t-il en ces bruits de la ville impavide ?
En ce périple qui rompt avec le courant,

Le corps devient observance, étonnante lecture !
Vois, comme depuis cette rive, le monde s’est élargi.
Toute infinitude devient guidance et mesure :
La liberté est un cri au cœur de la nuit.

Qu’importe ce qui se dit, ce qui file entre les doigts,
L’infortune est de croire que ce monde s’achève
Au souffle dernier, lors que l’âme ressent l’ultime émoi.

Tout être goûtera au passage : la vie est sans trêve ;
Ne doute pas de mes paroles, elles ont traversé
Moult distances, que l’on plie, d’avoir beaucoup cherché.



mardi 29 octobre 2019

Des lois de la nature


Blason de Kölbingen (Rhénanie-Palatinat, Allemagne)


Nul ne peut contourner les lois de la nature
Sans devoir en payer, tôt ou tard, le prix fort.
Si celle-ci supporte un certain temps les ratures
Que les hommes lui infligent, souvent à grand renfort

De bons sentiments servant de cautions morales,
Elle les rappelle toujours à son bon souvenir,
Balayant des uns les péroraisons orales
Inspirées de sciences que des fous croient détenir,

Et des autres les divagations pulsionnelles
Qui contredisent, de fait, leurs postures rationnelles.
Un monde sans transcendance n'a plus de retenue,

Car, quand sur un plan linéaire tout se décline,
C'est toujours vers le bas que l'ensemble s'incline.
Quand tout se vaut, plus rien n'a de réelle tenue.

L'Abbé Théophile


Tri nox Samoni (1)

 
Blason de Hohberg (Bade-Wurtemberg, Allemagne)


Du pur sang vermeil, quand éclosent les vignes,
Le Ciel est une demeure sur la Terre du Cœur.
Chaque seconde en cette rumeur suspend son signe.
J’ai scruté, longtemps du Vivant, cet intérieur.

De la mort, il n’est aucune peur inextinguible ;
Veuille, mon frère, saisir Le Silence en sa stupeur,
Puis accueillir les raisins mûrs d’indicible.
Quand le souffle est L’Intention, sonde Le Seigneur,

Et La Vallée de la mort est Voie de Lumière.
Paix, Amour sont Louanges, fruits gorgés de douceur.
L’Écho est une larme qui ruisselle sans plus de peur.

L’Étreinte vive, le cœur juteux, beauté singulière,
Se penche sans paroles vaines, en la fraternité :
Je t’ai pris la main depuis ce Temps, L’Éternité.



Tri nox Samoni : les trois nuits de Samain.

Le Chant du Barde

lundi 28 octobre 2019

Le lotus


Blason de Myskov (Russie)


Le plus vil des plus vils des hommes a dans l'âme
Sans même le savoir la graine d’un lotus
À l’éclat éternel caché du hiatus
Produits par son égo, nourrit de l’amalgame

Des désirs matériels, de sa nature infâme
Avec la Liberté. Depuis les détritus
L’immondice et la vase existe le fœtus
Capable d’y renaître avant la fin du drame.

Acceptons d’être vil pour pouvoir s’entrouvrir
À travers les barreaux du cachot invisible
Emprisonnant notre âme à l’aube d’en mourir.

Surmontons notre épreuve, érigeons l’invincible
Lotus, maitre de l’Être, et donnons à fleurir
L’humanité d’un champ d’Amour immarcescible.

Florian

L'âme file sa quenouille


Blason de Steinperf (Hesse, Allemagne)


Vous qui êtes encore dans le siècle, nos enfants,
Nous demeurons à l'arrière, pour préparer l'Arche.
Le jour où du retour sonnera l’olifant,
Vous quitterez tout et vous vous mettrez en marche.

Nous voici à recueillir objets et savoirs
Et à mettre à l'abri les anciennes mémoires,
Toutes choses qu'un monde amnésique ne donne plus à voir
Et dont nous conservons la trace en nos grimoires.

Il nous fut échu d'en être les relayeurs
Et d'aplanir les chemins de la convergence
Car il ne peut y avoir qu'un point d'allégeance.

Le temps fait le ménage, c'est un rude balayeur ;
Il n'est rien d'éphémère dont il ne nous dépouille,
Hormis un fil... Sachez-le : l'âme file sa quenouille.

Marc

dimanche 27 octobre 2019

Pourquoi rien ne change


Blason de Döhlau (Haute-Franconie en Bavière, Allemagne)


La masse ne veut pas vraiment changer le système
Dont elle estime qu'il ne lui donne pas sa part due.
Les spoliateurs n'encourent jamais son anathème
Et chaque élection révèle sa mémoire perdue,

Autrement, il y a longtemps que toute cette engeance
De politiques véreux, corrompus et menteurs
Se serait trouvée à pointer dans les agences.
De toute évidence, elle aime les bonimenteurs

Dont elle n'hésiterait pas à prendre la place.
Bien naïf, donc, celui qui prône la lutte des classes,
Chacun se voulant sortir de sa condition,

Tous partageant le même concept de réussite
Qui consiste à rejoindre le rang des « élites ».
C'est là le seul horizon de ses projections.

L'Abbé Théophile

Le petit Semainier - Cycle 38


Blason de Ladomirová (Slovaquie)


Dimanche

Chaque fois que L’Aube s’éveille,
Une création nouvelle,
Chante le monde parfait,
Chaque feuille m’émerveille.



Lundi

Souvent certains conciliabules
Sont d’humeur taciturne,
Mais, passe l’orage,
Chacun sans va sans rancune.


Mardi

Impassibilité du temps qui passe,
Séjourne en l’intériorité.
L’Éternité est une vague,
Et le voyage de t’étonner.



Mercredi

La pluie crépite,
Picore l’albâtre,
Danse fugace
De douceur intrépide.


Jeudi

L’écume des saisons,
Comme une pensée,
Troublée à l’horizon,
Défait le sens de l’orientation.


Vendredi

Mais un papillon,
Te donne à sourire.
Dès que le vent moissonne,
Le blé est pur.



Samedi

Ne me demande pas pourquoi,
Tant de joie,
Ne me demande pas pourquoi,
Je suis là !


Océan sans rivage


L'Almanach du Jardin

Octobre


Blason de Malá Tŕňa (Slovaquie)


Virginales saveurs d’une profuse et pleine saison,
En les frôlements du corps et puis de l’âme,
Lors que chantent les semailles et le doux clairon
Des fenaisons dans l’étable, les tremblantes flammes :

Haleine des fruits gorgés de Ton souffle puissant,
Sur une table que l’on compagne de riches gratitudes,
Sitôt que vient le soir et que repose notre hébétude,
Splendeur des roses du divin et Seigneur Amant.

La certitude nuancée par le grand Mystère,
Épouse le crépuscule des riens et l’on vient,
De cette perception, goûter au petit matin.

Voici comme nos mains engageantes trempent la terre,
Tandis que ferventes, elles puisent dans l’alchimie.
Soudain, notre cuisine est l’alcôve des mille et une nuits.


L'Almanach du Jardin - Au fil des mois

                    Janvier                                      Février                                    Mars

                           Avril                                         Mai                                         Juin

                       Juillet                                        Août                                     Septembre

                       Octobre                                 Novembre                              Décembre

samedi 26 octobre 2019

Clapotis glapissant


En écho à l'Abbé Théophile

Blason de Bastorf (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Allemagne)


Clapotis glapissant dans les mots des apôtres,
Vous traversez le temps, vous animez les cœurs !
Tancez les endormis, éclairez les rêveurs,
Qui se sont perdus sur le chemins des nôtres.

Clapotis glapissant des océans d’antan,
Remuez notre savoir, éveillez les consciences
Au delà de l’humain et de toutes ses sciences
Qui le place au dessus du divin repentant.

Clapotis glapissant hissez la symphonie
Des amants oubliés, des amours révélés
Parmi les accords des baisers démêlés
Semeurs du vent nouveau propageant l’harmonie.

Clapotis glapissant porteurs d’éternité
L’aveugle sait vous voir et le sourd vous entendre
Quand l’Homme ne le peut et doit tout réapprendre
Pour lire vos signaux depuis l’obscurité.

Florian

Considérations sur l'hybridation du monde


Peinture de Hermann Armin Kern (Hongrois, 1839-1912)


Ayant un jour acheté des tomates hybrides,
Je les trouvai proches des betteraves par le goût ;
Elles étaient toutes calibrées, rondes, lisses, sans une ride,
Mais ne valant pas même le dixième de leur coût.

Est-ce vraiment de la tomate ? on se le demande...
Au Cloître, nous cultivons la noire de Crimée,
La juteuse cœur de bœuf et, bien-sûr, la Marmande ;
Toutes ont bonne saveur et méritent d'être primées.

L'une est excellente en salade, l'autre en sauce,
Et la troisième aime bien se déguster farcie.
Il me semble qu'en perdant le vrai goût des choses,

L'on perd aussi le sens du vrai car tout s'enchaîne.
Reconquérir une alimentaire autarcie
N'est pas une moindre façon de briser la chaîne.


*  *  *

Un industriel américain déclara :
« Croyez, pensez ce qu'il vous plaira, peu importe,
Dès lors que l'on trouve les mêmes produits dans vos plats ! »
L'étiquette change, les contenus sont d'égales sortes ;

Les différences s'estompent dans l'assiette, c'est un fait ;
L'un pense blanc, l'autre noir ; tous deux mangent les mêmes pâtes.
Si ferme que soit l'idée, l'estomac la défait ;
Le cerveau se fatigue vite d'un corps qui s'empâte.

Le prêt-à-porter nous donna le prêt-à-tout,
Clefs en main : à consommer, à penser, à croire...
Jusqu'à n'avoir plus, tous, que la même non-histoire !

Ne voit-on pas que tout s'uniformise partout ?
Qu'on veut gommer jusqu'à la moindre différence
Pour empêcher toute possible interférence ?

Frère Eugène


Des hommes de gain


Blason du District de Dombarovsky (Russie)


Nous n'avons jamais eu qu'un problème dans ce monde :
Celui que, de tous temps, ont posé les hommes de gain.
Après qu'ils eurent appris que la terre était ronde,
Leur appétence a connu un fatal regain.

Ce sont semeurs de misère et faiseurs de guerres ;
Inspirateurs puis tueurs de révolutions,
Vous tendant la main pour mieux refermer leurs serres ;
Promettant le progrès, tenant l'involution.

Ces pervers, pour nous détourner de leurs intrigues,
Ne cessent de nous désigner de faux ennemis,*
Tenant pour tel quiconque ne leur est point soumis ;

Érigent des empires que le sang des nations irrigue,
Et se livrent à toutes les abominations
Qui aplanissent les chemins de la damnation.

L'Abbé Théophile


* L'actualité est particulièrement riche en diversions de toutes sortes, orchestrées par le battage des médias aux ordres du système (celui des hommes de gain) et dont nous savons désormais qu'ils n'en sont que les officines de propagande. Pourtant, tant que les gens n'éteindront pas leur télé, leur pouvoir de nuisance demeurera intact. Rompre avec cette addiction semble être, pour beaucoup, une véritable révolution copernicienne. Pourtant, il est aujourd'hui assez de médias libres (c'est-à-dire n'appartenant à aucun membre de l'oligarchie et non financés par les subventions d'État) qui font un travail journalistique honnête et, à plus d'un titre, courageux. Les alternatives au système des hommes de gain (et donc au tout-marchand) fleurissent dans tous les domaines. Encore faut-il se lever de son canapé.