Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

lundi 31 juillet 2017

Soleil Divin


Blason d'Ourdis-Cotdoussan (Hautes-Pyrénées, Occitanie)

Un important dit à la chauve-souris : « Faible créature ! Tu es sans nouvelles du noble soleil. Le jour pour toi est tout entier nuit obscure; l’éclat de la lumière blesse ton oeil. Dans la nuit noire tu erres inlassable; aveuglée, tu tournes comme la quenouille. Si avec le soleil tu frayais quelque peu, tu ne fuirais pas ainsi sa splendeur ! Jusqu’à quand dans les trous bâtiras-tu ta demeure ? Regarde le soleil aux rayons diaprés ! Afin de voir ce soleil de feu - approche, deviens l’intime ! »

O prodige, la chauve-souris répondit : « Insensé ! Que ferais-tu de la lune et du soleil ? Ce soleil qui devient noir et se couche dans une source bouillante, ce soleil dont le visage pâlit, qui revêt habits de deuil, erre et va de deuil en seuil, — se meurt de soif, et de douleur baigne à l’horizon dans le sang ! Ne point voir un tel soleil, qu’importe, quand il en est un autre ! Homme, ne dors pas ! Pour un soir, veille, afin de voir dans la nuit paraître le soleil ! Ecervelé ! Le jour pour moi est chaque nuit, car le Soleil divin brille la nuit. Lorsque la nuit ce Soleil-là se manifeste, toutes les créatures du monde sont accaparées par le sommeil ! Ton soleil, à tant d’éclat, se voile le visage de honte : que dis-je, il se sauve de confusion et d’effroi ! Mais pour celui comme moi intime, le Soleil resplendit dans la Nuit noire ! Puisqu’un tel soleil se récolte la nuit, — toi, aveugle endormi, comment le verrais-tu ? Moi, je veille jusqu’au jour; autour de ce Soleil-là, je tourne en me brûlant les ailes ! Et lorsque point ton soleil factice, je retourne à mon nid de ténèbres. Puisque le Soleil divin brille dans la Nuit lumineuse, — voir cet autre soleil n’est pas ma vocation ! »

Si tu es magnanime, tel le faucon, ta place est sur le poing du roi. Et si tel le moustique tu es pusillanime, comme lui tu agiras avec outrecuidance. Alors quelle différence y aura-t-il pour toi entre être et apparence ?

Faridoddin ‘Attar, Le Livre de l’Épreuve, Fayard 1981

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