Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 13 décembre 2017

Les Allégories du Jardin - Le Cheval


Blason du Land de Basse-Saxe (Allemagne)

Allégorie 32 – Le Cheval

     Ô toi qui es devenu fakir par les leçons que t’a données le chien, et patient par celles que t’a données le chameau, dit ensuite le cheval, si tu désires connaître le sentier qui mène aux actions glorieuses, je t’apprendrai, à mon tour, en quoi consistent les choses distinguées, et ce qui constitue le véritable emploi des efforts pour obtenir le succès. Vois comment le dos chargé de celui qui m’accable d’injures, je m’élance, dans ma course, avec autant de rapidité que l’oiseau dans son vol, que la nuit lorsqu’elle étend son voile lugubre sur la terre, que le torrent fugitif. Si mon cavalier est celui qui poursuit, il atteindra facilement par mon secours l’objet qu’il désire ; s’il est poursuivi, au contraire, j’empêche alors qu’on ne le joigne, et mon galop précipité le soustrait a son adversaire, qui, atteignant à peine la poussière que mes pieds lui rejettent, me perd bientôt de vue, et ne peut plus s’en tenir qu’à ce qu’il entend dire de moi. Si la patience du chameau est éprouvée, ma reconnaissance pour les bontés qu’on m’accorde est connue ; le chameau parvient à la vérité au but qu’il se propose ; pour moi je suis toujours au premier rang dans la guerre contre les infidèles. Au jour de la bataille, lorsque l’heure de l’attaque est arrivée, je me précipite avec audace comme le brave que rien ne saurait effrayer, et je précède les coups de ses flèches meurtrières ; mais le chameau reste en arrière, pour qu’on le charge de pesants fardeaux, ou pour que l’on cherche dans ses bagages. Les obligations qui me sont imposées, ne sont remplies que par celui qui sait tenir ses engagements ; et celui-là seul qui est léger et rapide dans sa marche, peut faire le chemin que je dois parcourir : aussi m’étudié-je à acquérir de l’agilité , me préparant ainsi au jour de la course. Si je vois quelqu’un qui soit plongé par sa folle étourderie dans une ivresse dont il ne peut revenir, et que les agréments de la vie jettent dans l’illusion la plus complète, « Tout ce que vous possédez, lui dis-je, est périssable ; les biens seuls de Dieu sont éternels. » Ô toi qui es repoussé loin de cet objet que tu désires avec tant d’ardeur, et qui es écarté de ce combat mystérieux, jette sur la nature un regard attentif, comprends quel est le but du Créateur, et ne tarde pas à t’imposer à toi-même des lois sévères, à donner à tes sens des liens étroits. Rappelle-toi que le destin a fixé l’instant de ta mort, qu’il a calculé le nombre de tes respirations ; et crains le jour terrible du jugement à venir.

     Quant à moi, lorsque le palefrenier m’a couvert de mes harnais, celui qui me monte n’a rien à redouter de ma fougue. Combien de fois ne mange-t-il pas les produits de la chasse que j’ai rendue fluctueuse par ma vitesse. Toujours je laisse derrière moi celui qui cherche à me devancer, et je devance toujours celui que je poursuis. On me lie avec des entraves, afin que je n’attaque pas les, autres chevaux ; on me guide avec des rênes, pour que je ne m’écarte pas de la route que je dois tenir ; on ne s’altère pas ; on me serre la bride , de crainte que j’oublie de me tenir droit ; et l’on me ferre les pieds, pour que je ne me fatigue pas lorsque je m’élance dans la carrière. Le bonheur m’est promis ; un rang distingué m’est donné : on me traite avec égards, et ce n’est que pour ma propre conservation qu’on m’impose des liens. L’Être bienfaisant par excellence a répandu ses bienfaits sur moi, et, dans sa bonté éternelle, a dicté en ma faveur ses jugements en ces termes : ce jusqu’au jour de la résurrection, le bonheur est lié à la touffe de crins qui orne le front des chevaux.» Fils du vent, j’ai reçu l’inspiration de bénir et de louer Dieu ; mon dos procure une sorte de gloire à celui qui le monte ; mon flanc est un trésor pour ceux qui me possèdent ; et ma société , un amulette. Combien de fois ne m’a-t-on pas poussé dans l’arène, sans que j’aie jamais laissé voir de la faiblesse ! Com- bien de fois, ayant remporté la palme de la vitesse dans la course, n’ai-je pas été couvert de la soie, ornement des infidèles ! Combien de fois aussi n’ai-je point triomphé des hypocrites, et ne les ai-je point fait disparaître de la surface de la terre ! Est-il encore question d’eux, et les entends-tu en aucune manière !

     Avance d’un pas rapide et léger ; tu obtiendras un bonheur d’autant plus précieux, qu’il est plus difficile de s’unir à cet objet chéri. Amants généreux, marchez avec courage à la suite du Prophète que la sainteté la plus parfaite décore. Ceux qui sont parvenus, dans la carrière mystique, aux plus hauts degrés du spiritualisme, ont joui de la vue de ce visage ravissant, qui brille du plus vif éclat. Peut-être atteindras-tu ces hommes heureux qui, dès l’aurore de leur vie, ont goûté ces doux instants de plaisir extatique.

     Oui, dis-je alors au cheval, on trouve en toi les plus belles qualités, et tes actions sont les plus recommandables.

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