Deux
cardinaux qui s'en revenaient d'un conclave
Décidèrent,
le même soir, de souper ensemble.
« Je
voudrais vous entretenir d'un sujet grave,
Dit l'un,
vous me direz ce qu'il vous en semble.
Il s'agit
d'un Cloître dont j'ai eu connaissance
Et dont on
m'a rapporté quelques faits troublants.
Outre de
marquer une certaine indépendance,
Tant en
matière de doctrine que sur d'autres plans,
L'on ne
s'y embarrasse guère de l'institution
Et le lieu
est ouvert à toutes les traditions,
Selon la
ligne de leur Abbé Théophile.
Épicure
et Diogène s'y croisent sans façons ;
Même Lao
Tseu et Bouddha sont de la maison ;
Ibn Arabi
n'est pas le dernier de la file.
– Cher
frère, il n'y a pas lieu d'en être troublé
Car les
temps, je crois bien, sont à la convergence.
À
trop traîner en chemin, l'on se fait doubler.
N'est-il
pas l'heure de poser les vraies allégeances
Au cœur
de la tourmente et de la confusion ?
Sachons
lire les signes, ouvrons notre conscience
Et
empêchons le Malin d'y faire intrusion
Car
celui-ci ne possède si bien qu'une seule science :
Répandre
partout le doute et la division.
Le
dualisme atteint sa consécration
En cette
époque dominée par l'esprit binaire.
Le destin
des âmes est-il pour autant scellé ?
Ignorant
ce que l'avenir peut receler,
L'on
serait, à conjecturer, bien téméraire.
– Je vous
entends et me règle sur votre pensée
Dont je
salue autant l'esprit que la sagesse.
Au moins
saurai-je, désormais, sur quel pied danser.
L'affaire
du Cloître me souciait, je le confesse.
– Bien cher
frère, vous serez tout à fait rassuré
Quand vous
aurez goûté à leur fameux fromage ;
Et quoi
qu'à l'oreille l'on ait pu vous susurrer,
L'âme
tout entière se révèle en cet affinage.
C'est de
cette absence dont le monde est à périr.
Est-il
autre chose qu'il faille chercher et quérir ?
Que le
cœur y soit et le corps trouve sa part bonne.
Sentez-vous
ce fumet à nul autre pareil ?
Même du
nez d'un enrhumé il sonne le réveil !
– Si par
l'odeur il surprend, en bouche il étonne. »
Marc
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