Blason de Niederkruechten (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)
Allégorie 21 - La Perruche
Tandis que le paon, tantôt soupirait en promenant la vue sur ses plumes qui lui rappelaient son bonheur, tantôt, en jetant des regards involontaires sur ses pattes, poussait des cris plaintifs et douloureux ; voilà que je vis à côté de lui une perruche, dont la robe verte figurait celle d’un chérif. Elle s’adressa au paon, et lui dit ces paroles éloquentes :
Jusque à quand garderas-tu cet air sombre ! Ton plumage superbe ressemble à la parure d’une jeune mariée ; mais, en réalité, tu es comparable à l’obscurité du sépulcre. Ton jugement faux t’a amené au point d’être chassé du lieu de délices où tu étais ; et tu ne t’es vu traité de la sorte que pour avoir usé de perfidie envers l’homme qui habitait cette demeure sacrée, et pour avoir troublé un bonheur qui devait être inaltérable. Si tu pensais à ton bannissement, et à l’homme , qui en a été la cause, je ne doute pas que tu ne t’occupasses alors à réparer ta faute, et non à te divertir dans un jardin. Puisque tu t’es rendu coupable envers Adam, dans Éden, il faut donc actuellement que tu travailles à t’excuser ; que tu te joignes à lui, lorsque, dans la retraite, il adresse à Dieu de ferventes prières pour implorer sa clémence, et que, dans l’espérance de visiter un jour les demeures célestes avec le père des hommes, tu avoues ta faute, que tu as d’abord refusé de reconnaître : car il retournera immanquablement à son premier état, et les jours de bonheur lui seront rendus. Voici, en effet, ce que l’on dit à Adam, lorsque, chassé d’Éden, il fut placé dans le champ du monde : Sème aujourd’hui ce qui doit être récolté demain ; peut-être encore n’en recueilleras-tu pas le fruit : alors, quand tu auras achevé de semer, et que tes plantes auront pris de l’accroissement, tu retourneras dans ton heureux séjour, en dépit de l’ennemi et de l’envieux. Celui qui t’imitera dans ta pénitence, sera fortuné ; et celui qui se comportera comme toi, recevra pour sa récompense la demeure de l’éternité.
Ne vois-tu pas combien je suis estimée lorsque mes idées s’élèvent et s’étendent ! Méprisant ce qui occupe les autres oiseaux, j’ai considéré le monde et ses créatures, et j’ai vu que l’homme est le seul modèle que je doive me proposer. En effet, Dieu a créé tous les êtres pour les hommes, et c’est pour lui qu’il a créé les hommes ; il se les est attachés par des liens indissolubles, et les a comblés des faveurs les plus signalées. Aussi, quoique ma nature soit bien différente, cherché-je à me rapprocher de leurs habitudes, surtout en imitant leur langage, et en me nourrissant des mêmes aliments. Mon bonheur est de leur adresser la parole ; je ne recherche qu’eux ; et ce sont les efforts que je fais pour me rendre semblable à eux, qui me concilient l’estime qu’ils ont pour moi, car ils me considèrent comme un commensal, et nous sommes unis d’une amitié réciproque. Conformant mes actions aux leurs, je prie comme ils prient, je rends grâce comme ils rendent grâce ; et j’ai droit d’espérer qu’au jour où ils paraîtront devant Dieu, ils se souviendront de moi, me donneront des éloges, et qu’en conséquence, après avoir été du nombre de leurs serviteurs dans le monde présent, je serai aussi leur esclave dans l’autre.
Cherche à me connaître, et tu verras que je suis du nombre de ceux qui sont réellement tels qu’ils paraissent être. L’objet de ma passion est une beauté qui possède des perfections éclatantes et sublimes, que la pureté et la sainteté décorent, et dont le rang suprême est respecté et béni. Oui, je l’espère, mes vœux seront exaucés : Mahomet, la plus excellente des créatures, et dont les paroles ne sauraient être trompeuses, assure que l’amant sera uni à sa maîtresse.
Jusque à quand garderas-tu cet air sombre ! Ton plumage superbe ressemble à la parure d’une jeune mariée ; mais, en réalité, tu es comparable à l’obscurité du sépulcre. Ton jugement faux t’a amené au point d’être chassé du lieu de délices où tu étais ; et tu ne t’es vu traité de la sorte que pour avoir usé de perfidie envers l’homme qui habitait cette demeure sacrée, et pour avoir troublé un bonheur qui devait être inaltérable. Si tu pensais à ton bannissement, et à l’homme , qui en a été la cause, je ne doute pas que tu ne t’occupasses alors à réparer ta faute, et non à te divertir dans un jardin. Puisque tu t’es rendu coupable envers Adam, dans Éden, il faut donc actuellement que tu travailles à t’excuser ; que tu te joignes à lui, lorsque, dans la retraite, il adresse à Dieu de ferventes prières pour implorer sa clémence, et que, dans l’espérance de visiter un jour les demeures célestes avec le père des hommes, tu avoues ta faute, que tu as d’abord refusé de reconnaître : car il retournera immanquablement à son premier état, et les jours de bonheur lui seront rendus. Voici, en effet, ce que l’on dit à Adam, lorsque, chassé d’Éden, il fut placé dans le champ du monde : Sème aujourd’hui ce qui doit être récolté demain ; peut-être encore n’en recueilleras-tu pas le fruit : alors, quand tu auras achevé de semer, et que tes plantes auront pris de l’accroissement, tu retourneras dans ton heureux séjour, en dépit de l’ennemi et de l’envieux. Celui qui t’imitera dans ta pénitence, sera fortuné ; et celui qui se comportera comme toi, recevra pour sa récompense la demeure de l’éternité.
Ne vois-tu pas combien je suis estimée lorsque mes idées s’élèvent et s’étendent ! Méprisant ce qui occupe les autres oiseaux, j’ai considéré le monde et ses créatures, et j’ai vu que l’homme est le seul modèle que je doive me proposer. En effet, Dieu a créé tous les êtres pour les hommes, et c’est pour lui qu’il a créé les hommes ; il se les est attachés par des liens indissolubles, et les a comblés des faveurs les plus signalées. Aussi, quoique ma nature soit bien différente, cherché-je à me rapprocher de leurs habitudes, surtout en imitant leur langage, et en me nourrissant des mêmes aliments. Mon bonheur est de leur adresser la parole ; je ne recherche qu’eux ; et ce sont les efforts que je fais pour me rendre semblable à eux, qui me concilient l’estime qu’ils ont pour moi, car ils me considèrent comme un commensal, et nous sommes unis d’une amitié réciproque. Conformant mes actions aux leurs, je prie comme ils prient, je rends grâce comme ils rendent grâce ; et j’ai droit d’espérer qu’au jour où ils paraîtront devant Dieu, ils se souviendront de moi, me donneront des éloges, et qu’en conséquence, après avoir été du nombre de leurs serviteurs dans le monde présent, je serai aussi leur esclave dans l’autre.
Cherche à me connaître, et tu verras que je suis du nombre de ceux qui sont réellement tels qu’ils paraissent être. L’objet de ma passion est une beauté qui possède des perfections éclatantes et sublimes, que la pureté et la sainteté décorent, et dont le rang suprême est respecté et béni. Oui, je l’espère, mes vœux seront exaucés : Mahomet, la plus excellente des créatures, et dont les paroles ne sauraient être trompeuses, assure que l’amant sera uni à sa maîtresse.
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Lorsque la perruche, en exaltant ses propres qualités, se fut ainsi placée dans le cercle des êtres les plus éminents, je me dis à moi-même : Je n’avais jamais étudié l’état emblématique des animaux ; mais, que vois-je aujourd’hui ! ils veillent, tandis que je suis dans le sommeil le plus profond de la tiédeur et de l’indifférence. Pourquoi ne point m’approcher de la porte du miséricordieux ! peut-être qu’on me permettrait l’accès auprès de ce Dieu clément, et qu’il dirait ces consolantes paroles : Que celui qui arrive soit le bienvenu ; « Je pardonne sa faute à celui qui se repent. »
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