Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 29 avril 2020

Les 9 Muses



L’union de Zeus et de Mnémosyne donnera naissance aux neuf Muses spécialisées dans les conditions suivantes, selon Hésiode en sa Théogonie : Calliope ( la Poésie épique, avec des tablettes ou un rouleau), Clio (l'Histoire avec un rouleau de papyrus), Erato (la Poésie dithyrambique, avec la cithare), Euterpe (la musique), Melpomène (la Tragédie, avec le masque grave), Polymnie la Pantomine (sans attributs, drapée dans son manteau), Terpsichore (la Poésie lyrique légère, avec la lyre), Thalie (la Comédie, avec le masque grimaçant) et Uranie (l'astronomie et l'astrologie avec le globe). Considérées comme des déesses, on leur prodigua tous les honneurs dus à la divinité (offrandes de sacrifices en Grèce, temples dédiés à Rome). Leur culte était en fait commun avec celui des Grâces. À Rome, on les surnommait Camènes, expression signifiant « agréables chanteuses ». Leur autre surnom de Libéthrides leur vient de la fontaine Libéthra, en Magnésie, ou du mont Libéthrius, lesquels leur étaient tous deux consacrés.
 

Les Muses selon Nicolas Poussin (1594-1665)

Les Muses sont associées à Apollon, le dieu du chant et de la musique qui s’est donné pour mission d’apporter aux hommes le bonheur par la musique, spécialement par le phorminx (l’ancêtre de la lyre, qui s’apparente au sitar) dont il joue aux banquets des dieux (selon l’Illiade d’Homère). 

Article très complet sur Imago Mundi



Fille d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la terre), Mnémosyne est la déesse de la mémoire (d’après le poète Hésiode, VIIIe siècle av. J.C .). Elle accueillit pendant neuf nuits de suite Zeus, déguisé en simple berger pour mieux l'approcher. Elle est souvent représentée comme une femme d’âge mûr, dans une attitude méditative (soutenant son menton). 

Ci-contre, Mnémosyne
par Dante Gabriel Rossetti (1828-1882)








Calliope « la belle voix », la Muse de la Poésie épique et de l'Éloquence

La tradition en fait la mère du poète Orphée. On dit aussi que Calliope fut désignée par Zeus pour arbitre dans la dispute qui opposa Perséphone et Aphrodite pour la garde d'Adonis : Calliope aurait accordé, par un jugement à la Salomon, six mois de garde à Perséphone et six mois à Aphrodite. Celle-ci, furieuse de devoir partager Adonis, fit naître dans le coeur des femmes de Thrace une telle passion pour Orphée, fils de Calliope, que, dans leur avidité à le posséder, elles le mirent en pièces.

Calliope, par Simon Vouet (1590-1649)

D'ordinaire, on la montre avec des tablettes et le graphium ou stylet, comme dans la mosaïque d'Italica (Espagne). Parfois, elle tient un volume en rouleau, porte une tunique verte, un manteau blanc et une couronne de lierre. Les poètes lui supposent une couronne d'or (Lebrun à Versailles). L'Illiade et l'Énéide l'évoquent comme tenant à la main plusieurs couronnes de lauriers et à ses pieds, le sol est jonché de poèmes.


 


Clio « la célèbre », la Muse de l'Histoire

D'abord muse de l'épopée, elle est devenue celle de l'histoire, qui immortalise la gloire des grands hommes. Unie à Piéros (de Thessalie) elle aurait donné naissance à Hyakinthos (selon Horace, Odes et Ovide, Fastes).

Dans la mythologie grecque, Clio chante le passé des hommes et des cités. On la représente sous la figure d'une jeune fille couronnée de lauriers, tenant en sa main droite une trompette, qui représente la renommée, et de sa main gauche un livre (un volumen), qui a pour titre Thucydide, sur lequel sont rédigés les récits du passé. À ces attributs, on joint parfois le globe terrestre sur lequel elle pose, et la clepsydre, horloge à eau qui représente le temps passé, afin de montrer que l'Histoire embrasse tous les lieux et tous les temps. Ses statues tiennent quelquefois une guitare d'une main, et un plectre de l'autre, parce que Clio était aussi considérée comme l'inventrice de la guitare.

Ci-dessus, Clio, par Charles Meynier (1768-1832) 


  
Érato « l'aimée », Muse de la Poésie lyrique et érotique



Elle est la patronne de l'élégie amoureuse et se trouve donc en harmonie avec le mois voué à Vénus, le mois d'avril (Ovide, Fastes et Platon, Phèdre).

Dans la mythologie grecque, Érato est la patronne de la poésie lyrique et érotique. Elle est représentée couronnée de roses et de myrtes, et portant une lyre à la main.

Par Charles Meynier (1768-1832)








La reine Marie-Antoinette en Muse Érato.

Tableau peint en 1788 par Ludwig Gutenbrunn (1750-1819)















Euterpe « celle qui plaît », Muse de la Musique

Unie au fleuve Strymon (fleuve de Thrace) elle aurait donné naissance à Rhésos, roi de Thrace. On lui attribue l'invention de l'aulos, la flûte double. Elle est généralement représentée sous les traits d'une jeune fille couronnée de fleurs et jouant de la flûte. Des papiers de musique, des hautbois et autres instruments sont auprès d'elle. Par ces attributs, les anciens ont voulu exprimer combien les lettres ont de charme pour ceux qui les cultivent.

Jacob Adriaensz Backer (1608-1651), Portrait d'une Demoiselle en Muse Euterpe (1650)
Euterpe sur la tombe de Frédéric Chopin (1810-1849) au Père Lachaise (1850).
Oeuvre du sculpteur Auguste Clésinger (1814-1883)


Mélpomène « la chanteuse », Muse de la Tragédie

Unie au fleuve Achéloos elle aurait donné naissance aux Sirènes (Horace, Odes).

Mélpomène est la Muse du Chant, de l'Harmonie musicale et de la Tragédie quand elle est associée à Dionysos. Son maintien est grave et sérieux : elle est richement vêtue, et chaussée de cothurnes ; elle tient d'une main un sceptre et des couronnes, de l'autre un poignard ensanglanté, parfois une massue d'Héraclès dont le théâtre aimait célébrer les exploits. On la représentait couronnée de pampres et tenant un masque à la main. Parfois on lui donne pour suivantes la Terreur et la Pitié.

Mademoiselle Geneviève de Malboisiere (1746-66)  en Mélpomène. 
Peinture de Louis Michel Van Lou.
Mélpomène du Musée de l'Hermitage (photo G. Shuklin) et du Louvre. 


Polymnie, Muse de la Poésie lyrique



Polymnie est la Muse de la Rhétorique. On lui prêtait la faculté d'inspirer les aèdes. Elle est habillée de blanc, couronnée de fleurs, quelquefois de perles et de pierreries, avec des guirlandes autour d'elle.. Sa main droite est en action comme pour haranguer, et elle tient de la main gauche tantôt un sceptre, tantôt un rouleau sur lequel est écrit le mot latin suadere (persuader). Elle est parfois considérée comme la mère d'Orphée et d'Éros.




 
 
Et maintenant, Polymnie,
ô toi qui te tiens au milieu de tes sœurs, enveloppée dans ton long voile comme une cantatrice,
Accoudée sur l'autel, accoudée sur le pupitre,
C'est assez attendu, maintenant tu peux attaquer le chant nouveau ! maintenant je puis entendre ta voix, ô mon unique ! 
Paul Claudel, Cinq Grandes Odes, Gallimard 1910



Statue d'Ernst Waegener (1854-1919) représentant Polymnie, la muse de la poésie lyrique, place de l'Université, dans le quartier impérial allemand, la Neustadt à Strasbourg.










La muse Polymnie (détail d'un tableau du XVe siècle).

Polymnie est ici représentée sous l’apparence d’une jeune fille debout, devant un vaste paysage de collines, une bêche pointée vers le sol dans la main droite, et un sarment de vigne dans la main gauche qui retient aussi la pioche posée de travers sur son épaule. La présence de ces outils de travail rappelle la description que Guarino Veronese (1370-1460) donne de “Polymnie”, dont la caractérisation agricole se trouve soulignée par la présence, dans le fond, des champs cultivés et des paysans s’affairant au battage du blé.








Terpsichore, Muse de la danse

  


Terpsichore est la Muse de la Danse. C'est une jeune fille, vive, enjouée, couronnée de guirlandes, et tenant une lyre au son de laquelle elle dirige en cadence tous ses pas. Certains auteurs en font la mère des sirènes. 
Sculpture d'Antonio Canova (1816)

Ci-contre à gauche,
Terpsichore par Jean-Marc Nattier (1685-1766)

Ci-dessous à droite, portrait de Mademoiselle Guimard par Jacques Louis David (1748-1825)




Ô belle muse, drapée de ta tunique en chiton !
Nymphe qui gouverne en chœurs, en musique, le mont
Olympe ! Honore par la danse, la grâce de tes pas,
La poésie lyrique, qui glisse, finesse des doigts !
De ton plectre, tu pinces délicatement, l’instrument,
Accordant ton corps, avec mouvance à l’espace-temps !
Sublime art gestuel, sensuel, telle une plume légère,
Tu virevoltes dans les airs, enjouée, afin de distraire !
Ô belle ivresse de l’âme, qui se libère au vent !
Acclamez la beauté céleste et de ses firmaments !
Divine est ta danse, en cadence ! On s’enivre,
D’élixirs, qui parfument de plaisirs, ce bel art de vivre !
De tes lèvres, naissent les plus belles voix délicieuses,
Qui rendent hommage, à cette divinité, qu’est Zeus !
Ta prestance, ton élégance, siège, lumineuse,
Au parvis du temple où tout n’est que fêtes joyeuses !
Aux cieux, se soulèvent les voiles des harmonies célestes,
Sous la légèreté de tes pas de danse, arabesques…
De ta couronne de guirlandes et au son de ta lyre,
Tu règnes au jardin de la mémoire, du souvenir !
Car nul n’est poète sans intervention divine !
Ô muse ! Née, de l’antre d’une déesse, Mnémosyne,
En toi, le charme grec, aux palaces des délires !
Où les révélations, sont réalités, d’un avenir !
Belle Terpsichore ! Envole-toi vers les aurores !
Sources de bonheur, Muse des poètes à la plume d’Or…

Corinne Cronin

Thalie « la Joyeuse ou la Chanteuse», Muse de la Comédie

Primitivement elle était la muse de la poésie pastorale. Thalie passe pour la mère des Corybantes conçus avec Apollon (danseurs coiffés d'un casque qui célèbrent le culte de la Grande Déesse phrygienne Cybèle en jouant du tambourin et en dansant).
Thalie est représentée comme une jeune fille à l'air enjoué. Couronnée de lierre et chaussée de brodequins, elle tient un masque à la main. Plusieurs de ses statues ont un clairon ou porte-voix, instrument dont on se servait pour soutenir la voix des acteurs dans la comédie antique.



Uranie « la Céleste », Muse de l'Astronomie et de l'Astrologie


Uranie « la Céleste » préside à l'Astronomie et à l'Astrologie (les deux disciplines étant indissociables chez les Grecs). Elle est la mère de Linos, conçu avec Apollon.

On la représente vêtue d'une robe de couleur d'azur, couronnée d'étoiles, et soutenant des deux mains un globe qu'elle semble mesurer, ou bien ayant près d'elle un globe posé sur un trépied, et plusieurs instruments de mathématiques. Elle est assistée par les ouranies, les nymphes célestes. Selon Catulle, Bacchus la rendit mère d'Hymen ou Hyménée, fils de Bacchus (Dionysos) et de Vénus (Aphrodite), le dieu qui présidait au mariage.
Uranie par Louis de Boulogne (1654-1733)

Uranie et Calliope, par Simon Vouet (1590-1649)

Les Muses selon l'artiste peintre norvégienne Helene Knoop

 
Apollon et Calliope
Clio et Érato
Euterpe et Mélpomène
Polymnia et Terpsichore
Thalia et Uranie

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