Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

samedi 4 avril 2020

Maître Coq et les vertus collatérales du confinement


Blason de Staré Ždánice (Pardubice, Tchéquie)


Maître Coq, qui régente la haute-cour du Cloître,
Malgré que s'étant mis en retrait de ce monde
Où, selon lui, beaucoup d'esprits sont bouchâtres,
Si profondément opaques que rien ne les sonde,

Se voulut bien réagir aux événements
Qui frappent l'humanité de manière inédite,
La jetant dans le plus total confinement
Puisque toute sortie inutile est interdite.

Maître Coq nous propose un autre point de vue :
Celui des bêtes dont il se fait le porte-parole
Et dont la cause inspira peu la banderole :

« Des méfaits des hommes l'on a vite fait la revue :
Cherchez l'appât du gain * derrière tous les problèmes
Car il en est ainsi depuis Mathusalem.

* * *

D'un confinement qui fait souffrir les humains,
Les bêtes, cela se comprend, ne se plaignent guère,
Ayant pour elles la nature pleine et ses chemins
Que sillonnaient encore les randonneurs, naguère.

Les voici tout heureuses de cet apaisement
Qui leur donne à sereinement se reproduire.
Elles aiment les jours qui s'écoulent paresseusement,
En ces vastes espaces que rien ne vient réduire.

De mémoire d'animal, nul n'a vécu cela
Car il faut remonter très loin, même au-delà,
Pour s'en retrouver une tranquillité pareille.

C'était avant que la machine n'envahisse tout
Et ne répande son bruit et son haleine partout.
Les hommes seraient-ils devenus sages ? Ô merveille !

* * *

Las ! la chose arrive de force et non de raison,
Alors qu'ils eussent pu en sentir les claires prémices
Et retrouver le rythme des quatre saisons,
Sans devoir mener dans la hâte des vies factices.

Sauront-ils tirer profit de cette suspension
Pour se libérer de l'implacable matrice **
Qui les maintient de sa verge de fer sous tension ?
Sauront-ils y voir une épreuve libératrice ?

Ou alors se contenteront-ils de ronger leur frein
Pour après chanter encore les mêmes refrains ?
Je laisse aller les vœux pieux de mon âme candide

Car, dit-on, le meilleur est toujours possible
Et nul n'est d'une sombre destinée passible
S'il décroche d'avec un système aux fins sordides. »

Marc

* L'appât du gain procède de la projection exclusive sur l'avoir (et donc, particulièrement, sur la matière et, plus généralement, sur la forme et les apparences) qui procède elle-même de la non reliance à la transcendance, qui pose et axe le principe d'irréductibilité et dont Dieu est le Pôle absolu, l'infini Par-delà, l'Immuable au cœur de l'impermanence, le Point focal non enfermant (car sans mesure).

Croire en Dieu, ce n'est pas croire en une quelconque entité supra-cosmique séparée, mais se con-naître en Lui, c'est-à-dire naissant de Lui, et se re-connaître en Lui, c'est-à-dire renaissant de Lui (évoluant par, vers et en Lui).

Le pronom « Lui » ne recouvre pas davantage un quelconque concept d'extériorisation et donc de séparation mais trouve sa synonymie dans le « Soi » (voir Discontinuité et impermanence). Celui qui se connaît connaît son Seigneur, enseigne la Tradition. (voir René Guénon, Connais-toi toi-même.) La question est : quel est le sceau qui m'authentifie, c'est-à-dire qui me place sous l'autorité du Vrai ? Nous ne parlons pas ici de l'individu social et conformé mais de l'être existencié, non pas fabriqué du néant, mais « créaturé », c'est-à-dire né d'une Intention et donc d'une Conscience : Dieu, l'Un, Unique et Même.

L'Un : rien n'étant chose-en-soi, Il est le Soi de toute chose.
Unique : car il n'est qu'un Réel et qui donne ainsi à l'unicité (des êtres) sa pleine réalité.
Même : par la consubstantialité de la multiplicité.

Telle est l'Unité divine : Tout en tout ; rien qui ne soit Lui ; rien qui ne procède de Lui ni rien qui ne retourne à Lui.
Étant l'Alpha et l’Oméga, Il est aussi le Centre omniprésent.

Ces fondamentaux posent de fait l'échelle : celle, verticale, de la Hiérarchie, c'est-à-dire d'un Ordre transcendant, le long duquel s'établissent les relais, à travers les multiples plans (matrices) de l'être.

Telle est, initialement, principiellement et traditionnellement le sens même de la religion (ce qui relie) et dont on confond souvent les manifestations extérieures, nécessairement formelles, et sa fonction véritable qui est d'initier et d'accompagner la montée de l'âme sur l'échelle de son évolution et donc, en premier lieu, de lui signifier que ce monde n'est pas un monde de finitude qui engloberait dans sa réalité singulière et transitoire le Réel tout entier.

Croire en Dieu n'est pas une béquille pour l'esprit éclopé à la recherche de sens, ni une stratégie psychique de compensation des sentiments de vide et de solitude, mais le choix (conscient ou intuitif) du Par-delà et donc la garantie de l'irréductibilité (sans quoi il n'est pas de liberté souveraine). Si le système dominant dans ce monde cherche à éradiquer les religions, c'est précisément pour cette raison-là. Ainsi, dans le contexte actuel plus que jamais, croire en Dieu apparaît intégralement subversif ; c'est même la seule véritable subversion, du fait d'établir la seule et vraie Hiérarchie et donc de disqualifier d'emblée les impostures.


** La matrice n'est pas ici à entendre dans son sens général de « lieu de conception et de développement », mais dans celui d'un système artificiel de conditionnement et de conformation des esprits dont l'objectif est de passer du stade exogène au stade endogène, c'est-à-dire d'être métabolisé par le psychique des personnes (qui représente les limites de sa pénétration et de son emprise) et donc de s'imposer de l'intérieur, sans qu'il n'est plus besoin de coercition extérieure. Le système dominant dans ce monde ne tient réellement que par l'adhésion (extérieure) et l'adhérence (intérieure) de la majorité à sa réalité fictionnelle.

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