Puisque tout est relatif, l'Absolu s'impose
Par contrainte logique comme point irréductible.
Il est la Relation sur laquelle tout repose,
Le pôle premier, ultime et irrésistible.
On peut dire de Dieu qu'il est l'Un, Unique et Même
D'où procèdent toute unité, toute unicité.
Il est le désir-en-soi, le vouloir suprême
Vers lequel aspire toute la multiplicité.
Cependant, rien ne le limite ni ne l'enferme.
Nul manifesté n'en fait la totalité,
Car inépuisées sont ses possibilités.
Rien ne fixe son commencement ni son terme.
Et si le plus infime est à le révéler,
Rien ne peut le contourner ni le dévoiler.
Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !
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mardi 28 février 2023
Puisque tout est relatif
Blason de Rumpenheim (Hesse, Allemagne)
lundi 11 mai 2020
Axis mundi (2)
Emblème de la 3d Space
Wing de l'Air Force (Etats-Unis, 1986-1992)
Les
hommes font l'histoire, sans pourtant savoir laquelle.
De
même sont-ils à ignorer leur vrai pouvoir.
Une
lumière s'annonce par une petite étincelle.
Telle
est la conscience : c'est elle seule qui donne à voir.
C'est là
qu'est la véritable intelligence :
Voir,
comprendre et réaliser l'unité ;
Que tout
est soumis à une seule et même régence
Et que
nous n'avons de rien la propriété.
Que sert
d'avoir des choses et du monde toute la science
S'il n'y a
pas là-dedans un grain de conscience ?
À
tout dévier et le détruire, finalement.
Et c'est
exactement cela même qui se passe.
Trop de
basses consciences sont pour la vie une menace.
Mais
comment le faire comprendre plus simplement ?
Marc
Axis mundi (1)
Comment
un atome garde-t-il sa cohésion ?
Et
comment le monde maintient-il son apparence ?
Pourquoi,
dans un système, se produit-il une lésion
Qui
crée entres ses parties la belligérance ?
Le
savant nous apprend que tout est énergie.
En
vérité, tout est Amour, répond le sage.
C'est
pourtant bien de la même chose dont il s'agit ;
C'est
le même océan qui baigne les rivages.
Chacun,
à sa façon, exprime une évidence,
Sans
pour autant établir la même relation.
Là
où le premier ne voit que des équations,
Le
second se découvre des points de reliance.
C'est
cette cohésion qui maintient la vibration
Et
protège cette matrice de sa fragmentation.
Marc
Marc
vendredi 28 février 2020
Discontinuité et impermanence (9)
Insigne d'épaule de la 8e division d'infanterie américaine(1918-1992)
La
connaissance de soi procède par éliminations : « Je ne
suis pas ceci, je ne suis pas cela ; ni mon corps, ni mes
pensées, ni mes sentiments ; pas plus la personne que je
m'imagine que le personnage que je projette dans le monde, encore
moins ce que celui-ci en perçoit. Ni je ne me réduis à l'un
quelconque de ces aspects, ni je ne me résume à leur ensemble. »
Ces
aspects, ces expressions, ces apparences, ces fonctions ne sont
jamais que des compositions, nées du tissage de faisceaux multiples
- l'héritage génétique, le contexte sociétal, le milieu social,
les conditions existentielles – auxquels nous ajouterons le dessein
antérieur à la naissance incarnée et dont la mémoire, même
brouillée, voire ignorée ou insoupçonnée, qui régit le destin
d'une existence, n'en œuvre pas moins, à travers les choix que l'on
fait et que l'on croit avoir. La connaissance de soi consiste d'abord
à en comprendre le sens et la sagesse.
Le
sens : sa recherche naît d'un sentiment de vide, un état qui
procède en réalité de la discontinuité et de l'impermanence (la
non-chose-en-soi, le non-moi-en-soi). Cet état inspire à se donner
des raisons de vivre et d'exister dans ce monde perçu comme une
finitude, c'est-à-dire ayant sa fin en lui-même. Ainsi,
l'éphémérité de la vie n'est pas vécue comme un passage, une
étape dans ce qui n'est qu'une traversée, mais comme une parenthèse
entre deux néants, une posture, au demeurant, qui ne satisfait pas
l'être profond et dont aucune traduction sur aucun plan n'emplit le
vide éprouvé. D'où la compulsion dans l'avoir pour combler ce
vide... par encore plus de vide.
Tout
est composé. Ce qui est composé se décompose. Rien n'est acquis,
rien ne peut s'approprier : ni les choses, ni les idées, ni les
personnes, ni les identités. Rien.
Le
sens n'est pas un terme, le point destinal d'une direction, car rien
ne le définit, rien ne le localise, quand même, paradoxalement,
tout le balise. Toute représentation le réduit, toute formation le
fige.
Le
sens n'est pas une conquête mais une quête, qui consiste à
éclaircir l'opacité de la conscience et à éclairer les fausses
directions. Il ne se construit pas mais se découvre. Par le
lâcher-prise (le non-agir du Tao). Le sens précède sa recherche.
C'est lui qui nous cherche.
Ne
pas se projeter au-delà du Réel. Être à l'instant. Non pas comme
une pulsion dans l'immédiateté mais comme l'accueil de Ce qui Est.
C'est par la Présence que se dégage le sens qui est un état de
conscience, un ajustement constant à l'Ordre immanent.
mardi 25 février 2020
Discontinuité et impermanence : introduction
Drapeau d'Onagawa (Japon)
Discontinuité et impermanence ou retour aux fondamentaux de la métaphysique, c'est-à-dire au cœur du questionnement ontologique.
La
réalité tangible. Objective. Raisonnée et raisonnable. Ce décor
physique, que la plupart tient pour le Réel. Comme le seul
admissible. L'unique possible. Appréhendé dans la fugacité de
l'instant dont l'apparente et lisse continuité linéarise le temps.
De ce point de vue, Socrate appartient au passé. Mais pas davantage
que soi-même car à peine franchit-on le seuil de l'instant que l'on
s'y retrouve aussitôt. L'instant est irréductible. Alors, qu'est ce
vraiment que la Présence ?
L'horizon,
c'est une question de regard. Qui ne trace le plus souvent que des
parallèles. Rarement une perpendiculaire. L'horizon n'a aucune
réalité objective. C'est une ligne de fuite qui tourne sur
elle-même.
Le
sens par les seuls sens. Le non-sens.
L'impermanence
est le contraire du déterminisme. Nulle apparence ne réduit la
substance. Ni aucune formation sur aucun plan.
Si
rien n'est chose-en-soi, personne n'est un moi-en-soi.
De
même que l'on n'isolera jamais la particule fondamentale de la
Matière, on ne saisira pas davantage le corps premier de l'être.
La
question foncière n'est pas « Qui suis-je ? » mais
bien « Qui est ? » L'on serait tenté d'assimiler et
de confondre les deux formes du questionnement. Elles n'induisent
pourtant pas la même portée : le « Qui suis-je ? »
vise la définité (l'on est finalement quelque chose ou quelqu'un),
tandis que le « Qui est ? », du fait de dépasser
une approche exclusivement personnelle centrée sur l'idée qu'il y
aurait une identité-en-soi, et donc d'impersonnaliser le
questionnement, celui-ci se raccorde à l'indéfinité, autrement
dit, au Par-delà.
Lire aussi
lundi 26 août 2019
Discontinuité et impermanence (8)
Si nous admettons que l'Univers n'est et ne peut être le fruit du hasard, au sens d'une réalité fortuite, rien en lui ne l'est et ne peut l'être, depuis le plus grand jusqu'au plus infime phénomène, depuis les plus incommensurables agrégats jusqu'au détail le plus infime. Il n'est rien, alors, qui ne s'inscrive dans une coïncidence (ce qui arrive ensemble ou avec), rien qui ne soit le signe ou l'écho du Tout.
Rien n'est fortuit car tout ce qui advient a lieu d'être, selon un Ordre qui n'apparaît que progressivement à la conscience (mot qui signifie littéralement « science de l'un »). Et c'est l'intelligence* qui permet de remonter cet Ordre, c'est-à-dire la capacité à relier les choses et donc à entrer dans l'Unité. Entrer ou plutôt pénétrer car le point et l'instant ouvrent alors leur profondeur. Derrière l'apparence transparaît la substance ; derrière la matière se perçoit sa réalité subtile ; derrière le phénomène ou l'événement se donne à lire ce de quoi ils sont la cristallisation ; derrière l'effet s'éclaire la cause et derrière la cause le sens, c'est-à-dire l'Ordre qui préside et gouverne la manifestation. Les lois mathématiques, les lois de la nature, la loi de cause à effet relèvent toutes de cet Ordre inhérent, de même que la discontinuité, l'interdépendance et l'impermanence dont nous avons vu qu'elles appartiennent au principe d'évolution (rien n'est figé) en l'Infinitude et l'Éternité (les champs d'irréductibilité du Réel). Autrement dit, rien n'est et ne peut être en soi figé car rien n'est chose-en-soi.
Une non-chose-en-soi ne peut se produire elle-même, c'est-à-dire être son principe causal car, autrement, elle serait à la fois son point alpha et son point oméga. Ayant ainsi la maîtrise absolue de sa réalité, elle sortirait de l'interdépendance autant que de l'impermanence et ne serait soumise à aucun devenir. Elle serait, en quelque sorte, son propre réel et son propre achèvement, donc sa propre finitude. Or, il n'est qu'un Réel, sans lequel nulle unicité n'aurait de fondement ni nulle unité son axe (de reliance). C'est ce qu'enseignent les traditions monothéistes en disant qu'il n'y a de Dieu que Dieu, c'est-à-dire un au-delà de tout et par delà l'au-delà. Cet enseignement induit que le concept de finitude n'est qu'une courte-vue de l'esprit qui cherche à s'identifier comme chose-en-soi, c'est-à-dire qui s'enferme dans l'illusion de sa propre finitude.
* inter (entre) et ligare (lier) : relier entre-eux des éléments.
Retour aux fondamentaux
dimanche 25 août 2019
Discontinuité et impermanence (7)
Armoiries de la famille nobiliaire Werpup (Westphalie, Allemagne 15e s.)
Si l'Univers est le fruit du hasard, alors il faut qu'il le soit logiquement à tout instant et partout. C'est-à-dire qu'il doit tenir sa continuité pour donner toute sa cohésion à l'Univers. Or, toute cohésion est un ordre et tout ordre contient sa régulation, afin d'assurer la cohérence de ses manifestations, à la fois dans son extension (l'espace) et sa durée (le temps).
L'Univers dans lequel nous sommes et existons s'inscrit en effet dans la durée et dans l'extension, en laquelle nous incluons l'évolution. S'il est dû au hasard, nous avons donc là un hasard organisé et dont le moins que l'on en puisse dire, c'est qu'il a de la suite dans les idées.
Toute thèse (ou hypothèse) s'appuie sur des mots qui recouvrent des concepts. Celui de hasard, par exemple.
Issu de l'arabe az-zahr, il a pris, par on ne sait quel glissement sémantique, via l'espagnol, la signification de « coup de dés ». C'est donc dans cet usage tardif (XIIe siècle) que nous l'employons. *
Ainsi, si l'Univers est le fruit du hasard, qui donc a lancé les dés ? Et pourquoi ?
En réalité, l'usage du concept de hasard traduit le plus généralement l'idée que l'Univers ne procède d'aucune intention initiale qui lui serait antérieure et donc qu'il s'est produit tout autant qu'il aurait pu ne pas se produire. Nous aurions donc affaire à une mécanique aveugle tout droit sortie du néant, ce qui renvoie d'emblée la question du sens au rayon des gadgets du psychisme humain, c'est-à-dire de son activité nerveuse, et de ses stratégies compensatoires du vide. C'est un peu léger et cela ne satisfait personne.
Si tu penses qu'il n'y originellement rien et finalement rien, pourquoi t'embarrasses-tu de quelque chose entre les deux ? C'est parfaitement absurde.
Aussi voyons-nous les hommes se chercher et se fabriquer des raisons de vivre et vouloir donner du sens à leur pauvre existence passagère. Les pensées ont beau divaguer, les faits sont têtus.
L'homme, qui a perdu jusqu'à l'idée même du sens, verra bientôt sa ou ses raisons de vivre se démailler sous l'effet du temps et de l'impermanence. Il sera alors telle une épave errant dans un décor insensé. Et c'est peut-être ce tableau-là que nous offre la société actuelle : un monde qui se démène pour finalement rien. Donc un monde de fous qui s'entredévorent. Telle est l'autophagie à laquelle, en cette fin de cycle, la technique donne les pleins moyens de son achèvement. Mais l'on pourra toujours invoquer le hasard pour sortir du pétrin. Sauf que Dieu ne joue pas aux dés.
Toute thèse (ou hypothèse) s'appuie sur des mots qui recouvrent des concepts. Celui de hasard, par exemple.
Issu de l'arabe az-zahr, il a pris, par on ne sait quel glissement sémantique, via l'espagnol, la signification de « coup de dés ». C'est donc dans cet usage tardif (XIIe siècle) que nous l'employons. *
Ainsi, si l'Univers est le fruit du hasard, qui donc a lancé les dés ? Et pourquoi ?
En réalité, l'usage du concept de hasard traduit le plus généralement l'idée que l'Univers ne procède d'aucune intention initiale qui lui serait antérieure et donc qu'il s'est produit tout autant qu'il aurait pu ne pas se produire. Nous aurions donc affaire à une mécanique aveugle tout droit sortie du néant, ce qui renvoie d'emblée la question du sens au rayon des gadgets du psychisme humain, c'est-à-dire de son activité nerveuse, et de ses stratégies compensatoires du vide. C'est un peu léger et cela ne satisfait personne.
Si tu penses qu'il n'y originellement rien et finalement rien, pourquoi t'embarrasses-tu de quelque chose entre les deux ? C'est parfaitement absurde.
Aussi voyons-nous les hommes se chercher et se fabriquer des raisons de vivre et vouloir donner du sens à leur pauvre existence passagère. Les pensées ont beau divaguer, les faits sont têtus.
L'homme, qui a perdu jusqu'à l'idée même du sens, verra bientôt sa ou ses raisons de vivre se démailler sous l'effet du temps et de l'impermanence. Il sera alors telle une épave errant dans un décor insensé. Et c'est peut-être ce tableau-là que nous offre la société actuelle : un monde qui se démène pour finalement rien. Donc un monde de fous qui s'entredévorent. Telle est l'autophagie à laquelle, en cette fin de cycle, la technique donne les pleins moyens de son achèvement. Mais l'on pourra toujours invoquer le hasard pour sortir du pétrin. Sauf que Dieu ne joue pas aux dés.
* Pour entrer dans le sens véritable du mot, nous renvoyons le lecteur à l'article
samedi 24 août 2019
Discontinuité et impermanence (6)
Les thèses sur l'origine de l'univers ne manquent pas. Certaines sont convergentes, d'autres divergentes et parfois même antagonistes, tels le créationnisme et l'évolutionnisme.
Abstraction faite de la cause originelle et de la nature de celle-ci, il est un fait indéniable, quand même nous le qualifierions d'illusion, de rêve ou de toute autre façon : la réalité phénoménale. Et de ce fait seul nous naît une question, qui s'impose implicitement à toutes les thèses : pourquoi quelque chose plutôt que rien ?
C'est la question du Sens-en-Soi, qui naît de son évidence même car d'où, autrement, sortirait-elle ?
Comment la réalité phénoménale (ou la Création) en viendrait-elle à s'interroger sur elle-même ?
La conscience-flèche (Dürckheim) ou objectivante voudra trouver une réponse rationnelle à cette question. La conscience-coupe ou subjectivante (relative à un état de conscience et donc à son degré d'ouverture) laisse agir la question. C'est ce qu'illustre Confucius quand il dit : « Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions. »
S'interroger c'est marquer un arrêt au sein de l'ordre mouvant. C'est s'étonner et laisser agir cet étonnement.
C'est prendre du recul et donc se détacher de l'apparence, en même temps que prendre de la hauteur pour la dépasser. C'est ce que nous appelons « se mettre en équerre. » Et c'est à la croisée du mouvement horizontal et du mouvement vertical que se marque le point de basculement, à partir duquel s'ouvre une nouvelle perception de l'apparence : celle de sa substance. C'est aussi l'entrée dans la profondeur, avec cette même équerre qui va évoluer à des échelles différentes et sur des plans de plus en plus subtils. En quelque sorte, la croisée demeure car la question-noyau demeure.
L'apparence n'est qu'un degré de la substance et celle-ci un niveau plus profond d'apparence. Matière et esprit sont un. La profondeur de l'apparence se fait substance mais celle-ci n'est elle-même que l'apparence d'une substance plus profonde et ainsi de suite. Qu'y a-t-il au-delà ? L'Être, le Réel, Dieu, l'Incrée, le Non-Composé, ni apparence ni substance mais par quoi tout se manifeste (s'apparente) et s'intériorise (se substantifie).
Que la question de l'origine demeure posée est intrinsèque aux principes d'infinitude et d'éternité. Le Centre s'impose ainsi par contrainte logique. (Discontinuité et impermanence 5)
La Création est un fait constant car rien ne peut être et demeurer dans son êtreté sans l'Être-en-Soi. C'est le principe d'omnipotence, en ce Centre universel et éternel. Le Point de Permanence, pourrait-on également dire. Et ce Point non localisé est comme un vide dans un non-temps car Irréductible-en-Soi. Ce vide est parfois perçu comme « l'absence de Dieu », d'où l'affirmation de son inexistence. Sauf que l'absence de Dieu donne au manifesté son plein champ de déploiement, sans limite, sans finitude. Il est ainsi, par essence, consubstantiel à la réalité divine que nous nommons ici le Réel. Cette co-essence nous reporte à l'omniprésence de Dieu, d'où l'expression « vide de vide ». Tel est le paradoxe.
Le vide est souvent confondu avec le néant. Aussi use-t-on préférentiellement du terme de « vacuité », au sens que le manifesté (les phénomènes et leurs fonctions) est dénué d'existence propre, c'est-à-dire autonome et permanente.
Si Dieu s'absentait de sa Création, ne serait-ce qu'un instant, celle-ci serait instantanément anéantie et n'aurait même jamais été.
Si quelque chose retournait au néant, ce quelque chose en serait nécessairement issu, une supposition qui est une absurdité absolue car comment quelque chose sortirait de rien pour s'en retourner à rien. Quelle serait alors la nature de cet intervalle entre deux riens, capable de s'interroger lui-même, c'est-à-dire de se distancier de sa propre réalité ?
Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? C'est la question première et foncière, celle qui les précède et les contient toutes. Et quelle que soit la manière dont nous concevons le Principe Causal, c'est-à-dire le revêtement conceptuel que nous prêtons à l'Origine, cette question s'impose par inhérence. Plus que celle du sens, c'est la question du Sens-en-Soi.
samedi 17 août 2019
Discontinuité et impermanence (5)
Le centre d'un cercle infini est en absolu partout.
Si nous concevons l'Univers comme une sphère infinie (et nous ne saurions l'imaginer autrement car la supposition d'une limite induirait immédiatement un au-delà de celle-ci), son centre est logiquement partout. Ainsi, où que je sois et aussi loin que je me déplacerais, fût-ce à des distances de milliards d'années-lumières, je demeure au centre.
C'est nécessairement ce centre qui marque le point alpha de l'Univers et non moins logiquement son point omega.
Si nous appliquons cette mathématique à l'éternité que nous imagions comme une droite infinie, nous en déduisons que chaque instant en marque le milieu absolu.
L'ici-et-maintenant procède de cette réalité en laquelle le Réel se manifeste.
C'est en ce point et en cet instant que s'établit l'état de présence.
Mais ni le point ni l'instant n'ont de mesure. Donc ils n'ont pas davantage de limite.
L'infinitude et l'infime représentent les deux pôles du Réel dont ils donnent toute l'embrasure de manifestation et donc l'omniprésence (d'où la formulation consacrée : Dieu - Alpha et Oméga - est Tout en tout.)
Le Réel se manifeste à travers la réalité et donne à tout existant (c'est-à-dire porté à l'existence ou au manifesté) son être.
Ce qui est ne peut pas cesser d'être. (Lanza del Vasto)
Le verbe être est issu de l'indo-européen -es et signifiait « se trouver », un sens à valeur fortement durative.
Le verbe trouver est lui-même issu du verbe « tordre », de l'indo-européen trekw, ayant donné, en grec, trepein (tourner) et tropê (évolution, changement).
Dans ce sens, être, c'est littéralement « se tourner » (vers le centre) pour se « trouver ».
Se trouver, c'est se réaliser, c'est-à-dire s'accorder au Réel* (trouver le juste accord). Notons que le verbe trouver avait dans son sens usuel d'origine (XIe s.) celui de « composer » (un air), d'où, également, le mot « trouvère » (compositeur).
La présence est donc un état d'ajustement sur l'axe des pôles du Réel et désigne ici une orientation de l'esprit. Nous
entendons le mot Réel en un sens très particulier, l'esprit totalement
décomplexé et libre de toute connotation (car telle est la lumière de la
langue des oiseaux pour qui a ouvert ses sens intérieurs) : Ré-El : «
Retour à Dieu », c'est-à-dire à l'Irréductible-en-Soi, à l'Au-delà de
tout, au Par-delà toute finitude, au Vivant et donc à la Vie elle-même.
Nous n'ignorons pas que le mot « Dieu » donne des boutons à certains esprits qui n'ont pas su s'affranchir de ses charges connotatives et réductrices (en lesquelles nous incluons l'anthropomorphisme), rejetant l'idée d'une antécédence au manifesté, d'un Principe causal, d'une Force créatrice mue par une intention originelle et un projet destinal.
Certes, ceux qui affirment que Dieu n'existe pas ont raison à leur insu, pourrait-on dire, puisque Dieu, quoique antécédent à toute réalité phénoménale, n'est pas « hors de » (ex-ester) - ce qui induirait l'idée de deux Réels - mais « en », c'est-à-dire au centre omniprésent du Réel, d'autant que les concepts d'intérieur et d'extérieur procèdent d'une vision dualiste et en soi absurde en ce qu'elle pose une frontière qui n'a aucune réalité puisque rien n'est chose-en-soi.
L'ici-et-maintenant est à la fois le champ et l'orientation de la présence dont nous avons montré qu'elle est retour à Dieu, c'est-à-dire la montée de la non-chose-en-soi vers la Chose-en-soi, non composite, non divisée, non mesurable, non relative, irréductible. C'est l'ascension de l'âme.
Le concept de l'ici-et-maintenant connaît des lectures multiples et se trouve largement galvaudé par des approches de nature essentiellement hédoniste, centrées sur le bien-être et l'épanouissement personnels, dans une acception, donc, purement existentielle, telles que les courants du New-age les ont développées, en rupture, bien souvent, avec les traditions spirituelles et sous la forme de syncrétismes, versions spiritualisantes du consumérisme, c'est-à-dire de la projection exclusive dans l'avoir et les apparences.
Ainsi, le carpe diem (cueille le jour) s'est-il réduit au « Jouis du moment présent. » (si possible sans entraves), tandis qu'il invite plutôt à se laisser pénétrer par la Lumière et à entrer dans l'alchimie intérieure, c'est-à-dire dans le processus de transformation de l'âme, à travers la forme. Forme véhiculaire et transitoire, discontinue, qu'elle doit dépasser (transcender) et dont elle ne se libère qu'en se projetant vers un Absolu irréductible, non pas par la conceptualisation mais par l'affranchissement de l'illusion, c'est-à-dire de l'identification à la forme, quel qu'en soit le plan (physique, émotionnel ou mental). Cette identification à la forme (qui appartient à la réalité) procède d'une désorientation de l'esprit sur l'axe des pôles.
Si rien n'est chose-en-soi en substance, il n'est rien qui ne soit Tout par essence. Dieu est l'Un, Unique et Même, non divisé en son omniprésence, irréductible en son infinitude, permanent en son éternité.
jeudi 13 juin 2019
Discontinuité et impermanence (4)
Si rien n'est chose-en-soi, rien n'existe par soi-même ni pour soi-même.
Ce qui n'est pas son propre commencement ne peut-être sa propre fin.
Dès lors, rien n'est voué à la finitude, quand même son existenciation revêt une forme éphémère. L'impermanence manifeste justement cette non-finitude.
L'unicité transitoire de la forme s'inscrit dans un ordre de relativité qui régit les modes relationnels dans une sphère existentielle donnée, au sein de laquelle opère un dessein d'évolution, au travers de processus d'échanges, d'assimilations, de métabolismes, de transformations, de transmutations et, finalement, de métamorphoses, d'un par delà de la forme qui sert de véhicule à une substance migrante ou pérégrinante appelée âme (le souffle vital originel), ou esprit (souffle vital ou principe de vie) ou encore entité (ce qui constitue l'essence d'une chose et donc son irréductible unicité), trois mots quasi synonymiques qui font souvent confusion et différenciés à tort car ils désignent de fait la même chose.
L'ego est la force de cohésion de la forme (qui peut être multiple et dont les différents plans s'interpénètrent) qui sert de véhicule à l'âme, le temps de son parcours dans le monde. Mais il n'a aucune réalité propre, quand même il sert de support identitaire transitoire qui se voudrait pérenniser.
Discontinuité et impermanence
lundi 3 juin 2019
Discontinuité et impermanence (3)
Blason de Jeleznogorsk (Sibérie, Russie)
La
perception ordinaire du monde est d'abord sensitive ou sensorielle,
liée, donc, aux cinq sens * qui n'appréhendent les formes ou les
agrégats que dans leur manifestation relative et transitoire mais
sans saisir leur substance. Ce que la plupart tient pour la réalité
n'est qu'un déroulé séquentiel de phénomènes transitoires donc
éphémères.
Qu'est-ce
qu'un verre d'eau ? L'eau est discontinue, elle est composée de
molécules.
Et
la molécule ? Elle est discontinue et composée d'atomes.
Et
l'atome ? Il est discontinu et composé d'un noyau et d'électricité.
Et
le noyau ? Il est discontinu et composé de neutrons, plus de
protons, plus de mésons, plus de... etc.
Et
l'électricité ? Elle est discontinue et composée d'électrons.
Et
le neutron ? Il est discontinu et composé de neutrinos.
Et
l'électron, et le neutrino ? Idem.
Et
donc, par extension, l'infime ? Idem.
Le
mystère de la substance (ce qui est continu) demeure.
Réduire
les derniers éléments composants, non plus à de la substance mais
à du mouvement, ne change pas la difficulté. Qu'est-ce qui est mû
? Et quel est le moteur ? Et d'où vient qu'il y ait un moteur ?
La question est foncière et s'inscrit dans les fondamentaux de la
métaphysique. Platon, en son temps, se la posait déjà .
Un
concept (du latin concipere : contenir entièrement) est une
représentation générale et abstraite de la réalité, l'idée
qu'on s'en fait.
L'idée
est une mise en relation subjective, liée à une conscience, donc à
une condition perceptive, mais son objet est vide (au sens que
n'ayant pas de substance propre).
La
vacuité est tout le contraire du néant qui désigne ce qui n'est
pas.
La
vacuité est le champ de l'être-en-soi (l'êtreté), l'espace sans limite de
l'Irréductible.
Car
ce qui est ne peut pas cesser d'être. (Lanza del Vasto)
Aucun
concept ne peut formuler ni contenir l'Absolu. C'est l'Absolu qui
contient tout : le manifesté et le non-manifesté, le phénomène
(l'apparence) et le noumène (la substance ou la chose-en-soi).
Marc
* Chez la plupart, elle ne dépasse guère ce stade premier que pour aller dans le sensuel (la recherche du plaisir) et la sensation (la recherche d'émotions fortes), avec une prédominance des réactions d'ordre affectif et donc une traduction essentiellement émotionnelle de l'existence, depuis la sensiblerie brute jusqu'à la sensibilité fine.
Discontinuité et impermanence
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