Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

jeudi 27 juillet 2023

Cogito ergo non sum

Drapeau de Chaa-Kholsky (République de Touva, Russie)

 

      Ma chère Mado, quand je regarde ma vie, la façon dont je l'ai vécue, je vois qu'elle fut souvent gouvernée par des émotions compulsives qui n'ont fait que créer des accumulations mentales et, fatalement, un engorgement. M'en libérer, c'était soit m'élever à de plus hauts niveaux de conscience, ce qui s'est avéré plutôt trompeur dans la mesure où tout cela demeurait parfaitement mental, mais aussi et surtout parce que des situations ou des contingences plus favorables amenaient illusoirement à le penser. Si dans le silence de moi, je me sentais forte, il me suffisait d'ouvrir la bouche pour me découvrir pitoyablement idiote. La moindre inflexion de ces conditions remettait tout sur le tapis et tout bouleversement me renvoyait à ma préhistoire. Il m'avait alors semblé que la transformation de ces énergies représentait un chemin plus sûr, quand même cela exigeait un engagement et une implication déterminés dans une certaine pratique. Éveiller ces énergies... sans me braquer sur l'élévation de ma conscience qui, du fait de n'être appréhendée que mentalement et de manière projective, c'est-à-dire à partir du stade où j'en étais, ne pouvait m'amener qu'à prendre mes vessies pour des lanternes. Je décidai donc de m'asseoir et de respirer. Le reste m'appartient.

      Voilà, ma chère Mado. Je te ferai grâce du sonnet qui suit habituellement ma lettre car je crois bien en avoir perdu la prosodie. Ou peut-être parce que ma pensée se trouve désormais à l'étroit dans cette suite d'alexandrins ? Je termine sur ce koan zen : le bambou existe au-dessus et en dessous de son nœud.

Le Spectre à trois faces

 

vendredi 14 juillet 2023

Une époque épique

Blason d'Aveux (Hautes-Pyrénées, Occitanie)

D'azur au mouton d'argent paissant sur une terrasse herbeuse de sinople, au chef d'argent chargé de l'inscription JUPITER en lettres capitales de sable, le I surchargé d'un demi-annelet posé sur une trangle alésée, le tout du même.

Ma chère Mado, nous vivons une époque épique ;
Partout, l'on se gargarise de bons sentiments
Et de belles paroles que les bouches médiagéniques
De Neuneuland* répandent très efficacement

Dans les cerveaux stérilisés de la molle masse ;
Partout, les professionnels de l'amusement
 Allaitent Homo Festivus, déjà à la ramasse,
Perfusé à l'Iphone assez profondément.

D'où la question : comment autrement gouverner
De telles quantités, quand tous tirent sur la ficelle,
S'empêtrent dans les fils, se prennent dans la nacelle,

Ne sachant plus à quel saint se vouer, bernés
Par ceux qui leur chantent la berceuse citoyenne,
Heureux, déjà, qu'ils puissent mener une vie moyenne ?

Le Spectre à trois faces

 

Les questions qui tuent.

* Dont la capitale est Gogolcity.

jeudi 13 avril 2023

Cul-de-sac

Blason de Dornumersiel (Basse-Saxe, Allemagne)
 
D'or à la fasce de sable abaissée, un ours issant du même, armé et lampassé de gueules, colleté et bouclé du champ ; un puits voûté aux vannes fermées posé sur des ondes mouvant de la pointe et brochant sur la fasce, le tout du même. 
 

« Être ou ne pas être » n'est pas la question,
Du moins ne se prêtant plus à notre époque
Qui accumule tous les états de congestion,
Autant qu'elle est à cumuler les équivoques.

« Être ou avoir » nous semble mieux indiqué.
Toutes les autres dichotomies sont obsolètes.
Encore peut-on admettre qu'elles sont imbriquées,
Vu qu'elles continuent de mettre sur la sellette

Et de faire de ce bas monde une foire d'empoigne,
Ce dont l'actualité largement témoigne.
Dès lors que l'avoir devient la valeur unique,

L'être perd peu à peu toute sa sacralité
Et donc son statut d'irréductibilité,
Avec pour seule perspective un monde satanique.*

 

Le Spectre à trois faces

* ou mécanique, ce qui revient au même.

jeudi 6 avril 2023

Hôtes et intrus du jardin

Blason de Chérisay (Sarthe, pays de la Loire)
 
 D'azur à la coccinelle soutenue de deux branches de chêne,
les tiges passées en sautoir en pointe, le tout au naturel.


Des insectes qui s'en viennent visiter le jardin,
Il en est qui sont les bienvenus, tels l'abeille,
Le gros bourdon et le papillon baladin,
Sans oublier le forficule dit perce-oreille

Et, bien sûr, la coccinelle dite bête à bon dieu
Qui sont du jardinier les précieux auxiliaires
Car les pucerons leur sont un mets délicieux.
Ils ont donc leur place choisie et particulière.

Il en est un autre, malgré son bel aspect,
Que tout planteur de pommes de terre redoute :
On aura reconnu le doryphore sans doute,

Un gaillard qui est loin d'inspirer le respect
Car il met le potager en état de guerre :
Il se sert sans retenue, ça ne le gène guère !

Les dialogues du blason
 

jeudi 16 mars 2023

Omnia velut me

Blason de Savournon (Hautes-Alpes)


D'or, à quatre pals de gueules, au mouton contourné et paissant d'argent 
brochant sur le tout, au chef d'azur chargé de l'inscription « omnia velut me » d'or.


Nous pouvons toujours manifester et brailler
Arpenter les rues en brandissant des pancartes,
Nos slogans beuglés sont justes bons à faire bâiller
Ceux qui depuis bonne lurette ont pipé les cartes.

Car ils savent que nous sommes compromis jusqu'au coup
Dans un système qui nous a pris en otage
Et que désormais le moindre hoquet secoue,
Quand la politique n'est plus que du cabotage,

C'est-à-dire une gestion à la petite semaine
D'un état qui ne fonctionne plus que par pulsions,
Alias les échos de nos propres compulsions.

Nos revendications nous semblent donc bien vaines
Car il est très peu d'entre-nous qui n'aient leur prix,
Chose que les tireurs de ficelles ont bien compris.

Le Spectre à trois faces
Omnia velut me : tout va comme je suis mené.

mardi 28 février 2023

Puisque tout est relatif

Blason de Rumpenheim (Hesse, Allemagne)

Puisque tout est relatif, l'Absolu s'impose
Par contrainte logique comme point irréductible.
Il est la Relation sur laquelle tout repose,
Le pôle premier, ultime et irrésistible.

On peut dire de Dieu qu'il est l'Un, Unique et Même
D'où procèdent toute unité, toute unicité.
Il est le désir-en-soi, le vouloir suprême
Vers lequel aspire toute la multiplicité.

Cependant, rien ne le limite ni ne l'enferme.
Nul manifesté n'en fait la totalité,
Car inépuisées sont ses possibilités.

Rien ne fixe son commencement ni son terme.
Et si le plus infime est à le révéler,
Rien ne peut le contourner ni le dévoiler.

samedi 11 février 2023

L’homme véritable

Blason de Morąg (ancienne Prusse orientale, Pologne)
 

Des champs dévastés de ce pays de cocagne,
Quand de l’égoïsme, il n’est aucune guérison,
A peine le leurre devient une factice déraison,
La plupart des gens ont peur de quitter leur bagne.

Ces sombres chimères que l’on survole avec peine,
Éclairé par les preux pèlerins aguerris ;
Nous butinons à la ruche d’où un miel jaillit,
Dont la mémoire subtile trace ses volutes pérennes,

D’avoir libéré de l’espace à notre être,
Voici que le long sentier devient transparent,
Et nous répétons des heures, inlassablement.

Au Silence secret, un lieu nous a fait naître ;
Il a libéré notre âme du rêve de l’ego.
Comment dire ? Nous le comprendrons tous très bientôt !


Blason de Montebello (Québec)
 

Il est bien vain de cueillir en cet ici-bas ;
Plus l’espace est restreint et plus l’âme cumule :
Des objets, des événements, sans scrupule ;
Cela est tout au plus d’insignifiants gravats.

L’homme qui fait le don de son moi avant la mort,
Est celui qui s’extrait du rêve tentacule,
Des néfastes et impondérés conciliabules,
Allant toujours avec ceux qui se remémorent.

Telle est sa mission : semer en cette vie des graines,
Pour qui sait entendre, voir et se souvenir.
Cet homme a dépassé toutes aspirations vaines,

A tous ces nœuds gémissants qui s’entrelacent,
Il voit sans sourciller l’âpreté des désirs
D’un enfer qui clame : J’en veux encor ! Qui trépasse ?

Océan sans rivage

 

La traversée des mondes

Le temps qui passe : la ronde des mois (2)

Une série de 12 chromolithographies de la Belle Époque sur les mois de l'année, avec les signes astrologiques, distribuée par l'enseigne parisienne Félix Potin (1840-1995).

vendredi 10 février 2023

Les cris de Paris selon Carle Vernet (1758-1836)

 
Carle Vernet (1758-1836) est un peintre de genre et de chevaux, dessinateur et lithographe français. La partie de son œuvre la plus populaire est celle consacrée aux petits métiers de Paris dont nous reproduisons 38 lithographies aquarellées d'époque, extraites du recueil les Cris de Paris, édité par Delpech (1ère édition de 1825).
 

Les cris de Paris selon François Boucher (1703-1770)

 
Les cris de Paris selon le peintre François Boucher en une huitaine de lithographies anciennes en couleur éditées par Le Bon Marché. 
 

dimanche 5 février 2023

Paris, Londres, Byzance, Venise, Vienne et Berlin

Épisodes historiques de six villes célèbres 
illustrés et racontés par des chromolithographies de la Belle Époque.
 

Les merveilles de l'art industriel : la Céramique

La fabrication de la brique, de la faïence, du grès cérame, de la terre cuite émaillée et de la porcelaine illustré par des chromolithographies de la Belle Époque...
 

vendredi 3 février 2023

Le chant des métiers

L'un des sujets de prédilection des chromolithographies publicitaires de la Belle-Époque fut celui d'illustrer les métiers et les différentes activités humaines. La série suivante, qui met en image plus d'une vingtaine de métiers, dans le style Art Nouveau, date de 1912 et fut reprise par de nombreuses enseignes, parisiennes autant que provinciales. Le verso des images comportait généralement un texte d'accompagnement. Rappelons qu'elles étaient destinées aux enfants qui les collectionnaient (des albums étaient prévus à cet effet) et pouvaient ainsi se constituer de petites encyclopédies.
 

mardi 31 janvier 2023

Dérive des rêves

Armoiries du Shri Lanka (Asie)
 

Comme des rêves, les hommes savent butiner âprement,
Vautrés en des visions hallucinatoires !
Et je ne sache plus dangereux que ces rêves déments :
Certaines douceurs cachent les pensées les plus noires.

L’usine à rêves entraîne la roue du saṃsāra, *
Une puissance redoutable, un piège inexorable.
Les cœurs s’épuisent au contact des faux apparats.
Substrat du rêve sans reliance est une ruine probable.

Cette course effrénée est presque pitoyable.
Est-ce cela l’Inframonde ? Un chaos sans fond ?
De dérive en dérive, la cité devient misérable,

Tandis que le sage se tient loin des infrasons.
On dit que les remous sont les turbulences de l’âme,
La confusion des genres, le règne le plus infâme.

Océan sans rivage


La traversée des mondes
 
* La vie dans le monde de la multiplicité, selon l’acception de Ramana Maharshi.

lundi 30 janvier 2023

Alchimie

Blason de Bolchelutski (Russie)

 

Je demeurais longtemps en ce puits de larmes,
Goûtant à leur sel exsangue, au four des deux mers,
M’arrachant de leur plainte, de leurs sillons amers,
Puis, j’entrais dans un désert sans aucune arme.

En cet inframonde, je connus les battements,
Les lourds soubresauts de l’ignoble ignorance,
Je vis l’immonde en moi-même et ses souffrances,
Je vis aussi, une lumière, un buisson ardent.

Je suivis Moïse et gravis le Mont Sinaï,
A la blessure de mon âme, saignant le Calice,
Je vis, dans le secret, mon regard ébahi

Les écritures jaillirent du fond des Abysses,
Et mon cœur crut mourir d’un Amour inconnu :
Il fût dévasté, totalement mis à nu.

Océan sans rivage

La traversée des mondes

Les oracles de Cumes (7)

Énée et la sibylle de Cumes (détail) par François Perrier (1594-1649)


D'être peu pénétrés par la modernité,
Quelques peuples sont encore pétris de sagesse.
À l'inverse, une grande partie de l'humanité
Témoigne de plus en plus d'un état d'ivresse

Qui s'illustre par la subversion des valeurs.
L'Occident, surtout, déjà en pleine décadence,
S'enfonce plus profond dans l'affaissement des mœurs
Et poursuit ainsi son suicide à pleine cadence.

La nature, Dieu merci, reste fidèle à jamais
Et nul n'imagine qu'elle puisse marcher sur la tête,
Depuis la moindre plante jusqu'à la petite bête,

Lors que l'inversion humaine atteint des sommets
Qui font de l'ombre aux turpitudes de Sodome.
Cette époque fait du pire des précédentes la somme.

Chroniques d'un monde finissant

  

Blason d'Auvers-le-Hamon (Sarthe, Pays de la Loire)

dimanche 29 janvier 2023

Spectre

Blason de Gréoux-les-Bains (Provence)
 
Coupé : au premier d'argent au loup de sable et au second d'azur à l'écureuil d'argent.

L'on ne parle que d'inflation, de pénurie,
Et de plus en plus craignent pour leur subsistance.
Après tant d'années de folie et d'incurie
S'en revient le spectre de la maigre pitance.

Chacun essaie d'emplir son frigo comme il peut
Et surtout – sait-on jamais – de faire des réserves.
À ce train, ce sera bientôt le sauve-qui-peut !
Mais Dieu seul sait ce que l'avenir nous réserve.

D'évidence, l'on assiste à une fin de règne.
La bête libre, à vrai dire, ne s'en émeut guère
Car elle est logée chaque jour à cette enseigne.

C'est peut-être un mal pour un bien. Le sait-on ?
Mais comme ils sont en train de fomenter une guerre,
À la faim s'ajouteront les coups de bâton !

Le Spectre à trois faces



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Fin de règne

Sépulture

Blason de Gabčíkovo (Slovaquie)


Parfois, le long des rives, quand tremble le roseau,
Lors que souffle le vent qu’une douce voix féconde,
Des propos venus d’une Sagesse d’Orient, en ondes,
Guident mes pas jusqu’à ce vétuste vaisseau.

Soudain, comme subjuguée par le matin nouveau,
Mon regard aspergé par les reflets du monde,
Le cœur ému par les transparences profondes,
Je vois passer le jade et de bien vieux rouleaux.

Ils s’ouvrent à ma solitude, telle une sépulture,
Et j’y découvre la beauté d’une pâle figure,
Visage auroral qui me secoue toutefois :

Qu’est-ce donc de plier ou de crier victoire ?
Le Destin exige une souplesse, même en Ses Lois,
Le roseau chante les défaites tout comme les gloires.

Océan sans rivage
 

Centrage (2)

Blason de Veert (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)
 

La possession ne me définit pas,
Qu'elle soit matérielle ou immatérielle.
Le vrai « je » ne se trace pas au compas
Car il est de nature spirituelle

Et donc, en cela, irréductible.
Tout ce qu'il manifeste est composé
Et s'en trouve par là même divisible
L'esprit est-il à la forme opposé ?

Dans l'unité, cette question est oiseuse,
Tout autant que les réponses sont vaseuses.
Elles font encore couler beaucoup d'encre

Chez ceux qui cherchent midi à quatorze heure,
Ayant perdu l'adresse de leur demeure
Et ne sachant plus où jeter l'ancre.


Centrage (1)

Héraldique universitaire de l'empire britannique

Après Oxford et Cambridge, ainsi que les armoiries des grandes écoles, nous poursuivons avec l'héraldique universitaire du Royaume-Uni, du temps de l'empire britannique dont la durée s'étend depuis l'Acte d'Union de 1707 jusqu'à la cession de Hong Kong en 1997, avec une série de chromolithographies datant de 1923 (au moment de son apogée) éditée par la manufacture de tabac W.D. & H.O. Wills de Bristol, en Angleterre (1786-1988). Les armoiries des universités de Londres, d'Irlande, d'Aberdeen, de Belfast, de Bombay, de Bristol, du Cap of Good, de Dublin, de Durham, d'Édimbourg, de Glasgow, de Hong Kong, de Leeds, de Liverpool, de Madras, de Manchester, de Melbourne, du Queensland, de Sheffield, d'Andrews, de Sydney et de Wales. La représentation graphique des blasons de cette époque est complétée par celle d'aujourd'hui, certaines universités ayant plutôt opté pour un logo.

samedi 28 janvier 2023

Marche arrière toute !

Blason de Uetz-Paaren (Brandebourg, Allemagne)

Quand on naît idiot, on ne meurt pas ingénieur,
Mais on peut se soigner entre les deux, sans doute.
Cesser, d'abord, d'être son propre fossoyeur.
Dès lors, il n'est qu'une solution : marche arrière toute !

Car si le monde se destine au final fracas,
C'est parce qu'un grand nombre a perdu la boule.
Faute de rétropédaler, c'est dans la semoule
Que l'on pagaiera, si ce n'est déjà le cas.

« Guerres et bruits de guerres » annonçaient les écritures. *
L'Occident n'a pas fini de se suicider
Car les chars n'ont pas eu le temps de s'oxyder.

A-t-on oublié les précédentes déconfitures
Et l'Histoire n'a-t-elle jamais servi de leçon ?
Toute amnésie de confort comporte sa rançon.

* * *

Et celle-ci s'annonce particulièrement lourde.
L'on aura beau jeu de jouer aux aveugles,
Autant que de feindre d'avoir les oreilles sourdes
Car aucune n'échappe au Moloch Baal qui beugle.

Incriminer les dirigeants ? La belle affaire !
Ces branquignols ne sont que des masses le reflet
Et dont celles-ci ne veulent pas vraiment se défaire.
La plupart se rangent au premier coup de sifflet.

L'on continue de se fier aux diplômés,
Surtout aux ronds de cuir des plateaux médiatiques
Qui bavassent d'autant plus qu'ils sont eux-mêmes paumés.

Cessons de nous laisser transformer en robots
Et de sacrifier à l'État technocratique
Ainsi qu'à leur Ripoublique qui part en lambeaux.

Le Spectre à trois faces


* Matthieu 24:6 et Marc 13.7

vendredi 27 janvier 2023

Ligne tracée

Blason de Chaa-Kholsky (République de Touva, Russie)

 

Trop loin à l'est, c'est l'ouest, disait Lao Tseu.
C'est dire qu'il n'ignorait pas que la terre est ronde.
Ce sage, comme on sait, était loin d'être verbeux,
À l'exact inverse, donc, de ces temps de faconde.

Nul ne peut être plus royaliste que le roi,
Ni plus divin que Dieu ; ce serait une outrance,
Telle qu'en témoigne cette époque par pleins charrois
Et qui multiplie sans frein ses intempérances.

Siddhartha enseignait la voie du juste milieu,
La plus simple, certes, mais sans doute la moins facile.
Se croit-on l'atteindre qu'on s'en trouve à mille lieues !

On pense à la formule « trop c'est comme pas assez ».
C'est pure raison, nul besoin de tenir concile.
Il y a longtemps que cette ligne est tracée.

L'Oie, la Cigogne et le Brochet

Blason de 's-Graveland (Hollande Septentrionale)
 
Tiercé chapé ployé : au premier de gueules à l'oie contournée couronnée d'or ; au deuxième d'argent à la cigogne d'azur ; au troisième du même au brochet d'or aussi.

« Gente Oie, que vous vaut d'être ainsi couronnée,
Vous que l'on tient d'ordinaire pour une bête stupide ?
– Cette réputation est dure à déboulonner,
D'autant que la plus sotte ignorance la préside,

Moi qui symbolise, au contraire, l'intelligence.
– Cela est fort injuste, répond la cigogne.
– Dieu merci, l'héraldique répare telle négligence,
Quoique n'étant pas du bestiaire le genre qui cogne.

– Suis-je, quant à moi, mieux traité ? ajoute le brochet,
Je passe pour cruel, selon l'opinion commune admise,
Moi dont la vie peut finir au bout d'un crochet !

Un blason nous rend justice, cela est fort bien ;
Mais il faut du temps pour qu'une idée soit démise.
Peut-être y contribuera cet entretien ? »

Le bon trappeur

 Poussés par les nécessités de l'existence,
Les hommes se sont toujours montrés très inventifs
Pour survivre et assurer leur subsistance,
Sans être sur les conséquences très attentifs.

Un ours distrait mis sa patte dans un piège à loup
Et ses tentatives pour s'en libérer furent vaines.
Les dents pénétraient sa chair comme autant de clous.
Le jour se promettait heureux ; lors, quelle déveine !

Un trappeur de passage aperçut l'animal.
Il aurait pu l'achever sans le moindre mal
Et se féliciter d'un beau tableau de chasse.

Mais comme cela lui aurait semblé peu loyal,
Il eut pour la bête malheureuse un geste royal,
Après l'avoir rassurée contre toute menace.


Histoires fromagères

mercredi 25 janvier 2023

La petite laitière (2)


Nanette, qui fut déjà évoquée en ces pages *
Et qui se plaignait de sa triste condition,
Est devenue à cet égard beaucoup plus sage,
Et sans y mettre la moindre abnégation.

Le confinement, suite à la crise sanitaire,
Et l'état plus que piteux de la société
Ont eu sur son esprit un effet salutaire.
« Ce monde n'offre que contraintes et contrariétés

Allant jusqu'à vous disputer, même, le pain sec
Et trouvant mille manières pour vous clouer le bec.
C'est bien cher payer pour mener une vie d'esclave !

Je suis assurément mieux ici qu'ailleurs,
Plutôt que d'être la larbine d'un employeur.
Au moins, céans, je me sens comme dans une exclave. »

 

Histoires fromagères

dimanche 22 janvier 2023

Noblesse

Blason de Peresvet (Russie)
 

     La Noblesse procède de la Lumière, tout comme les attributs Seigneuriaux en sont la Manifestation. Hautes vertus sacerdotales qui vêtent les épaules du preux, et combien d’hommes se perdent dans leurs vulgaires aspirations ! Depuis les effluves célestes, les noblesses jaillissent du tréfonds des cœurs et donnent à l’homme ses qualités pures. Il marche sur terre avec la vêture de l’équité, les atours de la beauté. Il émane de lui, et au travers de ses actes, l’essence lumineuse de son cœur. Il ne volera pas les biens des orphelins, ceux-là mêmes qui ont perdu la trame existentielle, les repères et les connaissances. Jamais, il n’abuse de la candeur de l’autre, car telle est la fragilité des orphelins. L’homme vertueux est gorgé d’Amour et entre en état de service vis-à-vis de ses prochains. Il n’élève pas la voix au-dessus des sages, ni n’outrepasse leur rang. L’homme intègre veille sur son âme et soigne son cœur. Il est celui qui entre en harmonie avec l’Intelligence et se montre magnanime et juste envers son prochain. Il prend soin des autres et s’occupe, en premier lieu, à se réformer lui-même plutôt que de chercher à réformer les autres.
 
 
Blason de Pourquery de Boisserin (1851-1920)


     Cet homme est humble et veille à ne jamais blesser qui que ce soit. L’autre est son frère ; l’autre est lui-même. Lors des discordes, il établit l’entente. Lors des cordialités, il cimente les liens. Il ne trahit pas ses pactes. Il n’oublie jamais ses promesses. Il couvre son frère d’un long manteau de mansuétude. Il n’est point besoin pour lui de s’effacer, puisqu’il a toujours privilégié l’autre. Il est le chevalier. Il est le Roi. Son épée tranche devant l’injustice, car son épée est la Vérité. La Noblesse est sa robe, et la Noblesse est son âme. Il vit les épreuves avec témérité sans sourciller. Sa bravoure est celle de ceux qui ont traversé les arcanes subtils de leur âme. Ils ont veillé les nuits obscures jusqu’à ce que leur bouclier incandescent se fonde en leur être tandis que la cité céleste est leur demeure. La Noblesse est un souffle purificateur. Il est Souffle si fort que l’âme brisée renaît de ses cendres et, victorieuse, elle chante et proclame victoire du Roi. Ô Noblesse ! Tu es le mariage avec l’Épousée. Tu es Rayonnance et ton corps s’éveille tout en s’unifiant au firmament. Ô Noblesse ! L’homme purifie son cœur par mille bravoures, mais c’est le Roi qui est couronné ! Comprends-bien !
 
 
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