Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 27 décembre 2017

Les Allégories du Jardin - Le ver à soie


Blason de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes, Provence)

D'or à deux cocons de ver à soie de sable posés en sautoir.

Allégorie 34 – Le ver à soie

    Les qualités viriles ne consistent ni dans les formes athlétiques, ni dans la privation des boissons et des mets, dit alors le ver à soie ; et ce n’est point un mérite de prodiguer des choses faites pour être prodiguées. La véritable générosité est celle qui apprend à donner libéralement son nécessaire et sa propre existence. Aussi, en faisant l’énumération des bonnes qualités, trouve-t-on les plus précieuses chez de simples vers. Je fais partie de cette classe innombrable, et je suis susceptible d’attachement envers ceux qui ont de l’amitié pour moi. Graine dans le principe, je suis recueilli comme la semence que l’on veut confier à la terre ; ensuite, tantôt les femmes, tantôt les hommes, m’échauffent dans leur sein. Quand la durée de ces soins vivifiants est parvenue à son terme, et que la puissance divine me permet de naître, je sors alors de cette graine, et je me montre à la lumière. Je jette ensuite un regard sur moi-même, le jour de ma naissance, et je vois que je ne suis qu’un pauvre orphelin, mais que l’homme me prodigue ses attentions, qu’il éloigne de moi les mets nuisibles, et qu’il ne me donne jamais que la même nourriture. Mon éducation étant terminée, et dès que je commence à acquérir de la force et de la vigueur, je me hâte de remplir envers mon bienfaiteur les devoirs qu’exige la reconnaissance, et de rendre ce que je dois à celui qui m’a bien traité. Je me mets donc à travailler d’une manière utile à l’homme, me conformant à cette sentence : La récompense d’un bienfait peut-elle être autre que le bienfait ! Sans la moindre prétention, ni sans me plaindre du travail pénible que je m’impose, je fais avec ma liqueur soyeuse, par l’inspiration du destin, un fil que les gens doués du plus grand discernement ne sauraient produire, et qui, après ma mort, excite envers moi la reconnaissance. Ce fil sert à faire des tissus qui ornent celui qui les porte, et qui flattent les gens les plus sérieux. Les rois eux-mêmes se parent avec orgueil, des étoffes que l’on forme de mon cocon, et les empereurs recherchent les vêtements où brille ma soie ; c’est elle qui décore les salles de jeu, qui donne un nouvel attrait aux jeunes beautés dont le sein commence à s’arrondir, qui est enfin la parure la plus voluptueuse et la plus élégante.

     Après avoir fait pour mon bienfaiteur ce que la reconnaissance exige de moi, et satisfait ainsi aux lois de la réciprocité, je fais mon tombeau de la maison que j’ai tissée, et dans cette enveloppe doit s’opérer ma résurrection ; je travaille à rendre ma prison plus étroite, et, me faisant mourir moi-même, je m’y ensevelis comme la veille. Pensant uniquement à l’avantage d’autrui, je donne généreusement tout ce que je possède, et je ne garde pour moi que la peine et les tourments. De plus, exposé aux peines de ce monde, dont les fondements sont le malheur et l’infortune, je suis obligé de supporter ce que me fait souffrir un feu violent, et la jalousie de l’araignée ma voisine, qui est injuste et méchante envers moi. Cette araignée, dont l’emploi est de faire la plus frêle des demeures, non contente de me chagriner par son voisinage importun, ose encore rivaliser avec moi, et me dire : Mon tissu est comme le tien, notre travail a les mêmes défauts, et nous éprouvons également l’ardeur du feu : c’est donc en vain que tu prétendrais avoir la supériorité sur moi. Fi donc ! lui dis-je de mon côté, ta toile est un filet à prendre des mouches et rassembler la poussière, tandis que mon tissu sert d’ornement aux princes les plus distingués. N’es-tu pas d’ailleurs celle dont le Coran a publié de toute éternité la faiblesse, et ta faiblesse n’est-elle point, par suite, passée en proverbe. Oui, je puis le dire, il y a entre toi et moi la même différence que celle qui existe entre le noir artificiel que donne l’antimoine, et la noirceur naturelle de l’œil ; entre la pleine lune et une étoile à son couchant.

     C’est de celui qui dirige dans le sentier de la vertu et qui dispense les bienfaits que je tiens le secret de filer ma liqueur soyeuse. Toi qui veux imiter mon travail, crois-tu que l’on puisse jamais tirer de ta toile grossière les parures magnifiques que l’on forme avec mon fil précieux ! Peut-on donc sans mentir s’arroger un mérite quelconque, lorsqu’on n’est pas utile à autrui !

Blason de Mormoiron (Vaucluse, Provence)

D'azur au mûrier arraché, accosté à dextre d'une lettre M capitale et à senestre
d'une
ruche, le tout d'or, au chef cousu de gueules chargé d'une clef aussi d'or posée en fasce.

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