Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

dimanche 19 avril 2020

Considérations méphitiques


Blason de Magnus de Löben (Bershammar Armorial, XVe siècle)

Ma chère Mado, ce matin, en me réveillant, la chose m'est apparue très clairement, comme une évidence fulgurante et fulminante, un genre de satori sociologique et même, oserai-je ajouter, cosmologique : nous vivons dans un monde de fous ! Mais attention, pas de fous au sens hyperbolique de l'expression et qui ne dépasse guère la valeur d'une simple interjection aux traits un peu forcés, mais au sens véritablement psychiatrique du terme. Certes, il y là des degrés de folie, allant de la bonhomie molle à la démence quasi diabolique, de l'apathie la plus désespérante à l'activisme le plus hystérique. Certes, chaque degré évolue dans son service mais sans, cependant, y demeurer confiné, car tout cela se croise et se heurte, se mélange et se confond, s'attire et se repousse, se cherche et s'exclut, bref, se nourrit et s'entretient mutuellement, en un jeu de scène incessant où les acteurs se prennent réellement pour leurs personnages. Et c'est à cela même, me dis-je, que l'on reconnaît les fous : des gens qui se prennent au sérieux, même quand ils ont l'air de ne l'être pas. D'ailleurs, ce qui à leur sujet ne laisse pas d'étonner, quand on les voit s'amuser, c'est qu'ils croient réellement s'amuser ! Il s'en dégage comme une sorte de conformisme de l'euphorie, d'ivresse grégaire artificiellement obtenue, bref, de joie fallacieuse à péremption rapide, le décibel du rire étant proportionnel au niveau du désœuvrement intérieur. Le monde est dévoré par l'ennui, écrivait Bernanos. Aurait-il pressenti ce que Philippe Murray sera le premier à identifier clairement : l'avènement d'homo festivus ? Je ne suis pas loin de le penser. Je te suggère donc de découvrir les écrits de ces deux auteurs auxquels tu peux ajouter L'homme libre et les ânes sauvages de Lanza del Vasto et L'euphorie perpétuelle de Pascal Bruckner.

Foin donc de la littérature à gros tirages,
Des romans de gare qui finiront chez Boulimier
Et des prix Machin qui ne vendent que des mirages,
Et préfère-leur une bibliothèque de fin limier

Qui nourrisse ton esprit tout autant que ton âme.
Il est un paradoxe qu'on observe couramment :
Les gens appréhendent la mort comme l'absolu drame,
Tout en tuant le temps, sans cesse, étrangement ;

Comme s'ils se voulaient hâter ce qu'il sont à fuir...
Ce monde leur offre mille stratégies pour enfouir
Leurs consciences dans la tourbe des marécages psychiques

Dont les pestilences nous sautent aujourd'hui au nez.
Il faut dire que l'époque n'est pas très raffinée.
Serait-ce de l'Apocalypse le stade méphitique ?

Le Spectre à trois faces

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