Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mardi 19 juillet 2016

La fontaine en héraldique



Originellement synonymes de sources, tenues pour des lieux sacrés, empreints de mystères, les fontaines sont des Naïades dans la mythologie grecque, c'est-à-dire les nymphes des eaux douces et courantes (sources, rivières et fleuves). Filles de Téthys et d'Océan, ces génies aquatiques sont de belles et bienfaisantes créatures qui veillent sur l'eau. Les naïades correspondent aux ondines des mythologies celte, germanique et nordique.

Durant l’été, les Naïades aiment se tenir assises sur la margelle des fontaines, et peigner leurs longs cheveux avec des peignes d’or ou d’ivoire. Elles aiment également se baigner dans les cascades, les étangs, et les rivières.

On attribue l’alimentation en eau des fontaines aux larmes des ondines, et celle-ci se tarit dès qu’une fée se sent offensée. Ainsi, il est de coutume de laisser diverses offrandes auprès des fontaines, tels que guirlandes de fleurs, épingles ou tessons de bouteilles, qui sont pour les fées des eaux, de véritables trésors scintillants et miroitants dans l’eau. Ces coutumes perdurent d'ailleurs jusqu'à nos jours.

Ondine, John William Waterhouse, 1872

Avec ses eaux perpétuellement changeantes et renouvelées, la fontaine symbolise le rajeunissement, d'où l'expression "fontaine de jouvence". Elle devient ainsi une sorte de porte d'accès l'immortalité.

La fée des eaux, lithographie de 1854 d'Emile Lassalle (1813-1871)

En héraldique, si l'on s'en réfère au Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France de Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842), une fontaine avec des jets d'eau symboliserait le savoir, et la bienfaisance si elle est coulante d'argent. La représentation traditionnelle de la fontaine héraldique est une couronne entourant un disque chargé de fasces ondées (voir le dessin d'en-tête). Mais sur de nombreux blasons, elle est représentée de manière plus figurative, comme ci-dessous, avec un ou plusieurs bassins.

La 3e fontaine de la 2e ligne est dite torse.


L'élément eau est aussi souvent représenté par des fasces ondées.




Fontenay-Saint-Père
(Yvelines, Ile-de-France)

De gueules à une fontaine héraldique d’argent à trois ondes
d’azur, cerclée d’or et rayonnante de douze épis du même.

Fontenay-le-Fleury
(Yvelines, Ile-de-France)

De gueules à la fontaine fascée ondée de gueules et d'or, dans un anneau supportant cinq fleurs de lys alternées avec cinq faisceaux de cinq rayons de soleil, le tout aussi d'or.

Argenteuil
(Val-d'Oise, Ile-de-France)

De gueules à la couronne dentée d’or remplis d’une fontaine et engrenant quatre pignons d’or posés en son chef, à sa pointe et à ses flancs, ces deux derniers rayonnant chacun de quatre éclairs d’argent et celui du chef accosté de deux demi-vols aussi d’argent, au chef d’azur chargé de la Sainte-Tunique d’argent accostés de deux fleurs de lys d’or.

Fontenay-le-Comte
(Vendée, Pays de la Loire)

D'azur à la fontaine jaillissante de trois pièces d'argent au bassin maçonné de sable.

Rungis
(Val-de-Marne, Ile-de-France)

D'azur à la fontaine déversant son eau dans trois bassins l'un sur l'autre,
le tout d'argent, accompagnée en chef d'un arc en ciel au naturel.

Fontenay-aux-Roses
(Hauts-de-Seine, Ile-de-France)

D'azur à la fontaine d'or jaillissante d'argent, posée sur une terrasse
du même, au chef d'or chargé de trois roses de gueules boutonnées d'argent.

Burnhaupt-le-Bas
(Haut-Rhin, Alsace)

D'azur à la fontaine monumentale déversant son eau dans une auge
adextrant le pilier, le tout d'argent, au croissant contourné d'or posé à dextre.


Brumer de la Fontaine
Chevalier de la Table Ronde

Écartelé d'or et de sable, à la fontaine d'argent brochant sur le tout.

Fontenelle
(Loir-et-Cher, Centre)

Tranché d'argent et de gueules, à la fontaine d'or jaillissante de six jets d'azur,
3 à dextre et 3 à senestre, l'un sur l'autre , brochant sur le tout.

Mesland
(Loir-et-Cher, Centre)

Parti d'azur et d'or, à la fontaine pentagonale jaillissante de six jets,
trois à dextre et trois à senestre l'un sur l'autre,
d'argent sur l'azur et de sinople sur l'or.

Fontienne
(Alpes-de-Haute-Provence, Provence-Alpes-Côte-d'Azur)

D’azur à une fontaine d’or jaillissante de deux jets d’argent,
et surmontée de la lettre F capitale, aussi d’argent.

Tortefontaine
(Pas-de-Calais, Nord-Pas-de-Calais)

D’azur à la fontaine torse d’argent, au chef d’or chargé d’un lambel de gueules.

Augy-sur-Aubois

(Cher, Centre)

D'azur à la silhouette du village du même,
à la fontaine du lieu d'or brochant sur le tout ;
à la filière cousue de gueules.

Chaignay

(Côte-d'Or, Bourgogne)

D'argent à deux branches de chêne tigées, feuillées, fruitées de sinople, aux extrémités posées en sautoir vers la pointe, accompagnées d'un puits d'or en chef ; au chef d'or maçonné de sable chargé vers la pointe de cinq arcades remplies du même.

Barbazan
(Haute-Garonne, Midi-Pyrénées)

De sinople à trois jets d'eau d'argent issant d'une fontaine à vasque antique d'or posée sur une onde d'argent mouvant de la pointe; au chef parti: au premier de gueules à quatre otelles d'argent adossées en sautoir; au second d'azur à la croix d'or.

Fontaine-le-Pin

(Calvados, Basse-Normandie)

D’argent aux six pins de sinople posées sur une terrasse du même,
chargé d’une source-fontaine du champ.

Aigues-Vives

(Gard, Languedoc-Roussillon)

D'azur à la source d'argent jaillissant d'un amas de rochers au naturel mouvant des flancs et herbés de sinople, et se jetant dans une rivière aussi d'argent mouvant de la pointe, le tout surmonté de l'inscription AQVA VIVA en lettres capital d'or posée en fasce voutée.

Baigneaux
(Gironde, Aquitaine)

Écartelé de gueules et d'or, au premier à la grappe de raisin tigée d'or, au deuxième au rocher de sable d'où jaillit, de front, une source d'argent, au troisième à l'arbre de sinople sur un mont isolé du même, au quatrième à la charrue d'or.

Ondine
                                                      Je croyais entendre
                                                      Une vague harmonie enchanter mon sommeil,
                                                      Et près de moi s’épandre un murmure pareil
                                                      Aux chants entrecoupés d’une voix triste et tendre.
                                                                Ch. Brugnot. — Les deux Génies.
 « Écoute ! - Écoute ! - C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.
Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.
Écoute ! - Écoute ! - Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne. »
Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.
Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.

Aloysius Bertrand (1807-1841) poète, dramaturge et journaliste français


Les Quatre éléments de Charles Le Brun (1619-1690)
© RMN – Grand Palais (château de Versailles)