Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

jeudi 5 octobre 2017

Les Allégories du Jardin - L'Hirondelle


Blason de Schieder-Schwalenberg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)

Allégorie 18 – L'Hirondelle


         Tandis que je m’entretenais avec la colombe des qualités qui constituent la perfection, et de ce qui constitue la perfection de ces qualités, voilà que j’aperçus une hirondelle qui voltigeait autour d’une chaumière :

        Je suis étonné, lui dis-je aussitôt, de te voir toujours auprès des maisons, aspirer à l’amitié de l’homme ; ne serait-il pas plus sage de ne point quitter tes semblables, et de préférer la douce liberté des champs à ton emprisonnement dans nos demeures ! Pourquoi ne te fixes-tu donc jamais que dans les endroits cultivés et dans les lieux qu’habite l’espèce humaine.

        Puisque ton esprit est si peu délié et que ton oreille est si dure, ne répondit-elle, sache donc quel est le motif de ma conduite, et pourquoi je me sépare ainsi des autres oiseaux : si j’ai abandonné mes pareils ; si j’ai fréquenté des êtres d’une autre nature que la mienne ; si j’ai pris pour mon habitation les toits plutôt que les rameaux et le creux des arbres, c’est qu’à mes yeux il n’y a rien de préférable à la condition d’étranger, et que je veux me faire aux manières élégantes de la société. Je me mêle donc parmi des êtres qui ne sont pas de mon espèce, précisément pour être étrangère au milieu d’eux ; et je recherche le voisinage de celui qui est meilleur que moi, pour recevoir l’influence de son mérite ; je vis toujours en voyageuse, et je jouis ainsi de la compagnie des gens instruits. On traite d’ailleurs avec bonté celui qui est loin de sa patrie, et on l’accueille d’une manière obligeante. Lorsque je viens m’établir dans les maisons, je ne me permets pas de faire le moindre tort à ceux qui y demeurent ; je me contente d’y bâtir ma cellule, que je forme de matériaux pris au bord des ruisseaux, et je vais chercher ma nourriture dans des lieux déserts. Jamais d’injustice, jamais de perfidie envers celui auprès de qui je réside ; j’use au contraire avec lui des règles les plus exactes de la complaisance qu’un voisin doit avoir pour son voisin, et cependant il ne pourvoit point à ma subsistance de chaque jour. Comme j’habite dans les maisons, j'augmente le nombre des gens du logis, mais je ne demande point à partager leurs provisions ; aussi le soin que je mets à m’abstenir de ce qu’ils possèdent, me concilie leur attachement ; car, si je voulais prendre part à leur nourriture, ils ne m’admettraient point dans leurs demeures. Je suis auprès d’eux lorsqu’ils sont assemblés ; mais je m’éloigne lorsqu’ils prennent leurs repas ; je me joins à eux dans les moments de leurs prières, jamais lorsqu’ils se rendent à la salle des festins ; c’est à leurs bonnes qualités que je désire participer, et non à leurs banquets ; c’est leur état heureux que j’ambitionne, et non leurs richesses ; je recherche leur mérite, et non leur froment ; je souhaite leur amitié, et non leur grain ; me conformant, dans ma conduite, à ce qu’a dit celui à qui le Très-Haut a daigné révéler ses volontés ( que Dieu lui soit propice et lui accorde le salut !) « Si tu sais te priver des plaisirs de ce monde, tu jouiras de l’amitié de Dieu ; et si tu t’abstiens scrupuleusement de ce que possèdent les hommes, tu auras leur affection. »


       Oui, abstiens-toi scrupuleusement de ce que possèdent les autres, et tout le monde t’aimera. Ne vois-tu pas l’hirondelle ! elle ne touche jamais à nos provisions ; aussi la recevons-nous dans nos foyers comme un pupille gue l’on presse sur son sein.
      J’ai entendu avec plaisir ton éloquent discours, dis-je alors à l’hirondelle ; que tu es heureuse ! ta conduite sensée est digne de louange ; tes paroles sont sages, j’en profiterai. Adieu.


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