Peinture d'Adolf Humborg (1847-1921)
Quand même l'on fait partie d'un ordre régulier
Et que l'âme trouve refuge en la vie monastique,
L'on a toujours un pied sans le monde séculier
Sans pour autant devoir faire pas de gymnastique.
Frère Eugène, en sa jeunesse, fut l'élève
De Brillat-Savarin dont nous restent en mémoire
Les aphorismes ; en ses veines coule la même sève
Et jamais il ne se sépare de son grimoire.
Il arrive souvent, en les cuisines du Cloître,
Qu'il enseigne l'art de se bien nourrir aux frères
Qui en oublieraient presque d'aller aux prières !
L'on aime la bonne chair sans être gastrolâtre
Pour autant ; Frère Eugène en connaît la mesure,
Le corps et l'esprit étant prompts à la césure.
Marc
Les aphorismes de Brillat-Savarin
Et que l'âme trouve refuge en la vie monastique,
L'on a toujours un pied sans le monde séculier
Sans pour autant devoir faire pas de gymnastique.
Frère Eugène, en sa jeunesse, fut l'élève
De Brillat-Savarin dont nous restent en mémoire
Les aphorismes ; en ses veines coule la même sève
Et jamais il ne se sépare de son grimoire.
Il arrive souvent, en les cuisines du Cloître,
Qu'il enseigne l'art de se bien nourrir aux frères
Qui en oublieraient presque d'aller aux prières !
L'on aime la bonne chair sans être gastrolâtre
Pour autant ; Frère Eugène en connaît la mesure,
Le corps et l'esprit étant prompts à la césure.
Marc
Les aphorismes de Brillat-Savarin
La destinée des nations dépend
de la manière dont elles se nourrissent.
Dis-moi ce que tu
manges, je te dirai qui tu es.
Le naturel dans les livres a un charme qui consiste en ceci qu'on croyait lire un livre et qu'on cause avec un homme. Le livre de Brillat Savarin joint, au naturel le plus exquis, la verve la plus soutenue, l'esprit le plus franc, l'atticisme le plus pur. C'est un modèle de style simple sans vulgarité. La gourmandise n'est pas la goinfrerie. Brillat Savarin fait entrer l'esprit, la bonne humeur et le bon goût dans les assaisonnements d'un bon diner. L'esprit qui n'est ou doit n'être que la raison ornée et armée est peu considéré en France, parce qu'on prend pour de l'esprit certains exercices de mots pareils à ceux que font les jongleurs avec des boules.
Alphonse Karr, notice biographique introductive à l'édition de 1848 (Gabriel de Gonet Éditeur)
Les aphorismes
II. Les animaux se repaissent ; l'homme mange ; l'homme d'esprit seul sait manger.
III. La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent.
IV. Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es.
V. Le créateur, en obligeant l'homme à manger pour vivre, l'y invite par l'appétit, et l'en récompense par le plaisir.
VI. La gourmandise est un acte de jugement, par lequel nous accordons la préférence aux choses qui sont agréables au goût sur celles qui n'ont pas cette qualité.
VII. Le plaisir de la table est de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les pays et de tous les jours ; il peut s'associer à tous les autres plaisirs, et reste le dernier pour nous consoler de leur perte.
VIII. La table est le seul endroit où l'on ne s'ennuie jamais pendant la première heure.
IX. La découverte d'un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d'une étoile.
X. Ceux qui s'indigèrent ou qui s'enivrent ne savent ni boire ni manger.
XII. L'ordre des boissons est des plus tempérées aux plus fumeuses et aux plus parfumées.
XIII. Prétendre qu'il ne faut pas changer de vins est une hérésie ; la langue se sature ; et, après le troisième verre, le meilleur vin n'éveille plus qu'une sensation obtuse.
XIV. Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un œil.
XV. On devient cuisinier, mais on naît rôtisseur.
XVI. La qualité la plus indispensable du cuisinier est l'exactitude ; elle doit être aussi celle du convié.
XVII. Attendre trop longtemps un convive retardataire est un manque d'égard pour tous ceux qui sont présents.
XVIII. Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin personnel au repas qui leur est préparé n'est pas digne d'avoir des amis.
XIX. La maîtresse de la maison doit toujours s'assurer que le café est excellent ; et le maître, que les liqueurs sont de premier choix.
XX. Convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur tout le temps qu'il est sous notre toit.
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