Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mardi 8 août 2017

Les Allégories du Jardin - La Rose


Blason de Rosheim (Bas-Rhin, Alsace)


Allégorie 2 - La Rose



Après que j’eus compris les paroles que semblait proférer le Zéphyr, tandis que je cherchais à interpréter le sifflement du merle, et que je réfléchissais sur les couleurs variées des fleurs, la rose en exhalant son parfum m’annonça sa douce venue, et s’exprima ainsi dans son langage muet :

Je suis l’hôte qui vient entre l’hiver et l’été, et ma visite est aussi courte que l’apparition du fantôme nocturne ; hâtez-vous de jouir du court espace de ma fleuraison, et souvenez-vous que le temps est un glaive tranchant. J’ai à la fois et la couleur de la maîtresse et l’habit de l’amant ; j’embaume celui qui respire mon haleine ; je cause à l’innocente beauté qui me reçoit de la main de son ami une émotion inconnue. Le temps de ma durée est comme une visite que je fais aux hommes ; et celui qui espère me posséder longtemps est dans l’erreur.

Pourquoi faut-il qu’en butte à la fortune contraire qui m’abreuve d’amertume, partout ou mon bouton s’épanouit , un cercle d’épines m’entoure et me presse de toutes parts ! Les aiguillons acérés et les flèches aiguës de mes épines me blessent, et, répandant mon sang sur mes pétales, les teignent d’une couleur vermeille. Voila ce que j’endure, et je suis cependant le plus noble des hôtes , le plus élégant des voyageurs. Mais, hélas ! personne n’est à l’abri des tourments et des peines ; et, du moins, celui qui saura les supporter, atteindra l’objet de ses voeux.

Brillante de fraîcheur, je suis parée du vêtement de la beauté, lorsque, tout-à-coup, la main des hommes me cueille et me fait bientôt passer du milieu des fleurs dans la prison de l’alambic ; alors mon corps est liquéfié et mon cœur est brûlé ; ma peau est déchirée et ma force se perd ; mes larmes coulent, et personne ne les arrête, personne n’a pitié de moi. Mon corps est en proie à l’ardeur du feu, mes larmes à la submersion, et mon cœur à l’agitation. La sueur que je répands est un indice irrécusable des tourments que le feu me fait endurer. Ceux que consume une chaleur brûlante, reçoivent de mon essence du soulagement à leurs maux, et ceux que les désirs agitent, respirent avec plaisir mon odeur musquée. Lorsque mes agréments extérieurs quittent les hommes, mes qualités intérieures restent toujours au milieu d’eux. Les contemplatifs, qui savent tirer de ma beauté passagère une allégorie si instructive, désirent le temps où ma fleur orne les jardins, et les amants voudraient que ce temps durât toujours.


Si je t’ai quittée corporellement, mon esprit n’est-il pas toujours auprès de toi ! Fais-y réflexion, et tu ne mettras aucune différence entre ma présence et mon éloignement. Il a bien raison, celui qui me dit : on peut te comparer à la rose, qui disparaît, mais qui laisse son essence.


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