Ma chère Mado, nous sommes loin d'être tirés d'embarras. Non seulement, les technocrates qui ont mis main basse sur l'État et les branquignols, toutes échelles confondues, qui s'accrochent au pouvoir perdent chaque jour le peu de raison que l'on pouvait encore charitablement leur supposer, mais même s'ils devaient chuter (ce qui ne manquera pas d'arriver), ceux qui les remplaceront finiront par nous servir la même bouillie, juste assaisonnée un peu autrement. Ce n'est pas de parti ni de régime qu'il faut changer, mais de système, c'est-à-dire de rapport à la vie et au monde, à commencer par le rapport à nous-mêmes.
L’homme de bien ne demande rien qu’à lui-même ; l’homme de peu demande tout aux autres, enseigne Confucius. Et ailleurs : Pour bien gouverner un État, il faut éloigner les beaux parleurs. Ils sont dangereux. Quoique toute allusion à la France actuelle soit purement fortuite, cette maxime semble avoir été écrite spécialement pour elle.
Mais faire tourner les aiguilles dans le même cadran.
Que peut valoir d'écrire en prose plutôt qu'en rimes
Si le fond et la forme ne sont plus même parents ?
En leur théâtre d'ombre, les coquilles sont vides.
Que peut-on bien attendre de gens cravatés
Qui parent de bons sentiments leurs raisons cupides
Et voulant faire voguer un bateau démâté ?
Changer de régime n'est pas changer de système
Mais varier les équations d'un même théorème
Et croire qu'une société se réforme du dehors.
À l'ère des masses informes, la personne est première
Et d'un vrai changement la cheville ouvrière.
Si tu veux un monde meilleur, lave ton bol d'abord.
Le Spectre à trois faces
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire