Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

dimanche 13 septembre 2020

Qui dort dîne


Blason de Saint-Vincent-en-Bresse (Bourgogne-Franche-Comté)

Tiercé en pairle renversé au 1) d’or au coq contourné au naturel, au 2) d’or à l’arbre arraché de sinople, au 3) de sinople au lac cousu d’azur ; au pairle renversé en filet de gueules brochant sur la partition.


C'est l'histoire de trois poules qui s'en allèrent aux champs.
La seconde, comme il se doit, suivait la première,
Précédant de peu celle qui trottait tout derrière.
Au loin, on entendait de Maître Coq le chant

Dont l'écho vibrant chevauchait les proches collines.
C'était par une radieuse journée d'arrière-saison,
Sous un ciel de bel azur jusqu'à l'horizon
Où soufflait à travers les feuilles la brise câline.

Était-ce bien prudent de s'éloigner de la ferme ?
Maître Coq les prévint de son ton le plus ferme :
« Pour éviter d'attirer sur vous le péril,

Point ne caquetez comme vous le faites d'habitude
Car la discrétion est la plus sûre attitude
Pour ne pas éveiller l'attention du goupil. »


Blason de Varakļānu novads (Lettonie)


Mais c'était compter sans le flair de ce dernier,
Pour peu que la brise allât jusqu'à sa tanière.
Il a l'odorat fin, nul ne le peut nier,
Surtout, comme on sait, en matière de poule fermière

Dont l'odeur flatteuse est engageante à souhait.
Le voici déjà à pied d’œuvre, le compère,
Se glissant dans l'herbe, s'embusquant derrière une haie.
« J'en croque une de suite et me garderai la paire.

Quelle mouche a bien pu piquer ces trois gourgandines ?
L'affaire est louche ; je crains fort qu'elles ne servent d'appâts.
Dans le doute l'on s'abstient. Je rentre de ce pas ;

Au moins serai-je vivant demain ; qui dort dîne.
Je ne suis pas de ceux que l'on berne aisément,
Ni que la faim et l'envie mènent aveuglément. »


Blason de Cicava (Slovaquie)


« Je ne suis jamais téméraire, toujours prudent,
Prenant leçon des malheurs de plus d'un compère
Qui mordit la poussière d'avoir eu de grosses dents.
Mieux vaut vivre longtemps en régime austère

Que brader sa fourrure pour un instant gourmand.
Plus d'un, à coups de fourchette, a creusé sa tombe,
Tant l'abus de plaisirs finit dans les tourments,
Quand vient le temps où la vigueur du corps retombe.

De ne pas disposer d'une proie à satiété
M'oblige, selon la saison, à la variété ;
Le carnivore que je suis devient omnivore.

Les bonnes aubaines ne s'offrent pas tous les matins ;
Il faut, pour survivre, connaître son latin
Car l'on grignote bien davantage qu'on ne dévore. »


Blason de Loučany (Tchéquie)


« Quand certains poulaillers s'érigent en forteresses,
Il faut, pour les pénétrer, beaucoup de hardiesse ;
Et pour peu qu'il y ait des oies dans une basse-cour,
L'opération cesse immédiatement son cours.

De jour comme de nuit, elles font sentinelle,
Ne laissant rien passer, pas même une coccinelle.
Elles se dandinent, le torse bombé, la tête levée,
Comme ayant d'elles-mêmes une opinion élevée.

Je ne sache aucun chien qui soit à leur hauteur.
Certains jappent tous les jours au passage du facteur,
Sans n'avoir plus le discernement de grand-chose.

Un chien qui trop aboie éveille moins l'attention
Et devient facile à berner, sans prétention.
Du reste, nulle bête libre ne plaiderait sa cause. »



Blason de Sestroretsk (Russie)


Les trois poules purent ainsi louer la Providence
De n'avoir pas fait, ce jour-là, les frais d'un festin.
Sauves, elles s'en retournèrent sur un pas de danse,
Promises, on l'espère, à un plus noble destin.

De cette histoire, l'on a fait une comptine
Qu'on ne chante plus guère dans les écoles, hélas,
Pas plus que celle de Frère Jacques sonnant les mâtines.
Ligne après ligne, c'est l'ancien monde qui passe.

Le nouveau, ou celui que l'on appelle ainsi,
N'inspire pas même le premier vers d'une poésie,
Tout au plus un réquisitoire écrit en prose.

Nous en avons commis plus d'un, en ce recueil,
Semblables aux vagues qui se brisent sur un écueil,
Avant d'expirer sur le rivage qu'elles arrosent.

Marc


Lire aussi


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire