Blason de
Saint-Vincent-en-Bresse (Bourgogne-Franche-Comté)
Tiercé
en pairle renversé au 1) d’or au coq contourné au naturel, au 2)
d’or à l’arbre arraché de sinople, au 3) de sinople au lac
cousu d’azur ; au pairle renversé en filet de gueules
brochant sur la partition.
C'est
l'histoire de trois poules qui s'en allèrent aux champs.
La
seconde, comme il se doit, suivait la première,
Précédant
de peu celle qui trottait tout derrière.
Au
loin, on entendait de Maître Coq le chant
Dont
l'écho vibrant chevauchait les proches collines.
C'était
par une radieuse journée d'arrière-saison,
Sous
un ciel de bel azur jusqu'à l'horizon
Où
soufflait à travers les feuilles la brise câline.
Était-ce
bien prudent de s'éloigner de la ferme ?
Maître
Coq les prévint de son ton le plus ferme :
« Pour
éviter d'attirer sur vous le péril,
Point
ne caquetez comme vous le faites d'habitude
Car
la discrétion est la plus sûre attitude
Mais c'était compter sans le flair de ce dernier,
Pour
peu que la brise allât jusqu'à sa tanière.
Il
a l'odorat fin, nul ne le peut nier,
Surtout,
comme on sait, en matière de poule fermière
Dont
l'odeur flatteuse est engageante à souhait.
Le
voici déjà à pied d’œuvre, le compère,
Se
glissant dans l'herbe, s'embusquant derrière une haie.
« J'en
croque une de suite et me garderai la paire.
Quelle
mouche a bien pu piquer ces trois gourgandines ?
L'affaire
est louche ; je crains fort qu'elles ne servent d'appâts.
Dans
le doute l'on s'abstient. Je rentre de ce pas ;
Au
moins serai-je vivant demain ; qui dort dîne.
Je
ne suis pas de ceux que l'on berne aisément,
« Je ne suis jamais téméraire, toujours prudent,
Prenant
leçon des malheurs de plus d'un compère
Qui
mordit la poussière d'avoir eu de grosses dents.
Mieux
vaut vivre longtemps en régime austère
Que
brader sa fourrure pour un instant gourmand.
Plus
d'un, à coups de fourchette, a creusé sa tombe,
Tant
l'abus de plaisirs finit dans les tourments,
Quand
vient le temps où la vigueur du corps retombe.
De
ne pas disposer d'une proie à satiété
M'oblige,
selon la saison, à la variété ;
Le
carnivore que je suis devient omnivore.
Les
bonnes aubaines ne s'offrent pas tous les matins ;
Il
faut, pour survivre, connaître son latin
Car l'on grignote bien davantage qu'on ne dévore. »
« Quand
certains poulaillers s'érigent en forteresses,
Il
faut, pour les pénétrer, beaucoup de hardiesse ;
Et
pour peu qu'il y ait des oies dans une basse-cour,
L'opération
cesse immédiatement son cours.
De
jour comme de nuit, elles font sentinelle,
Ne
laissant rien passer, pas même une coccinelle.
Elles se dandinent, le torse bombé, la tête levée,
Comme
ayant d'elles-mêmes une opinion élevée.
Je
ne sache aucun chien qui soit à leur hauteur.
Certains
jappent tous les jours au passage du facteur,
Sans
n'avoir plus le discernement de grand-chose.
Un
chien qui trop aboie éveille moins l'attention
Et
devient facile à berner, sans prétention.
Du
reste, nulle bête libre ne plaiderait sa cause. »
Blason de Sestroretsk (Russie)
Les trois poules purent ainsi louer la Providence
Blason de Sestroretsk (Russie)
Les trois poules purent ainsi louer la Providence
De
n'avoir pas fait, ce jour-là, les frais d'un festin.
Sauves,
elles s'en retournèrent sur un pas de danse,
Promises,
on l'espère, à un plus noble destin.
De
cette histoire, l'on a fait une comptine
Qu'on
ne chante plus guère dans les écoles, hélas,
Pas
plus que celle de Frère Jacques sonnant les mâtines.
Ligne
après ligne, c'est l'ancien monde qui passe.
Le
nouveau, ou celui que l'on appelle ainsi,
N'inspire
pas même le premier vers d'une poésie,
Tout
au plus un réquisitoire écrit en prose.
Nous
en avons commis plus d'un, en ce recueil,
Semblables
aux vagues qui se brisent sur un écueil,
Avant
d'expirer sur le rivage qu'elles arrosent.
Marc
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