Ce matin-là, Maître Corbeau était perché
Sur un pont d'argent jeté entre les deux rives
D'un cours d'eau, l'air de quelqu'un qui est à chercher
La réponse à une question en son esprit vive :
« Dois-je porter mon regard en amont ou plutôt
En aval ? D'un côté, il remonte vers la source
Et de l'autre, vers la destinée ; ou tantôt
Vers l'un, tantôt vers l'autre ? Je manque de ressource
Pour me décider. Peut-être que Maître Coq
Aurait là-dessus quelque pensée éclairante ?
Lui dont l'esprit foula la voie pérégrinante,
À contre-courant, justement, de son époque...
Peut-être aussi rencontrerai-je Gente Poule
Qui en sait long sur l'eau qui dort et l'eau qui coule ? »
Marc
Cher Marc,
RépondreSupprimerVoyez comme ce corbeau figure les ténèbres de l'indifférenciation.
Car juché sur ce pont, il symbolise le passage d'un état d'être à un autre.
Nous avons là un condensé du pacte initiatique et la sombre couleur de l'oiseau ainsi que sa mauvaise réputation ne doivent pas faire illusion... Car ce blason est dominé par l'espérance.
Jean D'Armelin
Cher Jean d'Armelin, merci pour cet éclairage dont Maître Corbeau, je le crois bien, fera son viatique.
RépondreSupprimerMarc
Oserais-je ajouter, cher ami, que cet humble corbeau qui attire tant de quolibets et que la plèbe n'hésite pas à traiter d'oiseau de malheur, est à la gente ailée ce que le malamati est aux soufis : un sage, un connaissant par Dieu qui se cache aux yeux du vulgaire sous des dehors repoussants ou suscite les moqueries par des actions blâmables.
RépondreSupprimerParfois même, ce noble corbeau se subroge à maître Coq. C'est ainsi qu'un matin, je déambulais perdu dans mes pensées quand l'un d'eux m'interpella de son cri perçant pour me rappeler à l'ordre : "pourquoi te perds-tu en pensées hasardeuses, semblait-il dire, ne vois-tu pas que la réalité que tu cherches est ici-bas, à portée de regard?"