Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 30 novembre 2022

Les pensées

 
Blason de Gagarinsky (Russie)
 

Qu’avez-vous donc à fuir votre vie ; est-ce illusion ?
Une fuite toujours en avant, tissée de rêves,
Au milieu des bruits, qui s’agite sans trêve ?
Qui vous fait avaler cette immonde poison ?

Vos sourdes agitations sont des points culminants,
Qui forment autour de vous et en vous des attaches,
Le monde pulvérisé par vos mots bravaches,
N’est qu’un aspect de vos désirs hallucinants.

Le chaos règne du fait même de la course en avant,
Chacune de vos pensées étant une lourde méprise,
Pourquoi ne pas comprendre enfin tous vos tourments ?

Ils viennent d’une dérive qui vous pulvérise,
Que vous restera-t-il au moment de la mort,
D’avoir tenu à vos pensées vous trouble encore.

Océan sans rivage


La traversée des mondes

lundi 28 novembre 2022

Souffrance et délivrance

 
Grandes armoiries de Dublin (Irlande du Nord)


Bien tard, je pris conscience de l’écorchure des âmes,
De leur vide abyssal, de leur extrême perdition.
Ayant vécu recluse longtemps et pour de justes raisons,
J’avais dressé une citadelle au milieu des flammes.

Bien sûr, il me semblait toujours voir le malheur ;
Nous étions abasourdie par la violente ignorance,
Par elle, mille fois, nous nous trouvions face à l’errance.
Nous accusâmes les coups qui atteignaient le cœur.

La vie est une blessure, et ce monde bien plus.
Combien est remplie de ronces notre souffrance !
Être en ce monde, de nos jours, est une mise à nu.

Faut-il enfin tout quitter pour la délivrance ?
De par la connaissance jaillit cette question.
Je la pose, même si j’en sais toute la complexion.

Océan sans rivages


La traversée des mondes

Jeunesse

Blason de la famille Duboys de Labarre (Armorial charentais)

 

Le cœur était tendre pour la jeunesse surprise,
Telle une humble évidence, l’on chérissait le Beau.
L’émerveillement a cette grâce exquise :
Ne jamais trahir, ni les gestes, ni les mots.

La jeunesse avait cette vertu de croître,
D’aimer, sans réserve, le cœur bouillant mais pur,
Lors que nos père et mère veillaient sans décroître,
Sur notre âme pour que soit protégée notre nature.

Mais le règne de la Bête avait sonné et les hommes,
Corrompaient le monde ; avides, ils semaient la peur.
Tout se valait-il, pourvu que l’on consomme ?

Plus aucune règle et, le reste n’était que torpeur.
Pourtant, la jeunesse avait bu au noble Calice.
Quelle est donc, alors, cette œuvre mystificatrice ?

Océan sans rivage


La traversée des mondes

jeudi 24 novembre 2022

De l’autre côté

Blason d'Ochodnica (Slovaquie)


Quelques forêts, un bâton, un morceau de pain,
Alangui dans un vaste pré, les herbes folles,
Le chant de l’alouette et le vacarme au loin,
Les pages écumantes, le temps qui se désole.

De ce bas-monde qui passe, est-il un instant vain ?
Qu’emporterons-nous en cette besace ? Une camisole,
Un serment qui nous pourchasse comme le malin,
Ou bien un soupir, notre dernière parole ?

Des ruines, pierres amoncelées, un brasier prochain,
Des tours de Babel, des coursiers, des idoles,
De ces mouvements, l’on connait tous la fin.

Les hommes peinent à comprendre les paraboles,
Ils construisent des cités, élaborent des projets,
Mais, savent-ils ce qui les attend de l’autre côté ?

Océan sans rivage


La traversée des mondes

Jeu de dés

 

  Blason de la famille Daddi (Italie)


On place toute bonne fortune sur le coup de la chance, *
Comme si elle n'était que l'effet d'une loterie,
Et bien rares sont ceux qui parlent de providence.
Est-ce par peur de s'exposer à la moquerie

Et de passer pour arriéré aux yeux du monde ?
Mais quel monde si celui-ci est pris de folie
Et tient pour normales les pratiques les plus immondes,
Quand les bons sentiments n'y sont que parodies ?

Si l'existence est conçue comme une bulle étanche,
Il ne saurait plus être question de destin
Car, pense-t-on, tout est remis en jeu chaque matin

Et qu'il suffit d'avoir la bonne carte dans sa manche.
L'idée de chance est liée à celle de hasard **
Qui est philosophiquement un vrai bazar.

*   *   *

Pourquoi ? Parce que dans cette boutique, rien n'a de sens,
Du fait que la vie elle-même n'a ni queue ni tête.
Il est donc parfaitement vain d'en faire la quête.
Ainsi ouvre-t-on la porte à toutes les licences,

Certain qu'au final, rien ne prête à conséquence.
Comment expliquer certaines abominations
S'il n'y avait pas là une fatale filiation ?
De toute évidence, on a sauté une séquence.

Même la conception mécaniste du Vivant
Induirait la logique d'une cohérence interne ;
Qu'un après ne sort pas de n'importe quel avant

Et qu'une cause produit tout simplement un effet.
Beaucoup tiennent pour aboutie la pensée moderne
Dont ils retiennent un bienfait contre mille méfaits.


* Le mot « chance » vient du médiéval « cheance » (12e siècle), lui-même issu du latin populaire cadentia (les choses qui arrivent), participe présent pluriel neutre de cadere, « tomber » et qui s’employait en latin classique en parlant du jeu d’osselets et de dés.

** Voir sur ce blog Discontinuité et impermanence (7) ainsi que Essence des Mots, où Le Hasard retrouvé sur
Naissance et Connaissance.

mercredi 23 novembre 2022

Interstice de l’inframonde

Blason de Vutabosinsky (Russie)

 

Puisque je vous ai courtisées, Ô hirondelles,
Puisque je vous ai caressés, Ô pourpre et or,
Puisque mon cœur bat, depuis toujours, fidèle,
Je vous confie, à vous amis, mon seul trésor !

J’ai couru, épuisant mon souffle dans le vent,
J’ai soupiré dans l’écho violent des orages,
J’ai ri avec les vagues écarlates, notre océan,
Lors, je vous offre rubis, rose et même mes rivages.

Puisque j’écoutais le rossignol, son prélude,
Et que je m’envolais sur les ailes diaprées,
Tandis que le ciel avec mansuétude,

Nous accueillait. Et puisque le matin se décorait,
Des perlées du romarin et de la Narcisse,
Il me vint, alors, de voir cet interstice.

Océan sans rivage

La traversée des mondes

Blason de Markstridsskolan (Suède)

lundi 21 novembre 2022

Dragon en inframonde

Blason de Klagenfurt (Carinthie, Autriche)
 

Les hommes nous semblaient empreints de platitude,
N’ayant du rêve qu’un élan exempt de folie,
L’instinct d’une vie qui se déploie sans amplitude,
Des âmes tâtonnant dans les méandres de la nuit.

Il nous fallait du souffle, puis de la rectitude.
Nous marchions près des rives ; elles étaient infinies.
La déraison, l’arme des cœurs pleins de gratitude,
N’a que faire de nos raideurs ; plutôt elle en rit.

Sauvage, un dragon ailé dans la sombre nuit,
Volait au firmament guettant sa proie nouvelle.
Je gage que son feu éteint cherchât sa Belle.

Il descendit jusqu’à toucher par son haleine,
Une terre misérable, accablée et sans répit.
Avait-il perçu la fleur qui naissait à peine ?

Océan sans rivage

 

La traversée des mondes

dimanche 20 novembre 2022

Amour en inframonde

Tapisserie du 14e siècle tissée à Strasbourg
(Musée autrichien des arts appliqués)


Il nous fut donné le choix, c’est vrai, malgré nous,
D’épouser la joie d’une réelle délivrance,
Mais en chemin, il arriva, malgré nous,
Le début d’une vaine ou épique errance.

Nous fûmes projetée vers un monde étrange,
Nous l’avions oublié, nous le reconnaissons.
Mais ce monde fut l’effet de notre mélange ;
Nous acceptâmes d’y plonger sans concession.

Nous découvrîmes les abîmes d’un Amour,
Le chant impossible d’une grande souffrance,
Sans doute, était-ce la folie d’une béance ?

Défis de la vie, les cœurs meurtris en labour,
Les obsolescences, les défriches d’une âme,
Cette histoire se veut fidèle à l’implacable drame.

Océan sans rivage


La traversée des mondes

Rimes de l’inframonde

Blason des Bermudes (Territoire britannique d'outre-mer)
 
 
Marchant comme hébétées, la flamme et l’allégresse ;
La rose est une lance ; bien meurtri est ce cœur,
N’ayant de l’inframonde qu’un instant de douleur ;
Mais pourquoi les hommes vivent cette détresse ?

D’Azur, le monstre s’échappe et poursuit une chimère ;
Par l’enfant immature, la corde est rompue mille fois.
Où donc s’en va mon âme brisée dans le fracas ?
Le bateau ivre tangue et je n’ai plus de lumière.

Ces rimes connaissent une fin pleine d’amertume.
Le monde a dénié d’entrer à la lueur du flambeau :
La jeunesse trépigne, la vieillesse tombe de haut.

Ces rimes impromptues sont lancées telle une écume,
Lors que la nef sombre et le bois hurle de terreur.
L’océan a pris forme en ces heurts et malheurs.

Océan sans rivage

 

La traversée des mondes