Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

samedi 31 mars 2018

Demi-teinte


Blason de Sassovo (Russie)

Chacun se revendique des autres l'égal,
Surtout s'il appartient à une classe inférieure,
Un principe légitime qu'il se voudrait légal,
Sitôt oublié passé l'échelle supérieure.

C'est couru, l'occasion, dit-on, fait le larron ;
L'on rêve de chausser, au lieu des sabots, les bottes
Et de jouer – pourquoi s'en priver ! – au baron.
Chacun, en son délire, se veut hausser sa quotte ;

On appelle cela, en terme d'emploi, se vendre,
Jusqu'à ce que l'on puisse aller se faire pendre,
Dès que la date de péremption se trouve atteinte.

Quand ne valent plus que l'avoir et le paraître,
Le système n'est plus qu'une fabrique de mal-être
Où l'humanité n'apparaît qu'en demi-teinte.

Marc

Disque rayé


Blason de Bologovsky (Russie)

Le monde est complètement cinglé, il suffit
De marcher dans les rues de Paris : l'évidence
Vous saute à la figure et c'est un vrai défi
Que d'y voir autre chose qu'un soir de décadence.

Entre tous les guignols qui se prennent au sérieux
Et les gens sérieux que ne tue le ridicule,
L'ensemble n'affiche pas un tableau très glorieux.
Les dormeurs diurnes cèdent la place aux noctambules

Dont certains traversent la cité dans un bus
Servant de boîte de nuit, dansant sous une musique
Marteau qui scelle de la pensée le terminus.

N'ayez crainte, ceux que cela concerne ne liront
Pas ces mots ; en leur paradigme narcissique,
Le disque est rayé et les fait tourner en rond.

Le Spectre à trois faces


Carnet de rue

La Vipère et le Hérisson


Blason de Baudonvilliers (Meuse, Lorraine)

Coupé de sinople à la vipère d'argent affrontée à un hérisson en défense d'or ;
et de gueules à la fontaine héraldique d'or remplie d'azur, traversée de trois
sources d'argent surmontée de deux marguerites d'argent boutonnées d'or.

Un jour, le hérisson rencontra une vipère ;
La chose arrive rarement, l'un dormant le jour
Et l'autre la nuit. L'on a écrit sur cette paire
Moult choses qui ne disent pas la vérité toujours.

Pourtant, si le serpent se dispose à l'attaque,
Le hérisson fait face et prend vite le dessus,
Ses piquants le rendant à toute morsure opaque.
« Dame Vipère, passez votre chemin, car l'issue

D'une fâcheuse dispute ne ferait aucun doute.
Lors, il est sage que chacun suive sa propre route.
De votre espèce vous partagez l'utilité,

Tout comme moi, qui me nourris de petites bestioles ;
Je chasse la nuit durant, guidé par les lucioles,
Mais sans avoir, comme vous, l'air toujours irrité. »

Marc

Flamboyances


À Mey, en souvenir d'une pensée partagée

Blason de Somero (Finlande)

Nefs en dentelle de pierres d'un gothique flamboyant
Voguant vers le crépuscule du fier Moyen-Âge
Dont les templiers quittèrent les troubles rivages,
Lors que la tiare s'allia au sceptre foudroyant (1)

Et que le sang royal tari éveilla Albion
Dont les mercenaires ravagèrent les terres de France. (2)
Palais rococo que parfois nous visitions,
Ivres d'un baroque saturé d'effervescence

Qui couve déjà le déchaînement des enfers. (3)
Art Nouveau qui se voudra fleurir l'Âge de Fer,
Euphorie en laquelle fermente la rage des guerres. (4)

Enfin, voici le triomphe d'homo festivus (5)
Qui marquera d'une basse époque le terminus.
Ce qu'il en sortira ne nous surprendra guère...

Marc


*   *   *


(1) Au matin du 13 octobre 1307, par les ordres du roi Philippe IV le Bel et en accord avec le Pape Clément V, les templiers de Paris et de l'ensemble du royaume de France furent arrêtés, emprisonnés et condamnés à mort. Ce jour marqua la fin de l'Ordre du Temple.

(2) Allusion à la Guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre (1337-1453) née d'un conflit dynastique et donc de succession à la couronne de France, après l'extinction de la lignée de Philippe le Bel.

(3) Allusion à la Révolution Française de 1789 qui marquera une rupture irréversible, ouvrant ainsi une boîte de Pandore d'où sortiront les bouleversements futurs.

(4) La Belle Époque s'abîmera dans la folie collective et l'horreur de la Première Guerre Mondiale qui couve déjà en son sein la Seconde.

(5) Mot crée par Philippe Muray (1945-2006) qui indique l'être humain, en tant qu’espèce arrivée à un stade de son histoire où il pense principalement à fêter, à se divertir et duquel, selon l'auteur, il n’y a plus rien à espérer, et la seule tâche encore un peu noble qu’il reste possible d’accomplir aujourd’hui est d’en relever la bêtise.

Les Souffles de l'Aube - Stabilité


Blason de la ville d'Okha (Oblast de Sakhaline, Russie Orientale)


                   C'est dans les yeux que se trouve la Lumière. Le regard nous révèle.
                   L'intelligence est proportionnelle à la Lumière intérieure.
                   Le monde est à notre image. Ce que je vois est en moi.
                   La perception de la Vie est notre prochain monde.
                   C'est cela qui détermine notre Demeure finale.
                   Les perles que nous enfilons sont nos consciences qui se rassemblent.
                   Celui qui voit ses perles voit le Collier.
                   Celui qui voit le Collier voit les barreaux d'une échelle.
                   La Verticalité est une Conscience qui se donne à voir. Elle est discernement.
                   La Stabilité n'est pas un figement de la pensée, ni des humeurs.
                   La Stabilité se manifeste par la constance de l'évolution.

Océan sans rivage


vendredi 30 mars 2018

La caravane passe


Blason de Kemseke (Flandre-Orientale, Belgique)

Ignorons des uns la superbe puérile
Et des autres - la masse - la bovine apathie ;
Chaque génération nous ramène son lot d'imbéciles ;
Et quand même nous aurions pour eux de l'empathie,

C'est loin d'être une raison pour qu'on les ménage.
Pourtant, je ne suis pas meilleure que les autres,
Quand même j'aurais l'air d'un bien étrange personnage
Qui se voudrait jouer d'une chapelle l'apôtre.

Je ne suis pas plus une vendeuse de savonnettes
Que d'une quelconque cause la savante marionnette.
L'on peut voir midi à sa porte, en croyant

Que c'est l'heure du zénith, sauf que le décalage
Horaire place plus d'un en état de pédalage.
La caravane passe quand les chiens sont aboyant.

Le Spectre à trois faces

Mémoire d'outre-monde

Fatum (1)


Drapeau de la municipalité d'Okrug (Russie)

Ce que tu ne fais pas ici, tu le feras
Ailleurs, mais dans des conditions plus difficiles.
C'est ainsi : ce qui est a été et sera ;
Le Destin nous ramène toujours dans la droite file.

Mais peut-il, à vrai dire, en être autrement ?
Est-il jamais un seul instant de l'existence
Qui, sortant de nulle part, advienne fortuitement ?
Même le chaos a son degré de cohérence,

Quand même cela échapperait à la raison,
Car rien ne peut déroger à l'Ordre Cosmique
Où états d'harmonie et faits cataclysmiques

Se succèdent, à la manière des quatre saisons.
Un désordre n'est qu'un plissement de surface ;
Est-il une chose qu'à la fin le temps ne défasse ?

L'Abbé Théophile


Les paroles dites au matin n'ont pas au soir même destin.
(proverbe latin)

mercredi 28 mars 2018

Au-delà de la mort


Blason de Le Mêle-sur-Sarthe (Orne, Normandie)

D'argent au merle de sable posé sur une rivière d'azur agitée du champ et posée
sur une plaine ondée de sinople; au chef de gueules chargé de deux léopards d'or.

Les gouttelettes chantent vives sur la vitre,
Et Le cœur ému reçoit les ondées de pluies.
Entends-tu le bruissement du soleil qui vibre
Des effets du printemps qui ne jamais finit ?

Le Chant du merle, de nos propos à l'aube,
Complice des levers soyeux en notre horizon,
Fond en L’Éternité du regard de L'Hôte.
Je tiens la main ferme de mon compagnon.

Cette Sérénité qui n'est certes pas éphémère
Se gagne à la force d'une vibrante Lumière.
Qui sommes-nous ? Cette constante pensée nous poursuit.

Mais le fragile matin tremble de sa féerie.
N'est-ce pas le Chemin qui se déploie encor ?
Le cœur peut vivre en Lui, au-delà de la mort.

Océan sans rivage


Lire aussi


         Le Chant du Merle 1            Le Chant du Merle 2                   Le Chant du Merle 3

        Lors que jouera le clairon            Vénération du Merle                  L'Aube du Merle

mardi 27 mars 2018

Au soleil


Drapeau de Voskresenskoe (Russie)

Je ne sais point à quoi comparer le soleil ;
J’aime, en un frais matin, rêver sous sa lumière
Et le voir décliner à son heure dernière…
Au petit jour il semble abriter mon sommeil,

Ou bien me consoler de rester en éveil,
Car la chose pour lui est simple et coutumière :
D’Est en Ouest il lui faut franchir la Terre entière,
Brillant au firmament d’un éclat sans pareil.

Sans lui, que saurions-nous de la beauté du monde,
De l’univers bizarre où la magie abonde,
Où l’heure est annoncée par les corbeaux tordus ?

Sans lui, on y verrait comme dans un tunnel,
Comme dans la noirceur du froid originel,
Tâtonnant devant nous, tels des enfants perdus.

Cochonfucius

lundi 26 mars 2018

La Voie du Samouraï : Livres 33 et 34


Mon du clan Juyo Kanawa

Livre 33


Sache, Ô fils aimé, que lors qu’une Voie Céleste se ferme, une autre peut apparaître simultanément. Notre Devenir nous appartient. Nous sommes ce qui peut naître en nous. Telle est La Réalité Transcendantale. C’est en notre Terre intérieure que Le Ciel se trouve. Là où tu te diriges, là sont les pas qui te mènent vers ta destination. Quand bien même La Voie te semble ardue, ne t’en détourne jamais. C’est en ta rigueur et en ta fermeté que réside ta force. Celle-ci est Réalité en toi qui s’inscrit en ton lieu intérieur. Nous sommes loin d’avoir compris cette espace géographique qui se déploie en nous. Lors que j’entrai au service de mon maître, celui-ci me dit : « Aujourd’hui est le jour de ta nudité. Nul apparat, ni ruse, ni fuite : tu es face à toi-même et le combat est rude. La cuisson est inévitable. Ne laisse cependant pas ton repas brûler. En mettant un pied en ce Temple, tu entres en la terre de la vraie bataille. Il n’est plus aucune mise en scène possible à part L’Unique. Toutes les histoires fusionneront en une seule. Toutes tes pensées s’aligneront en une. Tous tes instants seront l’unique instant. Tous tes gestes seront Le Même. Ne te fie ni au jour ni à la nuit qui se succèdent. Ne te fie pas aux événements. Suspends-toi en permanence en ce cheminement de ton âme. Les uns quittent leur famille, les autres leur ville, d’autres encore s’en vont itinérants sur les routes. Ton être est un parchemin qui se donne à lire. Concentre-toi en tes méditations. Fixe assidument ton centre de Lumière. Chaque vie est précieuse de Son Trésor. Aucune consécration n’est juste si elle n’entre pas en ce Désir unitif. Le Samouraï et Son Epée font un. Âme et Corps s’épousent en L’Étincelance d’une Lumière Pré-Eternelle.


Mon du clan Maruni Abenoseimei

Livre 34


Le Sage ne s’ennuie jamais. Il est en ce filet du ruisseau qui s’écoule tantôt chantonnant, tantôt bouillonnant. Qu’importe ! Il existe un Centre et il nous donne à observer ce qui se voit. Le ruisseau devient celui qui rend compte du regard. Chaque élément de La Nature est le regard même de La Rencontre. Aussitôt, Le Ruisseau se révèle être ton âme. Si tu vois en chaque chose Le Regard, alors sache, Ô Samouraï, tu es en le Juste moment. Il n’en est pas d’autres. Tu es entré en L’Essence de La Substance. L’Âme ne trompe jamais. Ouvre les yeux de ton cœur et toute chose te sera à te raconter Son Secret. Laisse Cela te compénétrer de Sa Réalité. Ton cœur sera à L’Unisson du Cœur Divin. Lors que L’Esprit conquiert les Deux Mondes, il apprend le discours du Ciel et de La Terre. En L’Echo, Le secret de La Langue lui est donné. Il voyage sans relâche entre ici et là-bas, et connaît les correspondances de chaque élément. Les yeux de L’Âme sont Les Yeux de tous les mondes et de tous les univers. Tout se vient jusqu’à toi te faire la révérence et te servir. Telle est La Réalité du véritable Royaume de La Conscience. Le prince s’était endormi au pied de l’arbre et la douce brise de l’été le vint le réveiller. Ses yeux s’accrochèrent à La Lune, suspendue en La Nuit éclairée. La servante avait disparu. Son âme s’émut de L’Absence, y goûta les suaves secrets. Néanmoins, Il se leva avec le désir ardent de retrouver la jeune femme. Il ne savait où pouvoir la chercher. « Je suis là » semblait murmurer le feuillage du vent. Des lucioles passèrent, légères de féerie. Son âme s’écria : «Je ne puis vivre sans toi. Il m’est inconcevable de respirer, ne fut-ce qu’une seule seconde sans que tu ne sois auprès de moi.» En courant, il trébucha sur une vieille souche. Il se retrouva à genoux. C’est ainsi que la jeune servante lui tendit une main gracile : « Ne me cherche nulle part, puisque je suis en toi. »

© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï

Se lit aussi sur Naissance et connaissance

samedi 24 mars 2018

La Voie du Samouraï : Livres 31 et 32


Mon du clan Maruni Yotsuishi Chigai

Livre 31

Nous considérons souvent la vie en son apparence linéaire, comme l’alignement d’un souci à résoudre : le souci de la survivance. Que dire lors de cette lumière intérieure qui donne à l’existence de multiples autres dimensions ? Sache, Ô mon fils que la vie est un alignement de croisées à chaque instant. Il n’est pas un temps qui ne s’écoule sans rejoindre Sa Source. Celui qui obstrue cette Lumière est un véritable criminel. Néanmoins, nous ne sommes pas à méconnaître les inégalités de l’homme face à son destin. Il est à considérer que certains sombrent plus facilement en leur sphère de ténèbres, n’ayant aucun moyen de pouvoir réunifier les deux aspects de leur être. Un jour, mon maître reçut un pauvre vagabond ivre mort. Il vomissait et se tordait dans tous les sens en vociférant des obscénités. Le maître demeura imperturbable et lui asséna un coup sur la tête. L’ivrogne s’affala de tout son long. Il gît ainsi toute la nuit au milieu de la cour. La Nuit fraîche le rattrapa. Quand il se réveilla, frissonnant de froid et maugréant quelques jurons, il s’aperçut que le maître était assis tout près de lui et qu’il lui tendait une couverture. J’observais la scène avec beaucoup d’étonnement. L’ivrogne saisit celle-ci et s’en couvrit les épaules. Puis, il se tourna vers le maître et le remercia. Celui-ci resta impassible. Alors, il se passa cette chose étrange : le maître attira le vagabond vers lui avec grande douceur et lui fit poser la tête sur ses genoux comme une mère le fait avec son enfant. C’est à ce moment que le manant se mit à pleurer. Le maître lui caressa les cheveux et finit par lui dire : « Endors-toi, je veille sur toi. » L’ivrogne s’abandonna au sommeil tel un nourrisson. Lors que l’Aube frémit, l’inconnu se réveilla et sanglota de nouveau aux pieds du maître en le suppliant de le garder avec lui au sein du monastère. Le maître acquiesça. Il flottait un sourire sur ses lèvres. Plus tard, lors que je vins vers lui, sans besoin que je l’interroge, il me confia ceci : un homme qui ne sait pas trouver son chemin seul doit pouvoir demander de l’aide. Il en est ainsi du Samouraï : s’il ne sait trouver L’Art de La compénétration, nul blâme, ni défaite, ni humiliation, s’il sait, à temps, trouver un compagnon de route qui connaît le chemin.


Mon du clan Tsukini Hoshi

Livre 32

Celui qui formule les questions est celui qui en donne assurément les réponses. N’en doute pas une seule seconde ! Très peu d’humains savent que nous sommes notre propre pont et qu’en nous, il est un Livre secret qui nous donne à la Lecture intime de notre verbe Divin. C’est ainsi que L’Âme qui s’éveille de son long rêve accède au Livre de La Connaissance pure. Ses yeux s’ouvrent en la compréhension unitive de Sa Réalité existentielle. Il existe un état de rupture qui déchire le voile de ce que l’on appelle rêve. La plupart des humains rêvent leur vie, en l’état même de rêve, sans comprendre - et souvent sans le pouvoir - qu’il s’agit uniquement d’un passage. Ils échafaudent sur un pont des demeures qu’ils ne pourront jamais emporter avec eux. Ils sont loin de réaliser qu’ils sont leur propre arche, leur propre demeure, et qu’en eux, il est une conque, et qu’à l’intérieur de cette précieuse conque, il est une Perle suintante de connaissances qui les donne à Leur Devenir. Devenir est une Reliance, Le Collier de perles qui nous amène à La Toute Reliance. Cherche, Ô Samouraï, en Ton Epée, La Lame de Ton Âme ! Tes yeux exploreront ce que nul jamais n'a vu, ni entendu. Comprends-bien ! Ton histoire est La Singularité de cette Perle, Son Unicité d’être. Ce soir, la servante sembla tarder et Le Prince se sentit soudain à l’étroit. Son cœur suffoquait de douleur. La Lune entra bientôt par la fenêtre et il entendit une voix qui lui murmurait : – Je suis là, me vois-tu ? Il se précipita brusquement vers la fenêtre et vit que la servante était assise sous un arbre. – Viens-donc me rejoindre et embrasse, de ton cœur en émoi, les douceurs de la lune qui unifie, cette nuit, les délicatesses de la nature avenante. Nulle contradiction en ce toucher des Beautés gracieuses que nous offre L’Âme. Elle est en chaque chose à nous parler. Le Prince qui n’avait pas mis le pied dehors depuis des mois, descendit par la fenêtre et se retrouva aussitôt auprès de la jeune femme. Elle était entourée des plus insolites animaux, car ceux-ci ne manifestaient aucune hostilité à son égard et semblaient l’écouter avec attention. – Ceci tient du prodige, Ô femme mystérieuse qui conquiert mon cœur, comme nul ne l’a jamais conquis ! – Lors que L’Esprit voyage en son absoluité, lui répondit-elle avec un sourire radieux, il n’est ni intérieur, ni extérieur, et tout est là qui se côtoie en la plus vénérable des paix.

© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï


Se lit aussi sur Naissance et connaissance

À la sainte Catherine de Suède


Blason de Mühlanger (Saxe-Anhalt, Allemagne)

C'est aujourd'hui la sainte Catherine de Suède
Qui précède cette année le dimanche des Rameaux,
Le printemps suit son cours et les jours se succèdent.
Voici que bourgeonnent le noisetier et l'ormeau,

Tandis que la mésange chante sa ritournelle
Et que fleurit la jonquille au fond du jardin.
L'hirondelle s'en revient joyeuse à tire d'aile
Retrouver son nid d'antan dans le vieux moulin.

L'abeille, heureuse, reprend ses promenades florales
Par la prairie qui respire la vie pastorale.
Viens-t'en marcher sur les chemins de campagne

Et cueillir dans le sous-bois la blanche anémone
Et le coucou au bord du ruisseau qui fredonne
D'une eau nouvelle descendue de la montagne.

Marc

Esse quam videri (2)


Blason de Līvāni (Lettonie)

Qu'est-ce qu'un esprit libre ? Tout d'abord celui
Qui ne soumet pas son être à l'éphémère
Et que seule la voix de l'âme inspire et conduit,
Hors laquelle il n'est qu'illusions et chimères ;

Qui n'espère jamais autre chose pour compenser
Un vide ne révélant que sa propre absence ;
Qui ne cherche pas mille moyens pour exorciser
Ses peurs, faisant de tout objet de connaissance ;

Qui ne s'attache pas plus au décor qu'aux idées
Et jamais ne fonde son agir sur des croyances
Dont il attendrait quelque future récompense.

En lui est une Force que rien ne saurait brider.
Il ne cherche ni le pouvoir, ni la richesse
Et sait que fort peu de choses sont telles qu'elles paraissent.

L'Abbé Théophile


Esse quam videri : « Être plutôt que paraître. »

Esse quam videri (1)


Blason de Jenštejn (Tchéquie)

Qu'a-t-on besoin de raconter à tous sa vie ?
Se pense-t-on récolter plus de reconnaissance
Et se veut-on pavaner sur tous les parvis,
Tels ceux qui ont perdu leur acte de naissance ?

Il est un avatar de l'égocentrisme :
L'individualisme et l'esprit grégaire,
En s'alliant, ont engendré le soi-mêmisme,
Narcissique à souhait, l'on ne s'en étonne guère,

Puisque la sphère médiatique lui offre un champ
D'expression désormais à l'échelle planétaire,
Et l'on doute que quelque chose encor le fasse taire.

Mais tandis que l'ancien monde est à son couchant,
Nous sommes à l'orient d'un nouveau monde qui émerge
Et vers lequel tous les esprits libres convergent.

L'Abbé Théophile



Esse quam videri « Être plutôt que paraître. »

jeudi 22 mars 2018

La Voie du Samouraï : Livres 29 et 30


Mon du clan Yotsuken

Livre 29

Sache, Ô fils aimé, qu’il est une Voie intérieure que l’on ignore et qui pourtant apporterait à l’homme sa véritable délivrance. Désormais, tous ces savants de la religion, qui se font passer pour des érudits, sont loin d’effleurer un seul des instants de La Réalité Divine. La plupart du temps, ceux qui prétendent être en possession de livres dogmatiques sont à avouer derechef leur incapacité à s’extraire du figement de La Lettre. Que savent-ils ? Tout au plus sont-ils à se coller superficiellement à L’Ecriture et usurpent-ils les qualités sacerdotales qu’ils sont loin d’avoir réalisées. Nous savons pertinemment qu’ils sont à obstruer La Lumière du Seigneur en maintenant volontairement le peuple dans l’ignorance. Ils arguent, en leur superbe, d’avoir reçu l’autorité, une autorité qu’ils s’approprient du reste, sans aucun état d’âme. Celui qui fait usage du Livre tel un moyen pour asseoir sa position personnelle et défendre son pouvoir est un être boiteux. Point n’est besoin de comprendre que L’Âme est son propre viatique et que l’âme d’un Sage est La Manifestation d’une Voie Vivante, d’une Voie qui se fait Jour, dans La Nuit obscure de Sa grotte et qui donne simultanément accès à La pleine Réalité Transcendantale. Celui qui œuvre pour Son Seigneur, œuvre avec justice pour l’ensemble de L’Humanité. Il n’est point à séparer les hommes, mais, il leur permet d’accéder à La Connaissance. Ainsi, le sage propose un sens à ce qui semble opposer les hommes et leur révèle ce qui les unit dans L’Absoluité. Le vassal de Dieu est un Trait d’Union entre le Ciel et la terre. Jamais, il ne divise les hommes. Son Discours est consubstantiel à La Voie qui s’est ouverte en lui. La Réalité essentielle de saveurs goûteuses en Son Cœur spirituel a été touché par La Lumière Suprême ; celle-ci l’amène à entrer entièrement en L’Universalité. Lumière sur Lumière. Celui qui ne peut révéler les points de convergence est un faussaire, ou bien, dans le meilleur des cas, quelqu’un qui s’est arrêté en cours de route. Il ne peut donc prétendre à la guidance, car, celui qui ne peut aplanir les points de divergence et donner un sens reliant en toute chose est un homme boiteux. L’homme que l’on est à suivre, est à révéler notre propre état. Si tu suis les pas d’un homme qui use de béquilles, tu seras semblable à lui. Ne confonds donc pas Le Noble Bâton du Pèlerin, qui est à occulter un bon nombre de choses ignorées, hélas, de nos jours, et cette béquille qui est le grand signe d’une impotence avérée.


Mon du clan Taka no Maru

Livre 30

Mon maître avait cette coutume de s’assoir face à la grande porte qui s’ouvrait sur le jardin. Des plantes majestueuses y avaient été disposées en l’art le plus étudié, un art dont je ne méconnaîtrais pas la finesse méthodique. Lors que la pluie jouait dans les feuillages généreux de l’été, les gouttes glissaient en une sorte de couloir étroit et celles-ci se résorbaient l’une dans l’autre. Je m’installai si proche de lui, avec une déférence telle, que mes genoux touchaient les siens. C’est ainsi qu’il m’autorisait à plonger dans la prunelle limpide de son regard ; il s’exprimait uniquement par les yeux et me menait si loin que je voyais la plénitude extatique de son âme. Il me disait : « Nous sommes semblables à ces gouttes et nous rejoignons L’Océan de Grâce. Sache que nous ne cherchons pas à percer les secrets, ni à basculer en l’autre monde, mais, L’Âme ruisselle de L’Océan de L’Origine. Lui qui se cherche est à nous submerger de Sa Réalité sublime. » Le Prince attendait avec impatience le soir, ce moment où la servante, de son pas feutré, tenant de ses deux mains gracieuses la coupe d’eau fraîche, entrait dans la pièce. Il avait ce sentiment qu’elle ne venait de nulle part, et qu’elle était une soudaine apparition. Il se laissait porter par le balancier du temps, alors que la tour chantait avec le vent. Nul n’avait plus le droit de l’approcher, hormis la jeune femme. Ainsi, il se laissait aller en ces vagues tantôt oppressives, tantôt jubilantes que l’amour sait faire déferler en ondes subtiles dans le cœur même du plus rustre des hommes. Il ne donnait aucun mot à ce qui lui arrivait. Il savait que Cela agissait en lui. Il ne résistait pas à cette douce violence. Lors qu’enfin, la servante fut entrée dans la pièce, celle-ci s’éclaira de sa présence. Les mots de son esprit se fluidifièrent à son approche. Elle arrivait au juste moment, lors que son cœur ne pouvait plus supporter son absence. « Ô Prince, quelles ont été vos pensées du Jour ? – Je n’ai plus de pensées, mais la douceur diffuse de votre réalité. Elle seule est toute ma pensée. Lors que vous entrez en cette pièce, mes mots deviennent cette matière substantielle et le sens de ma contemplation se donne en ces perles qui s’unissent en chaque couleur et fusionnent en La seule Perle intense de mon Désir. Êtes-vous à observer votre singularité d’être en ces ruissellements de mots devenus enfin Unité ? – J’observe que mon cœur est devenu un four alchimique par lequel mes états sont multipliés et de même unifiés. Chaque flamme est à me séparer de ma grossièreté et mon humeur est une Essence qui porte votre Nom. – Ô Prince, je ne sais plus si je suis ou si vous êtes ! Je vois tout le long du jour une colombe me visiter et elle me parle du Corbeau de votre Âme. J’y respire Son Parfum, mais c’est en La Colombe que mon cœur s’unifie au vôtre. La pureté est votre citadelle, et votre contemplation, La Source qui s’y révèle.

© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï


Se lit aussi sur Naissance et connaissance

mardi 20 mars 2018

Ô Mouette !


Blason de la ville de Bolshevihorsky (Russie)

Certains nuages se pelotonnent aux rayons
D'un Ciel qui s'émerveille du Soir qui s'allonge.
Du bruissement incandescent de l'horizon,
Le cœur florilège s'évanouit en ce grand songe.

Les pourpres enlacent les vermeilles annonces
Lors que se plissent les vagues de L'Amour.
L'Ecume voyage sans qu'elle ne jamais renonce.
Evanescence de L'Âme en ce noble Retour.

Il m'importe peu d'avoir ces langueurs ;
Puisqu'à Toi elles me mènent aussitôt.
Je flotte au dessus des cercles de L'Apesanteur

Et frémis encor du jour qui décline au Souffle
De Ton Envolée. Est-ce ta danse de tantôt ?
Ô Mouette, pure blancheur qui ne jamais s'essouffle !

Océan sans rivage

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