Mon du clan Ryu no Maru
Livre 57
Lors que La Conscience est libérée de son illusion, il advient que la paix s’installe. Pour certains, cependant, le voyage continue et leur dévoile ainsi d’autres sphères successives, d’autres mondes supra-naturels en cet ici-et-maintenant et qui leur donnent tour à tour, état de conscience et stabilité en La Connaissance. Sache, Ô Samouraï, que celui qui prétend être réalisé et qui ne peut exprimer La Réalité entière de La Tradition depuis l’intérieur, ni d’en expliquer La Sagesse depuis les cycles innombrables de l’histoire de l’humanité, est à révéler son imposture. Que ceux qui ne savent pas se taisent. Que ceux qui défendent des dogmes, les pratiquent, car il n’est rien de plus forfaitaire que de prétendre être reliés à une chose sans en vivre pleinement sa quotidienneté unitive. De fait, Ils feraient mieux de replonger en un Silence salutaire. Que savent-ils, tous ces beaux parleurs de La Réalité Transcendantale ? S’imaginent-ils que cela a pour vocation de satisfaire la part séparée de leur être ? Ne comprennent-ils pas que ceux qui ont été atteints par la grâce du Souffle de La toute Compassion ont vu s’écarter les voiles opaques de leur conscience, et que cela leur a donné une clairvoyance qui leur permet de déceler les figements du mental ? Celui-ci est tel de nos jours, que nous pouvons à peine en révéler la pauvreté et ce en dépit de sa convulsion presque démentielle mise à jour du fait de son orientation exclusivement extérieure. De fait, il n’est qu’à observer ce monde dont la laideur manifeste révèle proprement la laideur intérieure. Toutes nos pensées et tous nos actes se font désormais au grand jour. Même les pires fantasmes deviennent efficients et engendrent un monde infernal. La rapidité, cette hâte d’aller toujours plus vite, opère en ce vivant, si vivant, si modélisable de par Sa Nature, et tend à uniformiser un système de pensée qui génère des mondes terrifiants. Tel est le véritable danger ! Imagine, Ô mon fils, combien les bruits incessants du monde actuel sont à semer la confusion à une échelle dont nous sommes encore loin de soupçonner les effets nuisibles. Une véritable bouillie nébuleuse et dégénérescente est à se répandre telle une peste invisible. Le phénomène est rendu normal, tant et si bien que rares sont ceux qui perçoivent les signes d’un grand trouble. Tout au plus se lamente-t-on de ne pas profiter, comme certains, de la massive libéralisation des jouissances démesurées du matérialisme. Or, la bête est vorace. Les gens titubent sans être ivres. Ils ne sont plus à même de voir, ni de comprendre. Il est dit que la fin des temps annoncera une sécheresse terrible et qu’aucune pluie ne saura être bienfaisante. La terre en l’homme est stérile. Tant que celui-ci ne comprendra pas qui il est, d’où il vient et où il va, les cycles de son enfermement seront à se perpétrer.
Mon du clan Dai Kikyo
Livre 58
Il n’est rien de plus vrai qu’une vie reliée en L’Intériorité. Ô mon fils bien-aimé, sache que la vraie vie est en nous, de même que le cœur des choses. Sache aussi qu’il n’est de réelle séparation qu’en la négation. Tu m’as demandé : qu’est-ce donc que le cœur des choses ? Ô Samouraï, toute idée séparée de sa substance est tenue pour une idolâtrie et toute profondeur est une expérience donnant à chaque chose son goût, tel le fruit révélant la saveur de sa chair et te faisant remonter jusqu’au cœur de Son Origine. Sans cette étincelle, désormais devenue ton épée tranchante, il n’est aucune voie. Car La Voie est Un Rayon qui pourfend le rêve et révèle Le Chemin vers Le Noyau. En cette itinérance, tu perçois La Réalité effective de cette percée, puis tu observes toutes les étapes que tu peux extraire de leur nue de par la lucidité que tu obtiens grâce à La Lumière de ton cœur. Au fil de ton périple tout intérieur, tu seras à réaliser qu’il n’est ni intérieur ni extérieur et pourtant que cette réalité-même n’est jamais antinomique ni paradoxale. Sans cette extériorité, tu ne peux saisir les effets de l’intériorité et sans l’intériorité, tu ne peux observer les effets de La Reliance, puisque les deux perceptions rendues distinctes par un effet de concomitance permanente, mettent en place un lien entre l’idée et sa substance. Celui-ci devient le fil conducteur qui te donne à décrypter les contingences et t’assurer ainsi la guidance vivante en ce monde de transition. Comment donc avancer si le chemin n’est pas rendu visible ? Au départ, tu en connais la réalité par intuition, puis l’aspiration est révélée et s’impose à toi de manière irrépressible. Tu reviens ainsi à ta nature initiale et tu prends conscience que tu es précisément un cheminant. Aussi, peu à peu, cette intuition devient certitude et parachèvement de ton être en la Contemplation pérégrinante. Ô Samouraï, il n’est aucune possibilité d’échapper à ce processus du Retour. Même un aveugle avance sans savoir qu’il avance. Telle est La Destinée. L’Enfer est l’ignorance accrue par l’extinction des sens intérieurs. Si le cœur meurt, ces sens internes meurent aussi. Le fait de ne pas voir n’ôte pas à cette substance Son Absoluité, ni même Sa Véracité, mais révèle plutôt la cécité de celui qui nie promptement cette Réalité. Or, la cécité n’est pas fatalité absolue. Il est toujours une bienveillance qui nous veut nous rappeler à notre Origine. S’il est mille êtres qui se veulent rester séparés et éparpillés, il en est mille autres qui s’impatientent et désirent se mettre en route. Sache, Ô Samouraï, qu’un seul de ces êtres en nous peut réunir toutes les forces les plus incroyables. Mon maître donnait à certains disciples une seule tâche, et ce durant des années. Certains d’entre-eux parvinrent à La Paix de par cette assiduité. Sache, Ô Samouraï, qu’un seul des attributs de Lumière, cultivé avec ténacité et régularité, peut nous faire aboutir au plus inouï des résultats. Il est dit que lors que tu t’orientes dans le but de Le chercher, Le Seigneur s’oriente avec toi. Telle est Sa Largesse. Telles sont les libéralités de Sa Seigneurie. Il est dit : sois seigneurial, et Le Seigneur te vêtira de Sa Parure étincelante. Or, il est une grande sagesse en cette parole, un secret indéniable qui te fait basculer de l’autre côté et qui te donne, non plus à ta simple conscience, mais à La toute Conscience. Alors, tu connais les subtilités de la transformation et de la réalisation. Tu entres au cœur des choses. Ou peut-être, Le Cœur des choses s’ouvre à toi telle une Corolle quintessente. Dès lors, tu n’évolues plus à la périphérie des choses, incarcéré en l’écorce, en la théorie dogmatique, mais tu te retrouves bien en ce Dedans, le sachant avec pertinence, et le révélant sans confusion. Car la nature du Dedans est précisément Révélation. C’est ainsi que le paysan vit s’approcher de lui, en une grâce peu commune, La Princesse. Elle lui sembla éthérée, et néanmoins si présente en sa Réalité, tout en étant impalpable, et si palpable à la fois. Soieries de Beauté évanescente, et éloquence d’une gestualité manifestée. Il fut saisit par cette proximité. La Princesse n’avait jamais été éloignée, puisqu’il sut qu’il l’avait toujours connue et de même que Le Jardin était à Son Image, de même, il comprit que cette oeuvre était précisément La Réminiscence jaillissante de Son Être depuis ses abysses les plus profondes.