Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 30 mai 2018

Vide supra


Blason de Wöschbach (Bade-Wurtemberg, Allemagne)

Il est un temps où l'on se fait un monde de tout
Et un autre où l'on revient de tout, quand l'âge
Vous dispute les moyens autant que les atouts.
Lors, c'est souvent par défaut que l'on devient sage,

Se pensant que des questions l'on a fait le tour
Et que l'expérience suffit à faire viatique.
Sans doute se prête-t-on un contenu au contour
Et donne-t-on au cercle une mesure quadratique.

Mais n'est point sagesse ce que l'on appelle raison
Et ce que l'on tient pour le sommet n'est qu'une base,
Pas plus, d'ailleurs, que l'euphorie n'est une extase.

En la terre intérieure règne la prime saison
Car chaque instant est du Vivant la renaissance
Et l'apparence n'est plus coupée de la substance.

L'Abbé Théophile


Vide supra : « Voir plus haut. »

La Voie du Samouraï : Livres 57 et 58


Mon du clan Ryu no Maru

Livre 57


Lors que La Conscience est libérée de son illusion, il advient que la paix s’installe. Pour certains, cependant, le voyage continue et leur dévoile ainsi d’autres sphères successives, d’autres mondes supra-naturels en cet ici-et-maintenant et qui leur donnent tour à tour, état de conscience et stabilité en La Connaissance. Sache, Ô Samouraï, que celui qui prétend être réalisé et qui ne peut exprimer La Réalité entière de La Tradition depuis l’intérieur, ni d’en expliquer La Sagesse depuis les cycles innombrables de l’histoire de l’humanité, est à révéler son imposture. Que ceux qui ne savent pas se taisent. Que ceux qui défendent des dogmes, les pratiquent, car il n’est rien de plus forfaitaire que de prétendre être reliés à une chose sans en vivre pleinement sa quotidienneté unitive. De fait, Ils feraient mieux de replonger en un Silence salutaire. Que savent-ils, tous ces beaux parleurs de La Réalité Transcendantale ? S’imaginent-ils que cela a pour vocation de satisfaire la part séparée de leur être ? Ne comprennent-ils pas que ceux qui ont été atteints par la grâce du Souffle de La toute Compassion ont vu s’écarter les voiles opaques de leur conscience, et que cela leur a donné une clairvoyance qui leur permet de déceler les figements du mental ? Celui-ci est tel de nos jours, que nous pouvons à peine en révéler la pauvreté et ce en dépit de sa convulsion presque démentielle mise à jour du fait de son orientation exclusivement extérieure. De fait, il n’est qu’à observer ce monde dont la laideur manifeste révèle proprement la laideur intérieure. Toutes nos pensées et tous nos actes se font désormais au grand jour. Même les pires fantasmes deviennent efficients et engendrent un monde infernal. La rapidité, cette hâte d’aller toujours plus vite, opère en ce vivant, si vivant, si modélisable de par Sa Nature, et tend à uniformiser un système de pensée qui génère des mondes terrifiants. Tel est le véritable danger ! Imagine, Ô mon fils, combien les bruits incessants du monde actuel sont à semer la confusion à une échelle dont nous sommes encore loin de soupçonner les effets nuisibles. Une véritable bouillie nébuleuse et dégénérescente est à se répandre telle une peste invisible. Le phénomène est rendu normal, tant et si bien que rares sont ceux qui perçoivent les signes d’un grand trouble. Tout au plus se lamente-t-on de ne pas profiter, comme certains, de la massive libéralisation des jouissances démesurées du matérialisme. Or, la bête est vorace. Les gens titubent sans être ivres. Ils ne sont plus à même de voir, ni de comprendre. Il est dit que la fin des temps annoncera une sécheresse terrible et qu’aucune pluie ne saura être bienfaisante. La terre en l’homme est stérile. Tant que celui-ci ne comprendra pas qui il est, d’où il vient et où il va, les cycles de son enfermement seront à se perpétrer.


Mon du clan Dai Kikyo

Livre 58


Il n’est rien de plus vrai qu’une vie reliée en L’Intériorité. Ô mon fils bien-aimé, sache que la vraie vie est en nous, de même que le cœur des choses. Sache aussi qu’il n’est de réelle séparation qu’en la négation. Tu m’as demandé : qu’est-ce donc que le cœur des choses ? Ô Samouraï, toute idée séparée de sa substance est tenue pour une idolâtrie et toute profondeur est une expérience donnant à chaque chose son goût, tel le fruit révélant la saveur de sa chair et te faisant remonter jusqu’au cœur de Son Origine. Sans cette étincelle, désormais devenue ton épée tranchante, il n’est aucune voie. Car La Voie est Un Rayon qui pourfend le rêve et révèle Le Chemin vers Le Noyau. En cette itinérance, tu perçois La Réalité effective de cette percée, puis tu observes toutes les étapes que tu peux extraire de leur nue de par la lucidité que tu obtiens grâce à La Lumière de ton cœur. Au fil de ton périple tout intérieur, tu seras à réaliser qu’il n’est ni intérieur ni extérieur et pourtant que cette réalité-même n’est jamais antinomique ni paradoxale. Sans cette extériorité, tu ne peux saisir les effets de l’intériorité et sans l’intériorité, tu ne peux observer les effets de La Reliance, puisque les deux perceptions rendues distinctes par un effet de concomitance permanente, mettent en place un lien entre l’idée et sa substance. Celui-ci devient le fil conducteur qui te donne à décrypter les contingences et t’assurer ainsi la guidance vivante en ce monde de transition. Comment donc avancer si le chemin n’est pas rendu visible ? Au départ, tu en connais la réalité par intuition, puis l’aspiration est révélée et s’impose à toi de manière irrépressible. Tu reviens ainsi à ta nature initiale et tu prends conscience que tu es précisément un cheminant. Aussi, peu à peu, cette intuition devient certitude et parachèvement de ton être en la Contemplation pérégrinante. Ô Samouraï, il n’est aucune possibilité d’échapper à ce processus du Retour. Même un aveugle avance sans savoir qu’il avance. Telle est La Destinée. L’Enfer est l’ignorance accrue par l’extinction des sens intérieurs. Si le cœur meurt, ces sens internes meurent aussi. Le fait de ne pas voir n’ôte pas à cette substance Son Absoluité, ni même Sa Véracité, mais révèle plutôt la cécité de celui qui nie promptement cette Réalité. Or, la cécité n’est pas fatalité absolue. Il est toujours une bienveillance qui nous veut nous rappeler à notre Origine. S’il est mille êtres qui se veulent rester séparés et éparpillés, il en est mille autres qui s’impatientent et désirent se mettre en route. Sache, Ô Samouraï, qu’un seul de ces êtres en nous peut réunir toutes les forces les plus incroyables. Mon maître donnait à certains disciples une seule tâche, et ce durant des années. Certains d’entre-eux parvinrent à La Paix de par cette assiduité. Sache, Ô Samouraï, qu’un seul des attributs de Lumière, cultivé avec ténacité et régularité, peut nous faire aboutir au plus inouï des résultats. Il est dit que lors que tu t’orientes dans le but de Le chercher, Le Seigneur s’oriente avec toi. Telle est Sa Largesse. Telles sont les libéralités de Sa Seigneurie. Il est dit : sois seigneurial, et Le Seigneur te vêtira de Sa Parure étincelante. Or, il est une grande sagesse en cette parole, un secret indéniable qui te fait basculer de l’autre côté et qui te donne, non plus à ta simple conscience, mais à La toute Conscience. Alors, tu connais les subtilités de la transformation et de la réalisation. Tu entres au cœur des choses. Ou peut-être, Le Cœur des choses s’ouvre à toi telle une Corolle quintessente. Dès lors, tu n’évolues plus à la périphérie des choses, incarcéré en l’écorce, en la théorie dogmatique, mais tu te retrouves bien en ce Dedans, le sachant avec pertinence, et le révélant sans confusion. Car la nature du Dedans est précisément Révélation. C’est ainsi que le paysan vit s’approcher de lui, en une grâce peu commune, La Princesse. Elle lui sembla éthérée, et néanmoins si présente en sa Réalité, tout en étant impalpable, et si palpable à la fois. Soieries de Beauté évanescente, et éloquence d’une gestualité manifestée. Il fut saisit par cette proximité. La Princesse n’avait jamais été éloignée, puisqu’il sut qu’il l’avait toujours connue et de même que Le Jardin était à Son Image, de même, il comprit que cette oeuvre était précisément La Réminiscence jaillissante de Son Être depuis ses abysses les plus profondes.

Decipimur specie recti


Blason de Zalakaros (Hongrie)

La plupart des gens ignorent que l'on est en train
De les gagatiser en masse et à la louche,
Pour un semblant de vie de plus en plus restreint
Et qui, en bout de ligne, sur rien ne débouche.

Que de sacrifices consentis, de lâchetés
Et de trahisons pour mordre des illusions
Vernies de bons sentiments, pour se racheter
Une conscience, sans doute, ailleurs frappée d'exclusion !

En coupant les hommes de l'essentiel, on leur ôte
Même le nécessaire. Tout va mal. À qui la faute ?
L'on pointe à l'entour, sans soi-même se regarder.

Sans voir, donc, combien chacun alimente la Bête.
L'on croit que tout ira mieux en coupant les têtes ?
Mille repoussent aussitôt, à l'appétence dardée !

L'Abbé Théophile



Decipimur specie recti : « Nous sommes trompés par l'apparence du bien. »

mardi 29 mai 2018

Trois étoiles


Armoiries de Blagovechtchensk (Russie)

Trois étoiles dans le ciel s'extasient d'une Présence
C'est ainsi qu'en leur ivresse, tout est devenu transe
Elles assistent au mariage minéral et de tout polissage
A l'union du royaume végétal, phosphorescence sans âge.
En cette danse primordiale, sont rassemblés les animaux.
L'humain unifié connaît le secret de la forêt majestueuse.
Ce monde est un canal entre les deux, telle la barque sur l'Eau,
Navigation parfois tumultueuse, bien plus souvent heureuse
Les vagues ne sont pas vaines émotions, mais lieu d'une fusion.
Les sphères sont visitées, comme un Temple chaque fois magnifié
Quand le Souffle de la Miséricorde atteint Son Apogée,
Alors la douceur enveloppe L'Amant et son cœur est apaisé.
Des beautés qui ruissellent tels des arbres en fleurs,
Les nouvelles sont extatiques et luxuriants bonheurs.
Là, où chaque chose T'épouse, Tu es L'Océan Illimité.
Des fleuves de Ta Chevelure étincelante, La Lune est Ton Visage
Il sourit aux lueurs aurorales du cœur à jamais hébété.
Il est une Marche en laquelle La Conscience rencontre Le Sage.
Il s'assoit tout près de Lui, et désormais, ne le quitte plus.
Une Main s'est tendue, trois étoiles dansent en L'Inconnu.
Pouvez-vous enfin sourire et remercier tout ce qui vous est advenu ?
Trois étoiles nous veulent conter l'histoire des mages,
Sans doute parlerons-nous tantôt de leur extraordinaire voyage.

Océan sans rivage

dimanche 27 mai 2018

Quo fata ferunt


En écho à Apocalypsis 15


Armoiries des Bermudes (Royaume-Uni)

L'Abbé, en effet, l'Occident est névrotique
- Et je crois que nous l'avons ici assez dit -
Entraînant le monde dans son système erratique
Qui finira dans le mur, comme ce fut prédit.

Le voici prêt à renier sa propre histoire
Pour sacrifier au politiquement correct,
Ne retenant que le plus lisse dans sa passoire
Mais par ailleurs ouvrant grand les vannes de l'affect

Pour se mieux brancher sur l'offre et la demande
Puisque seule prévaut la réalité marchande.
J'ai lu que « l'Occident s'achève en bermuda »...*

L'on ne saurait, je crois, mieux résumer la chose
Et c'est peut-être plus grave qu'on ne le suppose.
La personne n'est plus qu'un individu lambda.

Le Spectre à trois faces



Quo fata ferunt : « Où les destins emportent... »

* Philippe Muray (1945-2006)

Elle

À ma mère

Blason de Minsk (Biélorussie)

                                  Le soir s'invite lentement,
                                  Et c'est à peine si l'on ose
                                  Faire la moindre chose
                                  Pour ne pas interrompre le secret.

                                  Les derniers rayons
                                  S'accrochent aux fenêtres des maisons.
                                  Quelques bruits de pas,
                                  Puis, quelques dernières voix.

                                  Une lumière diffuse éclaire son visage fané.
                                  Elle reprise quelques vêtements,
                                  Des escapades de ses enfants.
                                  Prés d'elle, ils s'amusent gentiment.
                                  Elle lève le regard et leur sourit tendrement.
                                  Un sourire qui s'efface sans laisser de trace.
                                  Son cœur soupire au soir tombé.
                                  Je lui murmure une caresse, à peine ébauchée.
                                  Comme est belle cette femme à la chevelure indomptée.
                                  Ses yeux sont délicats de velours ombragé.
                                  J'aimerais la toucher de mon regard hébété.
                                  Comme longtemps je l'ai contemplée,
                                  Elle, fragile et puissante, je ne peux l'oublier.


Océan sans rivage

(Écrits de jeunesse, 14 ans)

Apocalypsis 15 – Scellées (2)


Blason de l'île de Man (Royaume-Uni)

Mes frères, l'Occident est devenu névrotique
À force de s'abîmer dans les compulsions.
Il est comme sous l'effet d'un puissant narcotique
Qui aurait placé tout bon sens en réclusion.

Mais je crois qu'il est vain d'insister sur la chose,
Tant il apparaît que les consciences sont scellées.
Celui qui ne sait pas que son destin repose
Sur lui ignore ce que les faits peuvent receler.

Les jeux sont faits, il n'y aura plus d'entracte :
L'Âge de Fer est arrivé au dernier acte.
Chacun est à vivre sa propre fin du monde ;

Voyez comme les gens se révèlent à leur insu...
Les portes sont closes, nulle fuite n'aura plus d'issue.
Mais l'on pourra toujours courir, la terre est ronde.

L'Abbé Théophile

En Son Infini



Armoiries de la famille Kushnarenko (Rostov-sur-le-Don. 2010)

Pionniers de L'Insondable, le chemin est tracé.
Mélancolie qui nous parle d'un monde bien fini.
Des grains éparpillés en cet étrange Sablier ;
Extatique pensée en L'Innocence retrouvée.

Qui est-elle pour avoir sombré dans un puits ?
Dis-moi, qui est-elle, lors que L'Âme lui parle encor ?
Ce sont les yeux en prière qui scrutent l'infini.
Mon frère, à genoux, prosternée, ainsi est le corps.

Il devient tour à tour une montagne, un esprit ;
S'envole tel un oiseau jusqu'au bout de lui-même.
Mélancolie des nouveaux jours et des douces nuits.

Les yeux s'épanchent derrière les paupières du soi-même,
Une étincelle de Conscience vaut plus que toute une vie.
Mourir et renaître encor et encor en Son Infini.

J'ai entendu cette voix :

Qui parle encore d’innocence lorsqu’il a connu le mal ? Un cheminant ne tombe pas deux fois dans le même trou. J’aurais aimé garder mon innocence, mais l’époque ne m’a pas laissée. L’Arbre de la Connaissance a débouché sur une chute ; mais qui n’est pas tombé ne s’est pas relevé. Or, la remontée est plus belle que la descente. Etre trompée, m’a appris à corriger, et quand je me suis trompée, j’ai tenté de me corriger. Le discernement vient quand on l’attend. Quant à la folie, elle est pire que la tourmente, mais pour arriver à l’âme pacifiée, ne fallait-il pas aussi la folie ? Enfin, l’humilité que j’ai vue chez les orientaux m’a bouleversée et je connais un maître qui pour parler de lui, parle de son grand père ou de sa mère… et on ne sait jamais de qui il parle vraiment. Je connais un disciple qui a trente ans de parcours et qui s’appelle toujours "le misérable", "le mendiant" lors que son visage resplendit de Lumière…

Océan sans Rivage

Chemin de l'âme (2)


Blason de Novoshakhtinsk (Russie)

Il est dans le cœur des hommes un vide infini
Que seul l'Infini, justement, peut satisfaire.
Point de la forme, en laquelle l'esprit s'ingénie
Et qui ne l'amène, à la fin, qu'à tout défaire,

Mais de la substance, l'en-soi irréductible,
Car elle seule confère à l'être sa plénitude.
Si elle est à la raison inaccessible,
L'âme, pourtant, en a une absolue certitude,

Quand même ce ne serait pas monté au conscient.
Ce qui la guide agit toujours à bon escient
Et nul ne peut circonvenir à son programme.

Ni les petites opinions, ni les grands savoirs
Ne l'atteignent. Pourtant, l'âme peut la percevoir
Quand, dans le silence d'un regard, brille cette flamme...

L'Abbé Théophile

vendredi 25 mai 2018

Trésor


Blason de Berezhnivka (Ukraine)

J'allais, un livre à la main, le long des sous-bois.
Je levais les yeux, lançais aux cieux tout mon émoi.
Marché-je encore contemplant Le Contemplé ?
En chacun de mes pas, L'ai-je jamais oublié !

Puissante nostalgie, aux rayons opales de Lune,
Il est Béance d'Amour, qu'un feu allume,
Lors que le cœur tremble de toucher le Divin,
En Lui est ce goût dont l'Âme connaît le Parfum.

Je n'ai pas cherché à m'orner de vils cailloux.
Le cou est trop fragile pour porter tel fardeau.
En ce monde combien qui ne le bafouent ?

Aujourd'hui, je marche encore et je tisse mes mots
Sur la soie fine qu'emporte le vent et qu'il hisse
Au firmament d'Amour devenu Son Calice.


Océan sans rivage

mardi 22 mai 2018

La Gemme


Armoiries de Jdanivka (Ukraine)

Je m'en souviens en Lui, mon frère, en Sa Maison,
En Sa toute Majesté, en Sa Beauté Altière.
Aux fontaines, nous avons bu, sous les frondaisons,
Gorgés de Son Silence nimbé de Mystère.

Nous avons laissé flotter le vent aux branches
Puis s'évanouir toutes nos douleurs en Son Sentier.
De ces écorchures de nos longues nuits blanches,
Nous avons trouvé La Gemme de notre Amitié.

Qui avait conçu cette singulière passerelle ?
Qui avait destiné que nos âmes s'unissent ?
En ce Lac d'Azur lors que Tout nous y appelle,

Lors que les corolles du ciel, à L'Aube, frémissent,
Le temps est aboli ; voici que La Présence
Est, à une vie entière, en donner tout le sens.

Océan sans rivage


Lire aussi

Parfum d'antan

Métaphysique des nombres : Trois


Blason de Rosegg (Carinthie, Autriche)

Le Verbe de Dieu trace le monde sous les trois formes
Que sont la Lettre, le Nombre et la Parole.
Mille noms Le désignent mais aucun ne Le nomme,
Pas plus que ne Le contiennent mille acropoles. (1)

La Lettre revêt l'esprit, elle en est l'empreinte ;
Le Nombre régule et ordonne son mouvement ;
La Parole insuffle la Vie et donne l'Étreinte (2)
Par laquelle l'âme entame son retour sûrement.

Le Trois c'est la conciliation des opposés ;
Il donne au Multiple un point de convergence
Et au Manifesté un chemin d'émergence.

Car le dépassement de la dualité
Ne se peut atteindre que par la Verticale.
Se ré-unir, telle est la Voie Originale. (3)

L'Abbé Théophile


(1) Le mot « acropole » est ici entendu au sens étymologique de « lieu élevé », à la fois citadelle et sanctuaire.
(2) L'Amour, en fait, qui est à l'origine, au cœur et à la fin de toutes choses.
(3) Être original c'est être soi-même, certes en sa singularité intrinsèque, mais surtout en son unicité foncière, originelle donc destinale.

Métaphysique des nombres : Deux


Blason de la ville d'Ajaccio (Corse)

Le Deux c'est la confrontation, l'opposition,
L'état de séparation d'une conscience duelle,
Qui n'établit avec le monde qu'une relation
De projections sur des lignes translationnelles.

Le Deux c'est aussi le début de toute union
Dont les termes ne peuvent s'élever en un troisième
Que s'ils dépassent le stade de la confusion,
Car tout sera défait qui ne vise le suprême.

Le Deux éveille la conscience d'une polarité.
L'Un symbolise l'Essence et le Deux l'Existence,
Le second tirant du premier sa pleine substance.

L'altérité donne mesure à l'identité
Mais leur ascendance est en L'Un Unique et Même.
Tous les noms ne naissent-ils pas de L'Unique Monème ?

L'Abbé Théophile

La Voie du Samouraï : Livres 55 et 56


Mon du clan Igetani Takedabishi


Livre 55


Qui résistera à La Puissance Divine s’il ne s’en approche pas avec mesure, tempérance et connaissance ? Or, L’homme a pour vocation de revenir vers Son Origine. C’est un fait, et personne n’y échappera. Lors que l’homme résiste, cette puissance lui apparaît tel un courroux terrible. Ceux qui lèvent leur regard en Lui savent qu’il faut faire acte de réunification. Cela passe par la méditation, par des œuvres de consécration, des dons, et surtout par une réalité d’intention profonde. Sans entrer en La Conscience de L’Intention, le temps se rallonge, les distances aussi. Ô fils tant aimé, je sais que nous vivons des temps difficiles et qu’il suffit d’une seconde d’intention pour qu’alors celle-ci plie les distances que l’on ne soupçonne plus. Aie donc en toi cette pensée unifiante et abandonne toute querelle. Je t’ai vu dernièrement devoir affronter quelques-uns qui te houspillaient. Tu as levé la main avec grande maîtrise, j’en conviens, mais, en levant ainsi cette main, n’as-tu pas donné à ton ennemi l’occasion de te maltraiter ? Certes, les uns et les autres éprouvent tant et si bien le néant en leur cœur froidi que leur seule phénoménalité devient l’offensive. Ils ourdissent des complots et cherchent incessamment à faire montre du territoire qu’ils imaginent être leur. N’est en vérité menacé que celui qui croit posséder. Telle est la crainte de l’homme : perdre ce qu’il n’a pas, ce qu’il n’a jamais réellement eu. Tout compte fait, n’est-ce pas absurde ? Que possède-t-on réellement lors que nous venons au monde nu et que nous repartons de même ? Le fait de ne pas être en La Lumière ternit atrocement les perceptions et le mental, qui a pour vocation d’être un véhicule, devient un véritable enfermement. Certains samouraïs te jalousent ? Ne reçois donc pas leurs injures et leurs dénis. Ceci est à les révéler. Lors que tu les accueilles avec sagesse, ils se sentent d’avantage démunis, et réagissent parfois bien plus violemment que l’on ne saurait le concevoir. Le Samouraï sait quand il n’a plus le choix. Or, il est un seul choix possible : cesser tout conflit. Ta stratégie consiste à ne pas donner prise aux compulsions de ceux qui se vivent profondément comme séparés de leur Principe. Ils vivent en s’adonnant à leurs pulsions et imitent L’Art de la chevalerie, lors qu’en vérité, en eux, il n’est que mensonges et traîtrises. Observe leurs yeux et tu comprendras assurément ce que recèle leur âme. Revenons à cette Puissance de L’Origine qui tend depuis des milliers d’années à se vivre en l’homme par usurpation et ruse. Il détourne cette merveille, ce secret d’entre les secrets à des fins viles et bassement territoriales. Sache, Ô Samouraï, les gens n’ont guère évolué, cela en dépit du fait qu’ils soient à le croire, car ne demeurent-ils pas fondamentalement des rapaces déguisés ? Néanmoins, qui veulent-ils tromper ? Ils sont leur propre piège, puisque c’est en eux que l’illusion s’imprime. C’est par eux que ce monde vomit tous ces immondices du mental qui ne sait plus ni s’observer, ni même se gouverner.


Mon du clan Kasane Igeta


Livre 56


Les samouraïs de L’Assemblée Céleste agissent sur les plans subtils comme il n’a jamais été en aucun temps : Ils ont cette mission qui est de redonner à L’Humanité Sa Réalité Mémorielle. Tous nous œuvrons afin d’éveiller les cœurs purs, les cœurs riches en leur intériorité et emplis de bonté naturelle. Quelques uns sont près déjà et s’ouvrent à cette ère du Renouveau, tandis que d’autres s’enlisent dans les méandres du dualisme et du dogmatisme surajouté et erroné. Il est une Réalité qui se doit d’être proclamée : nous sommes responsables de ce monde, et nous sommes responsables de notre Devenir. Sache, Ô Samouraï, que La délivrance libère de l’espace à La Conscience et simultanément révèle L’Autre Monde par anticipation. Il est des êtres qui accèdent à cette Réalité, sans dissociation et en une perpétuelle continuité, car rien n’est jamais rompu. Lors que nous parvenons à Cela, nous entrons en Ce Regard créateur. En ce Présent de L’Action, c’est-à-dire en L’Acte d’être, et nous n’avons plus d’autre occupation que celle-ci : se relier à ce qui est Lui. Quand bien même serions-nous à nous aligner en cette dimension du Temps linéaire, quand bien même serions-nous à percevoir le passé et le futur, nous sommes en La Création nouvelle et perpétuelle. Le Pont est jeté. L’Esprit voyage partout et sans restriction. Il entre dans Le Jardin D’Éden. Il a accès à toutes les bibliothèques Terrestres, Célestes et Cosmiques. Il est Libre. L’Apocalypse attendue par toutes les Traditions n’est pas une punition comme nous pouvons le croire de par notre limitation, mais le prétexte pour enfin révéler clairement ce qu’il en est de La Réalité. Donner la pleine possibilité à l’homme de comprendre enfin ce qu’il est, et lui permettre de repartir avec de nouvelles informations, de revivifier son programme intérieur qui, las, nécessite une secousse essentielle afin que soit ré-harmonisée La Création, selon Sa Loi intrinsèque. Car, en Elle se trouve la clé de L’Éternité. L’homme aspire à vouloir se libérer de ses souffrances, mais il opte en l’aspect le plus illusoire de sa condition impermanente : projeter en ce monde La Puissance d’Origine et l’y fixer, lors que ce monde n’a pas vocation d’être éternel. L’homme s’est éloigné de sa véritable source d’émancipation : L’Âme. Il a perdu La Lumière en Lui qui le ramènerait à Sa Demeure Première : Le Royaume de Dieu. L’homme a voulu établir une demeure en ce qui ne dure pas. Son atrophie a donné libre-cours à un monde de prédation. Or, la prédation mentale engendre la prédation matérielle et de fait, engendre la Bête dévoreuse. Son oubli le mène de dérive en dérive quantitative et compulsionnelle. L’accumulation des biens matériels et l’ostentation égotique sont le signe d’une grande confusion intérieure. Chercher la qualité intérieure, se mettre en accord avec tout l’univers en ce cheminement c’est d’abord renouer avec Le Seigneur, Lui qui est notre Chemin et notre Retour, notre Vérité, notre Trésor. Lors que L’Aube se levait sur ce qu’Il nommait à présent Le Jardin, lors que les rosées perlaient sur chaque herbe et chaque feuille, lors que le merle entamait sa louange incantatoire, lors que les bruissements légers défroissaient les pétales de velours de chaque fleur et que chacune s’offrait en sa beauté renouvelée d’amour, le paysan perçut un bruit dans la roseraie. Il se leva et fit quelques pas : quelle ne fut sa stupéfaction ! Une femme s’y tenait et lui souriait. Il faillit s’évanouir. Cette femme aussi belle que mille roses à la fois n’était nulle autre que La Princesse.

© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï


Le bonheur est dans le pré


Blason de Raseborg (Finlande)

T'en souvient-il ? Nous passions des journées entières
Dans les prés fleuris, avant que la fauchaison
Ne s'en vînt coucher les herbes hautes et altières.
Et sitôt passée les travaux de fenaison,

Nous arpentions à pas d'Indiens la prairie rase
Quand nous entendions le chant de quelque grillon
Et celui, aussi, de l'alouette, tout d'extase,
Qui nichait à même le sol, entre deux sillons.

Nous fûmes nous-mêmes souvent ivres de son ivresse,
Étonnés que tant de beauté enchanteresse
Ne suscitât chez tous le même enthousiasme.

Le bonheur est dans le pré... Une gentille formule
Qu'il faudrait graver en lettres d'or majuscules
Partout où règnent l'ennui et le marasme.

Marc

Prairie du Wissli (Basse-Alsace)


Post-scriptum

Nous savons bien, dans le fond, que l'homme d'aujourd'hui
Ne goûte guère aux joies simples pourtant si profuses,
Sans même voir que ce qui l'euphorise le conduit
Par des voies obtuses vers des fins plates et confuses.

Après tout... Laissons-le courir les lieux courus,
Nous n'en aurons partout ailleurs que plus d'espace.
Oui, tandis que les gens s'agglutinent en masses drues,
Disparaissons à leurs yeux, sans laisser de trace.

Passant, si tu trouves un coin tranquille, garde-toi
D'en parler et de le crier sur tous les toits.
N'oublie pas que nous vivons dans un monde de brutes

Dont le nombre, hélas, semble faire des progrès.
L'on n'efface pas la bêtise par simple décret
Car ceux qui les dirigent en leur sein se recrutent.


Photographies de l'auteur (Pentecôte 2018)