Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mardi 31 janvier 2023

Dérive des rêves

Armoiries du Shri Lanka (Asie)
 

Comme des rêves, les hommes savent butiner âprement,
Vautrés en des visions hallucinatoires !
Et je ne sache plus dangereux que ces rêves déments :
Certaines douceurs cachent les pensées les plus noires.

L’usine à rêves entraîne la roue du saṃsāra, *
Une puissance redoutable, un piège inexorable.
Les cœurs s’épuisent au contact des faux apparats.
Substrat du rêve sans reliance est une ruine probable.

Cette course effrénée est presque pitoyable.
Est-ce cela l’Inframonde ? Un chaos sans fond ?
De dérive en dérive, la cité devient misérable,

Tandis que le sage se tient loin des infrasons.
On dit que les remous sont les turbulences de l’âme,
La confusion des genres, le règne le plus infâme.

Océan sans rivage


La traversée des mondes
 
* La vie dans le monde de la multiplicité, selon l’acception de Ramana Maharshi.

lundi 30 janvier 2023

Alchimie

Blason de Bolchelutski (Russie)

 

Je demeurais longtemps en ce puits de larmes,
Goûtant à leur sel exsangue, au four des deux mers,
M’arrachant de leur plainte, de leurs sillons amers,
Puis, j’entrais dans un désert sans aucune arme.

En cet inframonde, je connus les battements,
Les lourds soubresauts de l’ignoble ignorance,
Je vis l’immonde en moi-même et ses souffrances,
Je vis aussi, une lumière, un buisson ardent.

Je suivis Moïse et gravis le Mont Sinaï,
A la blessure de mon âme, saignant le Calice,
Je vis, dans le secret, mon regard ébahi

Les écritures jaillirent du fond des Abysses,
Et mon cœur crut mourir d’un Amour inconnu :
Il fût dévasté, totalement mis à nu.

Océan sans rivage

La traversée des mondes

Les oracles de Cumes (7)

Énée et la sibylle de Cumes (détail) par François Perrier (1594-1649)


D'être peu pénétrés par la modernité,
Quelques peuples sont encore pétris de sagesse.
À l'inverse, une grande partie de l'humanité
Témoigne de plus en plus d'un état d'ivresse

Qui s'illustre par la subversion des valeurs.
L'Occident, surtout, déjà en pleine décadence,
S'enfonce plus profond dans l'affaissement des mœurs
Et poursuit ainsi son suicide à pleine cadence.

La nature, Dieu merci, reste fidèle à jamais
Et nul n'imagine qu'elle puisse marcher sur la tête,
Depuis la moindre plante jusqu'à la petite bête,

Lors que l'inversion humaine atteint des sommets
Qui font de l'ombre aux turpitudes de Sodome.
Cette époque fait du pire des précédentes la somme.

Chroniques d'un monde finissant

  

Blason d'Auvers-le-Hamon (Sarthe, Pays de la Loire)

dimanche 29 janvier 2023

Spectre

Blason de Gréoux-les-Bains (Provence)
 
Coupé : au premier d'argent au loup de sable et au second d'azur à l'écureuil d'argent.

L'on ne parle que d'inflation, de pénurie,
Et de plus en plus craignent pour leur subsistance.
Après tant d'années de folie et d'incurie
S'en revient le spectre de la maigre pitance.

Chacun essaie d'emplir son frigo comme il peut
Et surtout – sait-on jamais – de faire des réserves.
À ce train, ce sera bientôt le sauve-qui-peut !
Mais Dieu seul sait ce que l'avenir nous réserve.

D'évidence, l'on assiste à une fin de règne.
La bête libre, à vrai dire, ne s'en émeut guère
Car elle est logée chaque jour à cette enseigne.

C'est peut-être un mal pour un bien. Le sait-on ?
Mais comme ils sont en train de fomenter une guerre,
À la faim s'ajouteront les coups de bâton !

Le Spectre à trois faces



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Fin de règne

Sépulture

Blason de Gabčíkovo (Slovaquie)


Parfois, le long des rives, quand tremble le roseau,
Lors que souffle le vent qu’une douce voix féconde,
Des propos venus d’une Sagesse d’Orient, en ondes,
Guident mes pas jusqu’à ce vétuste vaisseau.

Soudain, comme subjuguée par le matin nouveau,
Mon regard aspergé par les reflets du monde,
Le cœur ému par les transparences profondes,
Je vois passer le jade et de bien vieux rouleaux.

Ils s’ouvrent à ma solitude, telle une sépulture,
Et j’y découvre la beauté d’une pâle figure,
Visage auroral qui me secoue toutefois :

Qu’est-ce donc de plier ou de crier victoire ?
Le Destin exige une souplesse, même en Ses Lois,
Le roseau chante les défaites tout comme les gloires.

Océan sans rivage
 

Centrage (2)

Blason de Veert (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)
 

La possession ne me définit pas,
Qu'elle soit matérielle ou immatérielle.
Le vrai « je » ne se trace pas au compas
Car il est de nature spirituelle

Et donc, en cela, irréductible.
Tout ce qu'il manifeste est composé
Et s'en trouve par là même divisible
L'esprit est-il à la forme opposé ?

Dans l'unité, cette question est oiseuse,
Tout autant que les réponses sont vaseuses.
Elles font encore couler beaucoup d'encre

Chez ceux qui cherchent midi à quatorze heure,
Ayant perdu l'adresse de leur demeure
Et ne sachant plus où jeter l'ancre.


Centrage (1)

Héraldique universitaire de l'empire britannique

Après Oxford et Cambridge, ainsi que les armoiries des grandes écoles, nous poursuivons avec l'héraldique universitaire du Royaume-Uni, du temps de l'empire britannique dont la durée s'étend depuis l'Acte d'Union de 1707 jusqu'à la cession de Hong Kong en 1997, avec une série de chromolithographies datant de 1923 (au moment de son apogée) éditée par la manufacture de tabac W.D. & H.O. Wills de Bristol, en Angleterre (1786-1988). Les armoiries des universités de Londres, d'Irlande, d'Aberdeen, de Belfast, de Bombay, de Bristol, du Cap of Good, de Dublin, de Durham, d'Édimbourg, de Glasgow, de Hong Kong, de Leeds, de Liverpool, de Madras, de Manchester, de Melbourne, du Queensland, de Sheffield, d'Andrews, de Sydney et de Wales. La représentation graphique des blasons de cette époque est complétée par celle d'aujourd'hui, certaines universités ayant plutôt opté pour un logo.

samedi 28 janvier 2023

Marche arrière toute !

Blason de Uetz-Paaren (Brandebourg, Allemagne)

Quand on naît idiot, on ne meurt pas ingénieur,
Mais on peut se soigner entre les deux, sans doute.
Cesser, d'abord, d'être son propre fossoyeur.
Dès lors, il n'est qu'une solution : marche arrière toute !

Car si le monde se destine au final fracas,
C'est parce qu'un grand nombre a perdu la boule.
Faute de rétropédaler, c'est dans la semoule
Que l'on pagaiera, si ce n'est déjà le cas.

« Guerres et bruits de guerres » annonçaient les écritures. *
L'Occident n'a pas fini de se suicider
Car les chars n'ont pas eu le temps de s'oxyder.

A-t-on oublié les précédentes déconfitures
Et l'Histoire n'a-t-elle jamais servi de leçon ?
Toute amnésie de confort comporte sa rançon.

* * *

Et celle-ci s'annonce particulièrement lourde.
L'on aura beau jeu de jouer aux aveugles,
Autant que de feindre d'avoir les oreilles sourdes
Car aucune n'échappe au Moloch Baal qui beugle.

Incriminer les dirigeants ? La belle affaire !
Ces branquignols ne sont que des masses le reflet
Et dont celles-ci ne veulent pas vraiment se défaire.
La plupart se rangent au premier coup de sifflet.

L'on continue de se fier aux diplômés,
Surtout aux ronds de cuir des plateaux médiatiques
Qui bavassent d'autant plus qu'ils sont eux-mêmes paumés.

Cessons de nous laisser transformer en robots
Et de sacrifier à l'État technocratique
Ainsi qu'à leur Ripoublique qui part en lambeaux.

Le Spectre à trois faces


* Matthieu 24:6 et Marc 13.7

vendredi 27 janvier 2023

Ligne tracée

Blason de Chaa-Kholsky (République de Touva, Russie)

 

Trop loin à l'est, c'est l'ouest, disait Lao Tseu.
C'est dire qu'il n'ignorait pas que la terre est ronde.
Ce sage, comme on sait, était loin d'être verbeux,
À l'exact inverse, donc, de ces temps de faconde.

Nul ne peut être plus royaliste que le roi,
Ni plus divin que Dieu ; ce serait une outrance,
Telle qu'en témoigne cette époque par pleins charrois
Et qui multiplie sans frein ses intempérances.

Siddhartha enseignait la voie du juste milieu,
La plus simple, certes, mais sans doute la moins facile.
Se croit-on l'atteindre qu'on s'en trouve à mille lieues !

On pense à la formule « trop c'est comme pas assez ».
C'est pure raison, nul besoin de tenir concile.
Il y a longtemps que cette ligne est tracée.

L'Oie, la Cigogne et le Brochet

Blason de 's-Graveland (Hollande Septentrionale)
 
Tiercé chapé ployé : au premier de gueules à l'oie contournée couronnée d'or ; au deuxième d'argent à la cigogne d'azur ; au troisième du même au brochet d'or aussi.

« Gente Oie, que vous vaut d'être ainsi couronnée,
Vous que l'on tient d'ordinaire pour une bête stupide ?
– Cette réputation est dure à déboulonner,
D'autant que la plus sotte ignorance la préside,

Moi qui symbolise, au contraire, l'intelligence.
– Cela est fort injuste, répond la cigogne.
– Dieu merci, l'héraldique répare telle négligence,
Quoique n'étant pas du bestiaire le genre qui cogne.

– Suis-je, quant à moi, mieux traité ? ajoute le brochet,
Je passe pour cruel, selon l'opinion commune admise,
Moi dont la vie peut finir au bout d'un crochet !

Un blason nous rend justice, cela est fort bien ;
Mais il faut du temps pour qu'une idée soit démise.
Peut-être y contribuera cet entretien ? »

Le bon trappeur

 Poussés par les nécessités de l'existence,
Les hommes se sont toujours montrés très inventifs
Pour survivre et assurer leur subsistance,
Sans être sur les conséquences très attentifs.

Un ours distrait mis sa patte dans un piège à loup
Et ses tentatives pour s'en libérer furent vaines.
Les dents pénétraient sa chair comme autant de clous.
Le jour se promettait heureux ; lors, quelle déveine !

Un trappeur de passage aperçut l'animal.
Il aurait pu l'achever sans le moindre mal
Et se féliciter d'un beau tableau de chasse.

Mais comme cela lui aurait semblé peu loyal,
Il eut pour la bête malheureuse un geste royal,
Après l'avoir rassurée contre toute menace.


Histoires fromagères

mercredi 25 janvier 2023

La petite laitière (2)


Nanette, qui fut déjà évoquée en ces pages *
Et qui se plaignait de sa triste condition,
Est devenue à cet égard beaucoup plus sage,
Et sans y mettre la moindre abnégation.

Le confinement, suite à la crise sanitaire,
Et l'état plus que piteux de la société
Ont eu sur son esprit un effet salutaire.
« Ce monde n'offre que contraintes et contrariétés

Allant jusqu'à vous disputer, même, le pain sec
Et trouvant mille manières pour vous clouer le bec.
C'est bien cher payer pour mener une vie d'esclave !

Je suis assurément mieux ici qu'ailleurs,
Plutôt que d'être la larbine d'un employeur.
Au moins, céans, je me sens comme dans une exclave. »

 

Histoires fromagères

dimanche 22 janvier 2023

Noblesse

Blason de Peresvet (Russie)
 

     La Noblesse procède de la Lumière, tout comme les attributs Seigneuriaux en sont la Manifestation. Hautes vertus sacerdotales qui vêtent les épaules du preux, et combien d’hommes se perdent dans leurs vulgaires aspirations ! Depuis les effluves célestes, les noblesses jaillissent du tréfonds des cœurs et donnent à l’homme ses qualités pures. Il marche sur terre avec la vêture de l’équité, les atours de la beauté. Il émane de lui, et au travers de ses actes, l’essence lumineuse de son cœur. Il ne volera pas les biens des orphelins, ceux-là mêmes qui ont perdu la trame existentielle, les repères et les connaissances. Jamais, il n’abuse de la candeur de l’autre, car telle est la fragilité des orphelins. L’homme vertueux est gorgé d’Amour et entre en état de service vis-à-vis de ses prochains. Il n’élève pas la voix au-dessus des sages, ni n’outrepasse leur rang. L’homme intègre veille sur son âme et soigne son cœur. Il est celui qui entre en harmonie avec l’Intelligence et se montre magnanime et juste envers son prochain. Il prend soin des autres et s’occupe, en premier lieu, à se réformer lui-même plutôt que de chercher à réformer les autres.
 
 
Blason de Pourquery de Boisserin (1851-1920)


     Cet homme est humble et veille à ne jamais blesser qui que ce soit. L’autre est son frère ; l’autre est lui-même. Lors des discordes, il établit l’entente. Lors des cordialités, il cimente les liens. Il ne trahit pas ses pactes. Il n’oublie jamais ses promesses. Il couvre son frère d’un long manteau de mansuétude. Il n’est point besoin pour lui de s’effacer, puisqu’il a toujours privilégié l’autre. Il est le chevalier. Il est le Roi. Son épée tranche devant l’injustice, car son épée est la Vérité. La Noblesse est sa robe, et la Noblesse est son âme. Il vit les épreuves avec témérité sans sourciller. Sa bravoure est celle de ceux qui ont traversé les arcanes subtils de leur âme. Ils ont veillé les nuits obscures jusqu’à ce que leur bouclier incandescent se fonde en leur être tandis que la cité céleste est leur demeure. La Noblesse est un souffle purificateur. Il est Souffle si fort que l’âme brisée renaît de ses cendres et, victorieuse, elle chante et proclame victoire du Roi. Ô Noblesse ! Tu es le mariage avec l’Épousée. Tu es Rayonnance et ton corps s’éveille tout en s’unifiant au firmament. Ô Noblesse ! L’homme purifie son cœur par mille bravoures, mais c’est le Roi qui est couronné ! Comprends-bien !
 
 
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Table rase


Le Français de souche est qualifié de Gaulois
Pour le distinguer du citoyen allogène.
Ce surnom n'est pas toujours du meilleur aloi
Quand il sert à pointer l'habitant indigène.

Le sang des Celtes que les siècles ont dilué,
S'il échauffe les esprits, ne coule plus dans les veines.
D'une mémoire lointaine que l'on aime à saluer,
Les évocations semblent aujourd'hui bien vaines.

L'on aimerait concilier modernité et racines,
Sans admettre leur plus parfaite antinomie
Car la première prône le changement qui fascine,

N'ayant de cesse de faire du passé table rase
Et de réduire le monde à la monochromie,
N'étant plus très loin de cocher les dernières cases.


Histoires fromagères

samedi 21 janvier 2023

Rome n'est plus dans Rome

 Blason de Bagnes (Canton du Valais, Suisse)


Il ne suffisait pas de la pensée unique
Qui a rendu obsolète l'usage du cerveau,
La moindre divergence passant pour cas clinique
Car pas une tête ne doit dépasser le niveau.

Ce n'était pas assez de braire comme des ânes
Ou de bêler à l'unisson comme des moutons
Pour répéter tout ce qu'on enfonce dans les crânes,
Se contentant de miettes ou à peine d'un croûton.

Nous savions déjà que le chat n'est plus un chat,
De sorte qu'à nommer les choses vous vaut mille crachats ;
Voilà qu'en plus la femme n'est plus femme ni l'homme homme ;

Que le genre se réduit à une simple option,
Au plus grand mépris des lois de la Création.
Comme le disait Sertorius, Rome n'est plus dans Rome. *

Le Spectre à trois faces


* Sertorius, pièce de Corneille (1662)

Les oracles de Cumes (6)

La Sibylle de Cumes par Michel-Ange (1475-1564)


Ce monde matérialiste est dans le désarroi
Comme jamais il ne le fut en aucune époque.
Ses inquiétudes sont-elles les prémices de l'effroi,
Lors même que les moins égarés battent la breloque ?

Voici venus les temps de la grande confusion
Qui nous fut annoncée par les écritures.
Parvenu au paroxysme de l'illusion,
L'humanité se cherche une nouvelle quadrature.

Car la voici patinant sur elle-même, à vide,
Ne sachant plus ses origines ni son destin
Et pourtant plus que jamais cupide et avide,

Comme se voulant repaître encore et encore
De son image brisée, n'ayant plus même l'instinct
De sa nature, se mirant telle une vieille pécore.

jeudi 19 janvier 2023

Si le grain ne meurt

Est-il geste plus auguste que celui du semeur ?
Sa main confie à la terre la moisson future
Car nul blé ne lèvera si le grain ne meurt ;
Telle est depuis toujours la loi de la nature.

Il n'est rien d'existant qui ne soit composé ;
Sans cesse, tout se décompose et tout se transforme.
Quand même les éléments paraissent se reposer,
Est-il en réalité quelque chose qui dorme ?

De fait, ce qui est ne peut pas cesser d'être. *
Le repos n'est jamais qu'un point de suspension
Qui rythme les mouvements d'une respiration.

N'est-il pas dit que c'est deux fois qu'il faut naître,
Selon la chair d'abord, ensuite selon l'esprit ?
Il faut plusieurs vies avant de l'avoir compris.


Histoires fromagères