Lors que Deux se rencontrent, sont-ils L'Esprit qui se singularise et se féconde ?
Nul ne peut défaire ce qui de L'Esprit naît.
Ils sont corps et ne le sont pas.
Ils sont plus que tout Cela !
Laisse-toi submerger par cette subtilité de Toi en Toi.
Deux se rencontrent sur un chemin et sont surpris.
- Toi ?
Il n'est pas de plus grande merveille que de voir La Vie !
Le Roseau a dit : j'ai désiré Te connaître, et comment puis-je faire ?
Des pas sur un sentier et le firmament danse dans les yeux d'une petite fille.
Depuis longtemps, je me suis réfugiée en ce verger.
Je regardais la fleur des pêchers, des poiriers et des amandiers.
Je souriais aux nuages et je t'attendais.
Je savais que tu viendrais, en cet après-midi des cigales.
Un geai s'est élancé.
D'autres oiseaux ont inspiré mes doux rêves.
Il faisait chaud, même sous les branchages.
J'avais un crayon et quelques morceaux de mes fragments immaculés.
Je n'osais bouger.
Je t'ai vu marcher.
Je me suis cachée.
Pas encore !
Tel est le murmure du vent dans la chaleur de l'été.
La solitude ne me fait pas peur, ai-je lancé aux cailloux de la rivière, puis, j'ai ri !
Pieds nus, je me suis laissée écorchée par les ronces et j'ai gravi quelques rochers.
Tu ne m'as pas vue.
Du moins, l'ai-je cru !
Lors que Deux sont sur un sentier, un jour advient et les voilà nez à nez.
Hé Ho L'Ami !
Je n'ai pas osé te parler.
Pourtant, je n'ai pu m'empêcher de t'observer.
Dis donc ! Cela fait des milliers d'instants que je t'attends, t'ai-je dit à travers mon regard !
Je sais qui tu es !
Tu es les sous-bois et les fraises sauvages.
Tu es les escalades de mes escapades.
Je t'ai vu courir après un lapin.
Un jour, nous avons traversé un champ de blé.
Tu es tous mes silences et tous mes soupirs.
Tu es les petites violettes que je respire lentement.
Tu es les mûres que nous buvons de nos larmes tout en persévérant.
Tu es le bras qui se lève pour saisir L'Azur.
Hé Ho L'Ami !
Deux se rencontrent sur un sentier de Vie et sont surpris.
Mes yeux ne cessent de rencontrer les lueurs de L'Aube en tes yeux qui se plissent.
- Toi ?
Je saisis la main de mon Ami et je lui dis : La Vie rencontre La Vie.
Maintenant que nous marchons ensemble, que tu me racontes aussi les pages de ta solitude contemplative, je revois les moments que nous avons partagés.
L'Esprit se mêle à L'Esprit, sans détours.
Il est à raviver d'un pinceau léger, les moments de crucialité.
Le Temps n'est plus Le Temps.
Hé Ho L'Ami !
Je n'ai pas fini de voir les envolées de Don Quichotte.
Les moulins sont les plus belles choses qui nous rappellent le vent dans la prairie.
Dorénavant, je sais que jamais je ne te perdrai !
Océan sans rivage
Illustration de Fyodor Pavlovich Reshetnikov (Russe, 1926-1988)