Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

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mercredi 26 juin 2024

Querelle au jardin

Blason de Ravilloles (Jura, Franche-Comté)

Taillé : au premier d'or au sapin arraché de sinople, au second
de sinople au bourdon d'or rayé de sable, ailé d'argent.


Un jardin en fleurs attire bon nombre d'insectes
Car toute corolle ouverte aime se faire butiner.
Aussi s'y active-t-on dès l'aube, sans badiner.
Tout le monde trouve sa part et chacun se respecte.

Un bourdon, se voulant poser sur l'angélique,
La trouva investie de punaises arlequin.
« Ôtez-vous de céans que je m'y mette, faquins !
Prétendriez-vous que je reparte famélique ?

En voilà une engeance qui se croit à demeure !
Suis-je d'une espèce à réfréner son appétit ?
J'exige mon comptant, avant que le jour ne meure. »

Le bougon bourdon atterrit sur une ombelle,
Envoie valser les intrus comme des confettis
Qui s'en allèrent former ailleurs leurs ribambelles.

La ronde des insectes

dimanche 31 mars 2024

L'Ombre n'est rien

Blason de Moscou


L'Ombre n'est rien, quand même elle semble s'étendre ;
Si vaste soit-elle, la moindre étincelle la brise
Et cela suffit comme limite à son emprise.
Car la seule chose à laquelle elle puisse prétendre,

C'est d'être le réceptacle de la Lumière
À laquelle elle sert en fait de révélateur.
N'offrant qu'une courte-vue, sans la première hauteur,
Les ténèbres sont de la conscience les œillères.

Elles n'ont en vérité aucune réalité,
En ce sens qu'elles n'ont pas de nature intrinsèque.
Ainsi, quoi qu'elles fassent, elles sont vouées à l'échec

Et leur déchaînement dans l'actualité
Est le clair signe de leur proche défaite.
Ce fut annoncé. Mais qui écoute les prophètes ?

jeudi 6 avril 2023

Hôtes et intrus du jardin

Blason de Chérisay (Sarthe, pays de la Loire)
 
 D'azur à la coccinelle soutenue de deux branches de chêne,
les tiges passées en sautoir en pointe, le tout au naturel.


Des insectes qui s'en viennent visiter le jardin,
Il en est qui sont les bienvenus, tels l'abeille,
Le gros bourdon et le papillon baladin,
Sans oublier le forficule dit perce-oreille

Et, bien sûr, la coccinelle dite bête à bon dieu
Qui sont du jardinier les précieux auxiliaires
Car les pucerons leur sont un mets délicieux.
Ils ont donc leur place choisie et particulière.

Il en est un autre, malgré son bel aspect,
Que tout planteur de pommes de terre redoute :
On aura reconnu le doryphore sans doute,

Un gaillard qui est loin d'inspirer le respect
Car il met le potager en état de guerre :
Il se sert sans retenue, ça ne le gène guère !

Les dialogues du blason
 

mardi 28 février 2023

Puisque tout est relatif

Blason de Rumpenheim (Hesse, Allemagne)

Puisque tout est relatif, l'Absolu s'impose
Par contrainte logique comme point irréductible.
Il est la Relation sur laquelle tout repose,
Le pôle premier, ultime et irrésistible.

On peut dire de Dieu qu'il est l'Un, Unique et Même
D'où procèdent toute unité, toute unicité.
Il est le désir-en-soi, le vouloir suprême
Vers lequel aspire toute la multiplicité.

Cependant, rien ne le limite ni ne l'enferme.
Nul manifesté n'en fait la totalité,
Car inépuisées sont ses possibilités.

Rien ne fixe son commencement ni son terme.
Et si le plus infime est à le révéler,
Rien ne peut le contourner ni le dévoiler.

lundi 30 janvier 2023

Les oracles de Cumes (7)

Énée et la sibylle de Cumes (détail) par François Perrier (1594-1649)


D'être peu pénétrés par la modernité,
Quelques peuples sont encore pétris de sagesse.
À l'inverse, une grande partie de l'humanité
Témoigne de plus en plus d'un état d'ivresse

Qui s'illustre par la subversion des valeurs.
L'Occident, surtout, déjà en pleine décadence,
S'enfonce plus profond dans l'affaissement des mœurs
Et poursuit ainsi son suicide à pleine cadence.

La nature, Dieu merci, reste fidèle à jamais
Et nul n'imagine qu'elle puisse marcher sur la tête,
Depuis la moindre plante jusqu'à la petite bête,

Lors que l'inversion humaine atteint des sommets
Qui font de l'ombre aux turpitudes de Sodome.
Cette époque fait du pire des précédentes la somme.

Chroniques d'un monde finissant

  

Blason d'Auvers-le-Hamon (Sarthe, Pays de la Loire)

dimanche 29 janvier 2023

Centrage (2)

Blason de Veert (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)
 

La possession ne me définit pas,
Qu'elle soit matérielle ou immatérielle.
Le vrai « je » ne se trace pas au compas
Car il est de nature spirituelle

Et donc, en cela, irréductible.
Tout ce qu'il manifeste est composé
Et s'en trouve par là même divisible
L'esprit est-il à la forme opposé ?

Dans l'unité, cette question est oiseuse,
Tout autant que les réponses sont vaseuses.
Elles font encore couler beaucoup d'encre

Chez ceux qui cherchent midi à quatorze heure,
Ayant perdu l'adresse de leur demeure
Et ne sachant plus où jeter l'ancre.


Centrage (1)

vendredi 27 janvier 2023

Ligne tracée

Blason de Chaa-Kholsky (République de Touva, Russie)

 

Trop loin à l'est, c'est l'ouest, disait Lao Tseu.
C'est dire qu'il n'ignorait pas que la terre est ronde.
Ce sage, comme on sait, était loin d'être verbeux,
À l'exact inverse, donc, de ces temps de faconde.

Nul ne peut être plus royaliste que le roi,
Ni plus divin que Dieu ; ce serait une outrance,
Telle qu'en témoigne cette époque par pleins charrois
Et qui multiplie sans frein ses intempérances.

Siddhartha enseignait la voie du juste milieu,
La plus simple, certes, mais sans doute la moins facile.
Se croit-on l'atteindre qu'on s'en trouve à mille lieues !

On pense à la formule « trop c'est comme pas assez ».
C'est pure raison, nul besoin de tenir concile.
Il y a longtemps que cette ligne est tracée.

L'Oie, la Cigogne et le Brochet

Blason de 's-Graveland (Hollande Septentrionale)
 
Tiercé chapé ployé : au premier de gueules à l'oie contournée couronnée d'or ; au deuxième d'argent à la cigogne d'azur ; au troisième du même au brochet d'or aussi.

« Gente Oie, que vous vaut d'être ainsi couronnée,
Vous que l'on tient d'ordinaire pour une bête stupide ?
– Cette réputation est dure à déboulonner,
D'autant que la plus sotte ignorance la préside,

Moi qui symbolise, au contraire, l'intelligence.
– Cela est fort injuste, répond la cigogne.
– Dieu merci, l'héraldique répare telle négligence,
Quoique n'étant pas du bestiaire le genre qui cogne.

– Suis-je, quant à moi, mieux traité ? ajoute le brochet,
Je passe pour cruel, selon l'opinion commune admise,
Moi dont la vie peut finir au bout d'un crochet !

Un blason nous rend justice, cela est fort bien ;
Mais il faut du temps pour qu'une idée soit démise.
Peut-être y contribuera cet entretien ? »

Le bon trappeur

 Poussés par les nécessités de l'existence,
Les hommes se sont toujours montrés très inventifs
Pour survivre et assurer leur subsistance,
Sans être sur les conséquences très attentifs.

Un ours distrait mis sa patte dans un piège à loup
Et ses tentatives pour s'en libérer furent vaines.
Les dents pénétraient sa chair comme autant de clous.
Le jour se promettait heureux ; lors, quelle déveine !

Un trappeur de passage aperçut l'animal.
Il aurait pu l'achever sans le moindre mal
Et se féliciter d'un beau tableau de chasse.

Mais comme cela lui aurait semblé peu loyal,
Il eut pour la bête malheureuse un geste royal,
Après l'avoir rassurée contre toute menace.


Histoires fromagères

mercredi 25 janvier 2023

La petite laitière (2)


Nanette, qui fut déjà évoquée en ces pages *
Et qui se plaignait de sa triste condition,
Est devenue à cet égard beaucoup plus sage,
Et sans y mettre la moindre abnégation.

Le confinement, suite à la crise sanitaire,
Et l'état plus que piteux de la société
Ont eu sur son esprit un effet salutaire.
« Ce monde n'offre que contraintes et contrariétés

Allant jusqu'à vous disputer, même, le pain sec
Et trouvant mille manières pour vous clouer le bec.
C'est bien cher payer pour mener une vie d'esclave !

Je suis assurément mieux ici qu'ailleurs,
Plutôt que d'être la larbine d'un employeur.
Au moins, céans, je me sens comme dans une exclave. »

 

Histoires fromagères

dimanche 22 janvier 2023

Table rase


Le Français de souche est qualifié de Gaulois
Pour le distinguer du citoyen allogène.
Ce surnom n'est pas toujours du meilleur aloi
Quand il sert à pointer l'habitant indigène.

Le sang des Celtes que les siècles ont dilué,
S'il échauffe les esprits, ne coule plus dans les veines.
D'une mémoire lointaine que l'on aime à saluer,
Les évocations semblent aujourd'hui bien vaines.

L'on aimerait concilier modernité et racines,
Sans admettre leur plus parfaite antinomie
Car la première prône le changement qui fascine,

N'ayant de cesse de faire du passé table rase
Et de réduire le monde à la monochromie,
N'étant plus très loin de cocher les dernières cases.


Histoires fromagères

samedi 21 janvier 2023

Les oracles de Cumes (6)

La Sibylle de Cumes par Michel-Ange (1475-1564)


Ce monde matérialiste est dans le désarroi
Comme jamais il ne le fut en aucune époque.
Ses inquiétudes sont-elles les prémices de l'effroi,
Lors même que les moins égarés battent la breloque ?

Voici venus les temps de la grande confusion
Qui nous fut annoncée par les écritures.
Parvenu au paroxysme de l'illusion,
L'humanité se cherche une nouvelle quadrature.

Car la voici patinant sur elle-même, à vide,
Ne sachant plus ses origines ni son destin
Et pourtant plus que jamais cupide et avide,

Comme se voulant repaître encore et encore
De son image brisée, n'ayant plus même l'instinct
De sa nature, se mirant telle une vieille pécore.

jeudi 19 janvier 2023

Si le grain ne meurt

Est-il geste plus auguste que celui du semeur ?
Sa main confie à la terre la moisson future
Car nul blé ne lèvera si le grain ne meurt ;
Telle est depuis toujours la loi de la nature.

Il n'est rien d'existant qui ne soit composé ;
Sans cesse, tout se décompose et tout se transforme.
Quand même les éléments paraissent se reposer,
Est-il en réalité quelque chose qui dorme ?

De fait, ce qui est ne peut pas cesser d'être. *
Le repos n'est jamais qu'un point de suspension
Qui rythme les mouvements d'une respiration.

N'est-il pas dit que c'est deux fois qu'il faut naître,
Selon la chair d'abord, ensuite selon l'esprit ?
Il faut plusieurs vies avant de l'avoir compris.


Histoires fromagères

 

jeudi 29 décembre 2022

Un munster, sinon rien

Un camembert bien fait, ce n'est déjà pas triste,
Forçant même l'odorat du nez le plus bouché.
Il est pourtant éloigné de la tête de liste,
Malgré d'être couronné roi de la louchée.

Côté odeur, il en est un qui le surpasse :
Le fameux munster, de la vallée du même nom,
Une contrée rieuse entre Vosges et plaine d'Alsace
Qui n'est pas peu fière de ce fromage de renom.

Si son fumet évoque parfois de vieilles chaussettes
Et offense quiconque s'affecte d'un goût délicat,
Une fois en bouche, il se passe de certificat.

Sans vouloir digresser sur les nombreuses recettes,
C'est avec du cumin qu'il se marie le mieux
Et qu'il se révèle aussi le plus délicieux.

Histoires fromagères

mardi 20 décembre 2022

Les oracles de Cumes (5)

Ruines avec une Sibyllepeinture de Giovanni Paolo Pannini (1691-1765)
 
 
L'architecture moderne n'est pas même ruinable,
Contrairement aux anciennes qu'encore l'on admire.
Ses tours de verre dans lesquelles les orgueils se mirent
Offriront demain des vestiges bien minables.

Ce qui est laid par nature le reste à jamais.
Les cités hideuses aux univers cauchemardesques
Où les graffitis barbouillés tiennent lieu de fresques,
Nées d'un système auquel toute nation se soumet,

Ne peuvent générer au final qu'un monde de brutes
Où les rapports sont ceux de l'animal en rut
N'ayant pour destin que celui de l'abattoir.

Le Moloch qu'ils adorent a l'appétit vorace,
Voulant que de l'humain ne subsiste aucune trace,
Quitte à défoncer, s'il faut, le moindre butoir.
 
 
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jeudi 8 décembre 2022

Les oracles de Cumes (4)

La Sibylle de Cumes par Élisabeth-Louise Vigée Le Brun (Paris 1755-1842)

 

Les hommes sont bavards, nous en savons quelque chose.
Il faut du temps pour se taire, parfois toute une vie.
Du temps pour remonter des effets à la cause
Et pour réaliser que le sens est obvie.

C'est ainsi, les hommes cherchent midi à quatorze heures,
Quand les décalages horaires ne faussent pas le jeu.
Ô passant, qui t'obstines à te croire à demeure,
Est-il une chose en ce monde qui vaille un enjeu ?

Tout ce que tu emporteras est dans ton cœur.
C'est là ton seul trésor, comme disent les écritures.*
Tu as beau courir mille et une aventures,

C'est lui qui sera finalement ton vainqueur
Car à l'instant de sa pesée sur la balance,
Tu réaliseras qu'Essence rime avec Présence.**


  * Matthieu 6:21
** De l'indo-européen es « se trouver », d'où le grec eimi (issu de esmi) « je suis » et le verbe latin e
sse (sum, « je suis »).

Le Coq Gaulois

 


Qui oserait encore faire une telle étiquette
Arborant ce vieil emblème qu'est le coq gaulois
Voué, comme tant d'autres symboles, aux oubliettes ?
C'est encore heureux qu'il ne soit pas hors-la-loi !

Si une fromagerie se risquait à la chose,
Elle serait accusée de discrimination
Et aurait en imprécations plus que sa dose,
Encourant la vindicte et même la damnation.

Pauvre coq, dont le chant se fait toujours plus rare,
Autant que le canard qui barbote dans la mare !
Peu de gens veulent encore s'encombrer d'une basse-cour,

Pas plus que d'un jardin car la terre est trop basse.
« Il est assez du gazon pour verdir l'espace !
Et puis c'est là un mode de vie qui n'a plus cours. »


Histoires fromagères

mardi 6 décembre 2022

Les oracles de Cumes (3)

La Sibylle de Cumes, peinture de Sebastiano Conca (1680-1764)


L'hiver, qui semblait n'avoir que des dents de lait,
Est en train de nous montrer ses crocs qu'il aiguise,
Comme se voulant régir sa saison sans délai.
C'est son droit ; le temps, dit-on, en fait à sa guise.

Il se pourrait donc qu'il s'installe durablement
Puisqu'il s'annonce à quelques jours de la pleine lune.
Et celle-ci, comme on le sait, vaut adoubement. *
Beaucoup de gens le vivront comme une infortune

En ce qu'il rendra plus mordantes les pénuries.
Voici que sonne le glas de la fausse abondance
Et que s'effondrent les trônes de la discordance.

C'est comme si l'Hadès avait lâché les Furies
Dont on sait qu'elles frappent de châtiments terribles
Les malfaisants qui sont leurs principales cibles.
 
 

Le Sans-Reproche

Tous connaissent, en principe, le chevalier Bayard,
Qui passait pour être sans peur et sans reproche.
L'homme était loin d'être manchot ou béquillard
Et plus d'un adversaire a goûté à sa broche.

Associer cette noble vertu à un fromage,
C'est non seulement lui donner du pedigree
- Une marque tient avant tout à soigner son image,
Quand bien même ce ne sont là que des simagrées -

Mais induire l'idée que c'est un produit parfait.
Et sans doute l'est-il, ne serait-ce que dans sa gamme.
Un slogan a toujours quelque chose de surfait

Et plus d'une montagne n'accouche que de souris.
La qualité se passe sans peine de réclame
Et bien souvent les belles formules sentent la flouerie.


Histoires fromagères

Discrétion de la Caille

Blason de Marché (Vendée)

Taillé de sinople et d'argent chargé d'une caille au naturel soutenue par trois divises ondées d'azur en pointe et accompagnée en chef au canton dextre d'un double cœur vidé, croiseté et couronné cousu de gueules.

 

 La caille fait partie de la gente gallinacière
Quoique préférant la vie sauvage à la basse-cour
Et ce, malgré les risques que l'on y encourt,
Dont celui de finir au fond d'une gibecière.

C'est pourtant loin d'être une destinée fatale,
Contrairement à la poule promise au billot,
Bien triste sort qui n'inspire guère de fabliau.
Pour beaucoup de bêtes, la fin est souvent brutale :

Ici, le couteau et ailleurs, la chevrotine ;
Ou encore, les griffes ou les crocs d'un prédateur.
La caille, qui n'est pas du genre oiseau batailleur,

S'envole en silence, sans la première volatine,
Dès lors que son instinct la prévient d'un danger.
Aucune proie n'est encline à se laisser manger.


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