Blason de Beckum (Rhénanie du Nord - Westphalie, Allemagne)
In Rot drei silberne schrägfließende Ströme.
Ich lag und schlief,
In bärmefeuchten Erdteig eingebacken,
So gut und tief.
Und Wurzelschnüre schmückten meinen Nacken.
Ich lag und sann.
Mir bröckelte am Mund die braune Rinde.
Es schritt ein Mann
Und zog um meinen Stein die Pfeifenwinde.
Die Winde hier,
Ich sah sie dort in zugeklebten Lidern.
Sie rief nach mir
Mit leisem Blatt: ich konnte nichts erwidern.
Ich lag im Brot,
Und die es nährte, kamen, mich zu essen ;
Denn ich war tot.
Das fiel mir ein; ich hatt' es längst vergessen.
Mein Augenpaar:
Gleich mürben, abgebrannten Kerzenstümpfen.
Mein weiches Haar :
Gemeng von Schlamm und Pflanzenwust in Sümpfen.
Der Sprache Licht :
Die Wühlmaus trägt ihr Nest in meine Kehle.
Ich stör' sie nicht. -
Ein weißer Strom gleißt auf von meiner Seele.
Er stürzt und eilt,
Des Grabes grüne Blume zu begießen
Und dreigeteilt
In große rote Reiche einzufließen.
Der Dreistrom sinkt.
Ich sickre flach und flüstre, da ich schwinde.
Mein Letztes trinkt
Ein Amselweibchen und die Pfeifenwinde.
Gertrud Kolmar
Dans le rouge trois rivières d‘argent coulant à l’oblique.
Allongée je dormais,
Cuite dans une pâte moite de terre ourse,
Profondément, si bien.
Des rubans de racines ornementaient ma nuque.
Allongée je songeais.
À ma bouche s’effritait la croûte brune.
Arriva un homme.
Il entoura ma pierre de lianes d’aristoloche.
L’aristoloche à siphons
Je la regardais depuis des paupières scellées.
Elle appelait vers moi
Agitant feuille douce : je ne pouvais répondre.
Je gisais dans le pain,
Et ceux qu’il nourrissait vinrent pour me manger ;
Car j’étais morte,
Cela m’apparut, longtemps je l’avais oublié.
Ma paire d’yeux :
Deux moignons de bougies consumées friables.
Ma souple chevelure :
Mixture de boue et fouillis de plantes marécageuses.
Lumière du langage :
La souris fouisseuse place son nid dans ma gorge.
Je ne la dérange pas. -
Une coulée blanche scintille depuis mon âme,
Elle plonge se ruant
Pour arroser la fleur verte de la tombe
Et se divise en trois
Pour irriguer de grands royaumes rouges.
La triple rivière s’enfonce.
Je suinte laminée chuchotante, disparaissant.
Mes restes sont bus
par une merlette et par l’aristoloche.
Source : Gertrud Kolmar : Preußische Wappen, Berlin 1934.
Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Dans le rouge trois rivières d‘argent coulant à l’oblique.
Allongée je dormais,
Cuite dans une pâte moite de terre ourse,
Profondément, si bien.
Des rubans de racines ornementaient ma nuque.
Allongée je songeais.
À ma bouche s’effritait la croûte brune.
Arriva un homme.
Il entoura ma pierre de lianes d’aristoloche.
L’aristoloche à siphons
Je la regardais depuis des paupières scellées.
Elle appelait vers moi
Agitant feuille douce : je ne pouvais répondre.
Je gisais dans le pain,
Et ceux qu’il nourrissait vinrent pour me manger ;
Car j’étais morte,
Cela m’apparut, longtemps je l’avais oublié.
Ma paire d’yeux :
Deux moignons de bougies consumées friables.
Ma souple chevelure :
Mixture de boue et fouillis de plantes marécageuses.
Lumière du langage :
La souris fouisseuse place son nid dans ma gorge.
Je ne la dérange pas. -
Une coulée blanche scintille depuis mon âme,
Elle plonge se ruant
Pour arroser la fleur verte de la tombe
Et se divise en trois
Pour irriguer de grands royaumes rouges.
La triple rivière s’enfonce.
Je suinte laminée chuchotante, disparaissant.
Mes restes sont bus
par une merlette et par l’aristoloche.
Source : Gertrud Kolmar : Preußische Wappen, Berlin 1934.
Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.