Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

vendredi 24 mai 2024

Tête à claque

Blason de Wagen in Allgäu (Bade-Wurtemberg, Allemagne)


Elle randonnait dans une tenue fluorescente

Tellement serrée au corps qu'elle la boudinait.
Si autrefois on l'eût qualifiée d'indécente,
Elle ne choque plus personne, pas même un tantinet.

L'époque est furieusement exhibitionniste :
L'on aime se faire voir, sans la première retenue.
Par là même, elle est également voyeuriste.
Il faut au narcissisme toute une avenue.

Plus que le précédent, le siècle est bavard,
Sachant tout sur tout, avec à la clef le vide.
L'ivresse des mots s'abîme dans le silence livide.

En ces dérisoires théâtres de boulevard,
Le rire du public est orchestré par une claque.
Cette époque est décidément une tête à claque. *

Le Spectre à trois faces
 


* « L’époque est une tête à claque qu’il devient jour après jour un peu plus agréable de gifler. La satisfaction avec laquelle elle se montre, son conformisme euphorique autant qu’ignominieux, son allure de tranquille impunité quand elle déploie l’éventail de ses plus malfaisantes sottises et l’ensemble de ses nuisances approuvées, enfin cet incroyable teint de rosière qu’elle arbore en toute occasion, lorsqu’il s’agit de célébrer de nouvelles mutations, d’applaudir au défi ludique des surfeurs des neiges, au succès d’internet, à l’adoption d’Halloween par les peuples colonisés, au triomphe de l’économie de marché, de la transparence, du patin à roulettes (…) et des pique-niques citoyens avant les séances de cinéma en plein air, font ardemment regretter qu’elle n’ait pas un seul visage sur lequel on puisse taper avec gaieté et sans relâche. » Philippe Muray, Essais, Les Belles Lettres , 2010.

vendredi 3 mai 2024

Âme vagabonde

Blason de Onhaye (Wallonie, Belgique)

 De gueules au Mercure d'argent.
 

        En ces temps d'extrême confusion où tant de raisons font naufrage, emportées comme fétus de paille par un déluge d'images et d'informations, où tout et son contraire s'aplatissent sur les écrans plats qui absorbent et dissolvent indistinctement le vrai et le faux, dans l'apathie générale, tout lanceur d'alerte semble crier dans le désert, quand il n'est pas qualifié de complotiste, ce nouveau mot-joker qui, comme dans un jeu de cartes, vaut tous les arguments et donc dispense d'en devoir user. Ayant jeté le bébé avec l'eau du bain, les esprits rationnels (rationnés) ne savent plus à quel saint se vouer. Aussi sont-ils perméables à tous les sophismes qui les confortent dans leur torpeur en laquelle ils continuent de rêver debout à des lendemains qui chanteront, certes, mais leur oraison funèbre. Encore heureux, alors, qu'un psychopompe veuille bien les mener dans cet au-delà auquel ils ont fait mine de ne pas croire.


Non seulement tu n'es plus libre de parole,
Mais encore prétend-on contrôler ta pensée.
Tu te croyais citoyen ? Ce n'était qu'un rôle
Dont tu te verras sans doute bientôt dispensé !

Ton abstention aux votes indiffère le système ;
Il y trouverait plutôt son arrangement.
Quand déjà le réel est frappé d'anathème,
Sans qu'aucune alternance n'apporte de changement,

Tes revendications ou simples doléances
Ne font que ricocher sur des oreilles de bois.
Pour ta liberté morte, point de condoléances.

Ton horizon, c'est l'abattoir, après la tonde.
Voilà que ton humanité est aux abois,
Tandis que ton âme est devenue vagabonde.

Le Spectre à trois faces