Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

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mercredi 24 novembre 2021

Rencontre et Unité : Noblesse et Art de L’Écu (6)


 

Peinture d’Edmund Blair Leighton (1852-1922), L’Adoubement, 1901

Une voix se fait entendre, de beauté certaine, car atemporelle, et nous voici, tel un puissant murmure qui poursuit, dans l’écho d’une plaine, le Retour, insondable et pérenne. Elle entremêle sans aucune cessation, Orient et Occident, tout comme elle ravive les tréfonds d’une Racine semée dans le Ciel, lors que l’Unité est le Flambeau des noblesses de l’âme.

 

Entends-tu cet Appel ?

Je ne puis jamais L’oublier.

Notre fraternité remonte à une ère mémorielle que nous n’avons jamais méconnue et comment dire ce qui nous lie, lors que notre cœur uni frémit par-delà le décor ? Telle est notre salutation en ces temps bien confus, et nous chantons en Chœur. Est-ce Cathédrale, faste Autel, cimes d’une montagne, douce effervescence de notre âme, sculpture d’une Voûte au sein d’une Mosquée atemporelle, ou bien Arche éternelle d’une précieuse Jérusalem ? Ô Voix ! Le Jardin est un Temple. Car, au Centre, une Voie au sein de la Voie, celle du cœur-semence se fait entendre.

Notre fraternité n’a pas d’âge et provient d’une Source d’abondance. Sacrae voces ! Le Cœur répond, comme il tient fermement à La Cordée essentielle.

Océan sans rivage

samedi 27 février 2021

Oeuvre

  à Alice de Chambrier

Blason de Röhrnbach (Bavière, Allemagne)


Chère âme, sur la pointe des pieds, j’entre, invisible,
M’émeus de votre vie, du suc de votre voix,
Ces jaillissements cristallins, irrépressibles,
Les allées dressées par la lenteur de vos pas.

Chère âme, un instant avec vous, mon cœur ivre,
Des épanchements que le vôtre, pur, exprima,
Ravi de voyager en des lieux qui nous délivrent,
Des pesanteurs d’un monde aux mille trépas,

Je vais, chemin faisant, sur les caresses du temps,
Et ne méprise jamais l’essence de votre élan,
Puisqu’en Lui, la poésie vive ruisselle sans mesure,

Et sculpte savamment un monde de fines ciselures,
Un monde dont le cœur est une lumière infinie,
Juste suée d’une œuvre dont on n’a rien compris.

Océan sans rivage

mardi 23 février 2021

Rencontre et Unité : Noblesse et Art de L'Écu (5)


Blason de la ville de Bünde (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)


Le blog Noblesse et Art de L’écu est d’abord et avant tout le Lieu de l’investigation, le Lieu de L’Apprentissage. Il n’a pas la vocation de s’inscrire dans la contrainte, mais plutôt dans la découverte. Ce Blog est né d’une Rencontre. Celle-ci s’éloigne de tout ce qui est communément composition et posture. Cette Rencontre est d’abord La Rencontre des Âmes et de fait, de L’Esprit. Il existe des moments de maturation qui nous rendent au Silence. Celui-ci est Silence d’unification, de synthèse aussi, car sans Le Vivant-Agissant, il n’est de véritable Rencontre. Les âmes se fécondent dans l’alcôve de leur singularité. Chaque jour, nous sommes ce laboratoire et chaque jour nous invite à nous stabiliser en ces dialogues riches de notre entente. Nous vivons par les actes et nous vivons par les mots. Rien n’est séparé, rien n’est antinomique. Ceci est crucialité et chacun des apprentis de Noblesse et Art de l’écu sont des postulants-chevaliers dont la particularité est précisément l’intention de vivre Le Vivant jusqu’au bout des doigts. Nous sommes frères et nous vivons cette Réalité fraternelle qui nécessite Le Temps, Le Hors-Temps, tout comme l’Espace et le Hors-Espace, ce qui exclut la hâte. Le Silence s’impose de Lui-même et devient semblablement à la brise qui compénètre le cœur d’une douceur ineffable. Merci à tous ceux qui viennent d’ici et d’ailleurs. Merci pour ceux qui sont présents à La Présence de La Présence. Nous sommes là au-delà du Silence et comme dirait un ami disparu, paix à son âme, la Mer veilleuse. Si la brise s’épanche de légèreté, soudain l’arbre frissonne de sa grandeur et de sa majesté. Alors, nous restons hébétés, ivres de Beauté. Contemplation et effusion en ce Silence. Révérence.


 

dimanche 10 janvier 2021

Conte des sept Occidents

 Il était une fois (suite)

Blason de Großsolt (Schleswig-Holstein, Allemagne)


     Chaque saison délivre son propre charme, et l’on ne saurait véritablement exprimer quand et où cela a commencé, la pupille s’élargissant devant une vision perpétuelle. Jamais nous ne nous lassons, puisque le moment n’a jamais de fin, ni ne présente même la moindre rupture, mais cet instant n’a pas non plus de commencement. Il est spontané, purement et simplement. Ce qui s’écoule, à travers les séquences est une brièveté de manifestation, l’incursion dans un interstice d’une vocabilité, d’ailleurs, de primauté assez rare. L’on ne voit pas uniquement ce qui est visible, mais des mondes et des mondes cachés, qui se montrent et se parlent. Laissez palpiter en vous cet univers, vivez-le avec les poumons cellulaires de la conscience. Vous lui parlez et il vous parle. Durant des temps immémoriaux, le dialogue est une Rencontre perpétuelle. Il s’agit d’un entretien intime qui élabore le désir de La Rencontre.

     Néanmoins, l’histoire indiscutable d’une série de concours, concordance élémentaire, durant une vision, font que tout semble s’évanouir sans autre forme de préambule. Dans la nuit, l’orage imperturbable défait chaque mur de sa matérialité. L’enfant n’est plus de son temps. Elle grandit dans une sorte d’expansion qui dilate l’espace et libère le corps de toute entrave. Ce pouvoir de l’esprit est une entièreté de l’instant. Le monde n’obéit plus à la physique que l’on connaît, ni à aucune espèce de lourdeur que l’on voudrait volontairement nous imposer. La Liberté est une Lumière, au Son de L’Origine, vibrante en parfaite concordance et soudain, il s’agit d’une échelle, celle que Le Souverain lance pour enseigner.

     Certains croient au chaos et s’efforcent de restructurer leur apparent désordre. D’autres voient La pure Perfection, car au Regard de L’Absoluité, il est une Unité qui résorbe chaque chose en sa choséité. Le tissage est puissant et en perpétuel mouvement. Rien ne saurait le maîtriser, car Lui-Seul est Le Maître. La jeune fille, après avoir vécu des strates et des strates de mondes, de superpositions de consciences, après avoir rencontré la jeune fille même de ses rêves, celle-là même qui allait la conduire à elle, après avoir vécu ce que nous ne révèlerons jamais dans ce conte, découvrit dans ce laborieux labyrinthe cet homme, lui-même porté par son propre fils. Elle fut touchée par la grâce de ce dernier, par son dévouement. Elle le suivit en silence dans les méandres de ce couloir opaque et quand l’orage grondait encore, la jeune fille redevint l’enfant qui n’avait jamais quitté aucun lieu. L’image flottait encore et son cœur ému continua de voir et de voir ce Périple qui était celui du compagnonnage. Elle porta avec le fils, le Père. Elle comprit la réalité des légendes et décrypta les mots jusque dans leurs plus enfouies essences. Le fait de se laisser heurter avec cette propension à l’Accueil laisse émerger Le Verbe. Celui-ci est le plus grand des mystères rendu accessible par l’interpénétration de La Vision et du Cœur. Source jaillissante et exponentielle, d’infinités contemplatives dans le frottement du silex contre les parois de la nudité. Il était une fois, est bel et bien un point duquel jaillissent L’Abondance et La Joie. Le point, Perle suintante qui réunit les éléments épars et donne à chaque chose son unité. Au milieu est L’Être, Imperturbable. Il est Le Seul qui possède le pouvoir de nommer et de donner à La Vision éloquente, ainsi qu’à la Réalité de L’Acte d’Être. Celui qui n’a pas vu n’est pas semblable à celui qui a vu.

© Océan sans rivage

Conte des sept Occidents, Il était une fois


dimanche 3 janvier 2021

Conte des sept Occidents

Il était une fois
 
 Blason de Bałtów (Région de Sainte-Croix, Pologne)


     La plupart des contes débutent par il était une fois. Une fois, un point de commencement, une attention soutenue. Tel est ce début qui vous invite à écouter, à bien entendre. Pour un enfant, cela représente l’instant crucial. Il n’en est pas un avant, ni un autre après. Il s’agit de cette fois-là. Pour un enfant, cette fois-là est la vie entière. Pour un enfant, il s’agit d’une naissance perpétuelle. Il était une fois, la fois de tous les moments réunis, la fois qui n’en fait qu’une. Pour un enfant, il s’agit de l’émerveillement total. Surtout ne venez pas rompre cet instant où le souffle est suspendu. Le long préambule qui se résume à il était une fois. Cette fois-ci qui rompt avec toutes les autres fois, puisque cette fois ouvre sur une histoire peu commune. Alors, respirez et entrez en cette fois où la vie vous a cueillis au seuil d’un monde qui allait devenir votre récit. Chaque fois que vous avez à l’esprit cette fois, vous ne pouvez plus vivre comme si cela n’avait aucune importance. Vous ne pouvez vous sentir indifférents à votre propre venue au monde. Il était une fois qui vous attend chaque seconde, dans la lenteur de votre perception et vous voyez en ce monde mille et une choses qui vous répètent : il était encore une fois, la seule et l’unique multitude de fois. Alors, vous êtes dans la Joie. Et vous écoutez l’histoire, et vous entrez en elle de tout votre cœur et de toute votre âme, car, il n’y a pas de demi-mesures à cette fois. Elle est votre présence.

     Une petite fille apprit qu’un homme avait sombré dans les strates les plus infernales qui soient. Elle avait poursuivi une ombre puis une autre et avait levé la tête alors que l’orage grondait. La nuit était tombée et un feu au loin semblait éclairer cet endroit sauvage. Ne me demandez pas comment cette petite fille s’était soudainement retrouvée dans la forêt, au beau milieu de l’orage. Je ne le sais pas plus que vous. C’est comme si la petite fille avait soudain brisé quatre murs et avait atterri en pleine nature. Elle dut franchir un énorme fossé et c’est alors qu’elle rencontra une espèce de dragon peu commune, car tous les dragons s’étaient enfuis dans un autre monde. Celui-ci était si vieux qu’il daigna à peine jeter un regard sur la pauvre enfant. Cette dernière était effrayée, mais il lui fallait continuer car elle savait qu’elle devait rejoindre l’homme. Elle plongea dans les plus obscurs couloirs, jusqu’à ce qu’une épaisse fumée lui indiquât qu’elle était parvenue au centre de la terre. Elle apprit à vivre durant des années dans cette fournaise. Quelques êtres de lumière lui apportaient régulièrement du pain et de l’eau. Elle grandit et devint une jeune fille assez malingre. Ses cheveux cuivre ruisselaient derrière le dos. Elle fit la connaissance de certaines créatures qui lui promirent de venir à son secours, en cas de besoin. Elle n’avait plus revu la surface de la terre depuis bien longtemps et malgré son périple qui lui fit découvrir des lieux extraordinaires, elle se sentait malheureuse et désespérait de trouver le malheureux qu’elle voulait sauver de tout son cœur et de toute son âme. Avait-elle fini par se perdre dans le monde souterrain ?

À suivre…

Océan sans rivage

mardi 22 décembre 2020

Nuit Bénite


Blason de Langeln in Nordharz (Saxe-Anhalt, Allemagne)
 

La nuit de Noël a toujours été compénétrée d’une intensité peu égalée.
Nuit solaire, nuit de la nuit.

      Quand j’étais enfant, j’éprouvais une grande émotion, parce qu’il me semblait que la nuit s’étendait lointainement, dans un autre monde, et je me voyais visiter cet endroit précieux dans une sorte de vêtement invisible. Personne ne me voyait traverser tout cet espace et rejoindre le palmier sous lequel s’était réfugiée la très pieuse et sainte Marie. Je la voyais enveloppée par les étoiles, par la lune et même par le soleil, celui-ci ceignant de radiance son corps de jeune femme. Dans la nuit étincelante de Lumière, dans la profondeur de l’enfantement, je m’accrochais aux mains tremblantes de la très pure Marie. Les larmes effusives de notre Amour tournoyaient dans le Ciel émerveillé.

     Vous souvenez-vous de ces pieux Rois ? Ils avaient perçu, dans l’océan d’étoiles, une comète qui annonçait La Nouvelle. Ils firent Le long Périple de leur âme, se retrouvèrent au cours de la traversée dans le Désert et arrivèrent ensemble jusqu’au Roi sublime. Ils étaient dans la ferveur de La Reconnaissance. Le premier Mage offrit à L’Enfant-Esprit, l’or et fit une Révérence, inclination devant l’attribut Royal ; le second Mage offrit l’encens, symbolique des mondes éthériques et des mystères du Rite, puis salua en Lui, le Prêtre ; enfin le troisième lui offrit la myrrhe ou le Bouclier d’incorruptibilité et le salua comme Prophète ou Maître spirituel de la Guidance par excellence. Ces trois Mages sont eux-mêmes la Représentation des trois mondes : Cops-Arche-Esprit. Ne sont-ils pas ainsi, la manifestation universelle, en cette Triade, dont Le Principe triangulaire, donne à L’Unicité absolue ? Hauteur effusive du Signe fervent et de La Reliance actualisée du Corps de L’Homme. Tradition synthétisante de La Munificence de L’Homme, Ô Fils de L’Homme ! En L’action Mariale de Sainteté au sein de La Terre virginale de L’Epousée, Réalité-Une de La Religion Primordiale, précurseur de La Délivrance.

Océan sans rivage

 

Note du relayeur : Pourquoi est-il question de la nuit de la nuit ? Parce qu’en vérité, la nuit n’est pas ténèbres, mais occultation du jour. Le jour est une Lumière qui donne la visibilité des choses sous leur forme extérieure, mais voilée de lumière. Cela signifie que la projection est mentale, de type solaire et que nous ne pouvons voir les ombres de la représentation mentale qu’au sein de la manifestation Lunaire, autrement dit cryptique et réceptive. Il faut voir la nuit pour percevoir le jour, tout comme il faut voir la nuit dans la nuit, pour voir La Lumière au sein même de La Lumière.

lundi 21 décembre 2020

Contes des sept occidents


Blason de Covelo (Galice, Espagne)


     Cet enfer n’est pas l’enfer.

     Lors que je sus que ce monde, aux terribles relents de soufre, était un monde infernal, que le chaos régnant se voulait nous happer, dans une violence moribonde, dans la démence la plus débridée, dans des confusions monumentales, tandis que tout cela me semblait clair, je découvris un Jardin fabuleux, vierge de sa virginité. Il jaillit comme une Évidence et je sus qu’Il n’avait jamais quitté le lieu de Son Émerveillement. Il avait conquis toutes les parts d’ombres et repoussé au loin, comme résorbant en lui, les dimensions absurdes, les précarités dissolutives, les acharnements abusifs. Il avait jailli de sa Force absolutoire, sans que nous sûmes qu’Il se pouvait se rencontrer en ce monde. Pourtant, les oiseaux nous laissaient entrapercevoir cette sublime Réalité. Ils nous parlaient tous, selon leur langage propre et défiaient les sordidités séculières. Ils rompaient, en une légèreté fabuleuse, avec la pesante puanteur. Les putrides pensées s’évanouissaient dans le constant rappel de leur envol : Ciel et Terre, Temporalité et Atemporalité. Ils brisaient d’un seul coup d’aile, toutes les doctrines humaines, toute leurs fixations inhumaines. Ces tentations de perditions n’étaient plus crédibles, réduites par le seul fait que l’oiseau volait, que le feu fût feu, que l’eau fût l’eau. Tout cela abolissait les complexes complexités de celui qui n’était plus l’homme, mais une ombre famélique, un artificiel être. Tous ses prodiges scientifiques relevaient de la supercherie la plus éhontée. Cet homme n’inventait absolument rien. Il usurpait et dissolvait ses connaissances avec la plus incroyable des fourberies infra-humaines. Il fallait oser le dire une fois pour toute. Il fallait le rappeler.

     Mais cela n’a plus aucune espèce d’importance une fois que Le Jardin s’élève de cet immondice. Il n’y a plus aucun immondice. L’enfer est alchimiquement et totalement transformé.

     Une nuit d’hiver, une nuit de pleine lune, une nuit glacée, nous récitâmes, durant un long moment, des mantras. Nous étions cinq femmes et une petite fille. Nous avions quelque peu dédié ces prières à un homme d’un autre temps. Un homme dont l’histoire est simplement si surprenante que l’on aurait peine à nous croire si nous la racontions. Mais la vie est faite de grandes surprises, et nous ne pouvons pas cacher cette splendide Réalité. Alors que nous finissions, je proposai que nous sortions dans la nuit, chercher notre Destin. Il faisait très froid dans la montagne, et minuit était passé. Chacune répondit avec un vibrant acquiescement. Loin de moi de chercher un quelconque phénomène. Mais toute empreinte de la Réalité du Saint homme, j’éprouvai l’étrange désir de le rencontrer. La petite fille fut enveloppée dans une grosse couverture en laine, tandis que les femmes enfilèrent moult chandails et moult écharpes bien chaudes. Nous partîmes à l’aventure.

     C’est alors que je me surpris à voir le paysage changer. Nous nous retrouvâmes soudainement dans quelque province typiquement marocaine. La route devint semblable aux fameuses routes que je connaissais pour les avoir plusieurs fois empruntées lors de certains de mes périples. Avions-nous soudainement été transplantées ? La voiture roulait et à un tournant, j’aperçus un homme habillé d’un burnous blanc. Mais de peur de paraître quelque peu folle, je n’en dis mot. Puis, un monument se dressa au loin, un monument qui ressemblait singulièrement à un tombeau. Celui-ci se trouvait sous un arbre. Je m’écriai alors et sommai la conductrice de s’arrêter immédiatement. Nous sommes arrivées, lançais-je à mes compagnes. Nous descendîmes de la voiture avec une émotion peu commune. La pleine lune surplombait nos têtes avec force majesté et force lumière radiante. Les étoiles semblaient disparaître sous la lueur magnétique de l’astre. Nous nous approchâmes du tombeau avec beaucoup de solennité et nous fîmes une prière. A un moment, je tournai la tête et vis, au loin, ce même homme au burnous qui venait vers nous depuis le sentier boisé. Il avançait lentement. Je tournais la tête tout en ne disant rien à aucune de mes compagnes. De fait, je ne voulais nullement ni les affoler, ni les entraîner dans ma vision surprenante. Tout en gardant mon sang-froid, je vis que l’une d’entre nous commença à plisser son regard tandis qu’une autre lança : on dirait qu’un homme s’approche de nous. Je savais qu’il s’agissait de ce Saint qui s’était matérialisé et venait à notre rencontre. Mais il me sembla qu’aucune de ces femmes , ni moi-même du reste, étions prêtes à vivre ce phénomène. Alors, calmement, je dis : rentrons. Et nous rentrâmes, non sans éprouver l’étonnement le plus extraordinaire, mais non aussi sans remercier le ciel pour avoir vécu cette sorte de miracle effusif. L’Orient rejoignait L’Occident dans une compénétration d’Amour.

© Océan sans rivage

Conte des sept Occidents, Une certaine nuit

dimanche 20 décembre 2020

Conte des sept Orients


Armoiries de Betyunsky (Russie)

Les loups blancs

     Dans la désespérance naquit la foi. Celle-ci nous enseigna les flots bouillonnants, les invitations dans l’écume vaporeuse des navires sortis du naufrage. Les tempêtes furent les réalités de la dignité évoquée que certains ouvrages nous content encore avec fidélité, et, parce que nous sommes assis en chaque arbre, nous déployons tous les rivages. Nous parlons à l’ensemble des petits êtres, et nous parlons à ceux qui deviennent sagaces. Bien des hommes ont visité certains lieux mais ils en ont fait des châteaux de sable. Si ton pas ne sait pas où il se pose, commence par l’herbe qui se trouve sous ton pied, nous dit un dicton. La foi est magnanime et s’en va visiter tous ces espaces. Depuis les soupiraux, nous avons vu que la poussière s’amoncelle. Une sombre poussière.

     La Rose des sables nous fut donné, il y a fort longtemps, alors que les dunes devenaient roses. Chaque cristal, accroché de soleil déclinant, était un pastel lumineux. J’ai vu cet homme enveloppé du manteau du désert, le turban, telle une couronne posée sur la tête, et tandis que ses mains tenaient le présent, venir vers nous. Comment puis-je l’oublier ? Ils avançaient avec ces roses, ces hommes chevaliers sortis de derrière les dunes. Le soleil s’était enseveli sous le sable et le ciel devenu un toit. Il n’y avait ni dedans ni extérieur. Je tendis la main et tout me sembla Être. Le mot Être voletait. Le mot Être chantait. Le mot Être était tout Cela en entier. Je brassais l’air, mais je ne voyais pas de différence, ni de séparation. Tout était semblable à Lui. Je me mis à courir pieds nus sur le sable attiédi. Il me fallait sentir la Rosée de Sable sous mes pieds. Pourtant, les hommes du désert me prévinrent des scorpions, mais je ne fus pas effrayée. Aucun animal, fût-il dangereux, ne pouvait m’empêcher de savourer ce moment fusionnel avec le désert.

     La nuit arriva et des loups blancs s’approchèrent de notre campement. Je les regardais longtemps. Au début, je crus qu’ils allaient nous attaquer. Mais il n’en fut rien. Ils se mirent en cercle. J’aperçus leur chef qui se tenait un peu en retrait. Alors, dans la nuit, je ne pus me détacher de son regard. Il était d’une beauté époustouflante et se confondait avec le sable devenu soudainement blanc à la lueur des rayons de la lune. Combien de temps nous fûmes à nous fixer ainsi du regard ? Sa présence entière emplissait l’espace. J’étais émue et touchée par sa noblesse. Au petit matin, alors que le sommeil me gagnait, je vis les loups se lever et s’en aller dans le silence du sable. Nous étions-nous tenus compagnie ? S’étaient-ils mis non loin de nous pour nous protéger ? J’aime à le croire. L’esprit de ce loup avait la présence d’un être surnaturel…Je le vois encore et ne l’oublie pas.

© Océan sans rivage, Conte des sept Orients, les loups
 

vendredi 18 décembre 2020

Contes des sept occidents


Blason de Nové Mesto (Slovaquie)


Le manoir

Pouvez-vous imaginer la vie comme une imagination ? Pouvez-vous voir la féerie comme la vie ? La vie est encore plus que Cela. Si l’on voit le monde avec les yeux d’un calculateur, alors voici que des calculs en tout genre se mettent en rang et viennent nous dispenser des leçons et des comptes et des comptes à n’en plus finir.

J’ai rencontré un homme qui vivait seul dans un manoir. Il passait tout son temps à compter les pièces de sa grande demeure. Il recommençait son manège, chaque matin. Il ouvrait toutes les pièces et entrait dans chacune d’entre elles avec un compteur. Et une, et deux, et trois… Il ne prenait jamais le temps de regarder les chambres. Il ne voyait absolument rien. Il était complétement obsédé par le fait de toutes les répertorier. La première fois que j’entrai dans son manoir, il ne prêta nullement attention à ma personne. J’aurais pu être un voleur, un criminel, il ne me voyait pas. Je le suivais alors à pas de loup. Moi-même, j’étais entraînée dans sa folie, fascinée par son étrange obsession. J’apercevais ici ou là des tentures de velours vert, des lits à baldaquins, des tapisseries médiévales. Je réussis à localiser la bibliothèque où une multitude de livres, depuis le plafond jusqu’au sol, s’empilaient. Néanmoins, je le suivais inéluctablement à son rythme. A la nuit tombée, il prenait un morceau de pain et un bol de soupe, qu’il préparait dans la nuit. Je dormais tout près de son lit. A l’aube, le manège reprenait. J’appris à regarder cet homme et à l’apprendre. Au début, je cherchais toujours à lui parler, mais jamais il ne daigna me répondre. Je sais qu’il avait décelé ma présence, car nous nous étions heurtés plus d’une fois, lors qu’il ressortait prestement d’une pièce. Je me mis à compter avec lui. Je me surpris à aimer cet homme. Alors, je le suivais partout. Il fallait nous voir courir dans tout le manoir, monter les escaliers avec un empressement défiant tout le bon sens, et entrer et sortir, à chaque fois. Je l’entendais compter et je répétais avec lui. Bientôt, je ne vis plus le manoir. Il s’était évanoui comme par enchantement. Je voyais cet homme. Je ne voyais plus que lui. Je me mis à compter son compte. J’entrai dans la féerie des chiffres. Chaque chiffre devenait un souffle et chaque souffle devenait une harmonie. Je mis à chanter les chiffres. Je me mis à danser les chiffres. Il y avait une magie que je ne m’expliquais pas. Cette fois-ci, l’homme s’arrêta et me fixa de ses petits yeux, tandis que je continuais le comptage. J’entrai ivre dans chacune des pièces et je les saluais parce qu’elles m’apparaissaient toutes si belles. L’homme finit par me suivre sans compter et je dansais dans tout le manoir et je riais. Cela dura plusieurs jours et c’est lui qui me prit par le bras pour m’arrêter. Alors, nous nous regardâmes enfin.

© Océan sans rivage

Conte des sept Occidents, le manoir

mercredi 16 décembre 2020

Contes des sept occidents


Armoiries de Bady Bassitt (Brésil)

Les papillons

     Quelque Chose au fond de mon ventre met au monde les joies du moment. Ce sont des papillons que je ne sais pas rattraper. Mais on me donne à les nommer. Je prends le temps. Je ne nomme pas à la légère. Il me faudrait un millier d’étoiles, des constellations, des lacs et des rivières ; il me faudrait des clairières ainsi que quelques pommes de pins. Il me faudrait des lunes et des soleils, ainsi que des océans et tout ce qu’ils contiennent. Il me faudrait des suspensions de voiles et de drapures.

     Tantôt, j’ai vu passer un ours brun, mais il ne s’agissait pas de l’ours que j’avais connu autrefois. Celui-ci était autrement plus apathique, plus endormi aussi, presque inerte en dépit de sa marche. Il avait l’air d’avoir fait un mauvais rêve. Je n’ai pas osé lui parler. Il traversait une forêt sombre. Je l’ai laissé partir. Comment voulez-vous retenir un ours ? Ceci fut un bref éclair. Pensez-vous qu’il ait vraiment disparu ? Non. Je l’ai retenu du plus profond de mes pupilles. Ensuite, j’ai entendu une musique, exhalée depuis le volètement joyeux des papillons. Alors, il se passa une drôle de chose : chacun de ces lépidoptères me parla et me donna son nom. Ce fut, à chaque fois, des mondes nouveaux qui jaillissaient et je restais sans voix. Il en est un qui attira un peu plus mon attention. Il palpita au creux de mon ventre avec une force inouïe et je fus sous l’effet du plus grand des sortilèges, car depuis ce papillon, je vis apparaître un fabuleux monde. Il y avait des arbres gigantesques et des fleurs de toutes les sortes de tailles et de couleurs inimaginables. Des vallées s’étendaient sous le soleil et resplendissaient d’un vert éclatant. Je planais au-dessus d’une mer étincelante et j’apercevais même le tracé cotonneux de l’écume. C’était à perte de vue une verdure qui semblait se répandre simultanément en mon propre corps. Depuis ce papillon, il naquit un jardin, une mémoire, et j’en ressentis une secousse monumentale. Je vis un homme qui marchait lentement. Je sus qu’il s’agissait de mon frère, mon frère d’âme. Je le suivis doucement, pour ne pas le déranger. Il me fallait m’acclimater à toute cette nouveauté. Effectivement, je ne respirais plus de la même façon, je ne voyais plus de la même manière, et une euphorie naturelle me submergeait. Je ne marchais plus, mais j’effleurais le sol. Cet homme me vit et me salua avec tant de chaleur. Nous nous connaissions et soudain, la mémoire nous aspergea d’autres images d’une vivacité incroyable. Nous n’avions guère besoin de parler. C’était si doux que j’en oubliais l’autre monde. Je ne voulais pas revenir et ne revins finalement que pour une simple raison : il me fallait créer un pont entre les deux mondes, entre l’Orient et L’Occident. Il me fallait créer une brèche. Seulement, cette brèche fut possible, uniquement par l’effet de la grande et majestueuse grâce d’un papillon bleu qui vint se poser sur l’épaule de l’homme. Il vint par trois fois.

© Océan sans rivage

Conte des sept Occidents, les papillons

Digression (29)


 Blason de Corteconcepción (Andalousie, Espagne)


Je t’ai peint de couleurs et de miroirs ainsi que de chants cristallins, parce que petit homme, je te voyais de loin. J’avais pris la forme parfois mutine d’une ondine et je parcourais des distances incommensurables tout en flottant sur les eaux de certains marécages et tu ne me voyais pas, ou si peu. Je prenais l’apparence d’un feu de joie dans les reflets des roses lunaires, et je riais de retrouver ici ou là les perles et le corail. Je pouvais te regarder derrière le saule pleureur, et puis aussi m’évanouir dans les écumes du soir, quand ton front perlait de certaines translucides mémoires. Je te voyais recueillir une goutte, puis une autre. De façon à ce que tu puisses me reconnaitre, j’y versais l’évanescence d’un effluve de rose. Il ne s’agissait pas de n’importe quelle rose. Ce rose est celui d’une petite fille qui l’a couché sur un mouchoir à l’aide d’un fin pinceau, afin de broder un pétale délicat. Elle s’en souvient encore, tel le geste qui ose à peine effleurer le tissu blanc. Petit homme, la déesse prit l’apparence de petits rochers ondoyants, non loin d’un océan dont le nom est serti des bleuets de mers antiques. Te confierai-je ce secret ? La déesse devint une étoile dans la main d’une enfant. La beauté vénusienne de cette très ancienne princesse remonte à celle de Néfertiti. Sa grâce avait conquis alors le monde entier. Elle avait prononcé l’exacte exactitude des mots au sourire d’une Aube nouvelle, et dans les mains de l’Amante, il se vint naître plusieurs sortes de coquillages. Je t’ai peint d’Amour quand l’ombrelle se transforma en une soie de couleur rubis. Je sais que tu noues tes mots pour ne pas les perdre et, je sais que tu en fais un collier précieux de vagues qui se déploient. C’est à la chaleur de ton cœur que je t’embrasse, Ô Rapsode sauvage !

Océan sans rivage


Recueil Digression
Digression

lundi 14 décembre 2020

Le lièvre ou la tortue ?


 

Un morceau de branche,
Un épouvantail qui danse,
Deux leçons pour un corbeau,
Une cisaille et un marteau,
De la paille et une fourche,
L’étable accueille deux passants.
L’un s’en va, l’autre pense,
Le monde ne tient pas dans ma poche,
Je viens de découvrir un œuf,
Mais l’étable avale une couleuvre,
Je fais un pas, puis je disparais,
Certains n’ont rien vu et se gaussent,
D’autres applaudissent et d’autres pleurent.
La fierté n’est pas de l’orgueil,
J’ai vu des scorpions être justes,
Et des dindons marcher dignement.
Il faut vivre dans une ferme,
Pour connaitre l’heure les poules.
Le Coq chante et le jour nous prend à la gorge.
Je veux bien courir sans m’arrêter,
Mais ne me demande pas de vivre dans le mensonge ;
La vivacité d’un lièvre…
Bien-sûr, c’est la fable de tous :
La tortue a vite de dépasser
La bêtise du monde entier,
Tandis que le poisson suit son cours.
Deux petites écorces,
Le chêne et le laurier,
Se reposent en silence,
Derrière les fantomatiques obséquentes paroles
Je tiens une fervente et sagace sarabande
Une vaine danse sans importance,
Légère et amusée,
Parce que le temps s’y est trouvé.
Le lièvre n’a rien oublié,
Mais la tortue a gagné.

Océan sans rivage

Blason de Rennau (Basse-Saxe, Allemagne)

jeudi 10 décembre 2020

Jardin du Luxembourg


Blason de Barßel (Basse-Saxe, Allemagne)

 
Je vais vous conter l’histoire d’une fillette qui se rendait souvent, avec sa maman, au grand Jardin du Luxembourg, la main dans la main. Je vais vous raconter comment cette maman l’aimait tendrement, d’une tendresse infinie qu’elle déversait en boucle suave tout en coiffant sa petite fille. Chaque phrase qu’elle prononçait était celle d’une lionne qui aimait farouchement ses petits, qu’elle regardait attentivement, mine de rien, et ce du coin de l’œil. Cet immense parc apparaissait semblablement à un gigantesque labyrinthe pour la petite fille. Mais elle n’avait nullement peur de courir parmi les chaises et elle retrouvait toujours le fameux sentier qu’elle connaissait par cœur. Ce magnifique Jardin devenait le plus grand des pays imaginaires, celui des souvenirs par milliers durant les longues journées parisiennes. Sa mère s’asseyait non loin de là, sur un banc et la regardait faire flotter son petit bateau dans l’immense bassin. Je vais vous conter combien les pigeons lui semblaient drôles avec leur démarche particulière. Elle les regardait s’envoler dans le ciel souvent gris, mais, tout en les suivant du regard, elle volait avec eux et la joie emplissait ses petits poumons. Paris était le plus beau pays du monde pour la fillette. Paris devenait de gigantesques et magnifiques bras fredonnant pour la petite fille. Paris, le beau souvenir d’une mère et de son enfant. Paris, encore et encore…


Océan sans rivage


mardi 8 décembre 2020

Confusion, désordre, Restauration et Unité


Blason de Dzierzgoń (Pologne)

     Tant que nous ne considérons pas qu’il est un Par-Delà, tant que nous ne verrons pas que ce monde est La Manifestation d’une Volonté énonciatrice d’un Créateur, et tant que nous ne reconnaîtrons pas L’Alpha et L’Oméga suprêmes, nous verrons l’ignominie gagner du terrain à la vitesse que nous avons présentement même peine à considérer. Certains pensent que ceci est le fruit d’un combat duel, et c’est vrai dans une certaine mesure, car La Roue est en son processus de Restauration ; certains autres pensent qu’il faut combattre, et je le dis sans aucune espèce de retenue : bien au contraire, restez chez vous et travaillez sur vous-mêmes, d’une façon ou d’une autre et éloignez-vous de cette confusion. Il s’agit bien de prendre le temps, enfin, de l’arrêt salvateur. Si vous vous sentez menacés, c’est que véritablement vous l’avez toujours été. Il n’est de menace et de danger qu’en nous. Si vous pensez que vos libertés s’amenuisent et que vous êtes en train de perdre celles-ci, alors, je vous le dis en vérité, vous n’avez jamais été libres. Il est temps de dire adieu à tout cela, à tout ce qui vous a semblé important, et de revenir à l’essentiel.

Conte des sept Occidents


Blason de Sept-Saulx (Marne, Champagne)

D'or à l'arche de pierre de gueules, enfermant un champ d'argent et en pointe une fasce d'azur sommée d'une vanne d'écluse de sable et accompagnée de sept arbres coupés au naturel ordonnés en un demi cercle ; au chef de sinople chargé de trois fleurs de lys d'or.


Il était une fois un Arbre qui se souvint de La Constance. Il prenait de multiples formes, mais ne changeait jamais, car La Majesté de son Essence résidait dans L’Élévation. Il avait plusieurs fois rencontré les animaux de la forêt et quand nul ne pensait à lui, ni ne lui prêtait attention, il glissait vers la douce clairière. Là, il scrutait le ciel avec ses branches et s’élançait pour atteindre les nuages. Il laissait volontiers se nicher dans ses feuillages les plus belles étoiles, et même les constellations. Il offrait sa robe brune aux rayons du soleil, et la pie se posait avec quelque fracas, comme il lui en semblait toujours avec cette drôle de bête, mais il ne bronchait pas. La mésange et la fauvette aimaient à se retrouver au creux de ses bras. Il avait vu tant d’oiseaux qui s’étaient naturellement abrités dans les branchages. Souvent un écureuil grimpait jusqu’à la cime de l’Arbre avec une telle légèreté qu’il lui était impossible de le surprendre. Il le cherchait partout mais en vain. Même quand le pivert l’attaquait de son dur bec, il savait qu’une raison l’y poussait et cela l’enchantait. Cet Arbre se souvint aussi de La Fidélité et s’émut de voir que les petits êtres de la forêt venaient lui rendre visite avec une grande vénération. Certains lui faisaient le récit de leurs exploits, pour d’autres il s’agissait de leurs déboires. En Lui-même, Il croisait les jambes et les écoutait tous très attentivement.  Souvent dans la nuit, il entendait le hululement du hibou. Il apercevait des yeux luire et sentait quelque renard le frôler, presque comme dans un souffle. Le vieux pin lui contait ses malheurs, car son grand frère avait été coupé par des bûcherons. Ce dernier s’en remettait à peine. Quelques aiguilles jonchaient le sol et étaient les seuls vestiges de son frère. L’Arbre le rassurait comme il pouvait. Leur amitié était indéfectible. – Tu es le plus vieil arbre de la forêt et tu en as vu passer des choses. Tes meilleurs amis t’ont quitté mais tu restes impassible. – Détrompe-toi, ils ne m’ont jamais quitté. Je les ai tous gravés en moi, car il est un grand secret que l’homme ne connaît plus : rien ne sombre dans le néant. Tout peut être détruit, mais tout peut renaître. En nous est une puissante Mémoire.

 

© Océan sans rivage 

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Conte des sept Occidents, L’Arbre

lundi 7 décembre 2020

Conte des sept Orients


Blason de Jämsä (Finlande)


Des tourments pour arriver jusqu’au Jardin, Ô mon Souvenir, Réminiscence de Ton Visage aux Lumières de Ta Grâce sans qu’imperfection ne soit en cette disgrâce à venir s’y pervertir. Ultime de Ton Rappel au pur moment et Ta Présence quand nous prenions en cet espace, le temps du matin qui joue avec la nuit, la révérence, telle la mariée et Ses Voiles, puis des multitudes de La lampe esseulée éclairant les signes puisés en La Lecture ouverte du Corps-parchemin, et quand ivre, il n’est qu’une Louange : Toi ! Ô Rose de notre Contemplation cuisante, versée en notre feu, cœur irradié de sept flèches. J’ai goûté aux sept tourments inscrits sur la face obscure de Ta Lune et j’ai traversé les sept ponts pour qu’ils se résorbent en L’Un, les enfilant comme on enfile les perles, et des mots que j’ai bus à Ta source dont je n’ai pas même cherché le Vin ; pourtant, Tu as versé le Lait mêlée à L’Eau et j’ai bu le Raisin de La Coupe invisible aux regards, sans que je ne l’ai désirée. Visualisant les six points cardinaux, Le Corps devint Croix et en L’Élément subtil, Il plongea, lors que mon corps tremblait des affres, Ô Vide abyssal ! Mais, quelle est donc cette Conscience au milieu de la secousse ? Que nous montres-Tu là, Ô Âme, Ô Vie ? le froid était plus froid que le froid et le feu ne brûlait pas, ni ne réchauffait le cœur meurtri. Les vagues avaient jailli dans le chaos comme des lames acérées, mais Tu me tenais d’une poigne ferme et Quand tout se dissolvait dans L’Océan de Vie, La VIE disait : Je suis là. – Mais qui est là ? Qui est Là ? – Ta Présence en Ma Présence, car aucun instant ne demeure hormis en Mon Instant. – Ô Contemplation qui vient de La Vision sûre, qui voudrait être effrontée, qui voudrait franchir les étapes sans discontinuité, et nulle Vision hormis Ta Vision. Qui voit ? Oh ! qui voit ?  Il me fallut traverser le désert, puis gravir la montagne. Mais que me dit-on alors ? Le Jardin apparut, comme dénudé, et Tu me dis : Entre ! L’homme se dressait en sa lumière pour faire un geste large, puis Il nous apprit à nommer les sept flèches. Chacune avait sa couleur, et chacune étaient reliées à un fleuve, puis chacune contenait les formes subtiles du corps. Et chaque forme nous reliait à d’autres mondes et je finis par voir que le Jardin était à se peupler depuis les sept flèches qui avaient transpercé les frontières et tous les aguets.


© Océan sans rivage

stefanonafets: “ Jacobello Alberegno, Triptyque de’l Apocalypse (1360-90) ” 

Conte des sept Orients, Les sept flèches

dimanche 6 décembre 2020

Conte des sept Orients


Blason de La Roque-sur-Pernes (Vaucluse, Alpes-Provence-Côte d'Azur)


Vous ai-je fait le récit de cette histoire pour le moins étrange ? Afin de rejoindre un sage dont on m’avait fait forte louange et qui séjournait en une contrée lointaine, j’avais dû entreprendre un grand voyage, compagnée de tous mes amis. Lors, nous dûmes franchir un grand nombre de cols de montagnes, traverser des zones pour le moins isolées,  pour nous retrouver, enfin, jusqu’à la bouche d’un vaste désert. Quand nous parvînmes chez lui, nous crûmes pénétrer dans le jardin d’Eden. Une luxuriante végétation nous accueillit, tandis que des animaux de toutes sortes se côtoyaient, et sur des tonnelles s’étaient perchés des paons dont les queues s’offraient en de larges éventails de couleurs. Nous passâmes sous différentes arches, tandis que le sage nous attendait debout devant le pilier d’une voûte en pierres. Son regard incisif nous submergea et nous éprouvâmes la plus fascinante des douceurs. Le soleil avaient blanchi les murs de sa petite demeure où il nous convia. Nous nous installâmes sur des tapis d’orients, face à lui. C’est alors que le sage se mit à parler en nous fixant de son regard charismatique : « Un jour, je marchais dans la nuit et j’aperçus une petite fille aux yeux clairs. Ses cheveux blonds bouclaient autour de son visage nimbé de lumière. Elle se lança vers moi et me demanda de l’aider, car elle s’était perdue en cours de route. Elle me supplia avec ses yeux emplis de larmes de me conduire chez elle. Je la vis qui tremblait de froid et j’ôtai mon manteau afin de couvrir son petit corps frêle. Je l’accompagnai jusqu’à la porte et elle me remercia, et quand elle voulut me remettre mon manteau, je lui dis : garde-le, je reviendrai plus tard et tu me le rendras. Cette petite fille apparue dans la nuit me laissa un souvenir inexplicable. J’étais presque hanté par son image évanescente. Je ne pus me résoudre à l’oublier. Je pris, au bout de quelques jours, la décision de me rendre enfin chez elle et de frapper à sa porte. Ce que je fis sur le champ puisque j’avais mémorisé le chemin pour m’y rendre. Je frappai à la porte, et là, une femme d’un certain âge m’ouvrit. Je lui demandai à brûle pourpoint si je pouvais voir sa petite fille. Sans un mot, elle s’empara d’un fichu qu’elle posa sur sa tête et me demanda de la suivre. Nous marchâmes durant un long quart d’heure. Je n’osais lui poser de questions. Elle marchait et je suivais cette femme, en silence, le cœur étonnement ému. Enfin, nous arrivâmes à destination, et j’eus la grande surprise de découvrir, sur une minuscule tombe, le manteau bleu dont j’avais enveloppé la petite fille. Je compris, alors, que j’avais eu affaire cette nuit-là, à l’esprit de la petite fille et que celle-ci était morte depuis des années déjà. » Quand le sage eut achevé de conter son histoire, il me regarda avec une insistance qui me troubla, et je me mis à pleurer, doucement…


© Océan sans rivage

 Femme dans un manteau - Adolphe Etienne Piot 1871

Conte des sept Orients, la petite fille et le manteau

samedi 5 décembre 2020

Conte des sept Orients


Blason de Hauneck (Hesse, Allemagne)


                                  Le soleil au fusain,
                                         D’étoiles inédites,
                                         S’élargit de tes mains,
                                         Quand chaque rose,
                                         Du bleu de ton songe,
                                         Éblouie de lendemains,
                                         Verbalise les étreintes de nos phrasées,
                                         Qu’emportent nos désirs,
                                         Dans l’instantané,
                                         Puis fleurissent à ta bouche,
                                         L’illustre odyssée,
                                          Sans que ne vienne à s’épuiser,
                                          Le silence des fleurs odorées.

    Tel fut le récit que nous rapportèrent les étoiles, sans que nous puissions de nouveau donner la localité de tels souvenirs, mais d’avoir laissé au rivage les éternels soupirs, le regard accueille un Soleil, et l’avez-vous donc retenu de vos mains nues, l’avez-vous scruté savamment, l’avez-vous bu de votre gorge vermeille, avez-vous senti combien l’éloge est imparfaite des mesures que l’on voudrait encore accrocher à la Divine peine et j’ai rencontré tantôt celui qui me confia ces choses, ces choses qu’il tait dans le puits de son cœur, et je ne peux vous conter les ruisselances des opulentes clameurs, car, je vous le dis,  il m’a fait ces confidences : j‘ai mentionné un aspect des choses, et tout le reste je l’ai tu.

    Cette jeune fille se fanait à vue d’œil, et nul ne songeait à venir la secourir, car autour d’elle, il n’y avait que blessure, indifférence, avidité, ignorance, condescendance et même mensonge. Elle le savait. Aucun mot ne sortait de sa bouche, car chaque fois que sa blessure se manifestait, elle l’étouffait dans les maladies que seule l’âme sait inventer pour échapper à la bêtise. On l’avait enfermée, car, l’on craignait pour ses jours. Elle se languissait, et de pâleur, avait su effacer toutes les couleurs. Même la neige n’était plus blanche. Ses parents ne voulaient rien voir, ni même entendre. La prirent-elle pour une folle ? Souhaitez-vous entendre la fin de l’histoire ? Le pourriez-vous supporter ? Elle, de gracilité diaphane, que lui reprochait-on ? Quand on la forçait à regarder dans une certaine direction, elle tournait son visage vers L’Ailleurs et son âme s’évasait dans les pluies de son cœur. Un jour elle disparut complètement, laissant la détresse et la ruine autour d’elle. Nul n’avait saisit les perfections de son être qui avait devancé son corps. J’ai vu sa peau devenir translucide et capter toute la lumière du jour, et je vis aussi le ruisseau de ses yeux. Plus tard, bien plus tard, elle portait un Diadème et volait dans les cieux. Je la vis et, jubilant de Joie extrême, me donner un buisson de feu.


© Océan sans rivage 

 Bartolome Esteban Murillo, Saint Rufina, c. 1665, oil on canvas, 36 3/4 x 26 1/8

Conte des sept Orients, la jeune fille des étoiles

vendredi 4 décembre 2020

Conte des sept Orients


Blason du Landkreis Reutlingen (Bade-Wurtemberg, Allemagne)

 

     Elle vint à passer sur le chemin et s’étonna de la pauvreté des formes figées. Que ne jeta-t-Il en cette Empreinte, La Lumière, se dit-elle, La Lumière qui donne à chaque chose La Vie. Puis Elle se mit à danser autour de la forme et lui chanta, le cœur épris d’Amour :

     Te dirai-je l’aride sécheresse des terres que viennent à vanter les souffles qui ne sauraient ni attiser ni féconder les timides offrandes des bouches de l’âme inféconde ? Il était en ce Palais de luxuriantes poésies, candélabres de nos ondoiements, vérité de L’Orient qui n’achève jamais Son Expir devant le goût de notre Promesse, Soieries des cordes du luth et de la cithare, quand le corps s’émeut des rosaces du Jardin, aux capiteuses effluves de Jasmin, et l’hiver n’est  rien comparé à ces rigidités que sème le jour de l’égarement. Je suis arrivée vers Lui et de chanter sans nous défaire des lianes de nos cœurs aimantés par L’Éternel. Je L’ai regardé derrière le voile des effets du long Voyage et n’ai plus vu que Lui. En Lui, et en Lui seul sont déversés les sublimes flux d’un chantre, à l’aube, quand se rétrécissent les ombres du sommeil des enfants, ceux des lettres de l’intériorité, évanescentes allégories dont les muscs sont un Divin Oratoire et sans que les vents soyeux de nos confidences ne violent le Sien Regard, mais L’épousent au contraire des Inspirs au cœur des perles de Jade ; quelles peuvent être les rivalités pâles de tes suppliques, Ô forme inerte ? A Ses paupières de velours, je m’accroche et notre entente devient la célébration de nos Noces. Il a placé la Désirée au centre du sol tournoyant, et au-dessus, le Dôme des cristaux de L’Écho aux branchages des réciproques courtoisies. Telle est L’Exultation suave au Couchant de L’Âme quand s’embrasèrent les regards. Vêtue des parures, voici que s’avance vers Lui, L’Octave des mille nuits quand L’Une dispense d’élire nos meurtrissures. A L’Aube, j’ai vu frémir Son Visage caressé par les lumières de Sa Souveraine Étincelance. Tandis que tu n’as des mots que leur forme, j’en épouse chaque essence et j’embrasse leur puissante origine, mais je ne daigne pas rire de ton ignorance. Je m’en remets à Celui qui donne sans compter, afin qu’Il t’offre La Beauté des Essences du Jardin de L’Âme.

© Océan sans rivage

 

Conte des sept Orients, La Princesse et la forme

jeudi 3 décembre 2020

Conte des sept Orients


Blason de Zwiefalten (Bade-Wurtemberg, Allemagne)

 

     Je l’ai vu, cet homme d’un certain âge, poussière au vent de ses nuages, clés perdues dans le sillon de son voyage ; il avait tenu ce miroir des huit présents, et ne savait qu’en faire. Il le tint tout d’abord éloigné de lui, puis avait, comme un animal, léché la surface, puis encore, il avait placé son regard et l’avait collé à ses oreilles. Plus tard, il m’en fit le récit. Ce miroir s’appelle : les huit présents. Ce récit n’en mentionne qu’un.

     Les pierres ont parlé et elles se sont fendues en deux, laissant leur joie s’écouler. Les pierres ont suinté, et arrondies sous le soleil de leur fébrilité, elles ont laissé leurs histoires se raconter. Sur le sol de notre terre, que les tombes amoncellent, je n’inscris rien, mais à la pierre de notre feu intérieur, il s’est chanté des longs murmures de constance et de beauté. Sur le chemin de grève, sur les falaises de nos aspérités, sur les roches ébaubies, sur le parterre des garrigues, sur les massifs bleutés, sur les petites allées, sur la terre jaune, sur la terre de neige hébétée, sur la terre noire des volcans incendiés de peurs et de nos jaillissements, tremblements, sur la terre rouge de nos passions enflammées, et sur la terre brune de nos vertes vallées, en toutes pierres, en nos heures dans l’océan de notre fraternité, en la terre de lumière, en cette voix qui nous est chère, en cette exclamation sans que rien ne vienne la troubler, en ces morceaux de verdures et ces primevères, quand même l’ignorance nous a rattrapés, quand même nos illusions sèment ces perles de rosées, je tiens l’étendard d’aucune magie, si ce n’est celle de la résorption, car il n’est aucune illusion, et j’ai vu quelqu’un prendre un miroir et glacé croire à l’image du reflet, puis brandir l’étain, le cristal et l’eau de chaque côté et soudain, le monde lui apparut comme la lumière à peine bleuie, à peine voilée et la rose délicate devenue les yeux de l’amoureux, quand les cœurs se fondent à l’unisson et chantent. Le miroir a éclaté et des directions de l’espace invisible, les points ont dansé. Je ne sais, je ne sais. La folie, sans doute de boire à l’eau d’un miroir, et de voir que mes yeux ont un cœur, et que mes yeux sont le présent pour l’éternité.


© Océan sans rivage

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Conte des sept Orients, l’homme et le miroir