Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

dimanche 31 juillet 2022

Napoléon


Napoléon aimait bien, entre deux coups de feu,
Rentrer chez lui pour prendre un petit casse-croûte :
Une ou deux tranches de pain de froment bien croûteux
Arrosées d'un peu de vin, oh ! à peine une goutte.

L'estomac d'un Corse n'est pas celui d'un Gascon.
Il mangeait à la hâte, très souvent sur le pouce.
Une digestion lourde sied mal à l'esprit fécond
Dont le tranchant, d'un confort trop marqué, s'émousse.

Pas moyen, en ces temps troubles, de se poser.
Une bataille remportée annonçant la suivante,
C'est sur son cheval qu'on devait se reposer.

À force d'avoir les yeux plus grands que le ventre,
On creuse le lit d'une défaite finale et cuisante,
Surtout après s'être cru du monde le centre.

* * *

L'homme qui a plié l'Europe entière sous son joug
N'a su fonder qu'une dynastie bien éphémère.
Et n'étant pas du genre à tendre l'autre joue,
C'est en exil qu'il ira boire la coupe amère.

À Moscou, les Russes lui avaient damé le pion,
Envoyant sa Grande Armée dans la fosse commune.
Mais l'ultime déculottée lui viendra d'Albion
Qui n'avait pas digéré le sable des dunes.

Car si l'Égypte lui ouvrit les portes de la gloire,
Il lui eût fallu d'Azincourt se souvenir
Pour sentir qu'en ce passé couvait l'avenir.

Hitler aura lui aussi la courte mémoire.
Quant aux conquérants d'opérette du temps présent,
Leur destin sera de beaucoup moins reluisant.


Histoires fromagères

Tyrosémiophilie de Napoléon Bonaparte

samedi 30 juillet 2022

Le Petit Alsacien

L'Alsace a un côté Suisse, sous certains angles.
Cette particularité s'explique par l'histoire
Où parfois le cadre sort de son rectangle.
Après la Guerre de Trente Ans, si j'ai bonne mémoire,

Le pays s'est trouvé à ce point dépeuplé
Qu'il restait peu de monde pour cultiver les terres.
Des colons suisses furent chargés de le repeupler
Et d'effacer les dégâts causés par la guerre.

Beaucoup d'Alsaciens ont des Suisses pour ancêtres,
Une origine qui peut parfois transparaître :
La manière de parler et d'intoner, sans doute,

Avec un sens partagé de la propreté
Et de l'ordre. De marquer une identité
Qui comme partout ailleurs menace d'être dissoute ?


Histoires fromagères

Le Gars Normand


Le Normand est, dit-on, assez près de ses sous
Et aurait tendance à être plutôt pingre.
Il ne révèle guère ses arrières ni ses dessous,
L'ostentation n'est pas son violon d'Ingres.

On le sait timoré, prompt à se réserver.
Prudent, il garde ses opinions sur la balance,
N'étant pas du genre à se laisser enlever
Les mots de la bouche ; c'est en vain qu'on le relance.

Peut-être bien que oui, peut-être bien que non...
Le gaillard sait tenir de la sorte ses distances,
Serait-ce là manière de se piquer d'importance ?

Quelques traits de caractère en firent le renom,
Mais l'y réduire serait peut-être téméraire
Car il se pourrait bien qu'il soit le juste contraire !


Histoires fromagères

vendredi 29 juillet 2022

Tyrosémiophilie de la fermière (4)

4 - Le versement du lait
 

    Le vaste et remarquable monde des tyrosèmes
    Explore tous les sujets et visite tous les thèmes,
    Cela, à tous les niveaux, sans exclure aucun domaine,
    Parcourant les régions de l'Alsace jusqu'au Maine.


    Si la vache domine et arrive en toute première,
    La seconde place échoit, pour sûr, à la fermière.
    Ses représentations nous la montrent active,
    Vêtue selon la province dont elle est native.

    Nous la voyons, gardant les bêtes, faisant la traite,
    Versant le lait puis l'allant porter à la ferme,
    Se rendant au marché d'un pas léger et ferme.

    Pimpante et souriante, comme en un jour de fête,
    C'est elle, encore, qui fait la réclame du fromage.
    Voici le quatrième épisode par l'image...

Tyrosémiophilie de la fermière (3)

3 - La traite
 

Le vaste et remarquable monde des tyrosèmes
Explore tous les sujets et visite tous les thèmes,
Cela, à tous les niveaux, sans exclure aucun domaine,
Parcourant les régions de l'Alsace jusqu'au Maine.

Si la vache domine et arrive en toute première,
La seconde place échoit, pour sûr, à la fermière.
Ses représentations nous la montrent active,
Vêtue selon la province dont elle est native.

Nous la voyons, gardant les bêtes, faisant la traite,
Versant le lait puis l'allant porter à la ferme,
Se rendant au marché d'un pas léger et ferme.

Pimpante et souriante, comme en un jour de fête,
C'est elle, encore, qui fait la réclame du fromage.
Voici l'épisode numéro trois par l'image...
 

mercredi 27 juillet 2022

Pauvre banane !


 
Armoiries de Baja California (Mexique)

Imaginez un monde sans électricité :
Pas de télé, ni internet, ni téléphone...
Imaginez le niveau d'incapacité
De la masse où partout, déjà, le vide résonne...

Le monde est entré dans une telle précarité
Qu'un rien peut le mettre en panique générale !
Les hommes, enfermés dans leur linéarité,
N'ayant guère d'autre perspective que carcérale,

Feront l'expérience des avant-goûts de l'enfer...
Mais sans doute n'ont-ils pas encore assez souffert
Pour s'accrocher toujours plus fort à ce système ?

Certes, chacun de son côté se sent impuissant,
Ne sachant pas les tenants et aboutissants.
Mais pauvre banane, décroche déjà en toi-même !

Le Spectre à trois faces



Les mots pour plaire

Considérations sur le futur proche


 
Variante des armoiries de Cologne : Trois singes : Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. 
(Peinture murale sur la maison du 16, rue Subbelrather, Cologne)

 

     Je sais, Mado, je répète souvent les mêmes propos sous d'autres formes. Mais je préfère nettement radoter dans ce sens que de participer au patinage sur place ou au tournage en rond ambiants et généralisés. L'idée que l'humanité, dans son ensemble, progresse est quotidiennement désintégrée par l'actualité. Tout va de mal en pis ? On continue de plus belle ! L'habitabilité de la terre est compromise ? Allez, encore une couche ! On gratte les fonds de tiroirs pour soulager la misère ? C'est par palettes de billets de banque qu'on finance les guerres ! L'argent ne semble être magique que dans une seule direction : celle de la destruction. L'individu (et non la masse) peut seul s'extraire de cette mélasse autophagique. C'est là et en lui-même qu'est le point de progression, mot signifiant « monter d'un degré ». Monter... tout un programme !



Certains tiennent pour acquis que l'homme descend du singe
(Et sans doute celui-ci descend-il de l'arbre ?).
Je ne me suis pas beaucoup creusé les méninges
(Où je ne laisse jamais s'installer le tartre)

Pour déduire qu'il s'agirait plutôt du contraire,
Vu l'état de dégénérescence avancé.
L'incapacité de la plupart à s'abstraire
D'un système absurde, totalement insensé,

Et qui fonce droit dans le mur à une telle cadence,
Est bien plus que l'indicateur d'une décadence :
Le clair symptôme d'une véritable régression !

Le singe n'est pas un passé mais le futur proche
Et c'est à grands pas que ce dernier se rapproche !
Évolution ne signifie pas progression.

Le Spectre à trois faces 


Lire aussi

 

mardi 26 juillet 2022

Hànsel et Gretel

Hànsel et Gretel * sont deux petits Alsaciens
Qui vivent dans la vallée de Munster, près des Vosges.
Ils habitent dans un corps de ferme de style ancien
Dont la prospérité suscite partout l'éloge.

Leur oncle, l'Ami Fritz, tient une fromagerie
Dont la réputation a franchi les frontières.
Ses granges, ses caves, son cellier et sa bûcherie
Sont bien pourvus car son activité laitière

N'est qu'une partie d'une agriculture vivrière
Qui assure à la famille son autonomie.
Quoique n'étant pas diplômé en agronomie,

L'homme s'y connaît un tantinet en la matière,
Prônant et pratiquant le retour au local
Afin qu'on sorte des aberrations du global.

 

* Diminutifs, littéralement : Petit Jean et Petite Marguerite.

Histoires fromagères

Tyrosémiophilie de la fermière (2)

La fermière dans le pâturage


Le vaste et remarquable monde des tyrosèmes
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Cela, à tous les niveaux, sans exclure aucun domaine,
Parcourant les régions de l'Alsace jusqu'au Maine.

Si la vache domine et arrive en toute première,
La seconde place échoit, pour sûr, à la fermière.
Ses représentations nous la montrent active,
Vêtue selon la province dont elle est native.

Nous la voyons, gardant les bêtes, faisant la traite,
Versant le lait puis l'allant porter à la ferme,
Se rendant au marché d'un pas léger et ferme.

Pimpante et souriante, comme en un jour de fête,
C'est elle, encore, qui fait la réclame du fromage.
Voici l'épisode numéro deux par l'image...
 

lundi 25 juillet 2022

Considérations orwéliennes (1)

 

Blason de Frederiksberg (Copenhague, Danemark)


Ne dis plus ce que tu vois, ni même ne le vois.
Si l'on te dit qu'au lieu de bleu, le ciel est rose,
Tu le croiras. Si l'on te dit : « Voici la voie. »
Tu la suivras. Si l'on te dit : « Voici la cause. »

Tu la serviras, sans aucune hésitation,
Ni la moindre critique, pas même l'ombre d'un doute,
Sous peine d'une mise à l'index, voire d'une privation.
Seule compte la doxa, n'enlève rien, ni n'en ajoute.

Que demandes-tu ? À quoi servira ton cerveau ?
Juste à recevoir les impulsions qu'on te donne
Pour faire aveuglément tout ce que l'on t'ordonne.

Le crédit social établira ton niveau
De soumission à ce nouvel ordre des choses
Que le souci de ta sécurité impose.

Le Spectre à trois faces

 

Sur le pont depuis 1984

dimanche 24 juillet 2022

Les champs désertés

On ne voit plus d'enfants grimper dans les arbres
Pour chaparder des cerises, construire des cabanes.
Ils ne fabriquent plus d'arcs, d'épées ou de sabres
Pour batailler, ni de frondes, ni de sarbacanes.

Les champs sont aussi vides que les chemins déserts.
Terminées, les baignades d'été dans les rivières !
Finies, les joyeuses parties de luge en hiver !
Ni curé se promenant, lisant son bréviaire,

Ni garde-champêtre aux aguets dans les vergers ;
Plus de gardeuse d'oies, de vacher ou de berger ;
Plus de vannier tressant l'osier pour les corbeilles.

Tous ces ateliers fermés, ces métiers éteints.
À peine entend-on un coq chanter le matin
Ou les ébrouements d'une étable qui s'éveille.


Histoires fromagères

samedi 23 juillet 2022

Une mère intransigeante


– Maman, c'est bientôt l'heure du goûter, dit Martine,
Est-ce que je peux avoir des petits biscuits ?
– Il n'en est pas question, mange plutôt une tartine.
Voilà du fromage fondu et du pain bien cuit.

C'est beaucoup plus nourrissant, tu peux me le croire.
Ces choses du commerce contiennent bien trop de sucre !
– Est-ce que je peux avoir du coca à boire ?
– Tu plaisantes ! Boire cette mixture qu'inspire le lucre ?

Je serais une bien mauvaise mère à t'en servir !
Crois-tu donc que ta soif s'en pourrait assouvir ?
Que nenni ! Plus on en boit, plus on en désire.

Tu prendras de l'eau, elle ne te trompera pas.
Ce qui vaut pour le goûter vaut pour le repas.
C'est dans les choses simples qu'on trouve le vrai plaisir.


Histoires fromagères

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Goûters d'antan

vendredi 22 juillet 2022

Le Père Thanase


Si le Père Thanase est connu pour son humour,
On redoute plus que tout ses réparties cinglantes.
Plus d'un le voyant venir fait un grand détour
Pour échapper à une remarque ambivalente.

Il en a toujours une de prête sous le bonnet
Et la place chaque fois que l'occasion se présente.
Sa prosodie est plus courte que celle du sonnet,
Deux alexandrins lui sont mesure suffisante.

Ses répliques pourraient remplir tout un catalogue ;
L'on dirait du Gabin ou du Bernard Blier
Dans un film où Audiard signe les dialogues.

Ses blagues ne sont pas du genre « arrache-moi la jambe »
Car c'est en quatre qu'on risque d'être plié !
Il faut, pour tenir le coup, être bien ingambe.


Histoires fromagères

Tyrosémiophilie de la fermière (1)

Le vaste et remarquable monde des tyrosèmes
Explore tous les sujets et visite tous les thèmes,
Cela, à tous les niveaux, sans exclure aucun domaine,
Parcourant les régions de l'Alsace jusqu'au Maine.

Si la vache domine et arrive en toute première,
La seconde place échoit, pour sûr, à la fermière.
Ses représentations nous la montrent active,
Vêtue selon la province dont elle est native.

Nous la voyons, gardant les bêtes, faisant la traite,
Versant le lait puis l'allant porter à la ferme,
Se rendant au marché d'un pas léger et ferme.

Pimpante et souriante, comme en un jour de fête,
C'est elle, encore, qui fait la réclame du fromage.
Voici ces différents épisodes par l'image...
 

 1 - Coiffes et costumes
 

Adieu donc

 

Blason de Cocobeach (Gabon) 


Ma chère Mado, je viens de lire ta carte postale
De Trucmuche-les-Bains où tu es sans doute en train
De bronzer ta couenne d'une manière sacerdotale.
Je te réponds sur le pouce, par quelques quatrains.

* * *

Adieu donc, la France de Racine et de Molière,
Et bonjour à celle des sots et des singes savants !
On a perché mille perroquets dans une volière
Qui croient dire des choses sous prétexte d'avoir des vents.

Adieu la France de Florian et de La Fontaine
Dont les fables passent pour des écrits sibyllins,
Et bonjour à celle des tweets et calembredaines
Où se piquent d'intelligence des petits malins !

Adieu la France de Hugo de Lamartine,
Celle, aussi, de Dumas, de Balzac et de George Sand !
Bonjour celle où même les aventures de Martine
Seront aussi occultes que les pensées de Kant !

L'école est devenue la fabrique du crétin
Qui place les pédagols au centre du système.
Les élèves sont devenus du menu fretin
Qu'on lessive à coup de valeurs tarte à la crème.

L'imbécile du futur sera en plus idiot.
On l'obligera à porter une muselière
S'il fait mine de maugréer ou s'il l'ouvre trop.
Je force ? Regarde juste deux années en arrière !

Le pinard et le saucisson, c'est bel et bon.
Alors, que signifient ces drive et ces market
Qui nous viennent tout droit du pays de Joe Bidon ?
La France est devenu un pays de lopettes.

Adieu donc, la France des provinces et des terroirs !
Bonjour à celle du bitume et des autoroutes
Qui sont du bougisme général les couloirs !
La modernisation forcée, quoi qu'il en coûte !

Adieu à ce monde et à sa diversité
Que l'empire du numérique corrompt et nivelle !
C'est l'Antéchrist qui liquide toute adversité,
Proposant à tous son paradis d'opérette.

Te voici encore à courir les Trente Glorieuses
Et à rêver de retrouver le monde d'avant.
Des fantasmes rassis naissent les raisons furieuses.
On moissonne la tempête d'avoir semé le vent.

Te voilà sertie de plus belle dans ta routine,
Cherchant toujours ailleurs les causes de tes malheurs.
Ta prochaine fessée te viendra sans doute de Poutine.
Marche voir sur la patte de l'ours... Bonjour ta douleur !

Les médias mainstream t'ont retourné le cerveau,
Te faisant prendre les vessies pour des lanternes.
Fait curieux : plus ils mentent, plus ils ont de dévots !
Ce ne sont jamais que les imbéciles que l'on berne.

Tu vis à crédit, rien ne t'appartient vraiment.
Demain, on te fera payer l'air que tu respires,
Risquant, vers la fin du mois, d'en manquer souvent !
Le pass-climatique te guette, prépare-toi au pire !

Tu voulais la liberté ? Tu la paieras cher !
Le crédit social t'en donnera le barème.
Et tu seras confinée, été comme hiver,
Faisant bien plus que tes quarante jours de Carême !

Le Spectre à trois faces 

 

jeudi 21 juillet 2022

À l'abordage !


Au départ, les pirates sont d'anciens matelots,
Pauvres bougres auxquels on menait la vie dure
Qui finissent par jeter le capitaine à l'eau.
On prend le vaisseau et on vogue à toute amure.

Une fois les réserves de nourriture épuisées,
Il faut, pour se ravitailler, partir en chasse.
De la première frégate que l'on vient à croiser,
On envoie aussitôt l'équipage boire la tasse.

Mais certains de ses membres changent parfois de camp
Pour s'en venir grossir les rangs de la flibuste,
Une corde au cou pour sûr destin au lieu d'un buste.

Les canons tiraient à boulets rouges. Quel boucan !
Les grappins lancés, on criait « À l'abordage ! »
Et « Pas de quartier ! » les jours d'écume et de rage.


Histoires fromagères

mardi 19 juillet 2022

Dormante mémoire

Ces histoires fromagères que l'air du temps décale
Fleurent la vieille France ; sorties de derrière les fagots.
Elles se déclinent dans une langue que l'oubli recale
Au même rang que les radotages et les ragots.

Ces petites histoires dormiront dans les cartons
Ou au fond du tiroir de quelque vieille commode,
Partageant le sort des proverbes et des dictons
Et de toutes ces choses surannées passées de mode.

La start-up nation n'a que faire de ces grimoires
Qui rapportent les errements d'un monde arriéré,
Faisant table rase de cette millénaire mémoire
Et n'ayant de cesse que de l'avoir enterrée.

À l'heure où les vieux s'éteignent dans les mouroirs
Et qu'on prétend de l'humain briser tous les codes,
Quoique se voyant toujours autre dans le miroir,
La termitière sera de la vie l'unique mode.

 

Histoires fromagères

Le Père Henri


Le Père Henri était un fameux personnage,
Un vieux de la vieille, comme sorti d'un autre âge.
Il n'était pas du genre à se la raconter,
Ni de celui à qui on pouvait la conter.

Il avait simplement oublié d'être bête
Et se servait, comme il disait, de sa tête.
En matière de camembert, c'était un expert
Et nul n'aurait osé se prétendre son pair.

Il avait le flair pour sentir la camelote,
Renvoyant plus d'un fromageux dans ses sabots
Qu'il pensait avoir quittés en chaussant la botte.

« Un bon fromage doit être aussi fin que rustique.
Plus d'un se voulant par l'étiquette faire le beau
N'est au mieux utile qu'à décorer la boutique. »


 
Le Père Henri tenait une épicerie fine
Où se côtoyaient le bourgeois et l'ouvrier.
Le vin de garde y pouvait croiser la chopine
L'on n'en était pas pour autant un buvetier.

« Foi d'un épicier qui a bien roulé sa bosse,
Le chaland vient de lui-même, qu'ai-je à le chercher !
Pour peu de n'être pas gourmand dans le négoce,
La qualité ne s'oppose pas au bon marché.

Si le fisc ne me prenait pas tant à la gorge,
Je pourrais vendre le froment au prix de l'orge.
Mais d'une embellie, je ne vois pas la lueur !

L’État veut sa part et son dû ? J'en suis fort aise !
À ce niveau, c'est du vol, ne lui en déplaise !
Combien payé-je de ronds-de-cuir sur ma sueur ?! »


Histoires fromagères

vendredi 15 juillet 2022

Sylvain et Sylvette


Sylvain et Sylvette, deux enfants du vert bocage,
Passaient des journées heureuses au milieu des champs.
Quand leur mère les envoya vendre des fromages,
Ils furent contents de jouer aux petits marchands

Et se rendirent d'un bon pas à la ville toute proche.
En chemin, ils eurent, comme on dit, un léger creux
Mais n'avaient pas le moindre croûton dans leurs poches.
Nantis d'un panier au contenu savoureux,

Il ne leur vint pas même à l'idée d'y toucher.
La faim aidant, d'une boîte ils n'eussent fait qu'une bouchée !
Et puis il eût fallu, le soir, rendre des comptes.

Ils se retiendraient, c'est juré, jusqu'au dîner.
L'on regrette rarement de s'être dominé
Et de s'épargner une occasion d'avoir honte.


Histoires fromagères


Le Père Placide



Le Père Placide est un homme plutôt débonnaire.
Il prend la vie comme elle vient, se contente de peu,
N'étant pas du genre à se rêver millionnaire
Où l'on mènerait grand train dans un luxe pompeux.

Il n'a jamais égaré son acte de naissance
Comme beaucoup que la modernité a séduits
Et qui y perdirent leur âme et leur innocence.
« Quelle misère de se retrouver ainsi réduit

À devoir courir sans cesse après l'air du temps !
Je préfère encore ma vie simple et rustique
Et je ne me sens pas arriéré pour autant.

Ma ferme et quelques vaches suffisent à mon bonheur ;
J'ai de quoi vivre ; je tiens ma propre boutique,
En marge de ce monde et de ses enquiquineurs. »


Histoires fromagères


jeudi 14 juillet 2022

Funeste mémoire


 Blason de l'Istrie


Tu étales ta vie insipide sur Face de Bouc,
Te piquant d'avoir des followers à la pelle.
Pour te donner de grands airs, tu soignes ton look,
Mais dans ton trou perdu, aucun large ne t'appelle.

Tu donnes de l'importance au regard des autres,
Mais l'on se soucie de toi comme de l'an quarante,
Chacun étant de son propre vide l'apôtre
Et se pensant de la quantité tirer rente.

Tu multiplies les selfies relayés partout,
Autrement dit, dans un océan d'indifférence.
Quand tu auras de ta jeunesse perdu l'atout

Et que les épreuves de la vie t'auront rabotée,
Tu te lamenteras sur ces jours de plate errance,
Funeste mémoire que nul ne viendra t'ôter.
 

Blason de Corneilla-del-Vercol (Occitanie, Pyrénées-Orientales)


Ma chère Mado, tu me trouves dure, n'est-ce pas ?
Peut-être crois-tu que je suis pleine d'amertume,
Me prenant des louchées de fiel à chaque repas,
Vivant dans mon antre comme une sibylle de Cumes ?

Le monde est devenu extrêmement frileux,
Ne proférant plus que des opinions communes.
Même les politiques sont devenus des péteux,
Portant la culotte mais n'en ayant plus « aucune ».

Les dernières actualités nous l'illustrent
Car la corruption des esprits est générale
Et la bêtise atteint des bassesses sidérales.

Il y a longtemps que leur système nous frustre ?
Alors qu'attendons-nous pour nous désabonner ?
Que les trompettes de l'Apocalypse sonnent ?

Le Spectre à trois faces

Les trompettes de l'Apocalypse ont déjà sonné.