Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

vendredi 30 septembre 2022

Archaïté


Blason de Vauthiermont (Territoire de Belfort)

 

Prendre Dieu à témoin ne vaut rien dans ce monde
Qui ne croit pas davantage à Lui qu'au Diable,
Mettant sur un même niveau le sublime et l'immonde
Qui sont étalés pêle-mêle sur la même table.

Le bateau, qui n'a plus ni pilote ni boussole,
Se condamne lui-même au plus funeste destin.
De ce sombre horizon, les hommes se désolent,
Mais l'équipage ivre fait de piètres mutins.

« C'est la faute de l'autre et j'en suis la victime.
De m'en plaindre est mon droit le plus légitime. »
L'innocence est moins un état qu'une tentation.

Chacun des partis se prévaut d'une juste cause.
De fait, ce sont toujours deux raisons qui s'opposent,
Sans vouloir monter au point de conciliation.

* * *

Car après s'être joyeusement pourfendus,
L'un se retrouve tout nu et l'autre en culotte,
Sans qu'aucun à une raison ne se soit rendu,
Prêt à piquer encore si quelqu'un s'y refrotte.

Pourquoi se combattre au lieu de s'entendre ?
La paix est d'autant plus précieuse qu'elle est précaire.
Monter est plus difficile que de descendre,
Comme de se dissoudre plutôt que de s'abstraire.

Ce monde a toujours été une foire d'empoigne,
Les uns rouvrant les plaies que les autres soignent ;
Et ce siècle-ci est d'autant moins exemplaire

Qu'il était censée être plus civilisé.
Dans les faits, il est plutôt à s'archaïser
Et donc à hâter son destin crépusculaire.

Chroniques d'un monde finissant

mercredi 21 septembre 2022

L'été est fini


 
L'été incandescent nous fait sa révérence
En nous offrant ces fastes journées de septembre
Où la nature déverse sa corne d'abondance.
Comme semblent loin encore les brumes de novembre

Que les nuits précoces et longues rendent mélancoliques !
C'est tout en douceur que l'automne fait son entrée.
À la pâquerette d'avril succède la colchique
Qui saupoudre la prairie rase de touches pourprées.

Les pommes finissent de mûrir dans les vieux vergers
Et les citrouilles grossissent au fond des potagers.
Entends l'adieu à la saison d'une alouette

Et admire le vol tranquille du milan royal !
Une nuée de choucas tranche le ciel automnal
Poussant leur cri qui évoque celui des mouettes.


Histoires fromagères

mardi 20 septembre 2022

Du bon beurre


Le beurre s'obtient en barattant la crème du lait.
Ainsi, ce qui était liquide devient solide.
Cela se faisait après la traite, sans délai ;
Il ne fallait pas avoir la main trop placide.

Le lait de pâture dépasse celui d'étable
Et le beurre qu'on en tire est d'une belle couleur jaune.
L'autre, d'usine, paraît bien morne sur une table.
Celui de fabrication fermière le détrône.

Peut-être peut-on y voir une allégorie
Sur la manière d'élever l'enfant pour faire l'homme ?
Il ne s'agit pas de changer la poire en pomme

Mais de former le meilleur d'une catégorie.
Une bonne éducation doit être douce et ferme,
Et ce, avant que l'enfance n'atteigne son terme.


Histoires fromagères

vendredi 16 septembre 2022

Le fond une fois atteint

 

 Blason de Klein Rottmersleben (Saxe-Anhalt, Allemagne)


La France est arrivée à son niveau zéro
Et ce fond une fois atteint, la voilà qui creuse !
Ses orifices buccaux ne produisent que des rôts
Et la moindre de ses décisions est foireuse.

Mais elle se pique de plus belle de son pedigree
Et achève de dilapider son héritage,
N'ayant de cesse que d'avoir tout désintégré,
Avec aux commandes des pilotes de bas étage.

Son agriculture est en complète déshérence
Et son industrie est bradée aux mercanteux.
Tout sombre et divague sur les chemins d'errance.

Le déclin intellectuel, la chute morale
Et la corruption mènent vers les fonds crapoteux.
Tels sont ces temps de déliquescence générale.

Le Spectre à trois faces


vendredi 9 septembre 2022

Table de fête


Je me souviens des repas de fête d'autrefois,
Une époque qui semble aujourd'hui lointaine
Et dont, je l'avoue, j'ai la nostalgie parfois.
On servait dans des cruches l'eau tirée d'une fontaine

Et un vin très léger qui sentait le tonneau.
Souvent, la table était dressée dans la grange,
Un assemblage de planches posées sur des tréteaux.
Au temps des récoltes, des cueillettes et des vendanges,

On ne mangeait que des fruits issus du verger
Et les légumes provenaient tous du potager.
La basse-cour, quant à elle, fournissait la volaille.

Les produits étaient de terroir et de maison
Et l'on avait de quoi faire selon la saison.
Ces bons mets invitaient à de joyeuses ripailles.


Histoires fromagères

dimanche 4 septembre 2022

Considérations pompières

 

Blason de Tuulos(Kanta-Häme, Finlande)


Hier encore, on poussait à la consommation ;
Aujourd'hui, on veut revenir sur l'abondance.
La formule légère fait effet de sommation.
C'est le Bonhomme Rigueur qui entre dans la danse.

Sauf que ceux qui prétendent refréner cette ivresse
Sont loin d'être des modèles de sobriété,
Assurés, par ailleurs, d'avoir toujours bonne presse
Et de ne pas courir le Mont-de-piété.

« Faites ce que je dis, surtout pas ce que je fais ! »
Change-t-on une pomme en poire ? Personne ne se refait !
Chez ces gens-là, l'ascenseur n'est jamais en panne.

Certes, il faut cesser cet état d'ébriété
Qui est de ce système la claire propriété.
Mais peut-on confier l'extincteur au pyromane ?

Le Spectre à trois faces
 

vendredi 2 septembre 2022

Les deux chèvres


La chèvre n'est pas à foncer comme le bélier
Mais elle n'en est pas moins une bête portant la corne
Et qui gambade volontiers lors qu'elle est déliée.
Elle serait même du genre à dépasser les bornes.

L'on garde en mémoire l'histoire de ces deux chèvres *
Qui s'émancipèrent et devinrent des fugitives.
Parvenues sur les bords des eaux de la Sèvre,
Chacune de son côté voulut changer de rive.

Le pont n'étant pas assez large pour deux passants,
Aucune n'accorda à l'autre la préséance.
Comme nulle ne céda, le ton se fit menaçant.

Elles croisèrent les cornes ; pas question de reculer !
Mais voilà, toute dispute arrive à échéance
Et c'est de conserve qu'elles finirent par basculer !


Histoires fromagères
 

* Jean de La Fontaine, Les deux chèvres, Livre XII, fable 4 (1691)

Lire aussi

                          La chèvre                    La vache et la chèvre

Le broutteux



Non, le broutteux n'est pas un homme qui broute de l'herbe,
Même s'il peut avoir le caractère ruminant,
Plus enclin, dans ce sens, à remâcher du verbe. *
Ce terme, peu usité et plutôt surprenant,

Désignait autrefois un pousseur de brouette,
Plus précisément dans la région de Tourcoing.
Il ne vient ni du flamand, ni du pataouète
Mais d'un patois local qu'on parlait dans le coin.

Ce véhicule servait à transporter la laine
Qu'on allait livrer, une fois cardée, au proche bourg.
Le mot, qui se prête volontiers au calembour,

A fini par franchir les limites de la plaine
Pour aller s'infuser dans le bocage normand
Où les gens du cru l'adoptèrent, tout bonnement.


Histoires fromagères


* « Il y a deux sortes de ruminants : les bovidés, qui ruminent l'herbe, et les humains qui ruminent du verbe. » Jacques Sternberg, Dictionnaire des idées revues (Denoël 1985).

Rien ne sert de courir

 

L'homme moderne est pressé ; il a hâte d'arriver
Pour passer à autre chose. Il brûle les étapes,
Sans voir que les raccourcis le font dériver.
Le Diable tient une boutique de farces et attrapes.

Il y vend des horloges qui font gagner du temps
Et grâce auxquelles on ne perd pas une seule seconde,
Mais sans jamais en avoir une de reste, pourtant !
L'on veut, d'une enjambée, aller au bout du monde,

Jusqu'à confondre départ et destination,
De sorte à ne plus même changer de station.
Sans doute demain les voyages seront-ils statiques ?

Car les extrêmes se rejoignent. L'hypertrophie
S'achève et s'abîme platement dans l'atrophie,
Par une sorte de fatalité mathématique.


Histoires fromagères

jeudi 1 septembre 2022

Voies funestes

 

 Blason de Kanepi (Estonie)


Les voies de l'enfer, pavées de bonnes intentions,
Ne révèlent pas d'emblée leur direction funeste.
Aucun panneau jamais n'en fait la claire mention,
Pas plus qu'il n'y a de douane à l'entrée, du reste.

L'on se croyait monter, ce n'était qu'une descente.
La première porte de l'enfer est toujours fleurie.
Les stupéfiants donnent cette illusion stupéfiante.
Mais bientôt, en lieu et place d'un ange qui sourit,

C'est un démon cynique qui ouvre la seconde,
Disant : « Dépose ton âme avant de la franchir
Car elle est ici plus à noircir qu'à blanchir. »

Chaque génération qui advient croit que le monde
Est né avec elle, traitant l'ancien de ringard,
Avant d'afficher à son tour un air hagard.

Chroniques d'un monde finissant