Blason de Le Perchay (Val-d'Oise, Île-de-France)
Tiercé en pairle : au premier d'argent aux trois quintefeuilles de sable ; au deuxième de gueules au coq passant d'or ; au troisième losangé d'argent et de gueules.
Maître Coq, qui repense à son dernier discours,
Trouva celui-ci prémonitoire, c'est peu dire.
« Voici que le confinement reprend son cours ;
Mais sans vouloir de l'espèce humaine trop médire,
Quelque chose, chez elle, ne tourne plus rond.
Est-ce l'effet d'une hallucination collective
Ou alors est-elle devenue folle pour de bon,
Elle, dont la raison était déjà relative ?
C'est une bonne nouvelle pour les animaux des bois
Que la chasse fermée ne mettra plus aux abois.
Elle l'est pour toutes les bêtes des champs et la nature.
Par contre, elle est funeste pour leur société
Dont le système est arrivé à satiété
Et que l'on voit se défaire par toutes les coutures. »
Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !
vendredi 30 octobre 2020
À l'Ouest, rien de nouveau
jeudi 29 octobre 2020
Le Confine me ment
Ma chère Mado, nous vivons dans un monde larvique,
La preuve est faite et c'en est plutôt effrayant.
Ceux qui arrivent à peine à tenir leur boutique
Vont sombrer mais sans échapper au tiers-payant.
Sois assurée qu'ils mettront la France en faillite,
Qu'ils relèveront, d'ailleurs, à coup d'impôts,
Car en matière de fisc, jamais l'État n'hésite,
Ayant la docilité de tous en dépôt.*
C'est qu'il faut du temps pour qu'un Français se réveille,
Surtout s'il a lorgné le fond de la bouteille.
Bon, certains commencent à se poser des questions,
Sans trop pousser (il faut ménager ses arrières).
On avance mollement, du dos de la cuillère :
« L'État a-t-il fait du Convide la bonne gestion ? »
Le Spectre à trois faces
* Pas tout à fait tous.
mercredi 28 octobre 2020
Histoires fromagères : tendrement vache
Le camembert a mis la vache à toutes les sauces,
Ce dont les étiquettes témoignent largement,
Nous la montrant parfois en de singulières pauses
Qui – passez l'expression – nous étonnent vachement.
Il y a la vache qui rit et la vache qui pleure
(Sans doute parce qu'on lui a retiré son veau
Privé du lait transformé en fromage et beurre) ;
Tous les goûts sont servis et à tous les niveaux,
En un joyeux festival d'images truculentes
Qui enluminent les rayons des crémeries
Ou, plus couramment, des petites épiceries.
Si la France est toujours une laitière opulente,
Elle a cependant perdu en diversité.
Est-ce d'avoir ouvert ses portes à l'adversité ? *
Marc
* C'est-à-dire à la « libre » concurrence déloyale.
Le Cycle de la vache Histoires fromagères
Tyrosémiophilie de la vache (1)
Tyrosémiophilie de la vache (2)
La vache en héraldique
Tyrosémiophilie de la vache (2)
Tyrosémiophilie de la vache (1)
D'un vieil homme, d'un vieux poirier et du sabot
Blason de La Tartre-Gaudran (Yvelines, Ile-de-France)
De gueules à un sabot d'argent voguant sur une mer fascée ondée d'azur et d'argent de six pièces; au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or; à un mat habillé d'argent mouvant du sabot et brochant sur le chef.
Je revois le vieil homme toujours revêtu d'un tablier bleu de jardinier et chaussé de sabots. Octobre venu, il emmenait son unique vache dans les prairies à fauche passées en vaines pâtures, selon un droit d'usage très ancien. Il choisissait généralement le même endroit, près d'un vieux poirier dont les petites poires sanguines faisaient le délice des enfants chapardeurs que nous étions. C'était le seul dans son genre et jamais plus, depuis ce temps, je n'eus l'occasion de goûter à ce fruit rare. L'arbre se trouvait au pied d'une colline plantée, à son pied, de vergers et de vignes sur sa hauteur. À la saison des cueillettes et des vendanges s'y égayait tout un joyeux monde réunissant toutes les générations. C'était avant qu'elle ne fût tranchée par l'autoroute et la ligne du T.G.V. Avant la grande ruée vers les supermarchés et la désertion générale de la vie rurale pour entrer, tête baissée, dans la modernité. Aujourd'hui, la colline n'existe plus que par son nom qui tombera lui-même dans l'oubli, à l'instar de toute la toponymie villageoise que les modes de vie modernes n'ont plus lieu d'évoquer.
J'ignorais alors que le vieil homme était déjà le survivant d'une espèce condamnée à disparaître rapidement, une sorte de dernier des Mohicans de la ruralité profonde que les années yéyé, la télévision, la voiture et les vacances pour tous allaient arriériser sans appel et sans retour, en l'espace d'à peine une décennie.
Au début des années 80 du siècle dernier, j'avais encore réussi à me procurer une paire de sabots en bois toute neuve, dans une grande enseigne de bricolage qui en proposait encore à cette époque. Peu à peu détrôné par la botte en caoutchouc puis en plastique, le sabot restait relativement en usage auprès de quelques vieux fermiers et jardiniers. Mais je sentis d'emblée que je mettais la main sur les fonds de stock d'une époque révolue. Aujourd'hui, le sabot en bois reste un objet purement décoratif, au même titre que des instruments agraires comme le fléau, le râteau à faner le foin ou les ustensiles sortis de la vie quotidienne. On imagine mal les objets actuels, produits en masse, remplir un jour la même fonction, le monde de l'« achète-jette » ayant davantage la poubelle ou la décharge comme lieux de destination que la brocante, les vide-greniers leur donnant parfois un petit répit.
Marc
Lire aussi sur Naissance et Connaissance
De la médiocratie
Blason de Vaureilles (Aveyron, Occitanie)
Coupé en chevron renversé : au 1er de gueules à la foi d'argent mouvant des flancs et soutenue d'une anille d'or ; au 2e de sinople au pal cousu d'azur accosté de deux têtes de mouton affrontées d'argent.
Le monde entier périt d'ennui, dit Bernanos.
Sans doute est-ce là l'effet d'une vie linéaire
Qui n'a guère pour moteur que l'argent et l'éros,
En des déclinaisons de plus en plus primaires,
Si l'on en juge par l'affaissement général,
Aggravé par une technique déshumanisante
Atrophiant les esprits jusqu'au vide sidéral.
Toutes les idéologies sont décervelantes
Dès lors qu'elles prétendent plier les réalités
À leurs visions intrinsèquement mécanistes ;
Ne proposant, en guise d'universalité,
Que le conformisme et l'uniformité,
Souvent sur fond de théories égalitaristes
Qui donnent la prévalence à la médiocrité. *
Marc
* Alain Deneault, La médiocratie, Lux éditeur, 2015
Le bœuf en héraldique
mardi 27 octobre 2020
Un virus n'est pas une puce
Ma chère Mado, à en croire la Pravda locale, le virus se ferait plus virulent en soirée, d'où l'idée d'instaurer le couvre-feu dès 19 h, du moins dans les grandes agglomérations, en attendant de l'étendre partout. Si jamais tu devais écouter Radio-Londres, prends bien garde aux éventuels véhicules de détection, car les carottes, sinon, risqueraient d'être trop cuites. Big brother is watching you. Enfin, nous n'en sommes plus très éloignés.
Un virus, ai-je entendu dire, n'est pas une puce,
N'étant guère, donc, du genre à faire des saltations.
Pardi ! encore eût-il fallu que tu le susses !
C'est pourquoi je te rapporte cette conversation.
Les deux dames, non masquées mais bien de leurs personnes,
Concédèrent quelques précautions pour le métro,
Mais du bout des lèvres : « Pour le reste, ils déconnent
Et nous prennent tous pour des demeurés. Trop c'est trop ! »
Elles n'avaient pas l'air de rebelles mais de bourgeoises
Portant bien leur âge et la tête encore vissée.
On les sentait déroger à leur langue lissée,
Les circonstances prêtant peu à l'humeur courtoise,
Eu égard aux branquignols qui sont au pouvoir.
Tous ne sont pas dupes, il est bon de le savoir.
Le Spectre à trois faces
En direct du Convide
lundi 26 octobre 2020
Du Nouvel Ordre (1)
Ma chère Mado, toi qui aimes tant faire la teuf avec tes potes (pourquoi détesté-je ce mot ?), ces temps de Convide, avec un couvre-feu par-dessus le marché, doivent vous mettre particulièrement à l'épreuve. Il semblerait bien qu'homo festivus ait du plomb dans l'aile, ce qui n'aurait sans doute pas déplu à notre regretté Philippe Murray. La vision festive de l'existence est en train d'éclater en morceaux et c'est tout un pseudo mode de vie qui part en sucette. Normalement, les périodes de crise sont propices à la réflexion et invitent à prendre du recul. À marquer un temps d'arrêt. Lors, ce qui aurait pu se faire librement se fera désormais sous la contrainte. Comme quoi, les événements finissent toujours par nous rattraper. Toutefois, j'ai peu espoir que la masse des gens se requestionnera en profondeur ; elle préférera plutôt ronger son frein, dans l'idée bien accrochée que le monde d'après se remettra sur les rails de celui d'avant. Sauf que ça n'arriva pas.
Tu crois que les médias sont là pour t'informer ?
Alors ils te feront avaler tout, sans peine,
Et tu n'auras du monde qu'une vision déformée.
Ils te diront qui aimer, qui tenir en haine,
Ne t'accordant que la liberté d'expression
Pour autant qu'elle se range à l'opinion permise.
À défaut, ils sauront te mettre la pression,
N'ayant de cesse que ta raison se soit soumise.
Leur système ne peut tolérer les divergents ;
La pensée unique est le seul point convergent.
Tu peux ranger ton cerveau, il est inutile.
C'est encore heureux qu'on te permette d'exister.
Dans ce Nouvel Ordre, tu n'es qu'un assisté.
Alors tais-toi et continue ta vie futile !
Le Spectre à trois faces
Ni con ni vide
samedi 24 octobre 2020
Histoires fromagères : no man's land
Hé ! paysan, n'aie aucune espèce d'état d'âme
Si des bobos citadins te traitent d'arriéré
Car ceux-là même qui dans leur bien-pensance se pâment,
Devront de leur hors-sol payer les arriérés.
Ces gens qui ne savent plus se courber vers la terre
N'en peuvent pas davantage lever les yeux au ciel.
Coupés des deux par un système qui les enferre,
Ils s'illusionnent d'un bien-être artificiel
Dont on leur disputera la moindre parcelle.
Voient-ils ceux qui, au-dessus d'eux, tirent les ficelles ?
Sont-ils à ce point dupes ou le font-ils exprès ?
Car les voici, courant de plus belle les chimères,
Voués à boire jusqu'à la lie la coupe amère,
Privés du monde d'avant et de celui d'après.
Marc
Histoires fromagères
vendredi 23 octobre 2020
Histoires fromagères : Jeanne d'Arc
Jeanne, nous dit l'histoire, était une bergère lorraine
Qui gardait ses blancs moutons près de Domrémy.
Une guerre longue et cruelle répandait son haleine
Et à tout moment pouvait surgir l'ennemi.
Des routiers, surtout, qui se livraient au pillage
Et qui furent pour les campagnes un vrai fléau,
Laissant mort et désolation dans leur sillage,
Étant de leur seule cupidité les féaux .
Les deux camps employaient ces soldats mercenaires
Que les longues périodes de trêves laissaient désœuvrés.
Seul Duguesclin se montra assez téméraire
Pour débarrasser le royaume de leur présence.
Il a su les rassembler et les manœuvrer
Pour les envoyer batailler ailleurs qu'en France.
Marc
Histoires fromagères La Geste de Jeanne
Histoires fromagères : la chèvre
Quand la chèvre se sent trop bien, dit un dicton,
Elle a tendance à vouloir aller sur la glace. *
Ni la douceur, ni même la menace du bâton
Ne l'en dissuadent, elle ne tient plus en place !
Les bêtes à cornes se montrent volontiers têtues,
Comme le taureau, le bélier et le capricorne.
Ce n'est pas tant d'avoir le caractère obtus
Que de ne pas aimer que quelque chose les borne.
La chèvre de Monsieur Seguin, d'Alphonse Daudet,
Nous a de cet animal tracé le portrait.
L'allégorie est certaine et même évidente.
Combien de têtes brûlées se sont ainsi perdues
D'ignorer ce conte, sans doute jamais entendu ?
La lire aux enfants est une action prévenante.
Marc
* Il s'agit d'un dicton alsacien :
Wàn's in der Geis ze wohl wurd, geht'se uf's Iss.
jeudi 22 octobre 2020
Histoires fromagères : secrets de fabrication
Certains secrets de fabrication sont anciens
Et remontent parfois jusqu'au lointain Moyen-âge.
Le Cloître d'Héraldie, on s'en doute, a les siens,
S'agissant des breuvages autant que du fromage.
Tout est fait à la main, selon la tradition.
C'est la règle d'or, pas question qu'on y déroge.
Jamais cela ne fit l'objet d'une discussion,
Il n'y a donc aucun risque qu'un jour on l'abroge,
D'autant que le maître du cellier veille au grain.
Tous nos lecteurs le connaissent bien, c'est Frère Eugène :
« Si du modernisme je connais les refrains,
Pas question d'en introduire les méthodes céans
Car les traficotages ne sont pas dans mes gènes.
Les machines sont des inventions de fainéants. »
Marc
Histoires fromagères
Histoires fromagères : noir tableau
(Je n'en sortirai qu'à l'autre bout de ma vie) ;
Ça sentait le cuir, l'encre, la gomme et la colle
Qu'à l'époque nous achetions dans une mercerie.
C'était avant les montagnes de camelote
Un jour, ses méthodes furent qualifiées de sottes
Par des pédangogues qui la livrèrent au marché
De la pensée rationnante et spéculative.
Ces maîtres ès cuistrerie & fumisterie
Balayèrent la principale et la relative.
Voulant placer l'enfant au centre du système,
Ils n'ont fait qu'en désaxer la géométrie,
Jusqu'à jeter sur l'instruction un anathème.
Marc
Histoires fromagères
mercredi 21 octobre 2020
Histoires fromagères : libre gaîté
Nous remercions les oiseaux d'égayer le ciel.
De leur libre gaîté, nous aimons faire école
Et admirons leurs délicats cérémoniels.
Rien n'est aussi disgracieux que le bruit d'une machine
Qui conjugue la hâte avec la brutalité.
Sous prétexte qu'au travail manuel l'on s'échine,
On en use et abuse en toute normalité.
Jamais le chant de l'oiseau n'offense nos oreilles,
Ni le bourdonnement exalté de l'abeille.
Par aucune bête jamais le silence n'est brisé,
Sinon par le chien dont l'aboiement incommode,
Dès lors qu'il se poursuit sans fin sur le même mode,
Faute d'avoir été par son maître bien dressé.
Marc
Tyrosémiophilie ornithologique Histoires fromagères
Histoires fromagères : la vache en train
C'était vrai jadis, du temps des locomotives
Dont les sifflements chantaient un joli refrain,
Quand la vie s'écoulait de manière moins hâtive.
Se voulut un jour passer de l'autre côté
Et monter dans un train pour faire un beau voyage,
Un très vieux rêve que personne n'eût pu lui ôter.
C'était une laitière nivernaise nommée Brunette
A-t-elle réussi ? Oui, à en croire l'étiquette,
À moins que ce ne soit là qu'un conte pour enfants.
Peu importe, au final, il nous plaît de le croire,
D'imaginer ses aventures et son histoire
Qui la conduisirent au pays des éléphants.
Marc
Histoires fromagères
mardi 20 octobre 2020
Histoires fromagères : bougre d'âne !
L'âne est têtu et un peu bourrique par les bords.
Cette opinion ne lui rend pas vraiment justice
En le réduisant à cela de prime abord.
C'est plutôt volontiers qu'il remplit son office,
Pour peu de le traiter avec ménagement.
Une fermière qui se voulut vendre son fromage
Ajouta son poids à celui du chargement.
La bête se cabra, il n'en fallut pas davantage.
La dame le frappa sur la croupe avec l'une des mains.
Mais rien n'y fit ; l'on y serait encore demain !
Même une carotte au bout d'une perche eût été vaine.
Elle insista, en traitant l'âne de fainéant.
C'est ainsi qu'elle se retrouva sur son séant !
Elle dut marcher et en eut bien de la peine.
Marc
Histoires fromagères
Histoires fromagères : discours du lion
Je n'éprouve pour le tyrosème aucun dédain,
Quand même l'on jugerait ma posture d'emphatique.
Un vrai seigneur, qu'on le sache, n'est jamais hautain.
Si je peux conférer au fromage du prestige,
Pour peu que sa qualité soit à la hauteur,
Ma présence ne saurait faire l'objet d'un litige
Et trouve son agrément auprès de l'amateur.
Si un bon produit se passe de tels artifices,
Il n'en aime pas moins un emballage bien soigné.
Mais si le contenu en est trop éloigné
Et révèle un goût quelconque au lieu d'un délice,
L'on aura au moins d'une belle image le plaisir,
Ce dont le collectionneur se fait un loisir.
Marc
Histoires fromagères
Les représentations du lion en héraldique
En héraldique, le lion et le léopard désignent le même animal, mais avec une position de tête différente. Quand la tête est vue de profil, on parle de lion ; quand elle est vue de face, on parle de léopard.
lundi 19 octobre 2020
Histoires fromagères : les étiquettes
Jadis, les étiquettes racontaient des histoires
Que nous essayons ici de restituer
En allant puiser dans notre enfantine mémoire.
Le recueil, qui s'est peu à peu constitué,
Se veut suivre la tradition des fabulistes
Qui surent savamment user des allégories
Dont les correspondances forment un vrai jeu de piste.
D'être du genre fable une sous-catégorie,
Ces fabliaux, destinés à l'oralité,
Contiennent, pour certaines, des touches de moralité.
Ils ont, dans ce sens, la même fonction que les contes.
À cet effet, sachez que le premier lecteur
Auquel ils sont adressés, c'est à leur auteur,
Ne voulant être du genre qui se la raconte.
Marc
L'univers des tyrosèmes (étiquettes de fromage) est riche de dizaines
de milliers d'images qui sont, pour bon nombre d'entre elles, des
œuvres graphiques remarquables et donc artistiques indéniables. L'on en
serait même parfois tenté de s'écrier : « Quel gâchis de talent pour un
produit aussi commun ! » Pas si sûr que cela, ni pour le gâchis, ni pour
le commun. Car en vertu de quelles considérations, l'éphémère (la boîte
étant jetée une fois son contenu consommé) devrait-il être exclu de
l'art? Quant au produit en lui-même, il n'est commun que parce qu'il est
courant. Mais jusqu'à quand le sera-t-il ? Bien des choses et bien des
objets ont quitté notre vie quotidienne pour finir sur les étalages des
brocanteurs. Rien n'est pérenne.
Des milliers de petites fromageries que comptait la France, il n'en reste qu'une portion congrue. Quant aux étiquettes actuelles, elles ont perdu le charme des anciennes. C'est là un point de vue, nous dira-t-on. En effet, c'est le nôtre et nous le partageons volontiers avec tous ceux qui aiment ce charme souvent qualifié de désuet. Certes, le concept de vintage (au sens de rétro) a contribué à réhabiliter des objets sorti de l'environnement courant et quotidien, en élevant un attrait jusqu'alors plutôt perçu péjorativement comme du passéisme au rang de « genre », dont le goût singulier s'inclut désormais dans les choix admis sur l'éventail des possibilités. Mais ce n'est jamais là encore qu'un artifice de consumérisme, occupant un créneau commercial et qui joue plus sur la posture qu'il ne témoigne d'un mode vie.
Histoires fromagères : Tintin
Aime randonner entre deux aventures lointaines
Qu'il affronte sans hésitation, quoi qu'il en coûte,
Flanqué de Milou et d'un drôle de capitaine.
Le jeune homme est plutôt sobre, c'est bien connu :
Un fromage à tartiner suffit au casse-croûte.
Quant à l'eau plate, elle se laisse boire sans retenue,
L'on est bien plus léger pour reprendre la route.
Haddock est d'un tout autre tonneau, comme on sait :
Un whisky fait son affaire, suivi d'une bonne pipe.
L'homme est certes tempétueux mais c'est un chic type,
Aimant bien, quand rien de spécial ne se passait,
Se poser au château, à moins qu'une Castafiore
Ne s'y invite. Là, il se sauve et court encore !
Marc
Histoires fromagères
Histoires fromagères : Cendrillon
Maltraitée par sa belle-mère, une vraie marâtre,
Et traitée par ses deux demi-sœurs de souillon,
Elle devait veiller à tout : le feu dans l'âtre,
La cuisine, le ménage, de la cave au grenier,
N'ayant, en guise de logement, qu'une petite niche ;
Se levant la première, se couchant en dernier,
Elle est devenue l'archétype de la boniche.
J'ai connu une vieille fille ayant droit de demeure,
Égrainant les jours de misère jusqu'à ce qu'elle meure.
Une existence entière à vivre effacée,
À raser les murs, mendier sa maigre pitance ;
Trimant comme une bête, sans aucune reconnaissance.
Qui dans ce monde se souvient qu'elle y est passée ?
Marc
dimanche 18 octobre 2020
Le Corbeau et la Vache
Ou comment
Maître Corbeau s'était procuré le fromage, une version d'ailleurs
controversée, d'aucuns affirmant qu'il l'avait tout bonnement dérobé,
d'autres, soutenant qu'il l'avait simplement trouvé au bord d'un chemin,
après que le Père Basile l'eût laissé tomber de son panier.
Commère la Vache était dans une pâture posée
Et s'apprêtait à déjeuner d'un bon fromage.
Il était à point, ayant longtemps reposé.
C'est d'un fort appétit qu'elle lui rendra hommage.
Maître Corbeau, sur la branche d'un arbre perché,
En eut l'odorat flatté et dit à la dame :
« Nul parfum ne lui est pareil, j'ai beau chercher ;
Je le tiens pour sublime, sur la foi de mon âme.
Dieu du Ciel ! si c'est là le fruit de votre lait,
Alors vous êtes, sans mentir, la reine des laitières
Et je me veux faire fort d'y goûter sans délai.
– Mon bon monsieur, je vois que vous êtes connaisseur.
Aussi, laissez-moi vous offrir cette pâte fermière
Dont le goût le dispute de loin à son odeur. »
Marc
Histoires fromagères
samedi 17 octobre 2020
Histoires fromagères : la vache qui rit
Histoires fromagères : l'assemblée animale
L'époque est contentieuse, qui n'en a fait les frais ?
Pour un petit mot de trop, le juge vous convoque ;
Si vous persistez, il poussera des cris d'orfraie.
D'un rien, la communauté des hommes vous révoque.
Tel coq s'est retrouvé devant le tribunal
Pour avoir, comme il se doit, chanté à l'aube.
Des citadins se plaignaient du bruit infernal.
Plus d'un les soupçonna d'être gallinophobes.
Comment cela, des grenouilles coassent dans un étang ?
Que l'on fasse immédiatement taire les impudentes ! *
Mais nul ne se plaint des motos pétaradantes,
Ni des chiens qui aboient sans arrêt tout autant.
C'est aux petites bêtes qu'on s'en prend, comme d'habitude.
Telle est à leur égard l'humaine ingratitude.
II – Le discours de Maître Coq
Maître Coq réunit le ban et l'arrière-ban,
À savoir : d'abord les animaux de la ferme ;
Ensuite, tous ceux des champs, des bois et des étangs.
Il s'adressa à eux sur le ton le plus ferme :
« J'en viens à souhaiter le reconfinement **
De l'espèce humaine car rien ne va plus chez elle.
Mon frère Maurice en fit les frais très récemment.
J'en entends des vertes, des pas mûres et des plus belles !
Les hommes ne savent plus d'où ils viennent, ce me semble,
Et en deviennent plus bêtes dès qu'ils sont ensemble.
Heureusement, beaucoup parmi eux plaident notre cause
Et bataillent dur pour ramener à la raison
Des dirigeants qui vivent hors-sol et hors saison.
Leur rendre hommage est bien la moindre des choses. »
III – Chorus
« Leurs dirigeants sont à l'image des électeurs,
Dit un renard ; c'est le bas que le haut reflète.
– Leurs routes sont devenues des théâtres d'horreur,
Ajoute un hérisson ; l'on ne compte plus les bêtes
Qui s'y font écraser en voulant traverser.
Les miens paient un lourd tribut, les rapaces de même.
– L'autre nuit, j'ai bien failli me faire renverser,
Renchérit un sanglier ; j'en suis resté blême. »
Un chœur se fit contre les brutes motorisées.
L'on dénonça toutes ces pratiques autorisées
Qui empoisonnent l'eau, la terre et la nature.
« Soyez patients, dit Maître Coq, gardez espoir.
Ce sont eux qui, en fin de compte, se font avoir.
J'apprends que leur monde est en pleine déconfiture. »
Marc
Lire aussi
Maurice le coq Histoires fromagères
* Le repos d'une abbesse ** Maître Coq et les vertus collatérales du confinement