
Illustration de Tae
Les contes sont fait pour être lus, 
près de l’âtre crépitant, et à défaut, allumons donc la bougie, 
regroupons-nous tous autour de la lueur de l’amitié, au cœur d’Amour, 
quand les yeux inquisiteurs attendent que la voix fredonne une chanson. 
Venez tout près, petits enfants, je vais vous raconter la suite de ce 
conte bien étrange. Je sais que vous comprenez le langage de l’âme et 
même si l’un d’entre vous s’écrit : « Je n’ai rien compris. » ; l’autre 
réplique aussitôt, avec emphase : « Ce n’est pas grave de ne pas tout 
comprendre, il faut juste écouter. » Alors le temps de la veillée est 
réellement féerie.
Si le feu insistait dans la nuit pour 
être omniprésent, l’enfant, qui continuait de découvrir les réalités du 
toucher, des translucidités de l’impalpable, finit aussi par regarder en
 lui-même et découvrit une lueur inconnue. Au début, il fut troublé par 
cette nouvelle réalité puisque la lueur n’apparaissait nullement à 
l’extérieur, et qu’elle n’était pas forme, ni consistance. L’enfant de 
la forêt magique fut longtemps intrigué et entra en lui-même avec 
fascination, ce qui lui procura une tout autre sensation. Au sein de 
cette lueur, il découvrit la joie, la tristesse, les larmes du cœur, les
 nostalgies de l’âme, les aspirations, l’étonnement et même les 
douleurs. Il découvrit aussi les perceptions du corps. Il devint 
perplexe et se transforma aussitôt en arbre afin que la sève de tous ses
 souvenirs s’élève et irrigue chacune de ses branches. L’arbre grandit 
jusqu’au bout des bourgeons et les feuilles vertes finirent par éclore 
en chantant allègrement. L’enfant se sentit pleinement heureux et 
l’arbre en lui frémit longtemps, comme ivre des myriades de sensations 
qu’il venait de découvrir. Tandis qu’il se laissait balayer par la brise
 estivale et qu’il rejoignait la montagne, il sentit quelqu’un caresser 
le tronc rugueux de l’arbre. Il en éprouva un surprenant frisson et 
ouvrit grand les yeux. Quelqu’un s’était endormi à ses pieds. Quel était
 donc ce petit être ? Pourquoi sa présence lui procura-t-elle une joie 
indicible ? Il ressentit aussi une sorte de chaleur qui lui rappela le 
feu, mais ce n’était pas le feu. Il entendit couler en lui le ruisseau 
aux effets de mille clapotis, mais ce n’était pas le ruisseau. Il vit le
 soleil poindre à l’horizon de son cœur, mais ce n’était pas le soleil. 
Ses branches frémirent et le vent s’accrocha à chaque feuille. Au bout 
de chacune d’entre elles, des bourgeons apparurent et des fleurs d’une 
blancheur inégalée s’ouvrirent en petites corolles. Il voulut s’emparer 
du petit être et l’enfouir dans les milliers de senteurs écloses.
 
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