Illustration de Norman Rockwell (1894-1978) pour Little woman, de Louisa May Alcott (1832-1888)
C’est être en cet accord secret, que sont à se recueillir, en L’Esprit d’immédiateté, les flux abondants de La Juste Présence.
Vois comme les effluves viennent de cette extinction, lors que Rien s’efface et que Tout apparaît.
C’est en ce bruissement pur du moment que sont à éclore les vagues de L’Êtreté.
Vois comme Cela Se fait une Révérence et comme Cela est à Se laisser regarder.
Les yeux sont grands ouverts devant les jaillissements de Son Essence.
Je ne soufflerai pas le Mystère.
Je ne Le divulguerai pas.
Je Le laisserai juste Être.
Il est là.
Se révélant en Sa Juste Grâce.
Se cherchant en Son occultation.
Se reconnaissant en Sa Vibration.
Mon frère, seize années de ma vie se sont écoulées.
Je suis en cette chambre, dans la pénombre d’un hiver.
Au loin, des lumières scintillent et j’entends le bruit des gens qui s’animent à travers ces vitres.
Il est alors à se vivre cette cruciale plongée et je me sens à la fois être et disparaître.
Le vide m’étreint et me glace.
Il est à me dire des choses que je sais se bousculer en cette effervescente intensité.
Le froid est soudain comme mille étendues qui appellent les profondeurs, ces profondeurs que l’on sait avoir un sens, être aussi une beauté qui tremble et qui n’a qu’un Nom.
Il veut jaillir.
Je ne Le laisse pas.
Il est si Grand, qu’Il ne peut apparaître.
Ce n’est pas encore le moment.
Le regard a plongé si loin qu’il en revient avec une force qui lui donne toute la Vie, toute Sa Puissance Universelle.
Mon frère.
Je me voulais te rejoindre.
Tu es si loin que je n’ose pas te toucher.
Et comment cela se peut-il être ?
Mille voiles nous séparent encore.
Le temps s’est plié en ce souffle que j’ai retenu.
Tu as levé la tête.
Mille voiles et ce sont eux qui nous rapprochent.
La nuit m’a enveloppée.
J’aimerais encore jouer sur le bord des trottoirs.
Nous chantions et faisions des rondes.
Je devenais ce coq que tu plaçais à l’arrière de ton vélo, aménagé de quelques bâtons.
Entre nous, je faisais le fier, et gardais bien le torse bombé, pourtant, comme j’avais peur !
Je me suis accrochée de toutes mes griffes.
Ne m’as-tu pas vu rouler des yeux ?
J’ai aimé que tu me promènes partout ainsi.
Les passants souriaient.
Personne ne pouvait se douter que j’étais là.
Même pas toi !
Je t’ai accompagné partout.
Une sœur ne perd jamais de vue son frère.
Je me glissais souvent dans une de tes poches.
Je ne faisais pas toujours le bon choix : elle était la plus part du temps trouée !
Une nuit, en secret, je t’ai emmené jusqu’à ma petite cabane dans l’arbre.
J’avais couché de la bruyère sur le sol, et tressé des feuilles qui devenaient alors des cloisons bien vertes.
Je t’installais près de moi et te lisais les légendes de l’ancien monde.
Puis, au petit matin, je te ramenais chez toi.
Je te quittais avec une nostalgie qui me tenaillait le ventre.
Le plein de toi.
C’est dans le froid de l’hiver que j’avais le plus chaud de nous.
Je courais si vite que tu ne semblais pas me rattraper.
J’avais le souffle coupé !
Je riais pour masquer ma défaite.
Ce jeu de chat qui me laissait toujours comme hébétée.
Des chats, il y en avait partout.
Je me souviens que j’avais une peur bleue de descendre à la cave.
Lors que je m’y rendais, j’appuyais sur tous les interrupteurs pour que la lumière éclaire ce lieu devenu hostile à la nuit tombée.
Des chats noirs bondissaient, leurs yeux jaunes m’impressionnaient.
Je t’ai souvent tenu la main.
Je m’attendais toujours à en voir surgir un.
Tout le long du parcours, je me préparais mentalement : je sais qu’un chat est là. Il va avoir aussi peur que moi. Je le laisserai sauter et il s’enfuira. Il ne peut rien m’arriver de mal !
Je me répétais cela jusqu’au seuil de la porte. Je bloquais ma respiration.
Il y en avait toujours un qui bondissait depuis le rebord de la fenêtre.
Mon frère, si tu savais comme je tremblais de peur !
De grosses larmes roulaient sur mes joues d’enfant.
Je n’ai jamais osé avouer à ma mère que j’étais pétrifiée.
Je me disais qu’elle devait bien le savoir.
La peur s’apprivoise dans le noir d’une cave.
Oh oui, mon frère !
Ta petite sœur a souvent éprouvé ces sortes d’angoisse qui font perler de sueur le front.
C’est sans doute pour cela que nous savons rire aujourd’hui !
Océan sans rivage
Blason de Wust-Fischbeck (Saxe-Anhalt, Allemagne)
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