Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

jeudi 13 septembre 2018

Petit discours de La Huppe (2)


Blason de la famille Huypen (Westphalie, Allemagne)

La Forêt primordiale est une forêt qui prend parfois des teintes bleues, mais la plupart du temps, Elle est d’un vert émeraude. Elle se situe à l’intérieur d’un écrin, serti de rubis et de perles nacrées. Lors que l’aube se lève en cette contrée devenue occulte depuis que les hommes sont entrés en l’âge de fer, ( las ! parce qu’ils ont perdu peu à peu le nom initial de La Forêt, et qu’ils n’ont plus eu accès aux subtilités des mondes, ni plus eu accès au chemin qui y mène) trois soleils montrent leur visage, tandis que La Lune opale les rejoint en une course singulière et fusionne pour ne faire plus qu’un seul astre. Comment les hommes ont-ils bien pu perdre ces richesses ? Ne se sont-ils pas consacrés frénétiquement à développer de façon assez singulière des stratégies pour ornementer leur jour et faire montre de leur puissance chimérique ? Ils ont échafaudé d’étranges tunnels en ce labyrinthe de vie, ce qui les a figés malheureusement dans les sphères intermédiaires et même, ne se sont-ils pas souvent retrouvés à la dérive, au pays des limbes ? Là, règne une atmosphère enfumée et pestilentielle, qui se répand en nues, opacifiant ainsi complètement leur esprit et leur faisant oublier l’essentiel. Depuis, ils ont malencontreusement ouvert les brèches des divers mondes subtils et ont permis aux démons de toutes sortes d’empiéter sur leur territoire, cela depuis des millénaires, tandis que ces derniers s’évertuent à anéantir les fils d’Adam et les déposséder de leur réalité intrinsèque.  Lors de la descente de l’humanité, leur Père avait fait en sorte d’emporter avec lui des pans entiers du Jardin. Il lui avait été accordé de faire plusieurs voyages. Ainsi, il permit le tracé d’un sillon éthérique et fluvial afin que jamais ses enfants n’oublient leur origine primordiale. Le Père de l’humanité avait pris soin de répandre ces effluves édéniques. Il avait découvert en lui le pouvoir de la transformation et celui des reliances. Les arbres du Paradis, qu’il avait ramenés lors de sa descente, s’étaient adaptés aisément à leur nouveau milieu de vie. Ces arbres sont en vérité de grands sages, dont la patience et la loyauté sont, de nos jours, devenues légendaires. Ils éprouvent à l’égard d’Adam ainsi qu’envers sa descendance, un Amour incommensurable et c’est pour cela même qu’ils n’ont pas hésité une seule seconde à s’enraciner dans la Terre Matricielle.

La huppe, qui séjourne toujours en la Forêt primordiale, attend. Parfois elle vient rendre visite à celui qui demeure aujourd’hui dans le grand secret, s’étant réfugié sciemment loin des hommes de son époque. Elle aime tout particulièrement sa compagnie. Ils s’entretiennent longtemps et se remémorent l’âge d’or. Pourtant, la huppe est d’humeur très chagrine.

– L’homme ne sait plus se mettre en son silence et cette matrice qui lui tient de lieu de vie tend à révéler combien le bruit intérieur de son mental, les futilités de ses orientations, au demeurant très rétrécies et limitées, sont à se manifester de plus en plus à l’extérieur. Même son recueillement est entaché de distraction. Il est sans cesse en mouvement. Cette précipitation fait basculer ce monde en une frénésie sidérante. Ils schématisent les relations humaines en un bivouac métallique. Tel est l’âge de fer : ne plus savoir accéder aux réalités de L’Être. Que de bruit ! Que de bruit ! Leur âme a fui leur corps qui s’articule tel un pantin. Tandis que les uns éprouvent la peur de ne plus être, d’autres s’accrochent à la matière comme étant la seule concrétude existentielle. Ne réalisent-ils pas enfin que ceci est une magistrale impasse ? Leur âme pleure et ils ne le savent pas. La peur les gagne et ils ne le savent pas. Ils sont manipulés par toutes sortes de ténèbres, et ils ne le savent pas. En eux est le pouvoir du renversement. Mais, ils ne le savent plus. Les gens ont peur de perdre leur confort. Comment en sont-ils arrivés à miser sur ce qui est impermanent ? Je trouve que les hommes sont devenus fous.

– Peut-être que les hommes ne sont plus des hommes…

C’est alors que la huppe scruta longtemps son ami et émit son chant très particulier. Elle semblait soudain gagnée par une grande mélancolie.

– A quoi reconnait-on les fils d’Adam ? demande-t-elle soudain.

– Tu connais la réponse, noble huppe.

– Les hommes connaissent leur âme.



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