Où es-tu, liberté ?

Blason de la République Française (version du hall des Nations Unies)

Aucun imbécile ne se reconnaît comme tel ;
C'est l'autre qui l'est, forcément, jamais soi-même.
Et c'est en rires qu'on le sacrifie sur l'autel,
En attendant de jeter sur lui l'anathème

Si d'aventure il se montrait trop divergent.
Ce qui naît dans le rire finit dans le tragique ;
L'on se rassure comme on peut, fût-ce avec du vent.
L'ordre établi s'accommode de toute critique,

Même de l'outrance satyrique (à tout roi son fou),
Aussi longtemps qu'elles ne le remettent pas en cause.
Une telle crispation peut générer la psychose

Dans un système dévoyé où les garde-fous
Ont sauté et que plus aucune foi ne régule,
Mais qui se voudrait dicter la moindre virgule.

* * *

Est-ce là une allusion à la France d'aujourd'hui,
Qui n'a rien à envier, en matière de censure,
À celle de l'Ancien Régime dont elle reproduit
Le pire sans le meilleur et dans la démesure ?

On ne refait pas les hommes, la chose est courue ;
La fille aînée de l’Église passée aux Lumières
S'est donnée pour destin celui d'une fille de rue
Et veut mettre à la pensée une muselière.

La chose est à pleurer et à rire tout autant.
Tous ceux qui montèrent à l'assaut, tambours battant,
Seraient morts pour tant d'infamie ? On n'ose y croire !

L'égalité à coups de rasoir national
Fut la première étape vers un système clonal.
Où es-tu, liberté, qu'on veut nous faire accroire ?

L'Abbé Théophile

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