Périple d'un moine

Peinture de Gerrit Dou (Pays-Bas, 1613-1675)

Frère Sigemond est entré tard dans les ordres,
Après avoir, sous tous les cieux, roulé sa bosse.
L'âge venu, la chose faisant un peu désordre,
Il convola, pour se fixer, en justes noces

Avec une douairière de la meilleure société.
Rouler pour rouler, autant, donc, rouler carrosse !
Mais nul ne disposant de tout à satiété,
La dame, bientôt, se change en fée Carabosse

L'on prend la poudre d'escampette, la clef des champs,
Sans se retourner et sans demander son reste.
Le parti, pourtant, se promettait alléchant.

En chemin, le jour commençant à décroître,
Eu égard à sa bourse devenue fort modeste,
Il décide de faire étape en un proche cloître...

* * *

Il n'en sortira plus jamais, dit la chronique,
Ayant trouvé la baie où jeter son ancre.
Qui eût juré qu'il endosserait la tunique,
Lui que ses maîtres d'école traitaient de cancre

Et même, les mauvais jours, de gibier de potence ?
Mais nul ne tombe si bas qu'il ne puisse remonter ;
La miséricorde répond à toute pénitence
Car Dieu n'est pas apothicaire à tout compter.

Au Cloître, chacun trouve sa place et son office.
L'Abbé nomma Sigemond à l'économat,
Avec pour mission qu'en mieux il le réformât.

Partager est de tous le commun bénéfice ;
Polir de son caractère les aspérités
Ouvre la voie à l'intérieure prospérité.

Marc

Cloître d'Héraldie