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vendredi 17 juin 2016

Prinet Max - Les armoiries des Français dans le poème du siège de Carlaverock - 1 - Jean de Bretagne


     Le roi d'Angleterre Edouard Ier, qu'on a surnommé « malleus Scotorum », avait préparé, pendant l'été de l'an 1300, une nouvelle expédition contre l'Ecosse. Son armée, réunie à Carlisle, comptait quelque 3,000 combattants. Dans sa marche vers le Nord, il fut arrêté par le château de Caria-verock, situé sur le rivage du golfe de Solway, à neuf milles de Dumfries. Cette place était fortifiée par la nature, entre le golfe et les marais de Lochar Moss. Les Anglais en firent le siège à partir du 10 ou du 11 juillet, et la garnison, qui n'était que de soixante hommes, dut se rendre peu de jours après.
     Ce fait d'armes a été l'objet d'un long poème qui n'est guère qu'une énumération louangeuse des plus notables assiégeants, avec la description de leurs armoiries (1) ; il est écrit en dialecte anglo-normand et nomme plusieurs seigneurs, Français de naissance, qui servaient alors le roi Edouard.
     Deux éditeurs du poème (2), Nicholas Harris Nicolas, en 1828 (3), et Thomas Wright, en 1864 (4), ont donné d'amples notes sur les Anglais cités dans cette chronique rimée (5). Ils ont traité avec moins de soin la biographie des Français qui sont nommés dans le texte, et ils n'ont dit que peu de chose de leurs blasons. C'est de ces armoiries que je voudrais traiter ici. Je les examinerai selon l'ordre où elles se présentent dans le poème.


I. — Jean de Bretagne

L'auteur, après avoir parlé du roi, dit :

Son nevou Johan de Bretaigne,
Por ce que plus est de li près,
Doi je plus tost nomer après.
Si le avoit il bien deservi
Gum cil ki son oncle ot servi
De se enfance péniblement
Et déguerpi outreement
Son père e son autre lignage,
Por demourer de son maisnage,
Kant li rois ot b es oing de gens.
E il, ki estoit beaus e gens,
Baniere avoit cointe e parée
De or e de asur eschequere[e]
A rouge ourle o jaunes lupars ;
De ermine estoit la quart[e] pars. (6)


     Il s'agit de Jean, fus de Jean Ier, duc de Bretagne, et de Beatrix d'Angleterre, seconde fille du roi Henri III. Comme le dit l'auteur, il servit son oncle, Edouard Ier, contre la France et porta le titre de comte de Richmond, qui avait appartenu aux comtes et ducs de Bretagne, depuis le XIe siècle, et qui avait été enlevé au duc Jean Ier, en raison de son attachement à la cause française.
     Né en 1266, il mourut en 1334 et fut inhumé en l'église des Cordeliers de Nantes (7).
     Ses armes sont celles de la maison de Dreux, à laquelle il appartenait (échiqueté dor et d'azur, à la bordure de gueules), avec une double brisure : 1° le franc-quartier d'hermine de la branche de Bretagne ; 2° des léopards d'or sur la bordure de gueules, brisure personnelle qui rappelle les armes royales d'Angleterre {de gueules à trois léopards d'or) portées par sa mère.


Prinet Max. Les armoiries des Français dans le poème du siège de Carlaverock.
In : Bibliothèque de l'école des chartes. 1931, tome 92. pp. 345-353


Notes

1. On l'a attribué à un moine nommé Walter d'Exeter, auteur d'une Histoire de Guy de Warwick. D'autres pensent que c'est l'œuvre d'un héraut d'armes. Un manuscrit, qui semble à peu près contemporain, est conservé au British Museum, dans la collection Cottonienne (Caligula, A. XVIII). Deux autres datent du XVIe siècle et ont été signés par le célèbre héraut Robert Glover, dit Somerset. Ils reproduisent un manuscrit un peu moins ancien que celui de la bibliothèque Gottonienne. On connaît, en outre, quelques manuscrits de moindre valeur.
2. Une édition, avec traduction en anglais, qui a été publiée dans The antiquarian Repertory (t. II, p. 108 et suiv.), en 1779, est sans valeur.
3. N. H. Nicolas, The Siege of Carlaverock in the XXVIII Edward I. A. D, MCCC... London, J. B. Nichols, 1828, in-4° (d'après un ms. de R. Glover).
4. Th. Wright, The Roll of Arms of the Princes, Barons and Knights who altended King Edward I. to the Siege of Gaerlaverock... London, 1864, in-4° (d'après le plus ancien ms. connu, celui qui porte la cote Caligula, A. XVIII, dans la collection Gottonienne, au British Museum).
5. Pour la plupart, ces notes sont tirées des ouvrages de William Dugdale.
6. Édit. Nicolas, p. 22-24, 171, 174. — Édit. Wright, p. 9, 10. — Je transcris les textes tels qu'ils ont été publiés par Wright.
7. Dugdale, The Baronage of England, t. I, p. 46-52. — R. Gale. Historical Discourse upon the ducal Family of Britany, earls of Richmond, dans Bibliotheca iopographica Britannica, t. III, p. 248-250. — • I. Lubimenko, Jean de Bretagne, comte de Richmond.

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