Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

dimanche 12 novembre 2017

Les Allégories du Jardin - Le Papillon


Blason de Skrudalienas pagasts (Lettonie)

Allégorie 27 – Le Papillon

     Alors le papillon, a demi consumé par la flamme, se débattant et se retournant en tout sens sur le tapis, se plaignit amèrement à la bougie en ces termes : Se peut-il qu’au moment où, livrant mon cœur à ton amour, je ne dirige mes vœux que vers toi, tu me traites comme un ennemi ! Qui t’a donné le droit de m’ôter la vie ! Qui t’a excitée à me faire périr, moi ton amant sincère, moi ton ami le plus tendre ! Je supporte avec patience l’ardeur de ta flamme, et seul, entre tous tes amants, j’ose braver la mort : mais, dis-moi, as-tu jamais vu une amie qui se plaise à tourmenter son ami, un médecin qui cherche à aggraver les souffrances de son malade ! Quoi ! je t’aime, et tu me fais du mal ! Je m’approche de toi, et tu me perces de tes rayons embrasés ; cependant, bien loin de diminuer mon amour, tes mauvais traitements ne font que l’augmenter, et je me précipite vers toi, tout abject que je suis, emporté par le désir de voir notre union consommée ; mais tu me repousses avec cruauté, tu déchires le tissu de gaze de mes ailes. Non , jamais un amant n’a rien éprouvé de pareil ; jamais il n’a enduré ce que j’endure ; et malgré tant de rigueurs, c’est toi seule que j’aime, toi seule que j’adore. N’ai-je donc pas assez des maux que je souffre, sans que tu me fasses encore des reproches que je ne mérite point.

     Je venais me plaindre des tourments de mon cœur à ma maîtresse, et, au lieu de les soulager, elle me repousse loin d’elle avec les verges du châtiment. Ainsi, le papillon demande à s’unir à son amie, et elle ne lui répond qu’en l’enveloppant de flammes dévorantes : il tombe auprès de la cruelle, succombant aux atteintes du feu et plongé dans l’abyme de la tristesse. Je me promettais de jouir d’un instant de volupté, mais je ne pensais pas aux peines amères de l’amour. Se consumer de désir et d’ardeur, telle est la loi que doivent subir les amants.

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     Lorsque le papillon eut exprimé le sujet de sa douleur, et qu’il se fut plaint de ses afflictions et de ses peines, la bougie, touchée de compassion, lui adressa ces paroles : Véritable amant, ne te hâte pas de me condamner, car j’endure les mêmes tourments que toi, les mêmes peines, les mêmes rigueurs. Écoute l’histoire la plus extraordinaire, et prends pitié de la douleur la plus violente. Qu’un amant se consume, rien d’étonnant ; mais qu’une maîtresse éprouve le même sort, voilà ce qui doit surprendre. Le feu m’aime, et ses soupirs enflammés me brûlent et me liquéfient ; il veut se rapprocher de moi, et il me dévore : il prétend à mon amour, il veut s’unir à moi ; mais, dès que ses désirs sont accomplis, il ne peut exister qu’en me détruisant. Il est étrange sans doute qu’une maîtresse périsse, et que son amant lui survive ; qu’un amant soit en possession du bonheur, et que sa maîtresse soit malheureuse.

     Ô toi, lui répondit le feu, qui, toute interdite au milieu des rayons de ma clarté, es tourmentée par ma flamme, pourquoi te plaindre, puisque tu jouis du doux instant de l’union ! Heureux celui qui boit, tandis que je suis son échanson ! Heureuse la vie de celui qui, consumé par ma flamme immortelle, meurt à lui-même, pour obéir aux lois de l’amour.

     Je dis à une bougie qui m’éclairait , tandis que la nuit étendait sen voile lugubre sur la terre : Mon cœur s’attendrit facilement sur le sort de mes amis, et lorsque je vois répandre des larmes, je ne puis m’empêcher de pleurer. Avant de blâmer ma tristesse, écoute, me dit-elle, l’exposition détaillée de mon histoire. Si l’aveugle fortune t’a déjà fait éprouver le chagrin, sache qu’elle m’a privée de mon frère, d’un frère doué de propriétés salutaires et d’une saveur douce et pure. Tes yeux se mouillent de larmes, en pensant à cette beauté dont les lèvres sont aussi douces et dont la bouche distille une liqueur semblable ; je m’aperçois de ton chagrin. Pourquoi ne veux-tu pas que je sois affligée d’avoir perdu mon frère ! Ne serais-je pas blâmable, au contraire, si j’épargnais mes larmes ! C’est le feu qui m’a séparée de ce frère chéri, et c’est par le feu que j’ai juré de terminer mon existence.


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