Mon du clan Ryugo Inazuma
Livre 59
C’est parce que nous sommes en la lucidité et en la vacuité, que nous sommes à même de reconnaître. Nous obtenons la clarté qui, en son évidence, nous dit : Cela est Cela. La Vacuité n’est donc pas Le Vide, mais bien jaillissement des enfouissements de notre Être. Révélation et plénitude. Unification et cohérence. Comment discerne-t-on le faux ? Sache, Ô Samouraï, qu’est négateur celui qui nie. Et celui qui nie est un séparateur. N’ayant pas réalisé La Conscience de L’Un, il ne peut lui-même s’unifier à tout ce qui est rendu apparent et donc existencié. Son mental est sans cesse à discriminer et à vouloir tout classifier sans le pouvoir relier. Il ne peut davantage parler de ce qui sépare, ni même donner à L’Un Sa toute Réalité. Il n’en possède guère les moyens car il pense encore qu’être réalisé relève du mental, voire de l’émotionnel identitaire. Il pense que la raison et le savoir en son imitation sont les outils de son émancipation. Or, le mental est simplement un niveau véhiculaire de pensées. D’une manière ou d’une autre, celui qui ne voit pas les fragmentations du mouvant est à révéler ce qu’il est, c’est-à-dire, ce qu’il n’est pas. Lors que nous entrons en ce Dedans de La Conscience, lors que La Plénitude est à se vivre depuis l’effectif accomplissement, L’Unité aboutit, non pas à la prude tolérance qui se voudrait par le truchement de moult syllogismes erronés, faire digression et rompre ainsi L’Harmonie Originelle, déviance di-fragmentaire certaine et oh combien manifeste, mais à La Connaissance Primordiale et Reliante. La cohérence de sens procure La Joie pérenne et de fait, nous fait entrer en La Paix, puisque cette cohérence nous donne aussi à La Réalité pleine et souveraine. Effectivement, nous ne sommes plus en une guerre inavouée qui se voudrait territorialiser ce qui de toutes les manières ne nous appartient pas. Être en L’Unité, c’est saisir toutes les subtilités de la multitude, de la différence, de la nécessité de la différence, de la nécessité de la complétude, de la sagesse du mouvement en L’Infini Immutable. Celui qui n’est pas en cette unité aura tendance à vouloir tout uniformiser, ou pire, à ramener les choses à lui, c’est-à-dire les réduire. Ainsi se dévoile sa limitation, son œuvre séparative. Or, les divergences sont nulles lors que l’on touche L’Essence. Comment reconnaît-on L’Un ? L’Unité est précisément L’Essence, et L’Essence se connaît. Sache, Ô fils bien-aimé, que j’ai été constant dans une troublante inconstance, de même que j’ai parfois cru reculer, lors que des pas de géant me propulsaient bien au-delà de ma conscience en des sphères très subtiles. J’étais absorbé en l’état de complétude et de contemplation. Sache, Ô Samouraï, que j’ai connu le parcours mental et j’ai chevauché la rationalité. Je me suis laissé compénétrer par ces dogmes confortables qui relèvent de l’opinion. Or, La Voie n’est pas l’idée que l’on se fait des choses, ou le fruit d’un endoctrinement, ni celui d’une érudition, et nous le savons bien, parce qu’il existe en nous ce Quelque Chose d’Absolu qui est là. La Voie est déjà tracée en nous, au-delà, bien au-delà. Elle ne fait que reconquérir son Retour. Un Samouraï sincère est en son intention à vivre pleinement et il ne dévie jamais, quand même les apparences seraient trompeuses. En L’Absoluité, rien n’est faux, tout est en ce mouvement combinatoire qui ajuste sans cesse ce qui se voudrait échapper à La Nature de L’Origine. Or, en cette expansion, distorsion, unification, destruction, réunification, L’Âme est tel un Océan puissant. L’intention se reformule sans cesse et se clarifie. L’intention s’étonne et s’intensifie. Mon bien-aimé fils, agis bien en conformité avec les lois, suis ce qui t’est enseigné, conforme-toi à la présence des gestes, entre en ce temps où le Silence est Roi. Celui qui pratique les rites est sur une Voie sûre. Il avance avec certitude dans le couloir étroit et sombre. Dix mille illusions naissent et meurent et naissent encore. Le mental, gouverné par la destruction, se croit être le dominateur. En réalité, il est en cette destruction et en cette ré-harmonisation. Un jour, tout cela est balayé par Le Vent de la dévastation. Tôt ou tard, tout être sera à le vivre, ou ici, ou au moment de la mort. Or, celui qui meurt avant de mourir vit un état de rupture terrifiant. Il entre dans les sphères les plus subtiles qui soient et que le mental limité est loin de pouvoir imaginer. Or, tant que tu n’es pas Bouddha, tu ne peux vivre la mort du Bouddha, ni même le tuer. Tu ne sais simplement pas ce qu’est tuer Bouddha. Je te transmets Cela qui est Le Chemin de La Tradition. Ne l’oublie pas, noble fils.
Mon du clan Ikeda Tsui Cho
Livre 60
La connaissance du moi, donne La Connaissance du Soi. Le Samouraï s’expose inéluctablement à l’exil, lors qu’il parvient de l’autre côté. Il ne le sait pas vraiment, mais il le pressent. Il a, de par L’Art de Sa Tradition et de par la pureté de son intention, suivi un couloir exigu qui en fait un parfait vassal et un guerrier redoutable. Les gens le craignent car il est en sa vacuité à révéler chacune de leur confusion. Il incommode de par L’Épée de son âme qui est le miroir translucide de l’humanité. Il est ainsi tel Le Prisme de son époque. Jamais il n’est dupe et garde souvent le silence. Il marche dans la rue, semblable au passant et nul n’est à même de pouvoir soupçonner les trésors que recèle son armure. Il marche d’un pas lent et balaye de son regard plein d’acuité le monde, mais garde le silence, quand bien même il voit clairement. Il vêt chacun de ses frères de sa pudeur et de sa mansuétude. Lui-même ayant connu les réalités d’un combat intérieur, un combat qui vient de cette défragmentation de l’être et de l’impact réel de nos temps si ténébreux et confus. Depuis longtemps, toutes les polarités s’inversent et l’opacité attise l’hostilité et le heurt des consciences. Le Samouraï est méconnu, mais il n’en est guère affecté, car, c’est d’abord en lui que le travail se fait. Il sait que chaque pas de lumière lui révèle La Passerelle qui le mène en l’autre monde qu’il visite, du reste sans discontinuité. Il est en ce pouvoir du Verbe et connaît les étapes de la Conscience. Il accède à des ouvertures qui lui donnent en toute lucidité les connaissances des petits mystères et celles aussi des grands mystères. Ne l’oublie pas, Ô fils bien-aimé : L’Âme connaît L’Âme. En Son Essence est une Dimension qui échappe aux yeux ordinaires. Lors que La Tradition, à laquelle il est fidèle, devient La Charpente de Son Arche, il vogue et partout il est chez lui. Il apprend à voir les jeux de l’ego, à distinguer les troubles de la séparation. Il connaît même les remèdes. Or, il sait qu’il n’est de remède véritable qu’en l’agrément du remède. Lors qu’il finit de traverser les zones communes de la vie, il est totalement émancipé de tout ce qui fluctue. Même s’il demeure en sa sensibilité intrinsèque, il ne s’identifie jamais à ce qui passe. Ce qui passe est de nature à passer. Lors que Le Samouraï parvient en L’Essence de L’Essence, il entre en La Grâce Royale de La Connaissance. La Lumière l’habite et l’habille jusqu’au bout de Sa Lame amoureuse. La Beauté est Sa Plénitude. Le paysan se leva tout tremblant et vint saluer La Princesse. Celle-ci lui fit de même une majestueuse Révérence. Son Sourire irradiait et Le Jardin était doublement plus rayonnant de Beauté. Elle lui fit quelques confidences qui subjuguèrent le paysan. Il n’osait lui parler. C’est alors que La Princesse lui dit : « Votre Jardin est votre langage et lui, qui parle à mon cœur, me fait vous connaître. De fait, je me connais en vous. Nous ne sommes nullement séparés. Aucun rang social, aucune obédience n’entrent en considération en ce lieu, puisque lors que deux esprits se rencontrent, Le Jardin est leur pleine Réalité. »
© Océan sans rivage, La Voie du Samouraï
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