De la compulsion du vide

Blason de Welper (Rhénanie du Nord-Westphalie, Allemagne)

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise.
L'usage fait l'usure ; la pierre devient un galet.
Sur le temps qui s'écoule, aucun homme n'a de prise,
Qu'il demeure dans une chaumière ou dans un palais.

Tout est transitoire et la vie n'est qu'un passage.
Personne ne l'ignore mais la plupart font semblant
Et compulsent le vide en un épuisant brassage
Qui les destine, d'une vie gâchée, à faire chou blanc.

Mais que faire quand le train fou du monde nous entraîne,
Nous donnant pour une joie son centuple de peines ?
C'est là l'erreur, qui consiste à vouloir agir.

De tout temps, les Sages ont enseigné le contraire,
Nous disant de nous arrêter et de nous taire ;
De cesser d'être les sujets de nos désirs.

* * *

En ces temps de confusion et de faux prophètes,
Il devient salutaire de relire les Anciens
Qui ont éprouvé et cartographié la Quête,
Et les Messagers, car chaque peuple eut le sien.

Ce que ce monde nous propose est d'ordre gastrique
Et ne mène, comme nous voyons, qu'à l'autophagie,
Quand tout ce qu'on y avale dans les boyaux s'étrique.
Quelle substance peut s'extraire d'une aérophagie ?

Qu'espérer d'autre, sinon, quand c'est l'âme qu'on bride ?
Voilà pourquoi ce monde est dépeuplé et vide.
Se croit-on que la technique peut donner du sens,

Lors qu'elle a pour effet de sceller les consciences ?
Une science qui dénigre l'esprit n'est plus une science ;
L'état du monde révèle où mène cette ignorance.

 Marc

Sagesse des Anciens    Déviation et subversion