Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 10 janvier 2018

Les Allégories du Jardin - La Fourmi


Blason de la municipalité de Multia (Finlande)

Allégorie 36 – La Fourmi

     Si la fortune ennemie te décoche ses traits, dit alors la fourmi, oppose-lui un calme inaltérable ; et lorsque tu verras quelqu’un qui se prépare à parcourir la carrière du spiritualisme, pars avant lui, et ne néglige point follement de régler tes actions dans cette vie. Prends leçon de moi, et sens combien il importe de faire des préparatifs et de se munir d’un viatique pour la vie future. Vois le but élevé que j’ai constamment devant les yeux, et considère de quelle manière la main de la Providence a ceint mes reins comme ceux de l’esclave, afin de me dispenser de serrer et de délier tour à tour ma ceinture. Dès qu’au sortir du néant j’ouvre les yeux à la lumière, on me voit empressée à me ranger parmi les serviteurs de la céleste amie ; je m’occupe ensuite, dirigée par l’assistance divine, à recueillir les provisions nécessaires , et j’ai pour cela un avantage que l’homme le plus intelligent ne possède point, c’est que mon odorat s’étend à la distance de plusieurs parasanges. Je mets en ordre, dans ma cellule, les grains que j’ai ainsi rassemblés pour ma nourriture ; et celui qui fait ouvrir l’amande et le noyau, m’inspire de couper chaque grain en deux parties égales : mais si c’est de la semence de coriandre, je la divise en quatre, guidée par le même instinct ; et cette précaution est nécessaire pour détruire en elle la faculté germinative ; car, partagée en deux, elle ne laisserait pas de se reproduire. Lorsque, dans l’hiver, je crains que l’humidité du sol n’altère mes grains, je les expose à l’air un jour où le soleil luit, afin que sa chaleur les sèche. Tel est constamment mon usage et tu prétends que ces mesures sont mal prises, qu’elles doivent m’être funestes, et que c’est, d’ailleurs, marquer trop d’attachement pour les biens de ce monde ! Tu te trompes, je te l’assure ; si tu connaissais ce qui me porte à agir de la sorte, tu m’excuserais toi-même, et tu ferais de moi plus de cas que tu n’en fais. Sache que Dieu (qu’Il soit béni et loué!) a des armées que lui seul connaît, comme l’attestent ces mots du Coran : Personne ne connaît les armées de ton Seigneur, si ce n’est Lui Seul. Or il y a sous terre l’armée des fourmis dont le nombre est incalculable. Nous observons les règles du service de Dieu, nous ne nous attachons qu’à Lui, nous ne nous confions qu’en Lui, et nous n’avons que Lui en vue ; aussi suscite-t-il, du milieu de nous, celles qu’Il veut élever sur nous, et Il demande que nous soyons soumises, afin que nos chefs nous promettent des bienfaits. Après avoir entendu cette promesse, nous sortons sans contrainte, nous résignant à mourir ; et, au moment de notre départ, notre situation semble exprimer ces mots :

     Reçois, ô ma bien-aimée, les adieux que je t’adresse, les yeux mouillés des larmes de la douleur, en pensant que je vais être séparé de toi. Nous vivrons, je l’espère, et Dieu couronnera notre amour ; mais si la mort vient nous frapper, nous nous retrouverons ensemble dans une vie plus heureuse.

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     Nous employons tous nos efforts, amassant sans cesse pour être utiles à d’autres qu’à nous. Mais exposées à mille genres de mort, parmi nous les unes périssent de faim ou de soif, les autres tombent dans une précipice, d’où elles ne peuvent sortir : ici c’est une mouche qui les saisit ; là un quadrupède ou un animal quelconque qui les foule aux pieds ; plus loin, c’est un oiseau qui en fait sa nourriture. Parmi nous, les unes meurent saintement, tandis que d’autres ne sauraient obtenir le salut ; enfin, d’après ces mots du Coran, Il y a des croyants qui ont observé sincèrement ce qu’ils ont promis à Dieu, nous mettons devant nous ce que nous avons, et nous le partageons également entre nous sans aucune partialité et sans aucune injustice.
     Si tu es du nombre des élus, tu te convertiras par l’autorité du Coran ; mais si l’aile de ta volonté ne peut atteindre aux choses élevées, le destin t’est contraire.


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